Le parcours proposé aux protagonistes de la Solo Méditerranée est d’une grande simplicité théorique. Un grand bord direct vers l’Espagne, une bouée cardinale à laisser à tribord devant le petit port espagnol de L’Estatite, et une remontée vers Gruissan, terme des 206 milles de course. La route météorologique apparaît plus compliquée et les solitaires devront faire appel à tout leur sens tactique pour négocier les différentes bascules attendues dès le milieu de nuit. Bascules accompagnées d’un sérieux renforcement puisque 20 nœuds et plus pourraient toucher la flotte avec la rotation au Nord Ouest. En arrivant au centre du golfe du Lion, la bascule à droite devrait s’accentuer pour prendre de l’Est et favoriser l’atterrissage sous les côtes espagnoles. Proximité des côtes, effets de relief, flux descendus des Pyrénnées… la remontée vers Gruissan exigera des coureurs lucidité et discernement, à un moment où les heures blanches passées à la barre commenceront à prélever leur lot de fraîcheur sur les organismes. Un test grandeur nature pour ces solitaires venus en Méditerranée soumettre leur résistance à l’épreuve du large. La satisfaction d’oublier un moment les parcours « banane » est ainsi générale : « J’ai hâte de retrouver la haute mer » confiait avant le départ Corentin Douguet (E .Leclerc-Bouygues Télécom). Le support Figaro est nouveau pour moi mais j’ai connu en 6,50 ces longs moments de régate de nuit au contact. Ce sont des instants magiques que l’on aime retrouver. » Même son de cloche chez la jeune Australienne Liz Wardley (Sojasun) « Mon début de course ne me plait pas. J’attends avec impatience le large. Cette étape sera très tactique et je peux tirer mon épingle du jeu. »
Les ténors de l’épreuve n’ont guère barguigné au départ ; hormis peut-être Charles Caudrelier (Bostik), pris par la patrouille en avance au départ et contraint de repasser la ligne, Pietro d’Ali (Nanni Diesel), Laurent Pellecuer (Languedoc Mutualité), Fred Duthil (Brossard), Eric Drouglazet (Malongo), Nicolas Troussel (Financo), Gildas Morvan (Cercle Vert) ou Kito De Pavant (Groupe Bel) se bousculaient à la bouée de dégagement avant de mettre le cap, travers au vent, vers l’île Riou et le grand large. Estimation d’arrivée à Gruissan si le vent tient ; jeudi matin.