Romain, la semaine du départ, c’est vélo ou sieste à gogo ?
« L’idéal est de faire les deux mais j’ai du mal à me reposer vraiment avant un départ. Je cours partout… Je fais du sport, je décompresse mais pas en dormant ! Il faut que je travaille là-dessus. »
La veille du départ, c’est concentration ou relaxation ?
« Concentration ! Je suis accaparé par ma course, la météo, le petit détail qu’on aurait pu oublier, je suis en ébullition. C’est surtout valable sur une Solitaire où il faut être à 200% tout le temps, je rentre donc assez vite dans ma bulle. »
Pour réussir une Solitaire, c’est bateau béton ou mental d’acier ?
« L’un ne va pas sans l’autre à mon sens. Je ne pourrais pas partir sereinement sur la course avec un bateau mal préparé. Cette année, j’ai un bon préparateur, on a beaucoup travaillé sur Savéol et je sais que je serai bien dans ma tête. Je partirai sans regrets.»
Sur la ligne de départ, c’est appréhension ou libération ?
« Au moment de quitter les pontons, il y a toujours un peu d’appréhension mais dès le top départ, c’est tellement intense que tu ne peux plus penser à autre chose. Donc c’est la libération dans le sens où je n’ai plus que ma course en tête. »
En mer, c’est « seul contre tous » ou « VHF avec les copains » ?
« Un peu des deux ! Jean Le Cam disait ‘il ne faut pas participer mais écouter’. C’est incroyable ce que l’on peut déduire sur le moral ou sur les conditions des uns et des autres en s’écoutant à la VHF. Je suis un fervent auditeur de l’émission de radio de Jean-Yves Chauve sur la VHF et je participe même de temps en temps ! »
Etapes de sprint ou étapes marathons ?
« Sprint, inévitablement… J’aime me dire que pendant 72 heures, on se donne à fond, on ne dort pas, on est dessus et on ne lâche rien ! La subtilité étant de savoir garder des forces et de la lucidité et surtout de ne pas se griller dès la première étape.»
Mieux vaut « suivre et assurer » ou « tenter et se mettre en danger » ?
« Encore une fois, je pense que la bonne recette est de mixer un peu des deux. Personnellement, je ne suis pas vraiment partisan de l’option « qui tue ». Sur une étape de La Solitaire, il ne faut pas avoir peur du gagne petit ! C’est comme en vélo sur le Tour de France, tu dois te mettre dans la roue et savoir décrocher au bon moment. »
Le pire souvenir, une nuit empétolée ou une nuit dans la tempête ?
« Le pire du pire : une arrivée empétolée ! C’était en 2005, la dernière étape de Cork à Port Bourgenay, on part avec de l’air, je suis 8ème au classement général avec 15 minutes de retard sur Michel Desjoyeaux. A l’approche des côtes, je m’arrête deux minutes pour enlever des algues et je me fais rattraper par un front. Ça ralentit toute la nuit et au petit matin, mes camarades de jeu m’ont pris 20 milles. C’était le pire scénario, je termine 14ème au général ! La Solitaire, c’est beaucoup d’émotions, de la joie et parfois de la déception. »
Les hallucinations, c’est mauvais signe ou inévitable ?
« Difficile d’y échapper sur La Solitaire. Disons qu’il y a les petites hallucinations, où tu crois voir certaines choses, mais quand tu commences à croire que tu es deux à bord, ce n’est pas bon ! En même temps, si tu arrives en forme après une étape de La Solitaire, c’est que tu ne t’es pas donné à fond. Comme une étape de montagne sur le Tour de France, ça laisse des traces ! On flirte avec nos limites mais on est vraiment là pour cela. C’est vraiment une épreuve complexe ! »
Pour veiller, variété française ou rock n’roll ?
« C’est vraiment selon mon humeur ! Je n’en mets jamais dans la pétole ou dans de grosses conditions, il faut rester concentré et vigilant. En général, quand tu mets un peu de musique c’est que ça va bien. J’ai des goûts un peu éclectiques : l’avantage en solitaire c’est que tu peux te lâcher ! »
Pour tenir, sucré ou salé ?
« Je suis un dingue du chocolat et des bretzels en mer ! Sur la Solitaire, j’embarquerai évidement quelques tomates Savéol après chaque étape française. C’est pratique, c’est du frais, c’est parfait ! »
A terre, escale espagnole ou irlandaise ?
« Je connais bien Gijón pour y avoir fait escale en 2001, 2002 et 2004 avec La Solitaire, j’adore ! Et Kinsale, je ne connais pas du tout, mais tous ceux qui s’y sont arrêtés en disent que du bien, j’ai hâte de voir cela… »