Ils sont encore 50 000 à prétendre à la victoire sur le Vendée Globe Virtuel. Le premier groupe est déjà à la hauteur de Rio de Janeiro. Le premier pourrait arriver vers le 15 janvier.
Depuis l’Ocean Indien, le premier groupe de ce Vendée Globe virtuel comptant 50 000 bateaux s’est littéralement échappé augmentant chaque jour son avance sur les bateaux réels. Au gré des différents dépressions et anticyclone, il s’est bien regroupé laissant le jeu complètement ouvert jusqu’à l’arrivée. La régate va se jouer jusqu’au bout. Le niveau est très relevé et il est difficile de tenir longtemps sa première place. Dans ce groupe figure, François Gabart, Armel Le Cleac’h, Vincent Riou mais qui peinent tous à gagner les 50 ou 100 milles qui les séparent des premiers de cordée. Seul Achille Nebout parvient à se tenir devant.
C’est là toute la difficulté du jeu. Il faut prendre parfois des options tranchées pour espérer être devant mais c’est souvent avec une vision à court terme qui se paie cher quelques heures ou jours plus tard. L’approche du pot au noir s’annonce hautement stratégique et le jeu encore très ouvert. Au large du Brésil, la flotte s’étend d’Ouest en Est. Le vent va distribuer des deux côtés mais c’est surtout son orientation en fonction de son positionnement qui changera tout pour passer la pointe du Brésil et accélérer. A court terme, les bateaux situés à l’ouest restent bien placés mais ceux de l’est pourraient tirer parti de leur positions dans les heures à venir
Au 3 janvier nous sommes 19 803e. Suivez-nous Mag. Course Au Large
Yannick Bestaven à bord de Maitre CoQ a passé le cap Horn en tête du Vendée Globe. Un exploit pour le rochelais que personne n’aurait imaginé à cette place.
Il est allé vite, beaucoup plus que ce qu’on aurait pu croire ! Le skipper de Maître CoQ IV a franchi la longitude du cap Horn à 13h42 TU – soit 14h42 heure française – ce samedi 2 janvier après 55 jours et 22 minutes de course.
Il est passé 85 milles dans le Sud du fameux cailloux dans des conditions très musclées qui vont encore perdurer plusieurs heures.
Photo envoyée depuis le bateau Merci pendant le Vendee Globe, course autour du monde à la voile, le 1 Janvier 2021. (Photo prise par le skipper Sebastien Destremau) Système de barre validé… puis cassé
Les problèmes à bord de Merci n’en finissent pas et Sébastien Destremau se pose sérieusement la question de son abandon.
“La situation de merci se complique sérieusement : empêtré depuis le 16 décembre avec des problèmes techniques qui s’accumulent, je risque de devoir jeter l’éponge. Après avoir passé une partie de la nuit du réveillon et le jour de l’an à la fabrication d’un meuble pour installer les capteurs d’angle directement sur les gouvernails , j’ai réalisé que cela n’avait servi à rien puisque le problème qui nous plombe la vie depuis deux semaines est inchangé. Ça a été un vrai coup dur et je suis allé me coucher pour faire passer la déception. Au matin du 2 janvier le bilan de merci est le suivant:
Route: Le bateau est sous foc seul (la grand voile est affalée) à faible vitesse et en plein milieu d’un anticyclone.
Barre : Tout le secteur de barre est à nouveau par terre depuis que la réparation a lâché le 31. Avec pour le moment aucune idée de comment remonter une barre franche sur le bateau. L’équipe y réfléchit mais c’est pas simple avec le peu d’outillage disponible à bord…
Pilote : le pilote est en parfait état de fonctionnement seulement il est inutilisable car les deux calculateur sont HS ou ne répondent pas.
Ordinateur/Calculateur : malgré le fait d’avoir replacé les capteurs d’angle exactement comme il le faut, cela n’a rien changé au problème et nous n’avons pas de pilote automatique. Quand on fait la procédure de zéro des barres, les deux calculateurs du bord se mettent en défaut au même endroit et indiquent le même message d’erreur (error4). Du coup ils n’enclenchent pas le pilote. Va savoir pourquoi ?
Conclusion :merci n’a pas de système de barre franche ET merci n’a pas de de pilote automatique.Dans ces conditions, je ne vais pas pouvoir continuer le Vendée Globe et devrait me résoudre à abandonner… J’espère que, si il en existe une, NKE (Mr électronique à bord de merci) va trouver la solution à notre problème de calculateur. En parallèle, il faut qu’on trouve également une solution pour installer une vraie barre franche qui me permettrait de continuer la route.Sans une de ces conditions remplies, je serai obligé de mettre pied à terre afin de réparer le bateau correctement et reprendre la route des Sables D’Olonne hors course. A ce jour, Je ne pense pas avoir d’autres choix. Voilà voilà voilà. Et Bonne Année quand même !!”
Photo envoyée depuis le bateau MACSF pendant le Vendee Globe, course autour du monde à la voile, le 30 Décembre 2020. (Photo prise par le skipper Isabelle Joschke)
La situation s’annonce compliquée pour Isabelle Joschke à bord de MACSF. Victime de la perte de son deuxième aérien, elle se retrouve sans instrument lui indiquant les données du vent. Les conditions étant de plus en plus musclées à l’approche du cap Horn, la navigatrice devra être encore plus prudente.
Actuellement 8e après une belle remontée, elle va devoir temporiser pour la remontée de l’Atlantique.
” La nuit a été longue pour moi, on voit que le jour se lève, c’est le bon moment pour aller dormir. Hier j’ai perdu mon aérien, le dernier qui marchait est tombé en panne donc le bateau a fait demi-tour tout seul alors qu’il y avait 30 nœuds et une mer pas possible donc ça a été difficile de récupérer ça. Depuis, je n’ai plus d’aérien donc je n’ai plus aucun instrument qui indique le vent. Et comme je navigue en vent arrière, c’est hyper compliqué, je dois toujours surveiller la marche, la vitesse et le cap du bateau pour ne pas qu’il sorte de ses rails. J’ai passé la nuit là-dessus et maintenant les conditions sont un petit peu plus stables.
Je suis toujours au portant VMG mais j’ai pris un ris dans la grand-voile donc ça me permet d’assurer mes arrières. C’est vrai que cette nuit j’étais grand-voile haute et comme c’est un temps à rafales avec le vent de sud-ouest, c’est beaucoup moins tolérant avec une grand-voile haute. Maintenant que c’est plus tolérant, j’ai pris un ris et je vais pouvoir aller dormir.
Je passe tout mon temps à surveiller la marche du bateau, la vitesse, le cap, l’assiette, sentir s’il est sur son bon cap, s’il accélère trop, et quand je dors, je dors avec ma main gauche dans un gant de ski et ma main droite sur la télécommande avec le pouce sur le bouton du pilote pour ajuster la trajectoire dès que je sens que le bateau part en sucette.
C’est une situation qui n’est pas confortable car je sais que j’ai encore un gros mois de navigation et ça va plus du tout être le même tempo, le même confort, ça va être plus difficile d’aller vite, j’aurais souvent besoin de lever le pied, le bateau sera souvent moins rapide donc ça sera frustrant. De plus, je vais moins dormir et je vais être très sollicitée par la marche du bateau. Et à côté de ça le cap Horn arrive et ça me réjouit car j’avoue que j’ai hâte de sortir des mers du Sud, ça commence à faire long, je souffre du froid et malgré la beauté des paysages, j’ai vraiment besoin de changer de climat, de mettre le cap au Nord.
Le passage va être dur car c’est que du vent arrière donc sans aérien ça risque d’être compliqué. Mais c’est vrai que je me réjouis de passer à une autre séquence. Et il y a autre chose aussi, le cap Horn figurait dans mes gros objectifs de ce Vendée Globe. Il y avait les mers du Sud, finir la course bien entendu et passer le cap Horn. Ça serait une grande satisfaction. ”
Yannik Bestaven et Charlie Dalin passent le Horn ce week-end avec des conditions musclées. Ils étaient à la vacation. Yannick Bestaven en train de prendre son troisième ris avec son J3 (petit foc) à poste, Charlie Dalin (Apivia) dans son siège de veille constatant qu’il n’était jamais descendu aussi Sud de sa vie ! Bref, le premier a commencé à réduire la voilure et limiter sa vitesse car il plantait plusieurs fois son étrave malgré ses foils (version 2015) totalement sortis. Le ‘dauphin’ constatait que la mer devenait de plus en plus animée avec ses foils (version 2019) à moitié rentrés pour aborder le détroit de Drake par son milieu.
Yannick Bestaven
À la sortie du Pacifique, Yannick Bestaven devrait donc conserver son avantage d’environ 170 milles sur son suiveur Charlie Dalin qui, lui-même, devrait perdre un peu de terrain sur les chasseurs emmenés par Thomas Ruyant (LinkedOut) avec une marge, oscillant entre 250 et 300 milles. Or derrière le troisième, Damien Seguin (Groupe APICIL) réalise une superbe opération grâce à sa ténacité dans les petits airs d’il y a deux jours : il mène un train d’enfer pour passer juste derrière la dépression australe qui sévit actuellement sur la Patagonie.
Charlie Dalin
Bref, le schéma n’est pas tout à fait celui qui s’anticipait lors de la Saint Sylvestre et à ce stade, ce sont des individualités séparées d’au moins cinquante milles qui vont se succéder au large de la Terre de Feu. Les conditions météorologiques et océanographiques attendues ce samedi après-midi (heure locale) au large de l’Amérique du Sud devraient en effet permettre aux foilers de s’exprimer pleinement ! Il ne serait ainsi pas étonnant que Boris Herrmann (SeaExplorer-YC de Monaco) et Isabelle Joschke (MACSF) soient les grands gagnants de ce rush final en Pacifique… Mais le trio (Crémer-Tripon-Attanasio) suivant n’a plus que 500 milles de retard sur ce groupe encore compact en ce début d’année !
Si Yannick Bestaven et Charlie Dalin s’échappent devant, ils devront affronter ce samedi des conditions météos avec des vagues de trois étages et 55 nœuds dans les rafales.
Le mythique cap Horn portera bien son nom pour les leaders qui devront affronter des conditions musclées pour le passer. Le prix de la délivrance sera à la hausse cette année pour ceux qui veulent inscrire leur nom en tête au passage du dernier des trois grands caps de ce tour du monde. Après 54 jours de mer, les bateaux comme les skippers sont fatigués et cela s’annonce comme un moment important de ce Vendée d’autant que les leaders pourraient également s’échapper ensuite.
Dans un vent de Nord-Nord-Ouest de 25 nœuds qui ne cessera de prendre du coffre, les deux leaders progressent à 16/18 nœuds vers la pointe de l’Amérique du Sud, forts de 350 à 470 milles de marge sur le reste de la troupe !
Il n’est pas certain que cette avance reste intacte d’ici le passage du cap Dur. Car outre le vent (les rafales pourraient atteindre 60 nœuds), la mer sera réellement grosse, avec des creux de 6 à 9 mètres. Heureusement, cet épisode violent ne durera qu’une dizaine d’heures samedi après-midi. Il n’empêche, il faudra tenir et probablement se mettre en mode survie, à vitesse réduite.
Régate planétaire
« Il a été long ce Sud. Je suis content d’en finir bientôt. Le cap Horn sera un passage important dans la tête. Si je peux passer en 3e position, ce serait super », avoue Thomas Ruyant, calé en fond de coque au moment de déguster une petite tranche de foie gras. Le skipper de LinkedOut qui a réussi à se repositionner devant Damien Seguin (4e), est bien parti pour voir son souhait se réaliser.
En ce premier jour de janvier, l’escouade des poursuivants emmenée par Ruyant navigue à l’arrière de la dépression, dans un flux de Sud-Ouest qui permet à tous d’accélérer. Si le vent est glacial, c’est toujours très chaud dans les rangs : Isabelle Joschke (8e) est à 3 milles, pile dans l’axe de Yes We Cam (7e) ! Il faut donc « s’arracher » pour gagner le moindre mètre, comme s’emploient à le faire Benjamin Dutreux (5e) ou Louis Burton (11e). Même si l’exercice a quelque chose d’épuisant, ils se sont tous pris au jeu de cette régate planétaire.
Chacun son rêve pour 2021
Derrière le top 14 – le trio Cremer/ Tripon/ Attanasio revient progressivement sur la tête de course – un long train de 13 bateaux progresse sur la bordure de la ZEA, sous l’influence du grand anticyclone austral. Le cap Horn est encore loin pour ces solitaires, mais tous poursuivent leurs objectifs et formulent des vœux personnels pour 2021.
Musique à fond, Pip Hare a fêté la nouvelle année en riant et s’est offert dans la foulée un nouveau fauteuil de 15e, après avoir doublé Alan Roura, handicapé par ses problèmes de vérin de quille. Alexia Barrier (25e) a dansé, elle aussi, animée par la joie d’être venue à bout de multiples réparations (bastaque, hydrogénérateur). « Mon souhait, c’est juste de terminer ce tour du monde » dit-elle.
Quant aux vœux adressés à la terre depuis la mer, ils parlent d’éradication d’un virus, de convivialité et de changement. Les marins ont conscience de leur privilège : celui d’être des hommes et des femmes libres, en mouvement sur l’immensité liquide, soumis aux seules lois de la nature.
Le groupe de tête s’est scindé en deux. Nous avons dans l’Est de la dépression Maître CoQ IV (Yannick Bestaven) et Apivia (Charlie Dalin) qui ont été très rapides depuis 24 heures. Ils naviguent dans un vent de Nord qui se renforce dans la journée en avant de la dépression. Le vent devrait tourner progressivement au Nord-Ouest puis à l’Ouest la nuit prochaine.
A l’Ouest de la dépression, on retrouve le groupe des poursuivants menés par LinkedOut (Thomas Ruyant) et Groupe Apicil (Damien Seguin). Ils naviguent dans un vent de secteur Sud qui devrait basculer progressivement au Sud-Ouest puis à l’Ouest.
La dépression se déplace vers le Sud-Est entre les deux groupes de bateaux.
Le vent de Nord-Ouest va se renforcer pour les deux leaders à l’approche du cap Horn avec la compression des isobares le long de la cordillère des Andes. Le vent devrait atteindre 45 nœuds avec des rafales à 60 nœuds samedi 2 janvier en fin de journée. La hauteur moyenne des vagues pourrait dépasser 7 à 8 mètres. Les conditions devraient s’améliorer en deuxième partie de nuit avec la dépression qui s’évacue vers le Sud pour aller mourir sur la péninsule Antarctique.
Jean Le Cam navigue vers le Vendée Globe au large de Belle-Ile à bord de YES WE Cam, le 15 Octobre 2020, au large de Belle-Ile. (Photo Jean-Marie Liot/Alea)
Jean Le Cam aborde son septième passage du cap Horn. Le skipper de Yes We Cam! devrait être dans les temps de son premier passage (en tête) lors du tour du monde en solitaire 2004 (56j 17h 13’).
« Là, ça avance, c’est clair ! Benjamin (Dutreux) est à deux milles. Et moi, je me suis un peu décalé dans le Nord : si on veut dormir tranquille, il vaut mieux en être à une certaine distance. J’arrive à faire une route qui me convient bien parce que le vent va un peu tourner vers la droite.
Chaque passage du cap Horn est particulier, mais cette fois a priori, il y aura de l’air ! Et ça, ce n’est pas terrible. Enfin surtout pour ceux qui vont tenir la vitesse devant, puisque nous, nous aurons moins de vent. Et après, ça rentre par derrière ! Il ne faut pas traîner dans le coin.
L’océan Pacifique, son état dépend des systèmes météo qu’il subit, mais cette fois, on dira que la première partie était tranquille, mais c’était très agité après. Les situations ont été brutales avec ces grandes bascules : un coup, on avait du vent de Sud, un autre, de la brise de Nord ! Ça secoue et c’est un peu chiant… Là par exemple, il n’y a pas la grande houle du Pacifique.
Il y a une douzaine d’heures, on était dans la molle totale… Maintenant, il reste un résidu de houle, mais trois fois rien. Ce n’est pas une situation habituelle ! Alors qu’il est 4h30 TU, il va bientôt faire nuit ici : je suis encore le 31 décembre… Enfin, je crois ! Parce que ça change tous les jours… Le cap Horn, c’est dans quatre jours environ. S’il y a baston, on va y aller pédale douce.
Photo envoyée depuis le bateau Maitre Coq pendant le Vendee Globe, course autour du monde à la voile, le 1 Janvier 2021. (Photo prise par le skipper Yannick Bestaven) Bonne Année
Maitre CoQ et Apivia comptent ce matin près de 450 milles d’avance sur leurs poursuivants. Ils devraient passer le cap Horn ce week end avec des conditions particulièrement musclés. Derrière, 12 bateaux se tiennent en 800 milles.
Yannick Bestaven et Charlie Dalin continuent d’avancer à un bon rythme depuis 24 heures. Ils naviguent en avant d’un front qui leur permet d’afficher 17-18 nds de moyenne en 24h, soit le double de la vitesse de leurs poursuivants contraints de ralentir dans des hautes pressions. Thomas Ruyant, a retrouvé sa 3e place avec 100 milles d’avance sur Damien Séguin mais le skipper de Groupe Apicil reste menaçant tout comme les 7 autres bateaux plus au sud qui font route directe. Le passage du Cap Horn s’annonce passionnant.
A quelques encablures, Clarisse Crémer 12e emmène dans son sillage Armel Tripon et Romain Attanasio. Ce groupe de trois est bien revenu sur le groupe de tête et devraient recoller. A plus de 1000 milles Jérémie Beyou continue de revenir en bénéficient d’un bon flux le long de la zone des glaces. Il est 18e et a dans son viseur 3 bateaux : celui d’Arnaud Boissière, Alan Roura et Pipe Hare.
A plus de 6000 milles, Sébastien Destremau se rapproche du cap Leeuwin.
Charlie Dalin s’entraine à bord d’ Apivia, le 29 Aout 2020, au large de Groix. (Photo Jean-Marie Liot/Alea/Disobey
Charlie Dalin progresse vite placé à l’avant du front dans un vent soutenu de Nord-Ouest, généré par un front dépressionnaire bienfaisant. Les vitesses grimpent, Charlie accroche à 5h ce matin 19,51 nœuds (36,13 km/h) de vitesse et ne compte que 126,87 milles (234,96 km) de retard sur le leader, Yannick Bestaven (Maître CoQ). Deux objectifs dans l’étrave d’APIVIA : rester calé dans ce front le plus longtemps possible et le cap Horn, qui pourrait être doublé dans 4 à 5 jours.
Nul besoin d’être prophète en la matière pour comprendre qu’APIVIA est plus à l’aise et plus performant sur un bord… Charlie n’a pas caché avoir renforcé sa réparation de cale basse de foil bâbord (gauche), ce qui l’a obligé à ralentir dans la nuit de lundi à mardi, et de fait, ne permet pas à APIVIA de tenir la même cadence et les mêmes performances d’un bord sur l’autre. Concrètement, autant Charlie peut espérer le meilleur de son foiler lorsque le vent arrive bâbord amures (vent venant de la gauche) permettant à APIVIA d’être en appui sur son foil tribord (droit) opérationnel, autant lorsque le vent vient tribord amures (vent venant de la droite), le monocoque ne peut plus s’appuyer sur son foil bâbord (gauche), et donc créer le point d’appui nécessaire pour soulager la coque et diminuer la surface mouillée (surface en contact avec l’eau) du monocoque pour aller plus vite…
Charlie ne s’en cache pas : APIVIA préfère largement les allures où le vent vient de la gauche. Et, il suffit de voir les vitesses constatées ou certains pointages pour en déduire que Charlie ne peut solliciter APIVIA de la même manière dans les bords glissant vers la Zone d’Exclusion Antarctique, pour mieux regagner des milles sur les bords s’en éloignant. Et heureusement, car après un nouvel empannage calé dans la soirée d’hier à la limite de la zone des glaces, Charlie suit aujourd’hui un long bord, vent venant de la gauche, parfaitement en appui sur son foil sous le vent. « Le vent va rester soutenu pendant quelques temps déclare Charlie. Je vais bientôt pouvoir faire un cap plus direct vers l’Est grâce à ce vent de Nord-Ouest. Cela va être la course, car à l’arrière de ce front, il n’y aura pas de vent. Donc, il faut absolument rester du bon côté. Le cap Horn, c’est entre 4 et 5 jours. Cela dépend justement si j’arrive à rester devant le front… Si j’y arrive, ce sera assez rapide, si je me fais doubler par ce front, ce sera plus lent… Le prochain objectif, c’est le Horn, ce sera un moment fort de ce Vendée Globe ! ».
Le mot à retenir : Charlie Dalin (skipper d’APIVIA) : « On est presque à 5 mètres de mer totale, ce qui commence à faire des belles vagues… Il y a quelques jours, APIVIA naviguait dans l’anticyclone sur une mer plate et là, les conditions ont radicalement changé. Cela n’a rien à voir… On retrouve des conditions auxquelles on peut plus s’attendre dans ces contrées ».
Un cap Horn… fidèle à sa réputation ! Il semblerait bien que le dernier virage à gauche, avant d’entamer la remontée de l’Atlantique, se fasse désirer… En effet, tous les marins le savent : le cap Horn est bien l’un des endroits en mer les plus dangereux au monde. D’une part, les vents sont largement accélérés par l’effet d’entonnoir, créé d’un côté par la cordillère des Andes et de l’autre, par la péninsule Antarctique distante seulement de 1 000 kilomètres. Ici, les dépressions qui déambulent autour du pôle Sud se trouvent concentrées, condensées et… survitaminées. D’autre part, la mer y est redoutable, potentiellement courte, hachée et surtout forte, voire très forte. Des houles de plus de 7 mètres n’y sont pas rares… ponctuées de déferlantes et de possibles vagues appelées « scélérates » (vagues de type océaniques soudaines) pouvant atteindre et dépasser les plus de 20 mètres. Pour la petite histoire, le mythe quant à l’existence de ces vagues est devenu réalité en 1995, lorsqu’une vague a frappé l’installation pétrolière Draupner en mer du Nord norvégienne. La plateforme, équipée d’un laser pointé vers le bas, a enregistré une vague de 26 mètres de haut au milieu d’une mer de vagues de 11,8 mètres. Cette preuve enregistrée a transformé le mythe maritime des vagues scélérates en réalité…
Aussi, que prévoit-on samedi au passage des premiers au cap Horn, dont Charlie et APIVIA ? Christian Dumard (Great Circle – Squid et prestataire météo pour la Direction de Course du Vendée Globe) : « Une dépression se creuse à partir du jeudi 31 Décembre dans le Nord. Elle va se diriger vers le Sud-Est en croisant la flotte. Elle devrait se situer au Sud du cap Horn le samedi 2 janvier avant d’aller mourir sur la péninsule Antarctique. Elle va donc amener des vents d’Ouest forts (35-45 nœuds) avec des rafales à 55 nœuds en approche du cap Horn pour les premiers, qui sont attendus dans la soirée du 2 janvier. La mer sera également très formée avec des vagues de 6 à 7 mètres. Le cap Horn devrait être à la hauteur de sa réputation pour Maître CoQ IV et dans une moindre mesure pour Apivia, LinkedOut et Groupe APICIL. » Oui, le premier cap Horn de Charlie et APIVIA devrait être bien fidèle à sa réputation…