Loïck Peyron et les équipiers du trimaran géant ont entamé la dernière ligne droite et s’apprêtent à porter l’estocade finale au temps de référence détenu jusque là par Franck Cammas et ses hommes. Bénéficiant d’un flux de secteur Sud Sud Ouest, le Maxi Banque Populaire V garde le rythme et maintient une vitesse moyenne aux environs de 30 nœuds. A bord, même si chacun sait que la libération est proche, la concentration demeure intacte et les manœuvres s’enchaînent comme ces empannages matinaux destinés à aller chercher un peu plus de pression alors que l’anticyclone provoque toujours une certaine frivolité de l’air. Mais depuis ce matin, tous savent qu’ils ont franchi un cap psychologique en voyant s’inverser une tendance. Ainsi, ces quatorze chasseurs de record sont-ils désormais plus proches de l’arrivée que leur adversaire ne l’est d’eux. 1 000 milles d’un côté pour une avance de 1 350 milles sur le parcours de Groupama 3, les chiffres parlent d’eux mêmes et mettent le skipper du Pouliguen en verve malgré les précautions d’usage : " C’est un peu instable en bordure de ce bel anticyclone. Il n’y a pas forcément le vent qu’on veut mais ce n’est pas grave. Jusqu’ici, nous n’avons pas commis d’erreur, mais ça peut arriver assez vite. Il faut faire attention. Le bébé n’est pas capricieux mais il faut rester vigilant. On est en train de dessiner une grande chistera atlantique qui nous fait frôler le Fastnet, les Scilly et enfin arriver près de chez vous ".
Une envie de galoper au ralenti
C’est aux environs de minuit dans la nuit de vendredi à samedi que le trimaran géant devrait suspendre le chronomètre, avec une petite "contrainte" imposée par le WSSRC et consistant à passer à moins de 4 milles du phare de Créac’h, érigé sur la pointe Nord Ouest de l’île finistérienne, afin que le viseur officiel puisse enregistrer ce passage. Pour tous, l’heure des sentiments partagés a sonné, entre hâte d’arriver et de retrouver ses proches, et envie de profiter de chaque instant qu’il leur reste à goûter avant l’effervescence de l’arrivée. Habitué à ce genre de doux déchirement intérieur, Loïck Peyron avait ce midi les mots pour le dire : " S’il y avait une image pour illustrer ce qu’on ressent en ce moment, ce serait une envie de galoper au ralenti, de faire en sorte que ça aille vite mais avec une espèce d’envie cachée de faire traîner les choses. Ce genre d’aventure qu’on ne fait pas tous les jours, il faut en apprécier chaque minute. Tous les sentiments se bousculent dans les derniers jours de course. L’excitation empêche forcément un peu de dormir et les derniers lyophilisés qui restent ne sont pas forcément les meilleurs et n’aident pas à trouver le sommeil ".
Avance à 17h00 : 1416.2 milles par rapport au temps de référence



















