
La flotte des 13 Figaro 3 commence à s’étirer au passage de Madère retrouvant du vent et de la vitesse. Si les écarts sont proches au sein du peloton, Skipper MACIF (Loïs Berrehar/Charlotte Yven), qui progresse à 14,2 nœuds a pris la tête de course avec 1,5 mille d’avance sur Mutuelle Bleue (Corentin Horeau/Pauline Courtois) et Région Normandie (Guillaume Pirouelle/Sophie Faguet). Derrière, Groupe Hélios – Du Léman à l’Océan (Arnaud Machado/Lucie Queruel) et Race for Science – Verder (Alicia de Pfyffer – Edouard Golbery) ferment la marche, à respectivement 40,2 et 60,3 milles du leader.
Les onze duos en lice sur la 16e édition de la Transat Paprec ont enfin pu mettre un coup d’accélérateur hier soir. Sous spi depuis le début de la nuit, ils progressent désormais à des vitesses de plus de 14 nœuds pour le paquet de tête, nettement supérieures à celles d’hier matin. Tous alignés hier, les bateaux sont un peu « empilés » ce matin sur la cartographie, comme l’observe Yann Chateau, directeur de course adjoint : « c’est lié à la rotation du vent qui a adonné (pris de la droite en forcissant) et qui est rentré un peu plus ». Dans ce cas de figure, les bateaux s’empilent même s’il y a un petit écart latéral entre Skipper MACIF et Région Bretagne – CMB Océane. Selon Yann Chateau, ils pourraient rester sous spinnaker jusqu’à Saint-Barthélemy.
Les concurrents, qui naviguent dans 15-18 nœuds de vent de nord-ouest avec une houle d’ouest assez longue qui doit commencer à s’estomper un peu, vont poursuivre leur route vers le sud aujourd’hui. « Le vent va continuer d’évoluer vers la droite et les trajectoires vont continuer de s’incurver, indique Yann Chateau. Il commencera peut-être à y avoir des petits recalages sous spi quand ils arriveront quasi au sud de Madère. Et puis une fois au sud de l’île, ça sera du portant du portant VGM (vent arrière quasi dans l’axe) pour aller au waypoint de La Palma. On assistera à un petit jeu d’empannages en fonction des petites bascules. Le moment sera un peu plus propice pour tenter des choses que maintenant, car la rotation du vent vers la droite n’offre pas trop de choix en matière de trajectoire ». On ne devrait donc pas assister à un bouleversement du classement aujourd’hui et il faudra attendre la fin de soirée ou le début de nuit pour voir les premiers empannages vers La Palma, où « ils devraient arriver demain en début d’après-midi, voire demain midi » selon les routages.
La prime à la régularité
« On est bien fatigués ce matin », témoignait ainsi à la vacation Chloé Le Bars, associée à Hugo Dhalenne à bord de Région Bretagne – CMB Océane. « Nous avons eu du mal à trouver le bon moment pour envoyer le spi, on a fait trois envois avant que ça ne soit le bon timing ». Les organismes sont donc soumis à rude épreuve. Les traits sont un peu plus tirés et les quarts semblent s’enchaîner à vitesse grand V. On se passe la télécommande de pilote avec la certitude qu’il faut tenter de tout oublier pour garder le maximum de lucidité et d’envie.
« Nous atteignons déjà la première semaine en mer et ce n’est pas anodin », souligne Francis Le Goff, le directeur de course. « C’est difficile de se rendre compte à quel point c’est usant. Les skippers paient la répétition des efforts, parfois aussi l’énergie qu’il a fallu déployer pendant la préparation et ça finit par peser ». Même si toute la flotte évolue dans le même système météo, les skippers qui tirent leur épingle du jeu en ce moment sont avant tout les plus réguliers. Francis Le Goff l’atteste : « les duos qui tiennent en tête de course sont ceux qui ont le plus de capacité à tenir la même vitesse le plus longtemps ».
La Palma, une phase à bien négocier
Désormais, tous les regards se portent sur La Palma et la façon de gérer le passage de ce ‘waypoint’ primordial ce dimanche avant de mettre le cap vers l’ouest. « On commence à préparer notre stratégie », expliquait Gaston Morvan (Région Bretagne CMB – Performance) lors du ‘Mag de la Transat’ ce samedi midi. « C’est un passage qui s’annonce assez solide, il faudra bien le négocier », prévient Francis Le Goff.
Au-delà de la bataille à venir, il y a à coup sûr, en ce premier week-end en mer de la Transat Paprec, une multitude de sensations agréables à vivre. Gaston Morvan insiste sur « les belles glisses sous spi », le fait d’avoir « retiré les cirés » et de « profiter ». Chloé Le Bars rappelle de son côté que demain les concurrents auront « bouclé la première moitié du parcours ». Et elle conclut : « ça fait vraiment plaisir ! ».