The Ocean Race. A 3 jours de l’arrivée, rien n’est joué !

4 February 2023, Leg 2, Day 11 onboard Holcim - PRB Team. Kevin Escoffier discusses with navigator Tom Laperche the game plan for the day.

La flotte IMOCA est à 1200 milles de l’arrivée et le jeu tactique reste encore très ouvert avec un atterrissage difficile au Cap où une dorsale devrait voir la flotte se regrouper. 11th Hour, Malizia et Holcim-PRB continue d’animer la tête de course.

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La dernière partie de cette étape ne sera pas facile“, déclare Kevin Escoffier, skipper de Holcim-PRB. “Avant d’arriver à Cape Town, une bulle sans vent se formera. Cela signifie que la veille de l’arrivée, toute la flotte pourrait se rassembler pour vous offrir une superbe arrivée, enfin pas pour nous ! Nous n’aimons pas vraiment cela mais l’arrivée pourrait être serrée avec tous les bateaux réunis sous Table Mountain.

Christian Dumard, consultant météo de la course, indique que la dorsale avant l’arrivée pourrait donner à l’équipage de Guyot Environnement-Team Europe une chance de se rattraper. L’équipe skippée sur cette étape par l’Allemand Robert Stanjek, est actuellement cinquième, à 400 milles de la tête de flotte. “Le vent va d’abord revenir par l’ouest, ce qui est une bonne chose pour Guyot environnement-Team Europe. Aussi, ils devraient pouvoir recoller aux premiers bateaux“, résume-t-il.

Cette étape fascinante, qui voit les IMOCA poussés à leurs limites en équipage, a connu deux évolutions majeures ces cinq derniers jours. Tout d’abord, la perte du leadership de Guyot environnement-Team Europe après ses gains spectaculaires à la sortie du Pot au Noir. L’ancien Hugo Boss, dont l’équipage comprend Sébastien Simon comme navigateur et tacticien, a payé le prix fort. En plus de s’être fait piéger par des vents irréguliers, le team a vu son spinnaker partir en lambeaux.

Néanmoins, Christian Dumard affirme qu’ils auraient pu gagner gros. “Ils sont restés dans l’est. Ils auraient probablement pu accepter de perdre une partie de leur avance et faire un peu plus d’ouest mais ils ont décidé de rester dans l’est”, rapelle-t-il. “C’est facile à dire maintenant mais si vous revenez quatre ou cinq jours en arrière, il n’était pas si clair qu’il y allait avoir beaucoup plus de vent à l’ouest.”

L’autre fait marquant est la remontada de Team Malizia, skippé par Will Harris. Depuis le Cap-Vert, le bateau allemand navigue en arrière de la flotte, après avoir perdu du terrain dans des conditions légères en début de course. Le skipper ayant même déclaré que l’équipage avait du mal à trouver les bons réglages dans ces conditions. Pendant plusieurs jours, Will et ses coéquipiers, Yann Eliès, Rosalin Kuiper et Nicolas Lunven sont donc restés bloqués à l’extrémité ouest de la flotte, avant que le bateau ne fasse finalement ses preuves dans des conditions plus soutenues. Désormais revenu dans le même système météo que ses rivaux, le bateau tient la cadence.

L’empannage de la nuit pour les équipes a mis un peu plus au clair les pions sur l’échiquier Atlantique Sud… Aux avant-postes, Holcim PRB progresse quasiment bord à bord avec 11th Hour Racing Team, actuel leader, et Team Malizia. Le trio a creusé l’écart avec Biotherm qui a déchiré son spi et est à 200 milles du leader. Poussés par un flux de nord-ouest d’une vingtaine de nœuds, les IMOCA de tête filent à bonne vitesse sur une mer très praticable. « Nous sommes contents d’aller assez vite, on essaie de trouver les bons réglages, de profiter de la glisse avec une mer assez agréable depuis 12-24h, assez sud dans l’Atlantique. Tout va bien, nous avons hâte d’arriver mais on est content d’avaler les milles assez vite dans la bonne direction parce que ça fait longtemps qu’on attend ça. » décrit Tom Laperche qui passe le plus clair de son temps à la table à cartes dans son rôle de stratège.

Cette route vers Cape Town s’annonçait semée d’embûches et elle a laissé en effet peu de répit aux équipiers. La fin d’étape semble du même acabit. Une zone de transition et de vents faibles (dorsale anticyclonique) s’est invitée sur le chemin de Table Bay… « Ce sera beau pour le spectacle ! » confie Kevin Escoffier avec une pointe d’ironie. Côté cardio, c’est sûr qu’il y aura du rythme tant la tension va grimper sur les derniers milles de course ! Les équipages vont devoir trouver le meilleur chemin pour subir le manque de pression moins longtemps que leurs adversaires. Il reste un peu moins de 1 200 milles devant les étraves des 60 pieds et personne ne peut dire aujourd’hui qui va réussir à sortir son épingle de ce jeu.