Mer plate et flux de Nord d’un peu plus de 15 nœuds, le Record SNSM 6ème du nom s’est élancé au portant, laissant fleurir un joli bouquet de spis bariolés et de gennakers en fibres exotiques. L’exercice, pas forcément facile, exige autant de précision dans les manœuvres que de réactivité dans le timing pour couper la ligne. A ce petit jeu là, et au chapitre des superbes départs, la palme revient autant de droit à Cheminées Poujoulat (Bruno Jourdren) dans le camp des neuf Class’ 40, lancé comme une balle sous spi au plus près de la côte, qu’à Brit Air (Armel Le Cléac’h) qui a volontiers décollé au quart de tour du côté des IMOCA. Quant à Gitana 11, mené par Yann Guichard et ses hommes, il décroche haut la main une mention spéciale pour son départ impressionnant. Parti en deuxième rideau plus en amont vers le pont de Saint-Nazaire, pour ne pas semer la zizanie au milieu de la flotte, le maxi-multicoque n’a pas tardé à passer la surmultipliée. Il s’est envolé à des vitesses vertigineuses pour prendre la poudre d’escampette.
C’est donc bel et bien parti pour les 53 bateaux et les 271 équipiers de cette édition 2010. L’intensité de la régate est bien de mise dès les premiers milles. Au phare du Grand Charpentier, c’est une flotte aussi compacte qu’hétéroclite qui s’apprête à laisser l’Estuaire dans ses tableaux arrière. En Class’ 40, Cheminées Poujoulat ouvre toujours la marche suivi de près par le nouvel Appart City d’Yvan Noblet, qui n’est autre que l’ancien bateau de Giovanni Soldini. Ces deux-là ont incontestablement tiré leur sillage du jeu dès les premières longueurs et affichent une jolie avance sur leurs sept autres collègues de flotte.
Dans le camp des IMOCA, la lutte est serrée. Les quatre premiers – Brit Air, Akéna Verandas (Arnaud Boissières), DCNS (Marc Thiercelin) et Veolia Environnement (Roland Jourdain) – offrent un « mano à mano » entre monocoques de 60 pieds de toute beauté. Difficile d’oublier que tous ceux là comptent dans leur cockpit Figaristes émérites (Gildas Morvan, Gérald Véniard, Nicolas Troussel…) qui excellent dans l’art de la régate au contact. Pour autant, il leur faudra aussi compter avec l’incontournable Groupama 70 de Franck Cammas. Le bateau d’entraînement du team français en lice pour le prochain tour du monde en équipage avec escales (la Volvo Ocean Race) a trouvé dans les IMOCA une jolie clique de bateaux lièvres. Sur l’eau, difficile de ne pas constater que malgré les quelque trois mètres de long supplémentaires du VO 70, les coursiers du Vendée Globe gardent encore l’avantage dans des vents portants.
Pendant ce temps, Gitana 11 continue de filer à toute allure. A 17h15, le géant armé par le Baron Benjamin de Rothschild progresse au large des côtes bretonnes entre Belle-Île et la pointe de Quiberon. Les eaux ligériennes sont déjà loin même si son retour après deux boucles entre Saint-Nazaire et Sainte-Marine est prévu demain, à partir de 11h00, après un Record express. Pour tous les autres concurrents de cette 6ème édition, ce ne sera en revanche pas la même histoire. Ils devront en découdre dans des petits airs majoritaires toute la journée de lundi.