« Nuit de douceur, ciel écumé de nuages sur une mer magique, presque lisse. Nos valeureux solitaires essaient de faire accrocher leur spi au moindre filet d’air, mais en vain. Le tableau est de toute beauté, mais je doute que nos marins se soucient de ce joli spectacle » nous informait cette nuit la Direction de Course en mer. Pour les concurrents, certes, l’heure n’est pas à la contemplation. Certains, comme Gildas Morvan ou Gérald Veniard profitent de cette deuxième nuit au train d’escargot pour s’octroyer quelques siestes réparatrices. D’autres, comme Corentin Douguet, n’osent pas s’assoupir de peur de rater un signe d’Eole et de voir les petits camardes s’échapper dans un souffle.
Aux premières heures de l’aube, ce grand calme blanc avait cédé la place à quelques risées venues du large. Les spis déjà dégonflés comme de vieux ballons de baudruche retrouvaient leur sac au profit du génois… retour à des allures de près, mais toujours sur un mode piano. La journée de dimanche s’annonce encore mollassonne.
Au milieu du golfe de Gascogne, la flotte s’est à nouveau étalée sur un axe nord-ouest /sud-est de 50 milles et automatiquement, les écarts entre les concurrents se sont creusés sur le tableau de pointage, en fonction de la proximité des uns et des autres avec la route directe.
Une tendance se dessine néanmoins : c’est plutôt au nord de la directissime que les marins trouvent leur salut. Nicolas Troussel (Financo) mène actuellement un petit peloton composé de Christian Bos (Région Midi Pyrénées), Frédéric Duthil (Distinxion Automobile), Christopher Pratt (DCNS 97), Erwan Tabarly (Athema) et Nicolas Berenger (Koné Ascenseurs). Cette météo de demoiselles semble aussi sourire aux dames. Jeanne Grégoire (Banque Populaire) pointe en effet en 7e position à 5,9 milles du leader, tandis que le premier bizuth n’est autre qu’Isabelle Joschke (Synergie), 10e derrière Jean Paul Mouren et Gildas Morvan (Cercle Vert).
Quant à nos méridionaux Armel Tripon et Christophe Lebas, ils attendent toujours l’hypothétique arrivée d’un vent de sud qui sauverait leur option.
Philosophes ou résignés, la plupart des navigateurs ont d’ailleurs arrêté de se perdre en hypothèses et conjectures quant à la météo à venir et évitent de trop s’éloigner de la route. « On fait du mieux possible, on fait avec ce qu’on a » est le leitmotiv du matin. Le chemin est encore long : encore 290 milles pour atteindre le Cap Finisterre et 337 milles d’ici la ligne d’arrivée à Vigo, terme de cette première étape dont l’échéance s’éloigne d’heure en heure.
Troussel aux commandes dans les calmes du golfe de Gascogne
- Publicité -