La difficulté sera de trouver un passage entre la zone d´icebergs au sud et les vents faibles au nord. Avant le réveillon du Nouvel An, une dorsale anticyclonique va en effet s´étirer du sud-est de l´Australie jusque 50 degrés S / 160-163 degrés Est et générer des vents faibles qui pourraient ralentir Ellen sous la Nouvelle Zélande. Les routeurs de Commanders Weather lui conseillent pour l´instant de passer entre les îles Auckland et l´île Campbell, comme Francis Joyon l´avait fait lors de son tour du monde.
Des rafales jusqu´à 50 noeuds.
La tempête qui a touché Castorama la nuit dernière (la journée pour Ellen) commence maintenant à se calmer, mais ces dernières heures ont été particulièrement éprouvantes pour Ellen, qui s´est battue pour limiter les dégâts et continuer de faire avancer son trimaran : “j´ai eu des rafales à plus de 45 nœuds et la mer était vraiment mauvaise. Les vagues déferlaient de partout””.
Castorama garde l´avantage
Ellen creuse son avance à 43 heures ce matin… Elle a été contrainte de suivre un cap un peu plus sud que souhaité (elle est maintenant pointée par 50S) pour éviter la forte houle de nord qui aurait pu s´avérer dangereuse en venant frapper les coques par le côté. Depuis, le vent a tourné nord-ouest et Ellen a pu reprendre sa route vers l´est. L´objectif est de se tenir à l´écart des risques de glaces plus au sud et notamment dans le sud-est de la Nouvelle Zélande. La température de l´eau est déjà passée de 10 degrés hier (par 47S) à 7,9 ce matin.
“Ce n’est pas un hasard si nous sommes dans le groupe de tête, commentait Vincent Riou, alors leader du Vendée Globe, après avoir passé l’équateur. Nous sommes tous issus de la même école, celle du Figaro. Nous sommes plutôt du genre à penser que travailler à plusieurs rend plus intelligent””. La domination des marins du coin n’étonne personne chez eux, sur la côte sud-finistérienne. Il n’est pourtant pas question de sentiment de supériorité, mais plutôt d’une préparation méticuleuse aux courses à la voile en solitaire.
Une ville champignon ?
Petit retour en arrière. En 1962, le conseil municipal de La Forêt-Fouesnant décide de construire un port de plaisance. A l’époque, on ne voit guère de voiliers au fond de la ria, si ce ne sont ceux qui hivernent au chantier de Kerleven, tenu par un certain Henri Desjoyeaux. Le port est inauguré en 1972, mais le gigantesque projet immobilier qui l’accompagne irrite plusieurs autochtones. Il faut dire que les architectes proposent de créer en bas des coteaux une ville de béton qui pourrait accueillir 12.500 personnes. Un peu comme le Cap d’Agde sur la côte méditerranéenne. En 1974, les travaux sont interrompus. L’essor de Port-La-Forêt serait-il déjà compromis ? C’était sans compter sur le dynamisme des « voileux » du cru, encouragés par la Société Nautique de Concarneau (SNC). “”On faisait les régates d’hiver de la SNC, se rappellent avec le même plaisir Loïc Ponceau et Christian Le Pape, les animateurs actuels du centre d’entraînement. C’était tous les 15 jours : il y avait de bons amateurs, beaucoup de brassage et c’était très convivial””. Voilà pour l’ambiance. A bord des croiseurs, on trouvait des Roland Jourdain, Jean Le Cam, Michel et Hubert Desjoyeaux, Jean-Luc Nélias, Patrick Morvan : “”Il y avait du niveau, mais personne ne s’en rendait vraiment compte””. Dans la bande, Patrick Morvan s’est déjà fait un nom, avec plusieurs participations à la Solitaire du Figaro. “”C’était notre star, s’émerveillent encore les entraîneurs de Port-Laf’. Quand tu pouvais embarquer avec lui, c’était une reconnaissance””. Quand il bat le record de traversée de l’Atlantique, en 1984 sur “”Jet Service II””, il y a, à bord, Jean Le Cam, Marc Guillemot et Serge Madec.
Naissance d’un chantier
Les jeunes loups de mer ont faim. Alors quand, en 1985, le Figaro propose une nouvelle aventure avec des catamarans de 40 pieds (13,20 m), les Formule 40, les régatiers de Port-La-Forêt se lancent dans l’aventure. Non seulement ils sont d’habiles régatiers, mais ils savent construire des bateaux en carbone depuis qu’ils ont travaillé au chantier Multiplast. “”Avec la bande de fous, on a construit “”Crédit Agricole 2″” pour Philippe Jeantot, raconte Hubert Desjoyeaux. Il y avait Gaétan Gouerou, Jean Le Cam, Marc Guillemot, Bertrand de Broc, Bilou (alias Roland Jourdain). Mais nous, on voulait construire des bateaux différemment””. Qu’à cela ne tienne, l’activité du chantier d’hivernage du père Desjoyeaux diminue, les jeunes lui loueront une partie du hangar. Hubert Desjoyeaux, Jean Le Cam et Gaétan Gouerou s’associent et font travailler leurs potes au chantier CDK. En 1987, Port-La Forêt rassemble donc autour du port, des marins de talents et un chantier de haute-technologie. Mais à la fin de l’année, l’ouragan balaie les pontons et ses 700 bateaux. Ne subsistent que les bâtiments préfabriqués. Voilà l’occasion de redonner un souffle au port de plaisance. Deux ans plus tard, le nouveau Port-La-Forêt est inauguré : de solides pontons sur pieux et des locaux en dur pour accueillir services et commerces. Alors que le circuit des Formule 40 s’essouffle, le Figaro repart de plus belle avec l’arrivée de la monotypie. Désormais, la course sera disputée à armes égales sur des bateaux strictement identiques, construits chez Bénéteau en Vendée. “”On retombait dans la loi du sport, explique Loïc Ponceau. On avait la capacité de faire quelque chose sans que ce soit la loi de l’argent qui domine. Il fallait s’entraîner, donc se mettre ensemble””. C’est ce que comprennent les Jourdain, de Broc, Guillemot, Nélias, Desjoyeaux, Le Cam. Tous des anciens des régates d’hiver de la SNC des années 1970. Tous passés par l’école Formule 40. Une double tradition dont ils ont retenu la confiance et l’engagement des uns et des autres.
Neuf vainqueurs du Figaro
Les entraînements de Port-La-Forêt démarrent en 1991 : séances en mer, à terre pour bûcher la météo ou la préparation physique. Les marins de Port-Laf’ trustent les podiums de la Solitaire et y gagnent une reconnaissance non seulement sportive, mais aussi sociale et financière. Celle des champions. “”La clé, c’est un mélange de formalisme et de non-formalisme, explique Christian Le Pape, entraîneur de Figaro depuis bientôt 15 ans. On n’a jamais fait un briefing au bistrot, mais c’est un lieu où on va après. Ici, il n’y a pas d’ego démesuré, ce n’est pas artificiel. C’est ça qui fait l’efficacité. Mais attention, ce système est basé sur un état d’esprit. Et la performance est fragile !”” Peu à peu, le centre d’entraînement se met en place. En 1995, la structure devient un centre de haut niveau sportif. Depuis l’an passé, Samantha Davies, une Anglaise de 29 ans, s’y entraîne. “”J’ai compris que si je voulais devenir aussi forte que tous les Français, il fallait que j’y aille, explique-t-elle. Ce sont les meilleurs car ils travaillent en équipe. C’est le même niveau que ce que j’ai connu en Grande-Bretagne pendant ma préparation olympique en Yngling, mais l’attitude est différente””. Les résultats sportifs parlent d´eux-mêmes : depuis 1991, neuf vainqueurs de la Solitairedu Figaro sont des poulains de Port-La-Forêt. Et il ne faut pas s’étonner quand ces virtuoses de la course en solitaire s’élancent dans le Vendée Globe. Lors de la dernière édition, gagnée par Michel Desjoyeaux, seule la « petite Anglaise » Ellen MacArthur a pu se glisser entre Mich’ Desj’ et Roland Jourdain, 3e. Cette fois, les marins de Port Laf´ seront-ils sur le podium ? Réponse au début du mois de février. En attendant, au bistrot de La Hune, sur le port, on n’a pas fini de rêver à une nouvelle course à la voile aux règles simples : Port-La-Forêt contre le reste du monde.
Depuis 1993, David Scully est à l’origine de toutes les campagnes de records à la voile en multicoque de Steve Fossett. Ensemble, ils ont battu douze records officiels, dont notamment celui de la traversée de l’Atlantique et du tour du monde. Conçu par les célèbres architectes navals Gino Morrelli et Pete Melvin, Cheyenne a été construit en 1998 par le chantier Cookson en Nouvelle-Zélande et a été le premier d’une nouvelle génération de multicoques géants, conçus pour s’attaquer aux records majeurs de la course au large. Mené par Fossett, Cheyenne a établi toute une série de records, dont le temps de référence pour la traversée de l’Atlantique en 2001 en 4 jours et 17 heures ainsi que le nouveau record pour le tour du monde en 58 jours et 9 heures en 2004.
Fossett confiant, Edwards contente
“Je suis heureux que Cheyenne soit au départ de cette nouvelle et fabuleuse course”, a déclaré Fossett. “Je regrette de ne pouvoir moi-même y participer, mais je suis déjà engagé sur la réalisation du premier tour du monde sans escale en avion à bord du Virgin Atlantic GlobalFlyer. Avec David Scully à la barre, je suis certain que Cheyenne et son équipage relèveront le défi face à une telle concurrence et je crois qu’ils ont de bonnes chances de remporter la course.” “Nous sommes absolument ravis que Steve ait décidé d’aligner Cheyenne sur l’Oryx Quest 2005. C’est un des multicoques les plus célèbres et sa participation contribuera à rendre cette épreuve encore plus compétitive. Il s’agira du premier affrontement de ces bateaux sur la même course. Nous avons toujours été confiants sur le fait d’avoir au moins quatre bateaux au départ le 5 février, mais c’est particulièrement merveilleux de pouvoir accueillir Cheyenne à nos côtés. Cela souligne encore une fois l’énormité et l’importance de cette épreuve pour l’avenir des multicoques géants au Qatar” a déclaré Tracy Edwards, l’organisatrice de la course.
Actuellement dans le bassin du port de Plymouth en Angleterre, Cheyenne est d’ores et déjà en configuration de course et sera chargé sur cargo avant la fin du mois de décembre pour rejoindre Doha au Qatar.
Jean Le Cam (Bonduelle) poursuit sa marche en avant et gonfle imperceptiblement (mais sûrement) son capital d’avance. Serein et appliqué, il aligne avec une étonnante régularité des journées à 380 milles. Son décalage dans le sud au plus près de la route directe continue de payer. Vincent Riou (PRB), qui passe la dernière « porte » du Pacifique ce matin, sait Golding la menace (Ecover) plus que jamais en embuscade une cinquantaine de milles dans son sud. Les trois hommes avalent le Pacifique avec un appétit glouton, se gavant de milles bien calés en bordure d’une dépression décidée à les déposer sans coup férir aux portes du bonheur, le fameux Cap Horn à 1 735 milles de l’étrave de Bonduelle.
– 381 milles au compteur d’hier. 384 aujourd’hui. Jean Le Cam s’est ouvert un joli boulevard en plein cœur de l’Océan Pacifique. Sa cavalcade dans le froid et l’humidité parfaitement maîtrisée pourrait lui offrir le Horn dès dimanche. Derrière, loin derrière puisque Sébastien Josse et son VMI blessé accusent plus de 950 milles de retard, le mouvement général s’oriente au nord, sous la double pression de l’arrivée prochaine d’un centre dépressionnaire et de la lancinante menace des icebergs. Pour Dominique Wavre (Temenos), Jean Pierre Dick (Virbac-Paprec), Nick Moloney (Skandia) et aussi Joé Seeten remonté au ras de la Nouvelle Zélande, les « portes » du Pacifique seront parés sur une route bien au Nord.
– A 77 milles des côtes de l’île du sud de la Nouvelle Zélande, Marc Thiercelin (Pro Form) cherche un abri, pour réparer ou jeter l’éponge ? Réponse aujourd’hui, mais les propos désabusés de Marc n’invitent guère à l’optimisme : « J´en ai gros sur le coeur. Quand je commence un travail, je le finis toujours. C´est la décision la plus difficile que je vais devoir prendre. Je n´ai jamais abandonné une course de toute ma carrière. Cette fois, j´ai peur que le matériel ait été plus fort que moi. »
– A l’arrêt depuis hier matin en Tasmanie, Patrice Carpentier (VM Matériaux) a entamé ses travaux d’hercule, au premier rang desquels la réparation de sa bôme brisée. Point d’idée d’abandon chez le doyen de la course qui prendra le temps de redonner à son monocoque les moyens de rallier les Sables d’Olonne. Son immobilisation forcée fait les affaires de l’américain Bruce Schwab qui hisse son Ocean Planet sur la 10ème marche du podium.
– 5 nœuds plus rapide sur 24 heures, soit un gain de plus de 100 milles par jour… Conrad Humphreys (Hellomoto) est sans pitié pour Benoît Parnaudeau (Max Havelaar/Best Western). Le Britannique poursuit sa belle remontée et devrait « chiper » au Rochelais sa 12ème place dans la journée. Entré bon dernier dans l’Océan Indien le 8 décembre dernier, Conrad aura ainsi rattrapé 4 concurrents.
Classement de 04h00 TU (05h00 heure française)
1. Jean Le Cam (Bonduelle) à 8761,6 milles de l’arrivée 2. Vincent Riou (PRB) à 185,7 milles du leader 3. Mike Golding (Ecover) à 237,9 milles
Tout avait bien commencé en baie de Sydney. Comme promis, la jolie clique des géants des mers, aux carènes rutilantes, ont débuté cette 60ème édition du « Fastnet des antipodes » de la plus belle manière. Sur fond de Maxis bataille navale en somme ! D’emblée aux avant-postes, on avait retrouvé, non sans plaisir, les grands animateurs de la précédente édition et notamment les deux rivaux de 98 pieds chacun – l’Australien Skandia de Grant Wharington et le Néo-Zélandais Konica Minolta (ex Zana) – que seules 14 petites minutes étaient parvenues à séparer sur la ligne de tous les honneurs après un duel au sommet. Comme à leur habitude, Skandia et Konica Minolta se cherchaient donc des noises et jouaient volontiers au chat et à la souris en tête de classement. Leurs concurrents, tous les Nicorette, et autres AAPT ou Nokia progressaient en embuscade, prêts à se faufiler devant au moindre au faux pas.
Abandon et chavirage de Skandia Ce qu’ils n’ont pas manqué de faire quand les duettistes ont tour à tour abandonné dans des vents violents et contraires soufflant à plus de 35 noeuds. Skandia, d’abord, victime d’une avarie du système hydraulique pour basculer la quille, jetait l’éponge. « Il est endommagé et irréparable » précisait Grant Wharington pour justifier son abandon et sa décision d’évacuer l’équipage (16 hommes à bord) dans deux radeaux de survie. Skandia pointait alors à 65 milles dans l’est-nord-est de la Tasmanie et la police envoyait un navire sur zone pour le remorquer jusqu´à Eden ou le mettre à l´abri dans la baie de l´île Flinders. Konica Minolta de Stawart Thwaites, qui possédait alors un léger avantage de 8,5 milles sur Skandia, annonçait quelques heures plus tard son retrait. Une méchante vague avait fait son lot de dégâts à bord endommageant également la quille. Un abandon de plus sur la liste déjà longue sur cette 60ème édition. Plus d’une cinquantaine des 117 bateaux engagés ont en effet renoncé à poursuivre entre Sydney et Hobart alors que les conditions météo, si elles n’avaient pas la violence et la virulence de celles rencontrées en 1998, n’ont pas manqué de mettre les équipages à très rude épreuve, tant dans le détroit de Bass qu’en mer de Tasmanie. Plus tard, Skandia chavirait. Gant Wharington, très déçu et très marqué par cette fortune de mer qui n’a fait aucune victime, espère toujours faire remorquer son superbe maxi de 98 pieds, grand vainqueur l’année dernière, aujourd’hui à l’envers et à la dérive dans une mer très formée.
Nicorette prend la tête Dans ce scénario météo, seuls quelques maxis et super-maxis sont parvenus à faire le dos rond et composer avec la force des vents. En tête Nicorette notamment, qui n’a pas manqué de prudence pour attraper au vol dans ses voiles les fameux honneurs de la ligne. « Il suffit d´une mauvaise vague pour que la course soit finie, que le bateau soit vieux ou neuf », précisait son skipper, Ludde Ingvall, à l’heure de prendre les commandes de la flotte. Pour ne plus les lâcher… Il était alors suivi à plus de 60 milles derrière par les deux pocket-maxis AAPT de Sean Langman et Brindabella de Georges Snow, un vieux routinier de cette épreuve qu’il a remportée en 1997. Ludde Ingvall, déjà vainqueur en 2000 à bord de son premier Nicorette de 74 pieds, signe ce mardi soir (heure française) – sous spi et à 8 nœuds dans la Dewent River au large d’Hobart – un joli doublé. Il offre aussi à son 90 pieds flambant neuf construit en un temps record de moins de 90 jours un beau baptême du feu sur l’eau. Nicorette, aux antipodes, voilà bien le nouveau maxi à battre !
“On a décalé l´appareillage car la mer est agitée aujourd´hui. Comme nous sommes chargés comme des mulets avec la nourriture et le gasoil, on a préféré attendre un peu afin d´avoir une mer plus rangée””.
300 milles par jour
Mercredi matin, le géant à trois coques quittera Brest et ne reviendra pas de si tôt dans son port d´attache : “”On part pour un convoyage un peu long, mais ça va être marrant de passer Suez avec les deux bateaux””. Lors des 6.200 milles, qui séparent Brest du Qatar, “”Geronimo”” naviguera bord à bord avec le trimaran à moteur “”Ocean Alchimist”” : “”Ce sera notre bateau-assistance. Il pourra, si besoin, nous ravitailler en gasoil, voire nous remorquer dans les zones sans vent. Si on veut être à Doha vers le 19-20 janvier, il nous faut parcourir environ 300 milles par jour. En remorque, “”Ocean Alchimist”” peut nous tirer à 16 nœuds de moyenne””. Excité à l´idée d´emprunter le canal de Suez, Kersauson se dit aussi ravi de se retrouver le 5 février prochain sur une ligne de départ en compagnie de trois autres multicoques géants : “”Après deux années consécutives consacrées au Trophée Jules Verne, où on a avalé quelques couleuvres météorologiques, je ne boude pas mon plaisir de naviguer en course. Je suis content de me présenter sur une épreuve où les concurrents font le poids””.
“”Cheyenne”” sur la ligne
Sur les sept maxi-multicoques existants, quatre seront présents à l´Oryx Quest, première course autour du monde au départ du Moyen-Orient. “”Contrairement à The Race, où plusieurs bateaux étaient neufs, cette fois-ci, ce sont des plateformes fiabilisées. Trois des quatre bateaux engagés sont les plus titrés au monde : “”Qatar 2006″” (ex “”Club Med””) a gagné The Race, “”Cheyenne”” possède le meilleur temps autour du monde et sur l´Atlantique et enfin “”Geronimo”” est le détenteur du Trophée Jules Verne””, ajoute le skipper brestois. A propos de “”Cheyenne””, l´annonce de son engagement devrait être officialisée dans les prochains jours. Et sa présence n´est pas pour déplaire à l´équipage de “”Geronimo”” qui a encore en travers de la gorge la façon dont Fosset avait snobé le Trophée Jules Verne l´hiver dernier: “”Oui, ça me fait très plaisir d´avoir ce bateau-là sur la ligne de départ””, avoue Kersauson qui a très envie de remettre les pendules à l´heure. Avant de penser à la course, les deux trimarans vont donc devoir parcourir quelque 6.200 milles. Et ce convoyage ne s´annonce pas de tout repos, notamment en Mer Rouge où rôdent encore quelques pirates des mers : “”On sera en contact deux fois par jour avec la Marine Nationale française qui croise dans les parages. Ils assureront une forme de surveillance””.
Sans Marie Tabarly
Le skipper de “”Geronimo”” compte aussi sur cette navigation d´une vingtaine de jours pour tester une dernière fois l´équipage : “”Nous serons 11 à bord et, à Doha, deux équipiers resteront à terre. Marie Tabarly ne sera pas du voyage car elle s´est blessée à la cheville. Elle ne sera pas rétablie avant sept semaines. C´est injuste pour Marie car elle était parfaitement dans le coup, mais je ne peux pas prendre le risque d´avoir un équipier diminué””, conclut Kersauson.
Geronimo sera le 5 février sur la ligne de départ de la première course autour du monde à la voile partant et revenant au Moyen-Orient : l’Oryx Quest 2005. Pour un bateau tel que Geronimo, il s’agit d’effectuer un convoyage un peu particulier jusqu´à Doha au Qatar. Outre les contraintes naturelles auxquelles les hommes et les navires sont préparés, le parcours de 6200 milles comporte quelques embûches et inconnues.
Latitudes inconnues Passé Gibraltar et la traversée de la Méditerranée, les deux bateaux s’engageront dans le Canal de Suez pour rallier le Golfe d’Aden, puis la mer d’Oman avant d’entrer dans le Golfe Persique. «Nous sommes en contact avec les autorités égyptiennes pour négocier le passage des deux bateaux à Suez. Jusqu’ici, nous sommes plutôt catalogués « plaisance » ce qui n’arrange pas nos affaires, parce que ça signifie que nous devrons nous arrêter la nuit. Seuls les cargos peuvent naviguer de nuit. Au lieu d’une journée et demi, ça pourrait durer trois jours, voire davantage, avec tous les risques que cela comporte de traîner dans ces zones là » explique Louis Noël Vivies. Une fois le canal franchi, ce sont de vrais nouveaux horizons qui s’ouvriront à la seule équipe française de l’Oryx Quest 2005. C’est en effet la première fois qu’un bateau de ce type, de cette taille et de cette technologie s’aventurera aussi loin de sa base bretonne traditionnelle. C’est aussi ce qui fait le grand intérêt de cette course : se mesurer aux meilleurs multicoques et équipages au monde, sur un parcours inédit aux rivages totalement inconnus. On retrouve ainsi l’esprit d’une véritable aventure sportive …
Ils sont 12 sur Geronimo et six sur Ocean Alchemist. Ce dernier pouvant, si nécessaire, servir de remorqueur au trimaran. Le voyage pourrait durer entre 23 et 25 jours, selon le temps consacré à passer Suez. Les deux bateaux devraient atteindre Suez dans une dizaine de jours. A Doha, l’équipage de Geronimo rejoindra les catamarans Qatar 2006 (ex Club Med) de Brian Thompson, Daedalus de Tony Bullimore et un quatrième multicoque qui devrait être annoncé très prochainement.
Il sourit, mais le cœur n’y est pas. Pourtant, en bon professionnel, Bilou a accepté de raconter une fois de plus sa mésaventure. De parler de cette maudite quille qui a torpillé tous ses espoirs le 17 décembre dernier. “Je suis encore sous le choc de cet abandon””. “”Tout ce qui ne tue pas…”” La gorge nouée, des mots qui peinent à sortir, la voix hésitante… Bilou, d’ordinaire si joyeux et prolixe, a le moral dans les chaussettes : “”Ça me restera longtemps en travers de la gorge ! Là, j’ai les jambes molles, je suis abasourdi… Le Vendée Globe, c’est tous les quatre ans et j’ai 40 ans. J’ai bien demandé à Denis Horeau (NDLR : directeur de course) d’en faire un tous les ans… Sachez qu’on n’abandonne pas un Vendée Globe comme on abandonne une Transat. Un Vendée Globe, c’est une telle dose d’énergie, de stress, d’emm…, d’heures où on ne voit pas ses enfants ! Mais bon, il parait que tout ce qui ne tue pas, rend plus fort, alors…. “”Comme si le marin voulait se convaincre que l’essentiel est finalement qu’il soit là, entouré de ses amis et partenaires. “”J’ai bien pensé à continuer, mais pas avec cette avarie-là et surtout pas dans cette zone-là. Je n’avais pas envie de ruiner un projet en risquant de perdre un bateau et… un bonhomme””. Heureux de voir l’ami Jean devant “”Il n’est jamais simple de trouver des mots justes dans ces moments-là. Mais, sachant que la voile est un sport mécanique, on avait imaginé que ça puisse arriver. Maintenant, il ne faut pas rester traumatisé par cet aspect sportif. La vie ne s’arrête pas pour autant. Nous n’avons pas gagné cette fois-ci, ce sera peut-être pour la prochaine fois””, explique Gilles Falch’un, patron de la Sill dont l’histoire maritime avec Bilou remonte à plus de dix ans.Pour l’heure, la plaie est encore trop grande, trop vive, pour imaginer l’avenir. “”On ne va rien décider trop tôt””, avoue Bilou qui suit la course à dose homéopathique : “”Je suis simplement heureux de voir que Jean est là où il est. S’il est devant, ça veut quand même dire qu’on ne s’est pas trompé sur tout””.Le regard se perd, le débit de paroles cesse. Puis reprend : “”Quand je vois le scénario qui se profilait : j’étais en train de revenir et on se dirigeait vers ce que Jean et moi avions imaginé, c’est-à-dire se retrouver tous les deux devant, au contact…”” S’occuper du bateau Après les fêtes de fin d’année, Bilou et son équipe retourneront en Tasmanie afin de s’occuper du bateau. Le Brestois Jacques Le Berre, a été mandaté par les assurances afin d’expertiser la quille. Le “”Sill et Veolia”” sera-t-il déquillé à Hobart, puis rapatrié sur un cargo ou réparé sur place et convoyé jusqu’en Nouvelle-Zélande. Une quille neuve va-t-elle être commandée ? Autant de questions qui, pour l’instant, restent sans réponses.””Si les courses de bateaux peuvent s’arrêter rapidement, les histoires de bateaux, elles, continuent toujours””, termine Bilou qui en a au moins pour deux mois à lire tous les messages de solidarité et de sympathie qu’il a reçus. “”En mer, je ne pensais pas une seule seconde que, derrière moi, il y avait autant de gens à se passionner pour cette aventure, à me soutenir. Et ça, ça fait chaud au cœur””. P.E”
Jean Le Cam (Bonduelle) contient les assauts de ses deux protagonistes, Vincent Riou (PRB) et Mike Golding (Ecover). A plus de 18 nœuds sur la route directe et à 175 milles de la seconde « porte » du Pacifique, il entretient son matelas de 150 milles et plus d’avance sur ses adversaires. Profitant du même flux de Sud-Sud Ouest que le leader, Riou cravache devant la menace Golding. Ces trois hommes affichent 380 milles parcourus ces dernières 24 heures et, à 2140 milles du Cap Horn, peuvent envisager un retour en Atlantique pour le 3 janvier.Patrice Carpentier à 40 milles des côtes de Tasmanie. Le skipper de VM Matériaux cherche un abri pour effectuer, si possible, une réparation sur sa bôme brisée. Il mettra à profit ce répit pour effectuer nombre d’interventions notamment au niveau du moteur. Cette parenthèse dans la course devrait coûter au doyen de l’épreuve sa jolie 10ème place au classement général, au bénéfice de l’américain Bruce Schwab. Autre coureur en quête d’un second souffle, Marc Thiercelin (Pro Form) est ce matin à 220 milles de l’île du Sud de la Nouvelle Zélande. Ses soucis techniques sont innombrables et Marc s’interroge sur sa capacité à les résoudre sans assistance. Sous la grande île néo-zélandaise, entre l’île Stewart dans son nord et l’île d’Aukland dans son sud, croise l’Australien Nick Moloney (Skandia). Nick incurve sa route au sud et s’apprête à négocier une zone de vents faibles.Icebergs – Suite.Par 52 degrés de latitude sud, Jean Pierre Dick (Virbac-Paprec) est passé hier soir très près de deux icebergs qu’il a immédiatement signalés à la direction de course. A l’instar de Dominique Wavre (Temenos), Jean Pierre tente de gérer au mieux de petites bulles anticycloniques qui ont considérablement ralenti les deux hommes depuis hier.Conrad « Pac Man » Humphreys. Après avoir grignoté hier le Roxy d’Anne Liardet au classement général, l’insatiable britannique Conrad Humphreys (Hellomoto) a maintenant jeté son dévolu sur le Max Havelaar/Best Western de Benoît Parnaudeau. 150 milles séparent les deux hommes, mais l’anglais marche 3 à 4 nœuds plus vite que le français.Karen carbure au courage. On connaissait les soucis techniques qui pénalisent la progression de Benefic depuis son entrée dans l’Océan Indien. On prend aujourd’hui la mesure des souffrances physiques qu’endure Karen Leibovici depuis de nombreuses journées. A ses problèmes de dos récurrents, la jeune femme déplore de vives douleurs aux côtes consécutives à sa montée dans le mât. Vous avez dit « courage » ?Classement de 04h00 TU (05h00 heure française) :1. Jean Le Cam (Bonduelle)2. Vincent Riou (PRB) à 154,3 milles du leader 3. Mike Golding (Ecover) à 212,8 millesSource : Vendée Globe 2004
A bord de Castorama, Noël a à peine été mentionné et encore moins célébré. La raison : des vents de nord-ouest compris entre 35 à 40 nœuds avec des rafales à 50 le 24 et le 25 décembre. La mer très agitée n´a pas offert à Ellen la chance de sortir son sac de cadeaux rangé à l´intérieur. L´objectif pendant ces deux jours était purement et simplement de préserver le bateau et le marin… Le plus gros de la dépression est passé le soir de noël, après quoi le vent est tombé autour de 20-25 nœuds. Mais cela n´a fait qu´ajouter un peu plus de stress à Ellen qui cherche à faire progresser le trimaran le plus vite possible vers l´est. Résultat : 12 changements de voile pendant la nuit ! Elle a pu ensuite retraverser la dépression ralentie devant elle. Le vent est revenu à 30-35 nœuds avec de rafales à 40 et il a fallu à nouveau changer la configuration des voiles. On comprend pourquoi les marins appelle ces latitudes les “Quarantièmes Rugissants !””
Bientôt le Cap Leeuwin
Castorama se trouve ce matin à 715 milles dans le SSW du Cap Leeuwin (pointe sud-ouest de l´Australie). Francis Joyon avait passé la latitude de ce cap par 39S, une tempête l´empêchant de descendre plus sud sur une route plus courte. Le trimaran Castorama est donc actuellement à 370 milles dans le sud de la route de Joyon et il devrait garder cette distance jusqu´au sud de la Nouvelle Zélande où la route des deux bateaux pourrait converger à nouveau. Francis Joyon avait décroché un nouveau temps de référence de 30 jours, 7 heures et 29 minutes entre le départ et le cap Leeuwin. Pour le battre, Ellen devra donc franchir la longitude de ce cap, à environ 275 milles dans son est, avant 15h39 demain (28 décembre). Si elle garde la même vitesse (19,7 nœuds ces dernières 24 heures, soit 473 milles parcourus), elle pourrait l´atteindre en fin de soirée aujourd´hui. “