Un plateau bien diversifié …

Départ de la Transat 6.50
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Retour aux sources ou phénomène de mondialisation ? Lors qu’en 1977, un Britannique un peu fou, Bob Salmon, crée la Mini Transat, il y a déjà un Polonais, un Espagnol, deux Anglais, un Allemand, un Belge, une armada de Français… sur les vingt-trois partants. Et au fil des éditions et des courses Mini qui vont étoffer le circuit grâce à Jean-Luc Garnier dès 1984, le phénomène fait boule de neige et les solitaires viennent de Tchécoslovaquie, des Etats-Unis, de Suède, d’Israël, du Brésil, du Cap Vert, de Finlande, du Canada, de Nouvelle Zélande… Car la taille de ces bateaux de 6,50 mètres, le coût pour concourir, la dimension humaine, le parcours océanique en solitaire, attirent tous les marins du monde.
 
Il faut rappeler qu’à ces époques (lointaines ?) il n’y avait que la transat anglaise (Ostar) qui permettait en solitaire, de traverser l’océan Atlantique et la course de l’Aurore (devenue La Solitaire du Figaro) qui autorisait les étapes semi côtières le long des côtes de France, d’Irlande et d’Espagne. La Route du Rhum n’existait pas encore (1978), les tours du monde en solitaire non plus (BOC Challenge ou Vendée Globe 1989), les multicoques en étaient encore aux balbutiements, les grands monocoques créaient la polémique (le Club Méditerranée d’Alain Colas mesurait 72 m !).
 
C’est d’ailleurs pour cette raison que Bob Salmon avait créé la Mini Transat, pour proposer un périple solitaire pour un budget raisonnable. Près de trente ans plus tard, tout a évolué… mais rien n’a changé chez les Minis : les bateaux sont devenus de plus en plus performants, de plus en plus sûrs, de plus en plus sophistiqués, mais les hommes sont toujours animés du même esprit. L’esprit Mini ! Celui qui crée cette ambiance si particulière qui trouve sa pleine expression aux Sables d’Olonne, entre coureurs, organisateurs, bénévoles, spectateurs, enfants, commerçants… Un mariage de compétition de haut vol, d’aventures personnelles, de découvertes d’horizons nouveaux et de personnages haut en couleurs.
 
Quatorze nations représentées
Mais il fallait être sacrément motivé pour arriver jusqu’au ponton des Sables d’Olonne, car sans être un parcours du combattant, les candidats à l’océan doivent tout de même consacrer trois mois ou plus pour préparer leur machine, faire les qualifications, s’essayer au solitaire… avant d’espérer conquérir l’horizon. Le bouche à oreille, les revues nautiques, l’Internet maintenant, ont provoqué des vocations Mini. « Je viens de Singapour où je faisais du Mumm-30 et Farr 40, des monotypes très techniques menés en équipage. C’est une amie qui m’a parlé de ces bateaux : je suis allé à La Rochelle et j’ai découvert les Minis… J’ai adoré l’ambiance, parce que tous les skippers sont comme une grande famille. J’ai choisi un bateau de série construit en Espagne pour la course Les Sables-Les Açores, ce qui va me permettre de me préparer pour la Mini Transat l’an prochain, car la saison dernière, je découvrais tout : les Minis, les gens, le solitaire, l’océan… » indique Elaine Chua.
 
Pour l’Australien Mark Bloom, tout vient d’un voyage autour du monde avec ses parents : en arrivant en Europe, il découvre ces minis bolides en mer, puis décide de se lancer dans l’aventure en Méditerranée à l’occasion de la Course des Lions 2005 : « Comme j’aime la compétition, j’ai décidé de m’investir dans cette série qui permet en plus, de naviguer loin en solo. J’ai fait une première expérience l’an passé en Méditerranée et j’ai acheté un prototype pour cette saison. J’ai surtout pratiqué le dériveur et partir pour les Açores est une première. Je suis officier de Marine Marchande et donc je connais bien la mer et je vois souvent des voiliers qui croisent… Cette fois, j’inverse les rôles ! »
 
Plus focalisé sur la découverte et l’envie de naviguer au large, le Belge Alexis Hupin a abandonné sur prototype half-tonner acheté en Croatie à l’occasion d’une mission des Nations Unis, pour prendre le temps de s’initier au solitaire, même s’il doit quitter provisoirement sa femme, installée en Suède et tout juste mariée il y a deux semaines :  « Le Mini permet surtout d’apprendre autre chose que la navigation : il faut se débrouiller tout seul en électricité, en bricolage, en voilerie, en réparation… Et il faut en plus mener son projet, trouver des financements (ce que je n’ai pas réussi). Cela va être ma première longue traversée en solitaire, mon premier passage du cap Finisterre, ma première visite aux Açores. Une belle découverte ! Avec évidemment un peu d’appréhension de savoir comment cela va se passer et comment je vais me comporter… »
 
Autre cheminement pour les deux inséparables Slovènes qui naviguent ensemble depuis des années et travaillent dans la même société, Adria spécialiste de la caravane et du camping-car. Andraz Mihelin et Kristian Hajnsek décident d’abord de se tester en rachetant le vieux prototype d’Yves Parlier construit en 1985 ! En 2002, ils participent ensemble à deux courses du circuit Mini, puis convainquent leur employeur de partager leur temps entre compétitions et développements de projets. Ils construisent ensemble deux bateaux strictement identiques puis se lancent dans la Mini Transat 2005, leur première expérience océanique : « Les courses Minis proposent un bon niveau de compétition, avec une aventure personnelle, et tout ça pour peu d’argent. J’ai commencé à naviguer sur de gros voiliers en Adriatique et maintenant que je suis plus âgé, je fais du Mini… C’est paradoxal ! L’an passé, nous avons fait la Mini Transat mais nous manquions de préparation. La course Les Sables-Les Açores-Les Sables va nous permettre de progresser car le format mélange course hauturière et sprint. Il va falloir pousser les machines à fond dès le départ ! Car la première fois, vous faîtes tout pour que le projet survive, et la seconde saison, il faut faire des résultats… »
 
Sur la ligne de départ, dimanche 30 juillet à 12h30, ils seront donc vingt-quatre étrangers représentants quatorze nations : deux Australiens, trois Espagnols, deux Britanniques, un Polonais, deux Slovènes, trois Allemands, deux Américains, deux Belges, deux Néerlandais, deux Tchèques, une Singapourienne, un Portugais et un Suisse… Un plateau bien diversifié qui montre que le Mini est aussi une fenêtre sur le monde et sur les autres, tout en restant une porte qui s’ouvre sur soi-même. La richesse est dans le métissage des genres, des personnes, des passions, des métiers, des origines, et de ce point de vue, la course Les Sables-Les Açore-Les Sables propose autant d’histoires que de femmes et d’hommes engagés pour cette aventure.

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