Il lui aura fallu avec son équipage 8 jours 16 heures 36 minutes et 17 secondes pour rallier les Alpes-Maritimes. Distance Lorient-Nice (route directe) : 2510 milles Vitesse moyenne : environ 12,5 nœuds
24 bateaux ont passé la marque avant minuit dans un vent de secteur sud dominant. Un vent qui a ensuite tourné progressivement à 180° au nord en mollissant, soit des conditions « idéales » pour créer des écarts importants au sein de la flotte ! Rappel : le premier à cette marque, soit à 16h59, était Phil Sharp sur Le Gallais (419) suivi à 12 minutes derrière de Tanguy de Lamotte sur Set Environnement pour Mécénat Chirurgie Cardiaque (424) et Corentin Douguet sur E. Leclerc (433) à 10 minutes du deuxième. Le 25 e soit Bertrand Dubucq sur Airlinair (527) était déjà à près de 7 heures derrière les leaders… Autant dire que les écarts ont fait le… grand écart et que les conditions de navigation ne favorisent pas le resserrement de la flotte. A noter que l’on apprenait deux nouveaux abandons dans la matinée : David Le Carrou (Le Tréport / Tirard & Burgaud – 498) pour des problèmes de barre et Sébastien Mesure ( Curtisol / Marins sans Frontières – 483) pour des soucis de tenue de mât.
Le quintet des trimarans a son meneur de jeu mais pas encore son chef d’orchestre : les solistes se succèdent dans un tempo rythmé par une brise qui fait son métronome entre Sud-Est et Est, au gré des risées (blanches ou noires) qui crochent dans les voiles. Si les équipages sont en harmonie avec le vent, ils peuvent improviser leur partition pour tenter de composer dans cette musique de chambre où un duo mène la cadence, et un trio peine à raccorder les violons. A la baguette, Pascal Bidégorry alterne les pianissimos et les moderatos selon les saccades du vent et a déjà passé les Bouches de Bonifacio, franchies allegro dans une brise légèrement plus enlevée par cet effet Venturi : un petit souffle qui a permis à Banque Populaire de retrouver du punch et surtout de mieux contrôler les velléités de Frédéric Le Peutrec de travailler sa propre mélodie. Car Gitana 11, revenu à l’occasion d’une option Ouest à la sortie du détroit de Sicile, n’est plus très loin et même s’il restait à 16h00 encore 170 milles à parcourir avant d’entendre résonner les clairons et sonner les trompettes niçoises, il y a du couac dans l’air…
Sur le papier, l’écart représente plus de 10% du parcours restant, ce qui en tout autre discipline mécanique, ne laisserait aucune chance au poursuivant mais avec une propulsion vélique, l’affaire est tout autre : vingt milles s’avalent en une heure quand le vent est au rendez-vous ! La lutte finale entre Pascal Bidégorry et Frédéric Le Peutrec pourrait donc ne s’achever qu’en vue de la Côte d’Azur… Enchaînant les empannages plus ou moins éloignés de la côte, les deux trimarans n’ont pas fini de jouer de l’accordéon au diapason d’une météo… corsée. Avec l’arrivée d’un front orageux sur le Sud-Est de la France (il pleuvait avec peu de vent ce midi à Nice), la stratégie entre le cap Corse et le continent laisse entendre qu’il vaudra mieux aller au plus vite vers la côte. Mais avec la nuit, il n’est jamais évident de visualiser ce qui se passe sur le plan d’eau et avec peu de lune, ce qui évolue dans le ciel. Les deux skippers espéraient franchir la pointe extrême Nord de la Corse aux douze sons de cloche de minuit car il serait alors plus facile d’en terminer avec ce parcours de 2 600 milles, tout de même bouclé en neuf jours soit approximativement à douze nœuds de moyenne.
BonjourIl était 04H 40 ce matin lorsque j’ai doublé le phare de Muckle Flugga protégeant Unst, l’île la plus au nord des Shetland avant de mettre cap au sud et à 10H 00 ma position est 60° 00 N, 00° 13 E. Les vents orientés N/NO soufflent entrent 25 noeuds et 35 noeuds dans les grains, Je marche sous grand voile 2 ris et solent. Les conditions sont plutôt musclées avec une mer très formée. J’ai pris une déferlante par le travers qui a inondé le cockpit ! En faisant certainement une mauvaise manoeuvre, j’ai cassé 2 lattes de grand voile, ce qui ne m’était pas arrivé lors de mon dernier tour du monde. Je n’ai pas rencontré grand monde dans le secteur mais j’ai vu ma première plateforme pétrolière que j’ai trouvée énorme ! Elle devait être à 9 milles et j’avais l’impression qu’elle était à 3 milles.Il fait un froid de canard avec de la neige et de la grêle dans les grains. Vous l’aurez compris, les conditions ne sont pas idéales pour la croisière ! Par contre, elles sont favorables à la chasse au record, la route directe faisant 1788 milles, il me reste 650 milles à faire. Je commence à penser au record en équipage détenu par les français JP Chomette et Cesar Dohy en 7j 4h 46m 22s. Quoi qu’il advienne, je serai très heureux de faire le tour en 8 jours.Jean-Luc Van Den Heede
Qui aurait pu imaginer tel scénario ? Est-ce à cause du Festival de Cannes que les équipages font leur cinéma ? En tous cas, le suspens est entier à une journée de l’arrivée de l’IB Group Challenge car le podium est loin d’être défini entre les cinq multicoques en course. Dimanche n’a pas été un jour agréable pour Pascal Bidégorry et son équipage qui ont perdu tout l’avantage acquis au passage de Malte (130 milles) au point que Frédéric Le Peutrec est désormais dans leur tableau arrière à moins de dix milles ! Banque Populaire ne pouvait pas faire grand-chose puisque ses deux concurrents les plus proches dans le détroit de Sicile avaient choisi une route opposée et les hommes en bleu avaient judicieusement opté pour une route directe vers la Sardaigne afin de pouvoir protéger un côté du plan d’eau en cas de retour. Ils ont réussi à le faire mais au prix d’une nouvelle mise sous pression.
Gitana 11 a en effet réalisé une belle « cuillère africaine » en se décalant vers la Tunisie dimanche lorsqu’il fallait louvoyer dans une brise de Nord Ouest. Celle-ci a progressivement tourné à l’Ouest puis au secteur Sud-Ouest, en adonnant donc au point d’obliger l’équipage à empanner à l’approche des côtes sardes. Très beau retour donc qui rend la suite de la course passionnante car le petit temps est encore au programme pour cette journée de la Pentecôte : un flux de moins de dix nœuds, parfois même inférieur à cinq nœuds est prévu de secteur Sud, c´est-à-dire plein vent arrière. Or les trimarans ne naviguent jamais vent arrière mais tirent des bords au largue : il va falloir gérer avec attention les empannages tout le long des rivages sardes et corses qui devraient être en plus soumis à des effets thermiques perturbateurs…
En route directe, Banque Populaire joue la politique de l’Ecureuil en épargnant sur le court terme tandis que la grande distribution vise les pays émergeants à l’Est et que les courtiers capitalisent à l’Ouest. Sur un marché incertain, l’immobilier préfère l’attente et se positionne en embuscade afin que les valeurs se stabilisent. Quant à Gitana X, son léger déficit de vitesse semble ne pas l’handicaper et il pourrait faire une OPA dans la nuit. Bref, la roue tourne et les vents aussi… Ce qui incite chacun à miser gros pour ces 360 derniers milles à parcourir avant d’atteindre Nice : c’est dans la mer Ligurienne qu’on comptera les agios !
Pascal Bidégorry a fait son possible avec des brises peu coopératives qui l’ont incité à ne pas trop se poser de questions : en étant en tête, il vaut mieux jouer la sécurité en avançant le plus vite possible vers le but sans trop s’écarter de la route directe, histoire de voir ce qui se passe derrière et de changer son fusil d’épaule si l’un ou l’autre de ses concurrents les plus proches partait dans une option différente. Pas de chance, car Michel Desjoyeaux a choisi la droite du plan d’eau près des côtes siciliennes et, après avoir tiré des bords le long des rivages italiens, semble retrouver un cap plus rapprochant à dix nœuds au près. A l’opposé, Frédéric Le Peutrec s’est décalé franchement à l’Ouest vers la Tunisie et progressait cet après-midi plein Nord à plus de treize nœuds. Gitana 11 espère ainsi contourner une bulle anticyclonique que le leader n’a pas hésité à traverser en plein milieu. Armel Le Cléac’h a quant à lui trouvé une bonne veine de vent et se retrouve au large de Trapani avec seulement une quarantaine de milles de retard sur le duo et 80 milles sur le premier : c’est bon pour le moral ! De même pour Thierry Duprey du Vorsent qui reste encore à l’affût avec seulement 140 milles de retard sur le leader.
Car devant, ce n’est pas évident : certains annoncent un flux de secteur Sud pour lundi matin mais auparavant, il y a une nuit à vivre avec des brises qui n’ont rien de caler. Les routes sous les îles de Sardaigne et de Corse ne sont pas très sûres et les cartes météo sont loin d’être…bleues. Si certains risquent « d’avoir la balle » cette nuit avec des brises portantes, d’autres vont devoir faire tourner le barillet : à la roulette, c’est souvent la loterie et la banque ne fait jamais crédit. Il faut avoir la baraka tout en posant ses jetons avec circonspection. A ce jeu de poker menteur, le but est de faire sauter la banque au casino de Nice !
Bon week-end également pour Benoît Petit et Ronan Le Reun (« Défi santé voile ») en position de dauphin, avec un parcours aussi remarquable à plein régime. Troisième l’Australienne Liz Wardley, associée au talentueux Thomas Le Breton (« Sojasun ») peut être satisfaite de cette course boomerang où l’on revient au point de départ. Vainqueur du précédent Tresco, Roland Mainpin (« No Comment ») s’est imposé avec Philippe Guillomet dans le groupe Course qu’il mène comme en 2004. Chez les Côtiers, Goulven Guillou (« Kikibigoudi ») est monté d’un cran en gagnant pour la troisième année consécutive à la barre de son Armagnac avec Jérémie Guillermou. En Course au large Thibault Derville et Jean-Christophe Caso (« Shere Khan 3 ») ont creusé l’écart avec leur Jumbo 40, le seul qui ait pu s’immiscer entre les Figaro 2, les plus rapides de cette édition. Dans le groupe Régate le Pogo 6.50 de Jean-Claude Guilloneau et Brice Denis (« Zerline »). Cinq JPK 960 étaient au départ : ils ont donc bénéficié d’un classement spécifique. Jean-Pierre Kelbert et Hervé Perroud (« Guyader ») ont été les plus véloces. Même chose pour les Figaro 1 : Jean-Jacques Roignant et Erwan Pocreaux (« Winch pub Roscoff ») se sont distingués. Vainqueur des Course au large l’an dernier Jean-Jacques était monté sur la balance pour déterminer avec son équipier le poids en huîtres partagées par le public et les concurrents. Plus de treize heures auront séparé le premier arrivé du dernier : Alexandre Fleuriot et Ambroise Brunod (« Alphard Ecole Navale ») ont passé la ligne à l’Aber-Wrac’h à 6 h 59 mn 8 sec dimanche matin. Le fort coup de vent éprouvé dans la montée vers la bouée d’Hand Deeps n’aura pas rendu la vie facile aux plus petites unités : plus de 35 nœuds de vent avec de véritable seaux d’eau « Les pompiers n’auraient pas fait mieux avec leur lance » plaisantait l’un des régatiers. La « molle » sur le retour à 15 milles de l’arrivée a également redistribué les cartes avec son effet accordéon. Côté organisation l’équipe du Yacht-Club des Abers a montré une excellente maîtrise soulignée par nombre de régatiers. La présence constante de bénévoles pour accueillir les concurrents quelle que soit l’heure et les mener vers la table d’hôte pour un solide casse-croûte est particulièrement appréciée. Entre deux assiettes la course joue les prolongations. Hier soir, après la proclamation du palmarès, le cérémonial de la pesée sur le port a réuni la population de Landéda autour de la balance et des concurrents.
« Cette avarie est la suite d’un décollement de la cornière basse du bras dont nous nous étions aperçu il y a trois jours mais qui n’évoluait pas. Et puis là, l’évolution a été radicale et rapide suite à une vague peut être un peu plus forte que les autres ! Ce matin, le vent est monté petit à petit en approche de Malte et on s’est retrouvés avec 27-28 nœuds. Nous étions sous foc ORC avec 2 ris dans la grand voile sur les derniers bords d’approche quand l’avarie a eu lieu. On devait être à 15 milles de la pointe de Malte, dans une mer très courte et abrupte, quand nous avons entendu un grand clac dans un trou de vague. Nous n’avons pas constaté l’avarie tout de suite. C’est uniquement lorsque j’ai pris la barre, en préparant le virement de bord pour faire le dernier bâbord amure en direction de la pointe, qu’en me retournant j’ai vu que la cloison de bars arrière était cassée en deux, entre la cadène de galhauban et la barre d’écoute ».On l’imagine aisément, à bord de Groupama 2 la déception est énorme « C’est rageant, d’autant que nous avions fait le plus dur. On était devant, tout se passait bien, de mieux en mieux même.». Souvent aux avants postes, Franck et ses cinq équipiers avaient bataillé dur pour reprendre la tête de la flotte et conserver l’avance acquise il y a deux jours grâce à un beau coup tactique le long des côtes algériennes et tunisiennes.
Seul à partir bâbord amure, l’anglais Nick Bubb sur Wittlebury Hall (500) qui croise devant la flotte et qui passera la bouée de dégagement en… deuxième position. C’est un autre anglais qui la passera en tête : Phil Sharp sur Le Gallais (419). Et Phil va creuser progressivement et consciencieusement l’écart avec le reste de la flotte pour compter plus de deux minutes d’écart à la bouée de Fort Boyard placée à environ 7 milles de la ligne de départ. Mais la belle surprise est la performance d’Isabelle Joschke sur Parole (276) qui a passé la bouée de dégagement et la marque de Fort Boyard en troisième position, dans la jupe arrière de Nick Bubb. On savait qu’Isabelle était affûtée suite à sa belle 4e place lors de la dernière Select 6,50, elle le prouve dès ce début du mini Pavois ! Pour ce qui est du récent vainqueur de la classique de Pornichet, Aloys Claquin sur Vecteur Plus (265), il talonne également Isabelle et pointe en 4e place à la marque de Fort Boyard, dernière marque de pointage de la flotte avant celui de la bouée Karek Greis située au large de Lesconil. En 5e place, on retrouve un autre favori de ce rendez-vous : Tanguy De Lamotte sur Set Environnement pour Mécénat Chirurgie Cardiaque (424), Etienne Bertrand sur Air du Large (434) est à la 6e place, David Lancry sur Areas Assurances (454) en 7e position suivi de Didier Le Vourc’h sur Servo Map (151), Sébastien Gladu sur Birvidik (427) et Stanislas Malard sur Crédit Agricole Skipper Challenge (417) en 10e position. Le premier bateau de série est 14e avec Eric Bourrié sur son Pogo 2001 Taquet Max (340).
"Suite à un problème de structure majeur sur le bras arrière de Groupama 2, nous abandonnons la course et allons vers un port de Sicile. Nous ne demandons pas d´assistance. Franck Cammas". En tête de l´IB Group Challenge depuis hier vendredi matin, Groupama 2 s´apprêtait à contourner l´île de Malte devant le trimaran Banque Populaire. Alors qu´il ne restait plus que 600 milles sur les 2600 de la course entre Lorient et Nice à parcourir, le coup est rude pour le champion ORMA en titre qui réalisait une superbe course, toujours aux avants-postes.