Le Suédois Hugo Stenbeck et son équipage hétéroclite américano-suédois, issus de la fondation de l’académie de la Marine Marchande Américaine (US MMA) on pris un malin plaisir à faire jusqu’au bout douter « l’ogre » Rambler 100. Inférieur en vitesse pure, sauf peut-être au portatif, le grand plan Dubois récent vainqueur de la Pineapple Cup, s’est appuyé cette semaine sur le lourd handicap en temps compensé de son rival, pour jouer avec les nerfs de l’américain Ken Read et de ses hommes du Puma Ocean Team embarqués sur Rambler, en restant obstinément calé dans le sillage du géant Kouyoumdjian.
Cette course contre la montre tournait d’ailleurs à l’avantage des Suédois lors du tortueux parcours de mardi qui l’emportaient en temps compensé. Piqué au vif, Ken Read s’inscrivait alors dans la logique d’un contre la montre ; « l’idée est de les lâcher irrémédiablement jusqu’à ne plus les voir à l’horizon » résumait le skipper du projet Puma pour la prochaine Volvo Ocean Race. Objectif tenu ! Rambler maître de ses nerfs et de sa technique, franchissait la ligne d’arrivée devant Gustavia après avoir effectué le tour de l’île en juste deux heures, 12 minutes devant son adversaire. Pour 2 petites minutes en temps compensé, Genuine Risk devait s’incliner. Le grand ketch Sojana des Français Lionel Péan et Jacques Vincent a fait le spectacle toute la semaine dans un vent jamais inférieur à 17 noeuds, avec une pointe lundi dernier au vent de l’île à 32 nœuds. Ses déboulés sous spi et spi d’artimon ont fait le régal des amateurs de belles voiles. Sa troisième place au général ne souffre d’aucune contestation et son skipper des US Virgin Islands Peter Holmberg s’estime ce soir « parfaitement satisfait… »
Vesper sans trembler
L’américain Jim Swartz, déjà présent en 2010 avec son Swan 601 Moneypenny se présentait cette année, toujours épaulé par le Néo Zélandais Gavin Brady, à bord de son TP 52 Vesper récemment acquis, et parfaitement rénové. Les quelques inconnus qu’il pouvait avoir sur les performances du TP52 dans la brise et sur la forte houle caribéenne ont été rapidement levés ; Vesper aime le vent soutenu, ne rechigne pas à affronter une houle estimée lundi à près de 3 mètres, et affole les chronos quelles que soient les allures. Seule une avarie de génois survenue lors de la première course de la semaine l’empêchait de signer un sans faute. Mais le pugnace grand Soleil 43 Antilope du Néerlandais Willem Wester, très en verve ce printemps dans toutes les régates de la Caraïbe, jouait crânement sa chance et fort de son intéressant rating, maintenait la pression sur le bateau noir et vert, ex Quantum. « Nous savions que nous n’avions pas droit à l’erreur aujourd’hui » raconte le Néo-Zélandais Gavin Brady, barreur de Vesper. « Nous nous sommes posés la question à bord de savoir si nous devions marquer Antilope ou jouer notre carte. Nous avons décidé de miser sur la vitesse de Vesper, sans nous préoccuper de nos adversaires. »
C’est donc avec une certaine surprise que Brady et ses hommes voyaient dès le départ l’équipage Néerlandais lancer Antilope à l’assaut du meilleur placement sur la ligne, et entamer une phase de contre bords agressifs digne d’un match race. Vesper s’échappait du piège et se consacrait tout au long des 23 milles du pourtour de l’île à optimiser ses performances ; « Nous continuons à apprendre le bateau » confiait l’américain Jim Swartz, propriétaire de Vesper ; « Sur une mer maniable, on a pu tirer dessus aujourd’hui sans casser. Avec des bascules de près de 40 degrés, la partie sous le vent de l’île était en définitive plus tactique qu’une simple question de vitesse. » Willem Wester et Antilope n’inscriront pas leur nom sur les trophées des Voiles, mais il pourra se targuer d’un beau parcours qui le place loin devant le puissant Farr 60 Venemous de Peter Cunningham, malheureux aujourd’hui avec une 9ème place dans la manche autour de l’île. La bonne surprise vient naturellement du régional de l’étape, Raymond Magras du Yacht Club de Saint-Barth qui, à force de régularité, et à la lumière de sa troisième place du jour, pousse sur le podium les 33 pieds de son Speedy Nemo.
Le finish de James Dobbs
Dans un groupe des Racing Cruising très étoffé avec 24 entrants, et dominé de la tête et des épaules par le Néerlandais Nico Cortlever sur son X Yacht Nix, le sociétaire d’Antigua James Dobbs, auteur d’un début de semaine laborieux, est revenu de la journée de relâche avec de belles intentions pour signer consécutivement deux belles performances, une victoire et une seconde place, qui le propulsent ce soir sur la seconde marche du podium. L’autre Néerlandais Jeroen Min et son skipper Frans Vandyk du First 50 Black Hole font les frais de ce retour tonitruant malgré une dernière manche disputée sur les talons des leaders.
Classiques et multis
Ils ont toute la semaine participé à cette grande fête de la voile, en mêlant leurs silhouettes caractéristiques sur les lignes de départ à celles des grands yachts ; multicoques et classiques disposaient cette semaine de leur groupe propre, au sein desquels évoluaient respectivement 5 unités. L’élégant yawl bermudien signé Mylne Mariella de l’italien Carlo Falcone a fait le spectacle, et l’emporte dans sa catégorie, tandis que le grand catamaran Fat Cat au Britannique John Winter, bien que distancé en temps réel par le véloce trimaran Dauphin Télécom d’Erick Clément, grimpe sur la plus haute marche du podium en temps compensé.
Ils ont dit :
Ralf Steitz, Genuine Risk
« Naviguer ici est tout simplement spectaculaire ; on tourne autour de cailloux qui n’apparaissent sur aucune carte. C’est plaisant, drôle, et les conditions sont incroyables. Les gens sont adorables et nous nous sommes véritablement « éclatés ». Aujourd’hui, il nous fallait coller au tableau arrière de Rambler pour l’emporter et empocher la régate. On échoue de quelques minutes. »
Ken Read, Rambler 100
« Le bateau aime beaucoup les allures travers au vent, et le près débridé. Genuine Risk était un peu plus rapide au vent arrière et surtout, on leur doit beaucoup de temps en fonction de leur rating. On leur doit 11 minutes par heure ! Ces bateaux sont vraiment rapides, mais il nous faut aussi se battre contre le temps pour espérer l’emporter. Il faut vraiment qu’on mette beaucoup de distance entre eux et nous, au point de ne plus les voir à l’horizon. On a eu un problème dès le premier entraînement en éclatant un grand spi. On a couru sans cette importante voile de portant. Mais les Voiles de Saint-Barth demeurent une course très excitante, très amusante… »
Jim Swartz, Vesper
« Je suis venu ici un très grand nombre de fois, et c’est notre deuxième participation aux Voiles. Cette régate est ma course préférée, vraiment. La course, et ce petit morceau de France, avec son style et sa gastronomie… Le vent ici est stable, la mer est formée, d’un bleu exceptionnel. On a nous aussi connu notre lot de problème. Le bateau est fragile, et on est toujours en phase d’apprentissage. Ce bateau a été conçu pour la Méditerranée et des navigations dans du temps clément. Nous avons connu ici les conditions les plus dures jamais rencontrées par ce bateau…. »
Classement général de Voiles de Saint-Barth 2011
Superyachts
1: "Rambler 100", Ken Read (Etats Unis D’am) 5 points
2: "Genuine Risk", Hugo Stenbeck (Etats Unis D’am) 7 points
3: "Sojana", Marcus Fitzgerald (Bucket Regattas) 12 points
Groupe Classic
1: "Mariella", Carlo Falcone (Italie) 4 points
2: "White Wings", Faraday Rosenberg (Etats Unis D’am) 8 points
3: "Kate Dutch Sailing Team", Philip Walwyn 12 points
Groupe Multicoques
1: "Fat Cat", John Winter 4 points
2: "Bordelo", Stephane Penigaud (Saint Barthelemy Yacht-Club) 12 points
3: "Dauphin Telecom", Erick Clement (Club Wind Adventures) 13 points
Groupe Racing
1: "Vesper", Jeff Price (Etats Unis D’am) 5 points
2: "Antilope", Willem Wester (Hollande) 7 points
3: "Speedy Nemo", Raymond Magras (Saint Barthelemy Yacht Club) 16 points
Groupe RACING CRUISING
1: "Nix", Nico Cortlever (Hollande) 8 points
2: "Lost Horizon", James Dobbs (Antigua) 10 points
3: "Black Hole", Jeroen Hin (Grande-Bretagne) 13 points