
C’est la troisième des plus grandes îles françaises, après la Nouvelle Calédonie et la Corse. Elle commande une escadre de trois cents îlots. Alors on lui donne un pluriel de majesté. Elle est loin de tout mais ses pointes, ses baies et ses monts parlent de la France.
Le grand albatros Sodebo Ultim’ raye de son triple sillage les eaux de Kerguelen. Pour la première fois depuis des jours et des jours, il va peut-être y croiser de grands bateaux de pêche. Mais sa cavalcade n’est pas aussi limpide qu’aurait pu le rêver son skipper.
Le vent est trop instable. Ses rafales administrent de terribles coups de pied aux fesses de ce géant. Le compteur de vitesse s’affole. Il dépasse parfois les 40 nœuds. Comme des chevaux fous, les étraves se ruent dans des descentes terrifiantes. Au creux des grandes vagues de l’Indien, le danger guète. Si les proues s’immergent trop violemment, le coup de frein est tel que l’équilibre devient scabreux.
Pour Thomas Coville, le juste contrôle de la bête n’est pas facile à trouver. Personne n’a jamais mené seul un engin aussi puissant aux latitudes de la Désolation. Impossible de lui lâcher la bride. L’allure est trop usante, stressante, frustrante. Mais « gémir n’est pas de mise » aux Kerguelen. Il faut tenir.