Dans la nuit, les leaders de la course ont franchi le cap Finisterre avec un vent qui a bien forci, marquant une étape clé dans ce début de Vendée Globe. Ce matin, Charlie Dalin sur Macif conserve la tête, mais Yoann Richomme – Paprec Arkea et Sam Goodchild (Vulnérable) ont réalisé une belle remontée et le talonnent prêts à saisir la moindre opportunité pour prendre la tête de la flotte.
Les prochaines heures seront décisives pour établir une stratégie adaptée aux jours à venir. Les skippers devront notamment anticiper le passage délicat avant les Canaries, une zone qui nécessite une trajectoire vers l’ouest pour éviter les pièges météorologiques. La tension monte alors que chaque choix pourrait faire basculer le classement. Les favoris commencent à émerger en tête de flotte. Charal, Biotherm, Maitre CoQ, Bureau Vallée et Malizia qui revient doucement vers sûrement.
Justine Mettraux comme plusieurs autres concurrents a choisi de passer le DST au nord et se positionne désormais la plus à l’ouest.
On les avait quittés en fin de journée encore relativement bien rangés, dans un peloton compact On les retrouve au petit matin, éparpillés façon puzzle par le casse-tête nocturne imposé par un Cap Finisterre à la hauteur de sa réputation : venté, houleux, et encombré façon périph’ à l’heure de pointe. Premier des bateaux à dérives, Benjamin Ferré sur Monnoyeur -Duo for a job réalise une belle entame de course devant son mentor Jean Le Cam
Et choisir son camp ! Car cette nuit, tous ont dû trancher : passer “à l’intérieur” du DST, au plus près des côtes pour raccourcir la route, jouer la courbure du vent, mais s’obliger à beaucoup de manœuvres pour rester dans cette étroite bande de mer, partagée en outre avec des plaisanciers et pêcheurs qui ne se soucient pas forcément autant qu’eux d’éviter les collisions. Ou opter pour un passage à l’Est du DST, ce qui rallonge la route mais en évite bien des désagréments ! Le tout bien sûr, avec un premier coup de vent soutenu, imposant un éreintant changement de voile !
Résultat des jeux ? L’intérieur du DST a remporté les faveurs du gros de flotte de ce dixième Vendée Globe, à commencer par le leader, Charlie Dalin (MACIF santé prévoyance), ses dauphins directs, Sam Goodchild (VULNERABLE), Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) ou encore Jérémie Beyou (Charal)), et le chapelet de poursuivants à leurs trousses.
La première nuit dans le Golfe de Gascogne s’est bien déroulée pour les 40 skippers engagés dans le Vendée Globe. Charlie Dalin, à bord de son bateau Macif, a profité des conditions de vent idéales pour creuser un premier écart face aux 39 autres concurrents. La flotte devrait franchir le Cap Finisterre en fin de journée.
Après un départ plutôt calme, les skippers ont pu accélérer pendant la nuit. Les foilers, contraints d’allonger leur trajectoire, ont dû composer avec leur vitesse, tandis que les bateaux à dérive ont pu emprunter une route plus directe. En tête de la course, Charlie Dalin avance à une moyenne de 23 nœuds, suivi de près par Sébastien Simon (Groupe Dubreuil). Jean Le Cam, sur Tout Commence en Finistère – Armor Lux, est le premier représentant des bateaux à dérive, juste devant Louis Duc Fives Group Lantana.
Le passage du Cap Finisterre, suivi de la zone de séparation du trafic maritime (DST), devrait ensuite ouvrir le jeu, permettant aux foilers d’exploiter pleinement leur vitesse.
Donné sous un vent très léger, le départ de ce 10e Vendée Globe a été un moment chargé d’émotion, tant pour les skippers que pour le public venu en masse applaudir ces véritables aventuriers. Après quelques heures marquées par une pétole persistante, les 40 IMOCA ont enfin pris de la vitesse, traçant leurs sillages dans la nuit au cœur du golfe de Gascogne, avec des pointes affichant une dizaine de nœuds.
Le classement provisoire commencera à se dessiner plus clairement une fois le cap Finisterre franchi. C’est à ce point stratégique que les skippers devront prendre des décisions cruciales pour leur trajectoire, en vue d’optimiser leur position avant d’aborder le passage des Açores.
’est le président de la Vendée et du Conseil départemental de la Vendée, Alain Leboeuf, qui a donné le top départ. Un peu plus tôt, il saluait les skippers : « vous avez enchanté les milliers de personnes venues, je tiens à vous dire merci. Soyez fiers de ce que vous êtes et de ce que vous nous offrez ». Après le décompte, les airs erratiques ont offert un départ au ralenti, pour le plus grand plaisir du public sur l’eau qui en a profité pour prolonger le spectacle et les « au revoir ».
Pour l’anecdote, huit skippers ont franchi la ligne dans la minute suivant le top départ : des favoris – Thomas Ruyant et Sam Goodchild (VULNERABLE), Boris Herrmann (Malizia – Seaexplorer) -, des outsiders – Justine Mettraux (TeamWork-Team Snef), Maxime Sorel (V and B – Monbana – Mayenne), Paul Meilhat (Biotherm) et Benjamin Dutreux (GUYOT environnement – Water Family) – et un bateau à dérives droites (Monnoyeur – DUO for a JOB). C’est d’ailleurs Benjamin Ferré qui a été le plus rapide en la franchissant 11 secondes après le départ. De son côté, Conrad Colman a dû prendre son mal en patience. Lui qui avait failli tomber dans l’eau au moment d’une accolade sur les pontons ce matin, a été retardé au moment de partir. En cause : un bout qui s’est pris dans son hélice. Il a attendu un peu plus d’une heure pour franchir finalement la ligne à 14h17. Conrad a néanmoins réalisé une belle opération puisqu’il a pu toucher un peu plus de vent que l’ensemble des autres marins en passant plus au Nord, il s’offre même les commandes de la flotte durant quelques minutes.
« Le vent va forcir progressivement » La situation devrait se décanter prochainement, d’autant que le vent va enfin être de la partie. « Il va forcir progressivement, abonde Christian Dumard, consultant météo du Vendée Globe. Le vent sera d’abord d’Ouest puis du Sud avec plusieurs bascules ». En somme, il va falloir endosser son costume de Figariste et multiplier les empannages dans le Golfe de Gascogne. De quoi engendrer de petits gains et étendre légèrement la flotte. Ensuite, place au Cap Finisterre, au Nord Ouest de l’Espagne, où la tête de flotte est attendue demain en milieu de journée. Le vent sera plus fort – une vingtaine de nœuds – et la houle de face (1,5 m), rendant la progression des marins plus inconfortable. Les conditions seront un peu plus dures pour ceux qui seront derrière avec des rafales de plus de 40 nœuds attendues. Une bonne entrée en matière donc pour rentrer de plain-pied dans la course.
Des milliers de personnes sont venus saluer le départ des 40 bateaux. Un départ des pontons chargés d’émotions pour les skippers, leurs familles et leurs proches.
Après quatre ans à développer son bateau, le skipper de Charal s’élance pour ce grand défi avec ambition, détermination et surtout sérénité. Alors que le compte-à-rebours avant le grand départ de dimanche est plus que jamais lancé, Jérémie s’est confié lors d’un point presse organisé aux Sables-d’Olonne. Morceaux choisis.
Son état d’esprit. « Je commence à me concentrer un peu plus sur moi-même, sur la météo. Nous avons commencé à étudier la météo depuis mercredi. En parallèle, je continue les séances de sport qui me permettent de m’aérer et de rester en forme. Pour l’instant, je dors bien la nuit donc tout est au vert ! » Une 5e participation. « Je crois que je suis plus serein qu’aux éditions précédentes. Je suis très heureux d’être là. C’est une chance et un privilège d’avoir un super bateau, d’avoir eu le temps de le développer, de profiter des gens qui viennent me voir et de chaque instant dans ce projet… L’expérience d’il y a quatre ans m’a fait évoluer mentalement. J’ai appris à naviguer plus comme je le sens. Je crois que j’ai un nouveau regard sur la course en général et c’est très agréable. » Un partage avec le grand public. « Les dix premiers jours, j’ai essayé d’être là au maximum, de profiter des animations de Charal et du village. Je me suis baladé comme un spectateur lambda. Ce qui est impressionnant, c’est le monde qui était présent et qui venait de partout. Ce n’est plus seulement de l’Ouest ou des côtes mais aussi des quatre coins de la France et d’Europe. Les gens sont curieux, bienveillants et essaient de comprendre ce qu’on vit. C’est très agréable d’avoir vécu ça. »
Les conditions au départ. « On voit que l’anticyclone se remet bien sur l’Angleterre. Nous allons avoir un régime de vent de Nord-Est, au portant, pour toute la descente de l’Atlantique nord. Les conditions précises du départ ne sont pas encore bien définies. Il devrait y avoir du vent portant, un peu faible au départ, qui devrait se renforcer à mesure qu’on va progresser vers l’Ouest et le Sud-Ouest. Ce sera un départ moins angoissant et moins engageant que ce qu’on a souvent à cette période de l’année. »
Sa manière d’aborder la course. « Ce sont les conditions météos qui obligent ou non à lever le pied. Là, à 15 nœuds au portant, il n’y aura pas de gestion à avoir. En revanche, il y aura des choix de voiles, de petites différences de trajectoire qui peuvent créer quelques écarts. Même si ça semble plus facile, il faudra être très concentré et trouver les bons réglages d’entrée. » Son bateau décrypté. « Par rapport à Charal1, la carène et les safrans sont identiques. Notre nouvelle paire de foils offre un peu plus d’aisance au portant dans du vent médium, ce qui sera précieux au départ. Nous n’avons pas eu de problèmes de structure depuis sa mise à l’eau et on est très rigoureux pour ne pas le surcharger en équipement et veiller à son poids. Je suis vraiment heureux de m’élancer avec un bateau aussi sain et performant. » Le record de 74 jours. « Avec les bateaux actuels et la qualité du plateau, je pense que le record sera battu. Je n’ai pas fait de simulation avec le Vendée Globe 2016 (quand le record a été battu NDLR) mais c’est un fait que les bateaux ont progressé en performance et en attitude pure. Ça reste encore de la théorie mais j’ai hâte de voir ce que ça va donner ! » Les produits Charal Sport. « Ce sont des repas stérilisés. Nous les avons élaborés avec les équipes de Charal à partir notamment de mes goûts personnels. C’est la base de l’avitaillement du bord. J’ai la chance d’avoir ce partenaire à mes côtés. Il s’agit d’un aliment ‘plaisir’ particulièrement appréciable et qui répond aussi parfaitement à mes besoins nutritionnels pendant une course aussi longue. »
Le skipper de l’IMOCA Groupe Dubreuil affiche un visage serein et déterminé. L’enfant du pays aspire à retrouver le goût de la compétition, à commencer son tour du monde sans négliger de vivre pleinement la grande fête populaire attendue ce dimanche. Il livre ses dernières impressions avec un zeste d’introspection et beaucoup de motivation.
« Le Vendée Globe, c’est à la fois le défi le plus simple – le tour du monde sans s’arrêter et sans assistance – et à la fois le plus complexe parce qu’on est à bord de machines très techniques et qu’il faut réussir à se débrouiller tout seul. C’est un défi hors norme : il y a six fois plus de gens qui sont allés dans l’espace que de personnes qui ont réussi cette boucle. »
Le challenge d’une vie. « Cette course me fait rêver depuis que je suis tout petit, je l’ai vue grandir, elle m’a permis de vivre tant d’émotions… Je suis un enfant du pays. Je la connais depuis toujours : la course a 35 ans, j’en ai 34. Ça fait beaucoup de points communs. Ce ponton du Vendée Globe, là où il y a les quarante bateaux, je l’ai arpenté des dizaines et des dizaines de fois quand j’étais petit. »
Les acquis du passé. « Je ne sais pas si ce tour du monde va me changer. En revanche, je sais que j’ai beaucoup changé au fil de mon parcours. J’ai vécu énormément de choses, des expériences humaines douloureuses et bénéfiques, des moments de joie comme des accidents. Je suis dans la meilleure partie de ma vie parce que je peux encore me lancer des défis. Et quand tu pars autour du monde, l’aventure ne se prévoit pas, elle se vit. »
L’atmosphère au départ. « Au Vendée Globe, on a connu des exploits, de beaux finishs, des scénarios complètement fous. Mais voir les marins quitter le ponton, les bateaux traverser le chenal, ça prend aux tripes et ça m’a toujours animé. C’est un événement public, il n’y a pas de billetterie, tout est gratuit et la foule vient dès 4 heures du matin pour trouver sa place et acclamer les marins. Je suis persuadé qu’il y aura des centaines de milliers de spectateurs. C’est à la fois simple et incroyable. Il y a beaucoup d’événements sportifs en France mais celui-là a quelque chose à part. »
Mes sources de motivation. « J’ai forcément un goût d’inachevé à la suite de ma première participation en 2020 (4e avant d’être contraint à l’abandon). Dès que j’avais mis pied à terre, je n’avais qu’un objectif, c’était de repartir quatre ans plus tard. Par bonheur, le groupe Dubreuil a décidé de m’offrir une seconde chance. J’ai à cœur d’aller au bout, me faire plaisir et prouver à tous ceux qui m’ont accompagné qu’ils ont eu raison de me faire confiance. Je suis aussi là pour explorer mes limites et donner le meilleur de moi-même ».
L’excitation qui monte. « Depuis vendredi, j’ai presque envie de me téléporter, d’être enfin dans la course. Tout le travail en amont – la gestion de projet, la préparation du bateau, les relations publiques – a bien été réalisé. C’est déjà une belle victoire d’être ici aujourd’hui dans ces bonnes dispositions. Là, j’ai envie d’entrer dans ma bulle et de vivre pleinement la course. J’ai un bateau incroyable, polyvalent, bien préparé qui me donnera toutes les chances de me faire plaisir. La prochaine récompense, ce sera d’être à l’arrivée. »
Des conditions clémentes au départ. « Ça change l’approche du départ parce que ce sera plus calme que d’habitude donc ça diminue le risque de collision. J’appréhende toujours les départs, le fait de bien se placer, donc le fait que les conditions soient légères aide à se mettre dans le bain tranquillement. En revanche, il est possible que ce soit nerveux avec un vent erratique donc aléatoire. »
La descente de l’Atlantique. « Je vais tout faire pour être concentré, bien rentrer dans ma course et être bien placé dans l’Atlantique. Même s’il n’y a pas de vent, ce sera très intense et très sollicitant. Le premier qui attrape le vent de Nord-Est aura un petit gain et le premier qui traverse la zone de transition dans l’anticyclone des Açores aura aussi un certain avantage. C’est une course longue, certes, mais être bien positionné à la sortie de l’Atlantique, ça donne vraiment confiance pour la suite. Car dans les mers du Sud, dès que les écarts sont créés, la course n’est plus tout à fait la même. »
Il a terminé la saison champion Imoca en 2023 et il fait partie des outsiders sur ce Vendée. Il dispose de l’ancien bateau de Thomas Ruyant mis à sa main et optimisé.
L’anglais Sam Goodchild a suivi la voie française pour se former à la course au large, même si ses débuts commencent dans l’équipe d’Alex Thomson, puis dans celle de Mike Golding. En 2010, il rejoint l’Artemis Offshore Academy, qui a été créée pour lancer des jeunes Anglais. Il fait sa première saison de Figaro, évolue du Class40 à l’Ultim, du Figaro à l’Ocean Fifty où sur Leyton, gagne le Pro Sailing Tour 2021. En 2023, il décide de partir en Imoca et de faire le Vendée Globe. Il rejoint l’écurie de Thomas Ruyant. Pour se qualifier et engranger des milles et de l’expérience, il participe à The Ocean Race sur Holcim-PRB. Sur le circuit Imoca, il part en double avec Antoine Koch, l’architecte du bateau. Il termine la saison en tant que champion des Imoca Globe Series. Avec les conseils de Thomas et d’Antoine, il maîtrise parfaitement son bateau qu’il a optimisé et fait évoluer. Il sera redoutable.
« J’apprécie le voyage que j’ai fait pour arriver à être au départ du Vendée Globe. J’en ai eu l’idée il y a 20 ans. J’ai connu des échecs mais j’ai persévéré. J’apprécie cette expérience de vie, de construction de projets. J’ai eu beaucoup de chances. Je suis allé 4 fois dans le Grand Sud, sur des bateaux différents, Ultime, Imocas, avec des navigateurs hors norme. Je pars sur mon premier Vendée dans des conditions royales. J’ai une belle équipe TR Racing et le soutien de notre partenaire Advens. Depuis deux ans, on a appris la machine sans la modifier. Je me suis adapté au bateau. On a réussi à l’apprivoiser. Il est désormais à ma main et les manoeuvres me viennent naturellement. Ce bateau porte ma marque et celle de Thomas. »
« J’ai séquencé cette course, avec une dizaine d’étapes fortes, Cap Horn, Kerguelen, Leeuwin, Nemo etc… cela permet d’appréhender le Vendée Globe plus simplement. Je refais la course dans ma tête, j’imagine les moments forts et les gestes de base à effectuer régulièrement. J’ai hâte d’être seul, de m’approprier la course. Un départ peu venté permettra d’entrer dans la course en douceur, de quitter la terre plus facilement, de trouver le sommeil aisément dès la première nuit. Je vais observer les favoris, les grands foilers. On part pour un exercice différent d’une transat. Dès l’Atlantique Sud, on sentira la solitude. Le niveau de ce Vendée Globe est très élevé. La flotte est impressionnante. C’est LE défi ultime. J’ai la fierté d’être dans ce milieu que j’admire depuis longtemps. Etre un peu reconnu est appréciable. Si un Anglais l’emportait, ce serait bien pour la voile anglaise. »
Charlie Dalin ne cache pas son impatience de prendre le départ de son deuxième tour du monde en solitaire à bord de MACIF Santé Prévoyance, spécialement conçu pour cette édition. À 40 ans, le vainqueur de la New-York Vendée et du Défi Azimut 2024, se lance à la conquête d’un titre qu’il convoite tant, lui qui avait terminé deuxième en 2021.
Originaire du Havre, diplômé d’architecture navale, Charlie Dalin a intégré en 2011 le Pôle Finistère Course au Large de Port-la-Forêt, où il a débuté en Figaro. Il a fait plusieurs podiums sur La Solitaire avant de basculer en Imoca. Favori au départ du dernier Vendée Globe, il a terminé 2e sur Apivia, un plan Verdier construit avec MerConcept. Il part à nouveau favori pour cette 10e édition. Il s’est déjà montré très performant sur son bateau, une évolution de son précédent plan Verdier, qui porte les couleurs de la Macif. Sa préparation a été perturbée par des soucis de santé qui l’ont empêché de poursuivre la Transat Jacques-Vabre 2023. De retour en 2024, il s’est montré à la hauteur sur The Transat, puis sur la New York – Vendée qu’il a remportée haut la main. Pour le Vendée Globe, il partira avec une nouvelle paire de foils qui devraient rendre son bateau de troisième génération encore plus performant.
« Je suis prêt à y aller. Cela fait pas mal de temps que je l’attends, ce Vendée Globe », confie Charlie. Depuis son arrivée aux Sables-d’Olonne le 27 janvier 2021, le skipper havrais n’a qu’une idée en tête : repartir. « Cela fait plus de trois ans que nous préparons ce Vendée Globe, que nous avons démarré la conception de MACIF Santé Prévoyance : la forme de sa carène, le pont, les emménagements avec notamment la fameuse studette. J’ai hâte de faire ce tour du monde sur ce bateau pensé pour cette édition », explique-t-il.
Un problème de santé, survenu l’hiver dernier, a temporairement ralenti la préparation de Charlie Dalin, annulant deux transats prévues. « Mon problème de santé l’hiver dernier a coupé court au programme initial, mais cela me rend encore plus heureux d’être là. J’ai encore plus envie de prendre le départ de ce tour du monde. Ce fut une péripétie que nous n’avions pas imaginée, cela a compliqué le processus de qualification, mais depuis l’aller et retour à New-York, j’ai pu me libérer. » confie Charlie Dalin, vainqueur de la transat New-York Vendée en juin dernier.
Depuis la dernière édition du Vendée Globe, Charlie a pris en assurance. « J’ai fait beaucoup de chemin, je me sens plus fort, j’ai progressé dans ma façon de naviguer et de gérer un IMOCA. J’ai aussi démystifié l’évènement. Je me sens plus fort cette année. Le Vendée Globe 2020 n’était que ma deuxième course en solitaire en IMOCA. Le Covid n’avait pas permis de naviguer beaucoup ; je n’avais que dix jours d’expérience en solitaire avant de prendre le départ ! » Avec le recul, Charlie compare cette expérience au « plus haut plongeoir de la piscine municipale » : une fois le premier saut effectué, le stress et la tension diminuent, laissant place à un deuxième élan plus serein. « Je sais à quoi m’attendre. C’est plus facile de se préparer à quelque chose que l’on connaît » poursuit le skipper de MACIF Santé Prévoyance. Pourtant, malgré son statut de favori, Charlie Dalin garde les pieds sur terre. « Quand on parle de favori, on parle de classement, de résultat. Je n’y pense pas, je reste concentré sur ce qu’il reste à faire avant le départ, et tout le travail que j’aurais à faire pendant la course. » Sa concentration est entière, focalisée sur chaque étape de la course, un pas à la fois.
« Ces moments passés avec le public furent enthousiasmants. Il y a toujours des mots sympas, des encouragements. Le Vendée Globe est une course à part. Aussi rare que les Jeux Olympiques ou une Coupe du monde de rugby. » Enfin, au-delà de son propre défi et de la compétition, Charlie espère inspirer les plus jeunes qui suivront sa grande chevauchée. « Je sais que beaucoup de classes vont suivre mon parcours autour du globe. J’ai envie de leur faire passer le message qu’il faut croire en ses rêves. Ma mère me disait toujours « quand on veut, on peut ». Il faut donc oser croire en ses rêves et ne pas avoir peur d’y aller ! »
La météo du départ et les premières heures de course vues par Jean-Luc Nélias, team manager de l’Imoca MACIF Santé Prévoyance « Pas de coup de vent à l’horizon, pas de dépression automnale ! Le départ dimanche aura lieu dans des conditions très peu ventées. Il va falloir que les bateaux arrivent à glisser malgré le clapot généré par les vedettes et les bateaux de plaisance. Ce ne sera pas simple, mais moins stressant qu’un départ musclé. Ensuite, le vent de nord-est devrait forcir légèrement pour 10-12 nœuds dans la nuit de dimanche à lundi. Toujours au portant, les concurrents atteindront le cap Finisterre avec une accélération du vent jusqu’à 20-25 nœuds. Pour le moment la route à suivre reste très ouverte : le long des côtes portugaises, vers les Açores ou sur une trajectoire médiane ? Ce sera a priori une descente de l’Atlantique Nord jusqu’au Pot-au-Noir avec un vent moyen de 13 nœuds… Ce qui implique beaucoup de réglages, de tactique et de stratégie. Ça va chauffer dans toutes les têtes des marins ! »
Boris Herrmann, skipper de l’équipe Malizia a hâte de relever les défis exigeants des mers du Sud. Fort de son expérience, de ses milles parcourus et d’un bateau conçu spécifiquement pour cette course, Boris Herrmann est considéré comme un sérieux prétendant au podium de cette édition du Vendée Globe.
En 2001, Boris Herrmann est le plus jeune, et le premier Allemand, à participer à la Mini Transat, où il termine à la 11e place. Il fait du Class40, du GC32, puis fonde en 2017 le projet Imoca Malizia II avec Pierre Casiraghi et le Yacht Club de Monaco, dans le but de participer au Vendée Globe 2020. Il aurait pu l’emporter mais, à quelques heures de l’arrivée, il entre en collision avec un bateau de pêche. Il terminera finalement 5e. Il se lance quelques mois plus tard dans The Ocean Race avec un nouveau bateau, dessiné par VPLP, qui se révèle rapide dans la brise. En deux ans, il ne cessera de progresser en l’équipant d’une nouvelle paire de foils. Il termine 2e des deux dernières courses de la saison Imoca, de quoi en faire l’un des favoris de ce Vendée Globe. Boris maîtrise parfaitement son bateau, qui a montré qu’il était fiable et robuste. Il pourrait être le premier étranger à remporter le Vendée Globe. Depuis la dernière édition, il est beaucoup suivi dans son pays.
« Le Vendée Globe est tout simplement l’un des plus grands défis du sport », déclare Boris Herrmann, skipper de Team Malizia, quelques jours avant le départ de la course ce dimanche 10 novembre. « En solitaire, sans escale, sans assistance et un tour du monde complet. Même si j’ai déjà fait la course et navigué autour du monde avec notre nouveau bateau Malizia – Seaexplorer, je peux clairement dire que le Vendée Globe reste le défi ultime. Voir le cap Horn est l’une des raisons de participer à la course », commente le skipper de Team Malizia. « C’est un moment tellement magique, d’avoir fait l’océan Austral et de voir ensuite ce monument emblématique. Ce sera mon sixième tour du monde et mon septième passage du cap Horn, mais je ne m’en lasse jamais. C’est très spécial et j’ai vraiment hâte de le voir. »
« Nous avons rapidement commencé à construire un nouveau bateau spécifiquement optimisé pour le Vendée Globe. Nous avons décidé que pour vraiment comprendre et garantir la fiabilité du bateau, nous le ferions naviguer autour du monde lors de The Ocean Race 2022-2023. » En plus des nombreuses courses transatlantiques au cours des deux dernières années et demie, le nouveau bateau a déjà effectué près de trois fois le tour du monde en solitaire, en double et en équipage. « Je pense que c’est ce qui nous distingue de nombreuses autres équipes. » Il ajoute : « Nous sommes dans une très bonne position pour cette course. En termes de campagne, il y a des bases solides qui me donnent confiance dans la poursuite de cette belle aventure. L’avenir de notre équipe ne dépend pas uniquement du résultat de cette course. J’ai ressenti cette pression la dernière fois, mais cette fois, j’espère l’aborder avec une attitude plus légère, plus insouciante et vraiment profiter de l’expérience, en me concentrant sur le fait de ne faire qu’un avec mon bateau. Et c’est vraiment mon bateau. Je l’ai conçu de A à Z et j’ai piloté la plupart de ses détails et de ses caractéristiques dès le premier jour. »
Boris Herrmann poursuit : « Nous sommes l’équipe qui a parcouru le plus de milles au cours des quatre premières années de préparation, et surtout avec les expériences dans les mers du Sud, je me sens maintenant beaucoup plus en phase avec le bateau. Ces expériences fait une énorme différence depuis la dernière fois. Je pense que nous sommes l’une des équipes les mieux préparées. Je n’avais plus rien à faire sur le bateau depuis la mi-septembre. C’est une sensation formidable. »
Malizia – Seaexplorer a été conçu pour être plus confortable et plus fluide dans les vagues. « Il y a vraiment un compromis à faire entre être rapide sur mer plate ou dans les vagues. Nous voulions un bateau qui s’adapte à l’état de la mer plutôt que de lutter contre toutes les vagues, notamment celles des mers du Sud. C’est un des points forts de notre campagne : pouvoir naviguer à 30 nœuds tout en étant à l’aise. » Une performance déjà prouvée sur The Ocean Race, avec la victoire de Team Malizia dans l’étape des mers du Sud. Mais Boris Herrmann reste pragmatique et conscient des risques du Vendée Globe. Avec des conditions imprévisibles et des problèmes techniques potentiels, même si le skipper est bien préparé, rien n’est garanti. « Le risque de déception est élevé, quelque chose peut casser, comme un bout-dehors la première semaine, et du coup on est déjà hors course. Mais on peut quand même terminer la course », analyse-t-il.
Au-delà de la performance pure, la sensibilisation à travers la mission A Race We Must Win – Climate Action Now ! de Team Malizia est primordiale pour Boris Herrmann. Comme lors de l’édition précédente, Boris Herrmann collectera une nouvelle série de données sur les océans autour du monde grâce à son laboratoire embarqué. Les données mesurées sur le CO2, la température et la salinité sont utilisées par les scientifiques du monde entier pour mieux comprendre le rôle de l’océan dans le changement climatique. Elles sont extrêmement précieuses pour Boris Herrmann qui navigue dans les régions les plus reculées du monde, où presque aucun navire de recherche ne se rend. Il déploiera également une bouée dérivante pour soutenir davantage les prévisions météorologiques et la surveillance du changement climatique. Boris Herrmann a dû lutter contre la solitude et le vertige lors de l’ascension du mât de 29 mètres au milieu de l’océan. Aux Sables d’Olonne, on l’a vu tester son matériel d’escalade légèrement amélioré : « Je n’ai toujours pas hâte de grimper, c’est toujours galère de monter et s’il y a un état de mer, ça devient vite dangereux et très difficile. En équipe, on a dépensé beaucoup d’énergie sur un équipement éolien redondant, qui mesure la vitesse et la direction du vent. On a maintenant trois unités en haut du mât au lieu de deux, et deux à l’arrière du bateau, ainsi qu’un ensemble d’outils pour éviter toute raison supplémentaire de grimper. » « Concernant la solitude, la première fois, c’était vraiment dur », commente-t-il. « Mais au lieu de me dire “c’est difficile, je vais m’en tenir éloigné”, j’ai envie d’aborder ce défi différemment… Je suis curieux de voir si je peux le surmonter tout en gardant un meilleur état d’esprit. C’est la vraie question de cette course. Et je suis convaincu que j’en serai capable. »
L’équipe Malizia a travaillé sur l’ergonomie du bateau, en équilibrant confort et poids. Parmi les nouveautés, un siège sur mesure rembourré dans le cockpit, un grand siège de navigation avec dossier réglable dans la cabine arrière, et une couchette spéciale qui s’incline avec l’angle du bateau et est équipée d’un matelas sur mesure. « Les conditions à bord lors des courses au large étaient autrefois très spartiates, mais maintenant les concurrents sont aussi plus disposés à emporter des objets qui rendent la vie à bord plus confortable », explique Boris Herrmann. Outre l’ergonomie, l’équipe a apporté des touches au bateau pour rendre son chez-soi des prochains mois plus cosy… « J’apporterai des petits cadeaux de l’équipe, et ils ont aussi signé le toit du caravaning à côté de mon nom, ce qui n’a pas de prix quand on navigue en solitaire dans les endroits les plus reculés du monde. »
Aux Sables d’Olonne, Boris Herrmann reste discret et concentré sur les derniers instants avant le départ. « J’ai un peu de temps pour moi sur le bateau tous les jours. « Je suis vraiment content d’être au village de la course maintenant, mais avec autant de monde, ça peut vite devenir fatiguant. Ma famille est actuellement à la maison à Hambourg, ma femme viendra le jour du départ et jusque-là je suis avec mon petit chien Lilli. » En plus de divers briefings, d’une conférence de presse hier et d’événements partenaires, il passe ses derniers jours avant le départ à faire de l’exercice et à vérifier la météo avec son co-skipper de longue date Will Harris. Le duo est rejoint par le marin Cole Brauer qui est actuellement aux Sables d’Olonne avec l’équipe Malizia et qui encadre Boris.
« Les modèles sont un peu instables, donc c’est difficile à prévoir mais ça s’annonce comme un départ dans le vent léger, contrairement à la dernière fois où nous avions dû affronter un gros front météo tout de suite », détaille le navigateur allemand. « Il semble que nous mettions plus de temps que les 7 jours habituels pour rejoindre l’équateur. Je pense donc que les chances de battre le record de course de 74 jours d’Armel Le Cléac’h sont réduites. » Juste avant le départ, qui sera retransmis en direct sur les chaînes du Vendée Globe et de Team Malizia, ainsi que par de nombreux diffuseurs du monde entier, Boris Herrmann donnera quelques interviews à terre en début de matinée. « Je descends ensuite sur le quai, je dis au revoir à l’équipe, je monte à bord du bateau et je profite des acclamations du public et des célébrations à la sortie du célèbre chenal des Sables d’Olonne. Je jouerai essentiellement le rôle de passager jusqu’à dix minutes avant le départ, où je prendrai le relais de Will en qui j’ai pleinement confiance pour gérer le quai, la mise à l’eau et la préparation du bateau avec le reste de l’équipe à terre à bord. Cette configuration me permet de me reposer, de manger et de vérifier la météo. Après notre traditionnel high five, Will saute en dernier, est récupéré par le bateau de poursuite et je nous guide jusqu’à la ligne de départ. »
Le départ de la 10e édition du Vende Globe partira dimanche à 13h02. Mais dès 8h, les bateaux quitteront le ponton un à un, toutes les trois minutes. Le premier à larguer les amarres sera Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance), l’un des favoris de l’épreuve. Les marins descendront le chenal, l’occasion de communier une dernière fois avec le public après trois semaines d’effervescence et d’échanges intenses sur le village. Un moment qui s’annonce empreint d’émotion.
Afin de garantir la sécurité et la fluidité des opérations des équipes, le ponton sera fermé au public à partir de ce samedi et jusqu’à dimanche après-midi. La fréquentation du village s’annonce très importante pour cette veille de départ.
Pour suivre le départ de chez soi Deux directs départ seront produits par l’organisation, le premier de 7h30 à 10h30 pour le départ ponton et le chenal, puis de 12h15 à 14h pour le départ en mer. Grâce à des moyens techniques avancés, des données en temps réel et de nouveaux habillages graphiques, ces directs s’annoncent captivant pour le public.
Plusieurs options s’offrent aux spectateurs pour suivre le départ depuis chez eux : sur le site www.courseaularge.com et à la tévélision où le direct départ sera retransmis dans le monde entier, à travers 190 territoires. En France, les téléspectateurs pourront notamment suivre l’événement sur France 3, la chaîne L’Equipe, Infosport+, la plateforme MAX ou dans le cadre des journaux télévisés de TF1, France 2 et M6. Toute la journée, les principales chaînes d’information en continu (CNEWS, BFM TV, FranceInfo, LCI) couvriront le départ tandis que de nombreuses chaînes régionales (TV Vendée,Tébéo, Tébésud, etc.) diffuseront également le départ en direct.
Dans le reste du monde, et particulièrement dans les pays dont sont issus les skippers internationaux, le passage de ligne de ce tour du monde sera largement retransmis : -au Royaume-Uni : la chaîne TNT Sports -en Allemagne : les plateformes du groupe ARD/ZDF -en Belgique : les plateformes de la RTBF, de la VRT et de la DH ainsi que les chaînes LN24 et Sport10 -en Suisse : la plateforme de RTS et la chaîne Leman Bleu -en Hongrie : les chaînes MTVA et Hir TV -aux Etats-Unis : la chaîne Outside TV -en Chine : la chaîne CCTV -en Nouvelle-Zélande : la chaîne Sky Sports Au total, ce sont 66 chaînes TV et plateformes digitales qui retransmettront les images exceptionnelles du direct départ. Le digital L’événement sera diffusé en direct sur la chaîne YouTube du Vendée Globe, le site internet de la course, et la page Facebook officielle.
Suivre le départ aux Sables d’Olonne Sur le village du Vendée Globe Le village ouvrira ses portes à 7h le jour du départ. Comme pour les autres jours, il faudra se munir de son e-billet. Des écrans géants retransmettront les directs départ et les stands resteront ouverts jusqu’à 20h pour prolonger l’expérience.
Le chenal Les spectateurs pourront se rassembler le long du chenal, sonorisé pour l’occasion, pour accompagner le passage des 40 bateaux. Le public étant attendu en nombre, l’organisation appelle à la bienveillance pour garantir à chacun une expérience optimale. Côté Chaume, un écran géant sera installé au pied de la tour d’Arundel.
Le remblai Il est aussi possible de voir le départ depuis la grande plage des Sables d’Olonne, des jumelles sont néanmoins recommandées pour mieux apprécier le spectacle. Un écran géant sera positionné sur la base de mer, proche du chenal, orienté vers la grande plage afin de profiter du Live Départ. Attention, la circulation sera considérablement perturbée aux Sables d’Olonne dès le 9 novembre au soir, toutes les informations sont à retrouver sur le site internet de la ville.
Autres points de vue autour de la ville Pour ceux qui préfèrent des endroits moins fréquentés, les plages de Tanchet, le Puits d’Enfer, la baie de Cayola, ainsi que les plages de La Paracou et Sauveterre* offrent également des points de vue sur la zone de départ. Il faudra néanmoins se munir de jumelles pour profiter du spectacle.
Pour les plaisanciers Les plaisanciers pourront également observer le départ en mer depuis une zone spécifique et consultable sur le plan interactif du site du Vendée Globe. Le Port Olona sera fermé de 06h00 à 11h30. De 11h30 à 13h, seules les sorties seront autorisées. Le respect des consignes de sécurité et une vigilance accrue sont essentiels pour le bon déroulement du départ en mer. Les coordonnées GPS des zones sont à télécharger sur le site web, tout comme l’arrêté préfectoral. Grâce à ce dispositif complet, chacun pourra vivre pleinement l’émotion de ce départ, un moment de forte intensité célébrant l’aventure et le défi !