Tous les marins arrivés hier à La Corogne se sont exprimés sur la neutralisation. Déjà le vent prenait quelques noeuds en fin d’après-midi et la mer devenait plus forte. Sans compter un manque de sommeil, la nuit aurait pu être compliquée voire dangereuse à tirer des bords le long de la côte.
Gilles Chiorri, directeur de course : « Cet arrêt de deuxième étape signifie que toute la partie effectuée est annulée. Demain, nous donnerons un nouveau départ à 13 heures de La Corogne jusqu’à La Cornouaille, soit 330 milles. Le parcours sera assez simple avec une bouée de dégagement, avec une arrivée qui se jugera devant Concarneau. L’arrivée est prévue vers les 19 heures vendredi. 39 concurrents seront au départ demain, c’est la bonne nouvelle pour Corentin Horeau (Bretagne – Crédit Mutuel Performance) car son team s’est mobilisé pour qu’il prenne le départ. Pour la météo, ce sera du vent de nord-est assez fort pour les 8 premières heures de course, puis une dépression orageuse viendra perturber le vent et créer une zone de transition. Ensuite ce sera du sud-ouest donc du portant, avec un jeu d’empannages. Ce sera un parcours où il y aura du jeu. Le départ de la troisième étape sera donné dimanche prochain à 16 h, avec un parcours de 600 milles sur le schéma initial en passant par le phare du Fastnet pour finir à Torbay. »
Dès 13 heures, les solitaires s’élanceront dans la baie de La Corogne dans des conditions relativement clémentes (15-20 nœuds) avant de rencontrer une fois de plus ce vent de Nord-Est puissant. Durant plusieurs heures, les forçats vont remonter les côtes espagnoles avec 25 nœuds de vent, parfois 35 dans les rafales. Au près, sur une mer agitée, ce sera un long bord tribord amures accrochés à la barre, la capuche vissée sur la tête, les bottes dans les cale-pieds. Passé le cap Ortegal, le vent mollira progressivement. Ce sera pour les marins le temps de l’observation du ciel, de la mer, des concurrents… et des décisions. Il y aura une zone de transition à gérer, marquée par une dépression orageuse et des vents variables en force et en direction, sans doute un passage à niveau, le moment crucial de l’étape, avec des options à choisir. Puis, le vent tournera au sud permettant aux 39 bateaux de glisser sous spi avec 15 nœuds jusqu’à l’approche de la Bretagne, où il pourrait y avoir encore de l’instabilité. 330 milles sous haute tension…La flotte devrait couper la ligne d’arrivée à Concarneau vendredi aux alentours de 19h. Il ne restera aux marins que deux jours de repos avant d’attaquer la 3e étape qui les emmènera jusqu’à Torbay via le Fastnet.
Ils ont dit
Nicolas Thomas, skipper Guadeloupe Grand Large 1 : « Passé la pointe suivant celle du Cap Finisterre, le vent est monté. C’est rentré assez vite pour atteindre rapidement 20 nœuds puis 25. Des conditions encore maniables si on oublie un état de la mer particulièrement agressif. Impossible d’utiliser le pilote automatique dans une telle situation. Les prévisions météorologiques pour la suite n’annonçaient rien de bon. Nous sommes plutôt soulagés de nous arrêter à La Corogne et de laisser passer le coup de vent. Je vais pouvoir en profiter pour réparer mon pilote automatique qui fait encore des siennes. »
Yoann Richomme (Skipper Macif 2014) : « La direction de course a pris la bonne décision. C’était déjà tendu ce matin, bien sport et les prévisions sont assez mauvaises pour demain au Cap Ortegal. Nous n’avons absolument pas dormi depuis le départ, avec plus de 40 virements de bord faits en 24 heures et passer dans ces conditions en course n’aurait pas été raisonnable. Nous aurons plus d’information demain à 10h sur le devenir de cette étape, mais c’est dommage de ne pas avoir fait une porte à la Corogne pour avoir un classement au cas où nous irions vers la Cornouaille en convoyage. On fera le point demain, mais là maintenant c’est repos et dodo !”
Sophie Faguet (Région Basse Normandie) : « C’est une bonne décision, j’étais vraiment fatiguée, les conditions étaient difficiles. Mon début de parcours était plutôt bien, mais dès que le vent est rentré je n’y suis plus arrivé, il y a encore du boulot pour moi ! C’est une bonne décision d’être neutralisé à La Corogne, je vais pouvoir dormir cette nuit ! ».