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Vendée Globe. Les leaders au ralenti, de meilleurs conditions pour la flotte

Le Père Noël semble être passé pour tout le monde. Si les leaders se sont retrouvés un peu empétolés, ils auront été bien gâtés cette année. Derrière, Sébastien Simon s’accroche. Thomas Ruyant devrait être le 4e cap Hornier devant Jérémie Beyou et ses jérémiades qui n’en finissent plus depuis l’Atlantique Sud. Pas de bol, effectivement, pour lui et son groupe qui n’ont pas eu d’occasion météo pour pouvoir recoller devant. Derrière, Benjamin Dutreux s’est trouvé deux copines Sam Davies et Clarisse Crémer pour ne pas être trop seul. Jean Le Cam maîtrise toujours ses trajectoires devant 3 foilers qui ont encore un océan Pacifique pour justifier le prix conséquent de leurs foils. Le mentor reste devant ses disciples Benjamin Ferré et Violette Dorange, qui sont les sourires et la fraîcheur de ce Vendée Globe.

Jérémie Beyou

ans le Vendée Globe, les écarts entre les bateaux ressemblent à un élastique versatile : ils s’étirent, se détendent et, parfois, claquent pile là où ça fait mal. Portés par les caprices des systèmes météo, les skippers vivent un yo-yo permanent. Tantôt regroupés comme des sardines dans une boîte, tantôt éparpillés aux quatre coins, ils subissent cette mécanique implacable. Et devinez quoi ? C’est toujours ceux de devant qui tirent le mieux leur épingle du jeu. Enfin presque. Ce jeudi, Yoann Richomme a vu les 100 milles d’avance qu’il comptait hier sur Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) s’évaporer aussi vite qu’une flaque en plein désert. Le skipper de PAPREC ARKÉA n’a en effet pas réussi à contourner l’anticyclone par l’Est et n’a de ce fait désormais plus d’autre choix que de le contourner par l’Ouest – et donc au près -, tout comme son adversaire direct. Derrière, le tableau est assez similaire. Chaque jour, les positions évoluent sans répit, ce qui est à la fois fascinant pour les observateurs et éprouvant pour les skippers.

On l’a tous déjà entendu, presque comme un refrain : « Ça part toujours par devant ! ». Les marins le savent bien, c’est la règle tacite de la course au large. À chaque regroupement, dès que l’occasion se présente, les leaders s’échappent à nouveau, laissant le reste de la flotte batailler pour ne pas se faire distancer. Un classique, certes, mais toujours aussi impitoyable. Et forcément, ça fait râler. Pourtant, malgré les protestations bien légitimes, personne ne lâche rien. Chacun s’accroche avec l’espoir qu’une nouvelle opportunité se présente. Après tout, dans une course comme celle-ci, l’espoir est parfois le seul moteur qui ne faiblit jamais ! « Sur toutes les situations, que ce soit à l’avant, au milieu ou à l’arrière de la flotte, ce n’est décidément pas idéal d’être derrière car l’avantage va toujours à ceux qui ouvrent la voie », a déploré Damien Seguin (Groupe APICIL) qui a passé son temps à grignoter son retard sur Romain Attanasio (Fortinet – Best Western) ces derniers jours, avant de voir la dynamique s’inverser ce matin. « Il y avait une petite molle derrière moi, mais elle a avancé plus vite que prévu. Du coup, j’ai ralenti un peu plus que ce que je pensais. C’est dommage », a ajouté le double champion paralympique. Le vent, fidèle à sa nature capricieuse, a clairement repris le parti de son concurrent de devant.

Tensions et détentes
« L’élastique se tend et se détend constamment. C’est difficile de concrétiser les choses jusqu’au bout avec les systèmes météo qu’on a actuellement », a constaté Damien tout en regrettant que les conditions prévues soient si souvent éloignées de la réalité sur le terrain, dans le Grand Sud. Frustrant, en effet, d’attendre un colis qui n’arrive jamais ! « Du coup, j’ai du mal à tenir mes routages », a ajouté le marin. La situation est similaire pour de nombreux autres concurrents, en particulier le groupe de sept à la poursuite de Thomas Ruyant (VULNERABLE). Ce dernier a réussi à reprendre 100 milles d’avance depuis hier et il devrait franchir le légendaire cap Horn demain en milieu de journée, avec environ une demi-journée de bonus sur ses plus sérieux poursuivants. « C’est drôle ces effets d’accordéon. Tout dépend vraiment des timings dans lesquels on passe », a relaté Paul Meilhat (Biotherm) qui sait que dans une course au large, l’élastique est une loi universelle. N’empêche : pour lui comme pour les autres, c’est une véritable torture mentale. Voir ses rivaux revenir au contact après des jours de navigation acharnée est un coup au moral difficile à encaisser. À l’inverse, réussir à recoller au groupe de tête donne un souffle d’espoir, immédiatement éclipsé par une nouvelle séparation inévitable.

La magie des écarts
Ce yo-yo émotionnel, exacerbé par la fatigue et l’isolement, met logiquement les nerfs en pelote. Cependant, ça joue serré partout. Ce qui frappe dans cette édition, c’est l’intelligence stratégique des marins, quel que soit leur positionnement. Chaque skipper, qu’il soit en tête ou en queue de peloton, mène sa propre régate, exploitant les forces de son bateau et les opportunités météo avec une précision chirurgicale. Les trajectoires se croisent, les options diffèrent, mais tous naviguent avec une lucidité impressionnante. Malgré tout, le peloton s’étire inexorablement. « Si plus de 7 000 milles séparent le premier du dernier à ce stade de la course, l’écart était finalement le même, il y a quatre ans », a toutefois rappelé Jacques Caraës, adjoint à la Direction de course. En résumé : la compétition, bien que féroce sur toute la flotte, met en lumière une dynamique où les leaders poussent sans cesse les limites, entraînant les autres dans leur sillage sans jamais leur laisser de répit. L’élastique des écarts, bien que frustrant pour les solitaires, est l’essence même de cette aventure humaine hors norme qu’est le Vendée Globe. C’est dans cette tension entre regroupements et séparations, dans cette lutte contre le temps et les éléments, que la magie de la course opère.

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Sydney Hobart. Départ pour les 104 concurrents !

Race start

Le départ de la Rolex Sydney Hobart a été donné ce 26 décembre 2024 dans le port de Sydney resplendissant et baigné de soleil, un ciel bleu et des vents de nord-est de 18 à 24 nœuds pour la flotte des 104 bateaux.

Les premiers à sortir de Sydney Heads et à entrer en eaux libres peu après le départ de 13h00 étaient deux des maxis de 100 pieds (30,48m) : LawConnect, premier à rentrer en 2023, suivi de Master Lock Comanche, actuel détenteur du record de la course. Une lutte féroce à l’avant de la flotte s’annonce, avec l’équipage de Master Lock Comanche désireux de se venger d’avoir manqué les honneurs de la ligne pour 51 secondes l’année dernière. Après le dernier briefing météo de ce matin, l’optimisme qui régnait il y a quelques jours quant à la possibilité pour les premiers de dépasser le record de la course (1 jour, 9 heures et 15 minutes) s’est quelque peu estompé.

À 18h00, heure locale, Master Lock Comanche avait pris neuf milles nautiques d’avance sur LawConnect alors que les leaders descendaient la côte de la Nouvelle-Galles du Sud. Les premières 24 heures promettent des vitesses de bateau élevées avec la probabilité d’un vent fort ou d’un coup de vent et d’orages. Alive, double vainqueur de la course et champion en titre, a été confirmé comme premier abandon peu après 16h00.
Le prix le plus convoité de la course est la fameuse Coupe Tattersall, décernée au vainqueur en temps compensé. La flotte de cette année comprend six anciens vainqueurs et 23 participants en double. Six voiliers étrangers ont fait le long voyage jusqu’en Australie pour prendre place sur la ligne de départ. Giacomo, de Nouvelle-Zélande, en 2016, reste le dernier concurrent non australien à avoir remporté la Rolex Sydney Hobart. La flotte majoritairement corinthienne comprend un certain nombre de légendes de la course telles que Love & War, trois fois vainqueur. Avec ses 9,3 m, Kismet est le plus petit bateau de la flotte et le deuxième plus ancien derrière le Maritimo Katwinchar, lancé en 1904.

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Trophée Jules Verne. Distribution de cadeaux de Noël à bord de Sodebo Ultim 3, -83 mn sur le record

En plein Pot-au-noir l’équipage de Sodebo Ultim 3 est à l’affut pour garder du vent dans ses voiles et progresser au maximum vers le Sud. Une journée de haute concentration ! En ce jour de Noël, les équipiers ont quand même profité d’un moment de répit pour découvrir les cadeaux du Père Noël. L’équipe est en retard de 83 mn sur le record ralentie par un pot-au-noir tenace. Elle devrait pouvoir à nouveau accélérer dans le prochains jours.

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Vendée Globe. Sébastien Simon, 3e au passage du Cap Horn

Sébastien Simon a franchi le cap Horn en troisième position du Vendée Globe ce mercredi 25 décembre à 10h 21m 38s (heure de Paris), après 44j 21h 19m 38s de course. Soit 1j 9h 54m 18s après le leader Yoann Richomme et toujours en avance (de 2j 3h 15min 8s) sur le précédent record d’Armel Le Cléac’h en 2016. Le plus beau des cadeaux de Noël pour le skipper de l’IMOCA Groupe Dubreuil qui a réussi à maintenir une belle avance sur ses poursuivants, désormais à plus de 1000 milles (1852 kilomètres) derrière lui. Le Vendéen de 34 ans, ému de passer Noël seul à bord de son bateau, se réjouit de quitter les éprouvantes mers du Sud. Il est prêt et plus motivé que jamais pour une remontée de l’Atlantique qui s’annonce stratégique et technique, ce qui n’est pas pour lui déplaire.

Malgré la perte du foil tribord de son IMOCA Groupe Dubreuil le 7 décembre dernier dans l’océan Indien, Sébastien Simon a tenu bon durant la longue traversée de l’océan Pacifique, qui n’aura cependant duré que 12 jours ! Un long bord tribord amures, permettant d’exploiter son foil bâbord, lui avait même permis de prendre la tête de la course le 18 décembre. Après s’être battu du mieux qu’il a pu avec ses armes, le jeune skipper a été contraint de laisser ses deux acolytes Yoann Richomme et Charlie Dalin s’échapper en tête. « Je peux vous dire que ce n’est pas drôle de se battre avec un foil en moins, racontait-il. Le bateau a un comportement vraiment pas terrible et c’est un peu pénible. Pour l’instant, on maintient l’écart avec les poursuivants. Mais ce n’est pas sans énergie. S’il y en a un qui est motivé c’est bien moi ». Ces derniers jours, « les conditions ont été dures au passage d’un front, avec plus de 50-53 nœuds de vent. J’ai préféré temporiser un peu, » racontait Sébastien, confronté à une mer déchainée à l’approche du mythique rocher.

« Le cap Horn en 3e position c’est énorme, jamais je n’aurais imaginé ça ! »

Quel plus beau cadeau pour Sébastien Simon, ses proches et son équipe en ce jour de Noël, que de franchir cette étape, assurément la plus marquante du tour du monde en solitaire ? « Passer le cap Horn en 3e position c’est quelque chose d’énorme, jamais je n’aurais imaginé ça. Je compte bien profiter de ce moment-là, ce n’est pas donné à tout le monde de passer le cap Horn à Noël. C’est plutôt chouette, » se réjouissait le jeune skipper qui d’ordinaire ne s’attache pas tellement à ce genre de symbole. « Cette année-là, avec le groupe Dubreuil, après tout ce que j’ai vécu, c’est d’autant plus une réussite et une joie. » C’est chose faite, dans 37 à 47 nœuds de vent et une mer toujours aussi démontée, « juste pour me dire au revoir, merci le Pacifique, ciao le Sud, vive l’Atlantique ! »

Noël en solitaire

La gorge serrée, les yeux humides, Sébastien s’est exprimé dans une vidéo envoyée du large hier soir : « depuis que je suis tout petit, je vois des marins porter des bonnets du père Noël dans leur bateau. Cette fois j’en fais partie. Je les regardais en vidéo, je les admirais, je me demandais ce qu’ils faisaient là. Et ben j’y suis ! J’y suis avec un cap Horn qui approche. » Avant d’annoncer son menu de fête : « ma grand-mère m’a offert un pot de foie gras que j’ai entamé au ptit’ dej avec des Kinders… Je vous souhaite à tous un joyeux réveillon, profitez bien de vos proches, votre famille, profitez bien de ces moments qui sont précieux. Un Joyeux Noël à tous ceux qui ont choisi d’être seuls aussi, comme moi. Merci à la famille Dubreuil, à toutes les filiales, à mon papa, Alexandra, Chiffon, toute l’équipe. C’est aussi grâce à vous qu’on est là aujourd’hui, c’est incroyable. Merci à vous tous, je vis un moment fabuleux. J’ai toujours rêvé de ça. Pas forcément d’être seul à Noël mais (long silence), c’est plutôt chouette, » conclut-il, ému.

Cap sur les Sables d’Olonne

Maintenant que les deux tiers du parcours sont derrière lui, le Sablais peut enfin mettre le clignotant à gauche, direction la maison. « Vu les écarts, je pense que je vais plutôt gérer la situation. J’aimerais bien réussir à prendre un peu de temps pour le bateau. Selon mes routages, il y a deux jours de près en bâbord amures dans l’Atlantique Sud, pour essayer de monter petit à petit pour attraper les alizés. Ça va être un scénario différent de celui des mers du Sud, bien plus rythmé comme type de course, avec un enchaînement de systèmes météo. Ça va être très stratégique et technique et ça j’aime beaucoup ! »

Après 44 jours de course en solitaire, Sébastien Simon trouve que « le temps n’est pas si long. Au contraire, je pense que je vais essayer de savourer cette remontée de l’Atlantique. Notre Vendée Globe est quand même relativement rapide. On est devant le record d’Armel. » Même s’il sait qu’il y aura encore des moments difficiles à traverser, le skipper reste focalisé sur sa course qu’il entend bien continuer sur sa même lancée, avec beaucoup d’envie et de plaisir. « J’ai plutôt hâte. On n’est pas encore totalement arrivé, il peut se passer encore beaucoup de choses et je suis prêt pour ces moments-là. »

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Vendée Globe. Noël pour les skippers,  Zinedine Zidane souhaite un joyeux Noël à Benjamin Ferré

Même au beau milieu du Vendée Globe, dans le Pacifique, les skippers n’oublient pas d’ouvrir leur cadeaux de Noël qu’ils ont pris soin d’emmener avec eux. Benjamin Ferré a reçu un message vidéo de Zinedine Zidane.

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Vendée Globe. Yannick Bestaven et Maître CoQ V victimes d’une avarie

Dans la soirée du 23 au 24 décembre, alors que l’IMOCA Maître CoQ V naviguait dans 20 nœuds de vent au large de l’Océan Pacifique, quelques milles après le point némo, Yannick Bestaven a contacté son équipe technique à terre pour prévenir d’une avarie sur son Code 0 survenue sur le Vendée Globe.
Alors qu’il progressait en 8e position sur le Vendée Globe, dans 20 nœuds de vent, le système d’attache du Code 0 (une des voiles d’avant) a cédé, entraînant une perte du Code 0 dans l’eau. Après deux heures de manœuvre, Yannick Bestaven a pu récupérer sa voile, déchirée et désormais inutilisable.
Yannick va bien et a repris sa route, bien déterminé à regagner les places qu’il a perdu. Il tentera de réparer le système de hook quand les conditions lui permettront de monter au mât.

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Vendée Globe. Incroyables images du passage du Cap Horn !

Ce lundi à à 00 h 27 min (heure française), Yoann Richomme a franchi le cap Horn en tête du Vendée Globe après 43 jours 11 h 25 min de course suivi 9 minutes plus tard par Charlie Dalin. Les deux skippers pulvérisent le précédent record d’Armel Le Cléac’h de plus de trois jours. L’occasion d’aller tourner de belles images au cap Horn.

« Quel moment, c’est absolument génial ! Je n’aurais jamais pensé franchir le cap Horn dans de telles conditions. Je suis passé à ras du cap Horn, poussé par 15 nœuds de vent. Voir le cap Horn d’aussi près, cette immensité noire, la chaîne de montagnes enneigées, la mousse d’herbe verte, le phare… C’était si majestueux, si fort en émotions ! Tout est beau : le paysage, le contraste des couleurs, le ciel bleu-gris… Passer le cap Horn en tête, c’est un très beau cadeau de Noël ! Je sais que c’est un moment qui mérite d’être savouré. Il y a beaucoup de fierté pour moi et pour toute l’équipe qui a travaillé sans compter. D’une certaine manière, en mettant un terme à la traversée des mers du Sud, on peut dire que la partie la plus conséquente du travail est déjà faite. Maintenant, il ne reste plus que la remontée dans l’Atlantique ! Peu après le franchissement du cap Horn, j’ai dû faire pas mal de manœuvres. L’enjeu, c’était de reconfigurer le bateau et les voiles, en passant d’un mode « grand Sud » à un mode « Atlantique ». J’ai ramené tout le matériel de l’arrière à l’avant du bateau, ça a impliqué un engagement physique particulièrement conséquent. Et puis forcément, après plus de 43 jours en mer, il y a de l’usure : les bateaux ont souffert dans le grand Sud, ce n’est pas une surprise. »


Trois jours, treize heures, neuf minutes et vingt-six secondes de moins qu’Armel Le Cléac’h… A ce niveau-là, ce n’est même plus battre un record, c’est le faire rougir ! Ils l’auront donc fait ensemble ou presque, à neuf minutes trente d’intervalle, même si Yoann Richomme (PAPREC-ARKÉA) aura pour toujours le bonheur de l’avoir franchie en tête, cette crête hérissée à peine adoucie par le vert tendre de sa végétation, dont tant de marins avant lui ont rêvé…

Le Cap Horn pour Noël, et, comme dans un rêve, le soleil qui l’accompagne et leur permet d’immortaliser le tour de force. Un selfie toute langue tirée pour Yoann Richomme, le poing serré pour Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance, 2e). Pour en arriver là, cet inénarrable duo n’a sûrement pas été que sage, mais il aura tout de même bien mérité cette magistrale récompense, à la hauteur de leur performance. Et de la lutte qui les oppose, après 43 jours de course…

La trêve des confiseurs fut en effet de très courte durée pour nos marins affairés. Sur la petite ardoise d’écolier où tous écrivent traditionnellement les étapes de leur longue boucle, Charlie Dalin a vite tracé un message directement adressé à son meilleur ennemi : « Slt Yoann, l’Atlantique ne sera pas pacifique ». La carte de vœux est envoyée, et on peut être sûr qu’il n’y aura pas de cadeaux entre ces deux-là ! Si d’ordinaire, les films de Noël qu’on se regarde en boucle sont plutôt des romances à l’eau de rose, l’affiche de ce duel promet d’être un thriller bien corsé à l’eau de mer ! Sortez les popcorns, la remontée risque d’être rapide…

« On vit toutes les facettes du gris »
Si devant la messe est dite, derrière le réveillon de Noël s’annonce bien plus long. Pas spécialement pour Sébastien Simon (Groupe Dubreuil, 3e) qui le fêtera seul, certes, mais au moins pas embêté par le voisinage et pourra célébrer à son tour son passage du Cap Horn, d’ici 500 milles. En revanche c’est toujours bien groupé que vont célébrer les fêtes de fin d’année les huit concurrents suivants, une jolie guirlande colorée qui va de Thomas Ruyant (VULNERABLE, 4e) à Justine Mettraux (Teamwork – TEAM SNEF, 11e), qui a bien raccroché la table du dîner.

Désormais en 7e position après une progressive – mais sûre – remontée de la tête de flotte, Boris Herrmann (Malizia – Seaexplorer) nous racontait cette nuit ses conditions de célébration :

C’est gris, mais un peu moins gris que les derniers jours ! On vit toutes les facettes du gris dans le Sud… C’est un rythme intense mais quand même au large, on n’est pas à s’arracher les cheveux, chacun a ses problèmes techniques, je pense les autres en ont un peu plus que moi, moi j’en ai très peu ! Il y a peu de possibilité de revenir devant, c’est une ligne droite à peu près, on ne fait pas des méga paris d’un côté ou de l’autre, le sens général est assez direct, donc d’ici au Horn ça ne va pas bouger beaucoup. Après, on verra, les bateaux devant auront je pense de meilleures conditions, pour nous ça a l’air lent, au près, mais on verra ! Mais je ne suis pas inquiet ni énervé par la situation !

Alors que peut-on souhaiter au pied du sapin du marin allemand au calme éternel, 5e du dernier Vendée Globe ? ” J’aimerais bien sortir mon drone et faire des photos au coucher ou au lever de soleil ! J’en n’ai pas vu depuis Cape Town ! Mais mon plus grand souhait, c’est de voir le Cap Horn, aller au détroit de Lemaire pour voir plus de terre et peut-être des sommets enneigés, ce que je n’ai vu qu’une fois en 2009 ! Et j’aimerais aussi voir les Malouines, je ne les ai jamais vues ! Une fois j’ai navigué côté intérieur des Malouines, mais je ne suis pas sûr de le refaire en solo… quoi que, s’il y a une opportunité, j’irai peut-être faire de l’exploration !

« dehors, on fait les glaçons ! »
Quelque 1 500 milles derrière, c’est au contraire d’aller droit au but que cherchent les bateaux du groupe suivant, qui en ont enfin fini avec leurs zig-zags à la recherche du vent. Si Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence, 12e) et Samantha Davies (Initiatives-Cœur, 13e) semble avoir lâché les rênes (ou les rennes), elles font en tous cas tout pour ne pas se récupérer un Benjamin Dutreux (Guyot Environnement – Water Family, 14e) dans leur traîneau. Un peu plus loin, c’est Damien Seguin (Groupe APICIL, 16e) qui dévore les milles façon bûche glacée pour aller ripailler avec son ami Romain Attanasio (Fortinet – Best Western, 15e), qui aurait préféré des agapes en solo.

A l’ombre de la Nouvelle-Zélande, les quatre suivants ont eu un début de Pacifique pénible, dans la pétole, et avancent en attendant le prochain couperet déventé. Dans la nuit, Giancarlo Pedote (Prysmian, 19e), racontait ainsi : On était dans la molle tous ensemble, après Jean Le Cam et Isabelle Joschke sont partis, on était à 20 milles, après je suis parti moi, le pauvre Alan Roura est resté collé et il est parti après, donc c’était vraiment la vraie mistoufle, et toute la grande remontada que j’avais fait a été annulée ! Pas sympa ! Là on a retrouvé du vent dans la dépression, l’air est froid, très dense, ce sont des conditions un peu hostiles, il fait très très froid, je reste avec les portes fermées dans mon bateau car dehors, on fait les glaçons !

Toujours vissés dans la dorsale, les pauvres bateaux suivants risquent eux d’avoir du temps pour savourer leur repas de fête, mais pas sûr qu’ils le digèrent si bien, alors qu’ils voient revenir sur eux le trio mené par Arnaud Boissières (La Mie Câline, 26e) et fermé par Kojiro Shiraishi (DMG Mori Global One, 30e).

En plein sous l’Australie, Antoine Cornic (Human Immobilier, 32e), lui, n’a pas résisté. Comme un enfant un peu trop pressé, il nous confiait dès cette nuit : J’ai craqué, j’ai ouvert un premier petit cadeau, c’est une sensation assez bizarre de faire Noël comme ça, tout seul sur un bateau à l’autre bout du monde. J’espère que vous fêterez bien ça, je vous souhaite de bonnes fêtes et profitez bien de la famille !

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Vendée Globe. Yoann Richomme, premier à passer le Cap Horn 9 minutes devant Charlie Dalin

Le gros du boulot est fait pour Yoann Richomme. Il ne reste plus qu’à savourer ce passage du Cap Horn idéal avec 15 nœuds de vent et une belle houle derrière.

À 23h 27min 20sec (UTC) ce lundi 23 décembre, Yoann Richomme a passé le mythique cap Horn en tête de cette 10e édition du Vendée Globe, dernier des trois grands caps de ce tour du monde. Le skipper de l’IMOCA PAPREC ARKÉA pulvérise le temps d’Armel Le Cleac’h sur le Vendée Globe 2016 (47j 00h 34min 46s) et établit un nouveau temps de référence entre Les Sables d’Olonne et le cap Horn : 43j 11h 25min 20s, soit 3j 13h 9min et 26s de moins. Il s’octroie dans le même temps le record du tronçon Leeuwin – Horn, en 13j 09h 13min 43s.

Après 43 j, 11 h, 34 min et 50s de course (soit 9min et 30s de plus que seulement ), Charlie Dalin a franchi ce symbole absolu du tour du monde en solitaire. Exit l’immensité du Pacifique, place à la remontée de l’Atlantique !

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Vendée Globe. Le Horn en vue pour les leaders

Alors que les cadeaux trouvent leur place sous le sapin, Charlie Dalin semble en bonne voie pour passer en tête le cap Horn, suivi de très près par Yoann Richomme. Les deux skippers pourraient franchir ce passage mythique en pleine journée et dans des conditions relativement clémentes, offrant un spectacle rare. À 440 milles nautiques derrière eux, Sébastien Simon sur Groupe Dubreuil maintient une superbe troisième place et passera le cap un peu plus tard.

Le duel entre Charlie Dalin et Yoann Richomme est d’une intensité exceptionnelle, inédite pour une première place sur le Vendée Globe. Avec seulement quelques heures d’écart attendues entre eux au cap Horn, une nouvelle course débutera alors, où la stratégie dans l’Atlantique Sud jouera un rôle déterminant.

Pour les autres concurrents, la réalité est bien différente. Tandis que certains atteignent le point Nemo, d’autres franchissent encore le cap Leeuwin. Ils doivent composer avec des conditions bien plus rudes, une navigation souvent solitaire et une avancée marquée par l’injustice des écarts météorologiques. Une course plus difficile et parfois démoralisante, mais qui n’enlève rien à leur détermination.

Entre le leader actuel Yoann Richomme (PAPREC-ARKÉA) – fort de sa colossale avance de 2 milles sur son dauphin Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) – et le dernier de la troupe, le Belge Denis Van Weynbergh (D’Ieteren Group, 36e), il y a désormais plus d’une demi-planète d’écart. Les deux premiers verront le Cap Horn et la fin du Pacifique avant que la lanterne rouge ne voit le Cap Leeuwin, et le début de la fin de l’Indien. Vous imaginez ? Au petit matin ce 23 décembre, plus de 6 800 milles les séparent : 12 600 kilomètres qui donnent autant le vertige que la mesure…

« C’est sûr que c’est deux mondes différents, après c’est ça qui fait la richesse du Vendée Globe », commentait d’ailleurs cette nuit le marin belge, qui a patiemment construit son rêve de grande boucle, grâce à son équipe 100 % bénévole et cette pugnacité que personne ne pourra jamais lui enlever. Alors oui, il est loin et en a bien conscience, mais cela ne l’empêche pas de mener sa course, contre lui-même, contre les aléas, et surtout contre les éléments :

Ces deux semaines dans l’Indien sont longues, c’est compliqué comme océan, comme météo, ça change tout le temps et puis on a souvent des grosses différences entre les fichiers et les conditions réelles. On a des rafales qui arrivent d’un coup comme si on avait un petit bonhomme au-dessus de nous qui soufflait très fort, avec ses grosses joues ! Ça fait accélérer le bateau fort et parfois ça le couche même ! J’essaie de gérer de manière prudente, comme je sais faire, j’espère en bon marin.

En marin qui fait comme il peut, surtout. C’est en tous cas ce que se doivent se dire la plupart des solitaires qui composent avec des vents précaires, à commencer par Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence, 12e), qui mène le gros du peloton depuis qu’elle a raté le dernier Mettraux, et laissé s’échapper bien malgré elle tout espoir de batailler pour le groupe du top 10, où ferraillent tout autant un Thomas Ruyant (VULNERABLE, 4e) qu’un Paul Meilhat (Biotherm, 9e).

Là voilà désormais après cinq jours au près, sur une mer vaguement repassée mais dans un vent mollasson, à chercher encore et toujours la bonne solution. « J’ai un peu l’impression, et c’est de saison, d’être le dindon de la farce », plaisante tout de même la navigatrice, un peu déçue de sa recette :

Un Vendée Globe c’est quand même une grosse régate, et se dire que ça se joue à ça, c’est pas injuste, parce que de toutes façons le sport il n’y a aucune notion de justice et la voile encore moins, mais c’est pas très fun ! J’étais un peu sur mon petit nuage d’être dans mon groupe avec Sam, Boris et Justine et que ce truc là s’arrête, c’est dur, parce que je me rends compte que ça me portait. Et là, en plus, tout est fait pour remuer le couteau dans la plaie : ils passent le Cap Horn quatre jours avant toi, potentiellement dans des conditions un peu plus faciles, t’as vite fait de te comparer et de voir tout en noir !

Car le pain blanc n’est pas au menu des fêtes de fin d’année de ces retardataires. « Je route avec maximum 6 mètres de houle, ce qui est déjà pas mal, et ça ne fait pas une route très belle pour passer le Cap Horn… Pour l’instant, on fait un peu le grand tour, donc on monte assez Nord par rapport à ceux de devant, presque 300 milles plus Nord qu’eux ! Donc bon, rires, c’est la petite sanction… Après ça peut encore changer ! », nous explique Clarisse Crémer, qui se réjouit tout de même d’un passage potentiel du mythique caillou au 1er janvier !

Mais loin d’être accablée par son fatum, la navigatrice, qui ressent quand même fortement cette fatigue qui lui donne parfois l’impression « d’avoir été droguée », relativise. En commençant par regarder les tracas actuels de son cher et tendre, Tanguy Le Turquais (Lazare, 21e) :

Bon après, je suis pas la seule, quand je vois ce qui arrive à Tanguy et Benjamin Ferré là, ohlala, les pauvres, ils sont tanqués alors que ça se barre devant, les pauvres ! Je ne sais pas ce qu’on a dans la famille mais on a un problème avec les trains, on les loupe !

Pour une petite dizaine de milles de retard sur le quai, voilà les deux bizuths à faire en effet les 100 pas entre la Tasmanie et la Nouvelle-Zélande, gentiment mais sûrement repris au fil des heures par un nouveau duo fusionnel composé de Louis Duc (Fives Group – Lantana Environnement, 22e) et Sébastien Marsset (Foussier, 24e), qui lèchent la zone des glaces comme s’ils voulaient la faire fondre !

Un peu derrière, le quintuple redoublant Arnaud Boissières (La Mie Câline, 28e) est lui aussi collé par le petit temps, pour son plus grand étonnement : ” Ca fait un peu vieux de dire ça mais c’est la première fois que je vois ça ! On a eu un Indien hyper sauvage, et là, à la fin, il nous reste même pas 100 milles, c’est pétoleux, et je crois que la suite ça va être un peu mou aussi. D’habitude t’arrives à faire des simulations pour tout le Pacifique, et là j’y arrive pas, parce que le routage il ne fait pas aller assez vite ! Mais je prends tout étape par étape ! Il y a du match, ça bataille, on va pas se mettre la rate au court-bouillon, je suis droit dans mes bottes en tous cas, c’est ça qui me plait, je fais vraiment mon possible pour être le plus rapide possible, en tous cas là le moins lent, et après les options ça paye ou ça paye pas !
C’est bien simple, à l’écouter trouver globalement que le verre (de champagne, tant qu’à faire) est toujours à moitié plein, on se demanderait presque d’où vient son surnom de « Cali », pour Caliméro, ce petit poussin toujours plaintif :

Je m’amuse, je régate, je peaufine, je règle mes voiles, je règle mon pilote, je me règle moi-même. Et puis dans des coups de mou, j’écoute de la musique ! C’est peut-être ça qui m’apaise aussi : j’ai plein d’éléments à bord qui fait que dès que j’ai un coup de mou, dans mon sachet journalier j’ai des mots sympas, je reçois des messages qui me boostent, mon quotidien est bien rythmé… Ce qui est sûr c’est que ça me plait et que je ne baisse pas les bras, au contraire, et que je vis pleinement ce Vendée Globe !
Ainsi donc voilà la seule recette qui semble fonctionner sur leur table (à cartes) de fête. Celle de savoir qu’il y a un temps pour tout, et un rythme à soi. Un festin sur lequel ils peuvent bien sûr y aller de leur petite sauce, mais pas choisir tous les ingrédients qui la composent ! Le mot de la fin ce matin sera ainsi laissé au cuisinier de la Mie Câline, qui résume :

Il n’y a pas de course dans la course, il y a juste une course avec quarante bateaux, chacun d’entre nous trouve du plaisir à se tirer la bourre, avec plus ou moins de réussite, c’est ça maintenant le Vendée Globe, une course de chaque instant et c’est génial !

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Trophée Jules Verne. SVR-Lazartigue fait demi-tour pour après une avarie de voile et pour s’offrir une nouvelle fenêtre

Ces dernières 24 heures, le Trimaran SVR-Lazartigue affolait les compteurs en filant vers le Sud à près de 37,2 noeuds de moyenne avec des pointes de vitesse jusqu’à 50 noeuds ! Néanmoins, après l’analyse des données à 600 milles de l’équateur, l’Atlantique Sud se présente compliqué et un problème technique sur le gennaker (la plus grande voile du bord, utilisée plutôt dans les petits airs, et pour descendre au portant/vent arrière.) confirme le choix de l’équipage du Trimaran SVR-Lazartigue de faire demi-tour pour rejoindre Concarneau, le port d’attache du Trimaran SVR-Lazartigue qu’il devrait atteindre vers le 28 décembre.

La campagne de record du Trophée Jules Verne, contrairement à des courses, offre ces opportunités de partir, de revenir et de choisir la meilleure fenêtre possible dans des conditions optimales. François Gabart avait eu l’audace jeudi dernier de prendre cette fenêtre qui restait incertaine, aujourd’hui il fallait prendre la décision, et la déchirure sur le gennaker l’a accélérée. “Choisir c’est renoncer”, ce sera donc pour mieux repartir début janvier avec un bateau à 100% de son potentiel.

Comme dirait Francis Joyon, actuel détenteur du record du tour du monde en équipage ” Les départs de Trophée Jules Verne c’est souvent à plusieurs reprises qu’il faut s’y prendre, en faisant plusieurs départs, on augmente ses chances de réussite”
François Gabart (son disponible ci-dessous) : “Malheureusement le Trimaran SVR-Lazartigue fait cap vers le nord, on revient vers la Bretagne et on abandonne donc cette deuxième tentative de Trophée Jules Verne pour deux raisons : la première, c’est que même si on a eu la chance d’avoir un Atlantique Nord exceptionnel, la situation météo dans l’Atlantique Sud n’était pas bonne, pas favorable, et est venu s’ajouter à ça un petit souci technique, à savoir une amure de gennaker qui a cassé, qui a abîmé la voile, qui paraissait du coup inutilisable jusqu’à la fin du tour du monde. Les deux combinés nous ont fait dire qu’il fallait mieux revenir pour être capable de repartir le plus vite possible. C’est ça l’exercice du Trophée Jules Verne, on peut tenter plusieurs fois. Ce n’était pas prévu autant, on aurait préféré que celle-ci soit la bonne mais voilà on est capable de revenir d’ici la fin de l’année et d’être en stand-by opérationnel, on l’espère le plus vite possible, à savoir dès début janvier pour essayer de battre ce record.
C’est pas un moment facile, ce ne sont pas des décisions simples à prendre. On peut toujours espérer continuer, espérer avoir des conditions favorables plus tard, espérer revenir et avoir des conditions favorables sur la ligne de départ, espérer avoir des conditions plus faciles dans l’Atlantique Sud… C’est à une des difficultés de ce Trophée Jules Verne, arriver à concilier deux Atlantiques avec des conditions météos favorables. Là on avait un Atlantique Nord extraordinaire, je pense qu’on était dans les temps, on imaginait être dans les temps du record absolu Ouessant- Équateur…On était rapide mais c’est pas tout, et il faut arriver à concilier ça avec l’Atlantique Sud. C’est un exercice compliqué et qui nous passionne. On est tous à fond, on est super motivés, forcément très déçus là maintenant de faire demi-tour, et en même temps plein d’espoir pour la suite et j’espère qu’on va pouvoir repartir très rapidement et dans les meilleures conditions.”

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