Sur le papier, le parcours d’un Trophée Jules Verne a des airs d’équation parfaite : quitter Ouessant, plonger dans le Sud, passer Bonne Espérance, Leeuwin et Horn, remettre du Nord dans sa route pour retrouver le large de la Bretagne. Dans les faits, la situation météorologique de cette fin de mois de janvier sur l’Atlantique Sud oblige Pascal Bidégorry et ses équipiers à subir quelques contraintes dans la trajectoire optimale. Ainsi la descente vers la pointe du continent africain connaît-elle depuis plusieurs jours certaines contrariétés. Mais avec un anticyclone de Sainte-Hélène confortablement "affalé" sur la route idéale, le choix reste limité.
" On est repassé bâbord amure hier soir avec un cap à peu près au Sud. On a fait 22/23 nœuds de moyenne toute la nuit. Depuis que le jour s’est levé, le vent a perdu un peu en intensité. On fait toujours cap au Sud et on attend une petite bascule au Nord. On en profitera pour faire un petit bout de tribord amure, on empannera donc pour repartir vers les côtes de l’Amérique du Sud. On sera un peu en "travers de la piste" par rapport à notre but qui est Bonne Espérance. Ca va encore être une journée où il faudra investir dans l’Ouest pour garder un minimum de pression, parce que devant nous il y a cette "sacrée Sainte-Hélène" qui nous barre le chemin!" lâchait Pascal Bidégorry ce midi.
La partie de cache-cache engagée avec l’anticyclone devrait donc prendre fin d’ici quelques heures, une dépression formée au niveau de l’Uruguay jouant les portiers de l’Atlantique. Une fois accroché, le phénomène devrait accompagner le Maxi Banque Populaire V à mi-distance du cap de Bonne Espérance : "Dès la nuit prochaine on pourra repartir en tribord amure et dès demain on sera soumis à l’influence de cette dépression qui va arriver et nous permettre de faire une route au Sud Sud Est avec un vent se renforçant à 20 nœuds. On va pouvoir redémarrer et arriver de manière quasi certaine à la moitié de l’Atlantique Sud". La suite s’annonce encore une fois incertaine comme le rappelait Pascal Bidégorry ce midi. "Autant les modèles sont assez raccords dans l’Atlantique Nord autant dans le Sud, chacun y va de sa petite théorie et ce n’est pas évident de définir quelque chose, même à moyen terme".
200 milles en latéral
Conséquence logique d’une route plus longue que la théorie mais également que celle empruntée lors du dernier Trophée Jules Verne, le trimaran aux couleurs de la Banque de la Voile perd du terrain et concède aujourd’hui un retard de plus de 200 milles. Un déficit que le skipper basque expliquait très simplement : "Il faut bien comprendre que les 200 milles de retard qu’on a aujourd’hui, c’est une distance en latéral. Groupama 3 l’année dernière était 200 milles plus dans notre Est et c’est le retard qu’on a à l’heure actuelle".
Chef de quart à bord de Banque Populaire V et détenteur du temps de référence autour du monde, Fred Le Peutrec rappelait quant à lui quelques similitudes avec le scénario rencontré il y a tout juste un an à bord de Groupama 3 : " Ce sont approximativement les mêmes conditions que celles avec lesquelles on est passé l’année dernière, avec le même genre de trajectoire pour éviter l’anticyclone de Sainte-Hélène et attraper la première dépression pour faire de l’Est. "
Retard à 16h00 : 205,7 milles par rapport au temps de référence




















