2005 a démarré en trombe pour Jérémie Beyou : victoires dans le Spi Ouest-France et la Generali Solo, victoire dans l´IB Group Challenge sur le trimaran Banque Populaire de Pascal Bidegorry, deuxième place au National Figaro et au grand prix multicoque de Vigo, Jérémie enchaîne les réussites sans jouer les gros bras. Son objectif clairement affiché depuis le début de l´année reste la Solitaire Afflelou Le Figaro et la partie est loin d´être acquise.
Pour optimiser ses chances, Jérémie a mis en place un nouveau type de préparation en renforçant son équipe d’assistance avec un préparateur « météo » : En plus de Fanch Guiffant, préparateur technique, responsable du bateau aux escales, Christopher Pratt l’assiste dans l’analyse météo et la tactique, à chaque escale. Jeune régatier talentueux, Christopher est comme un « double » à terre qui facilite la digestion et l’analyse de l’information : “Sur la Solitaire, nous allons toujours plus vite, il y a toujours plus à faire. Christopher Pratt se charge de compiler les informations météo pendant les étapes, m’aide à préparer la tactique et à débriefer chaque étape. Il a participé aussi au réglage des voiles avant l’épreuve. En cas de problème technique important, il peut donner un coup de main à Fanch. Il court avec moi en équipage et s’entraîne en Méditerranée. C’est un travail d’équipe qui va se développer de plus en plus.”””
Cette année, il seront 46 navigateurs à prendre le départ de cette épreuve ouverte aux grands noms de la voile comme aux novices, tous sur le même bateau, le Figaro II (10,10 m de long). Drouglazet, teigneux qui s´était révélé fin stratège pour remporter la Saint-Nazaire/Cienfuegos, première transatlantique en solitaire et sans escale sur Figaro II, s´aligne pour la 13e fois au départ de la Solitaire, sa course fétiche qu´il a déjà remporté en 2001.
Se méfier d´Armel Le Cléac´h, et des autres… Droug´ devra se méfier du “chacal””, vainqueur d´une édition 2003 d´anthologie avec 13 petites secondes d´avance sur Alain Gautier, mais aussi de Michel Desjoyeaux (vainqueur en 1992 et 1998), qui possède aussi un fabuleux palmarès sur multicoque.
Sept anciens vainqueurs au départ Charles Caudrelier, vainqueur de la dernière édition de la Solitaire, fait aussi partie des ténors, tout comme Lionel Péan (vainqueur en 1983), Dominic Vittet (vainqueur en 1993), Jérémie Beyou, récent vainqueur de la Generali Solo 2005 (3e de la Solitaire en 2004, 9e participation), Yann Eliès (2e en 2004, 9e participation), Kito de Pavant (vainqueur en 2002) et Gildas Morvan (10e participation). Au total, sept anciens vainqueurs prennent le départ.”
“D’entrée de jeu, une belle étape, avec de la navigation le long des cailloux jusqu’à la pointe de Bretagne, puis une traversée du golfe de Gascogne à priori rapide grâce à un vent de nord-est qui devrait être assez soutenu. L’arrivée, ‘au fond de la cuvette’, risque d’être assez tordue, il faudra être dessus tout le temps, cela tombe bien, j’aime ça””. Armel Le Cléac’h déroule les yeux fermés cette première manche à venir. Son bateau est fin prêt, même s’il est à l’eau depuis seulement quelques jours. “” Je me suis entraîné en février, mars et je le retrouve aujourd’hui avec plaisir. Cela fait drôle au début, puisque côté vitesse, ce n’est évidement pas la même chose que le trimaran””. “”Grâce au team, je suis aujourd’hui à 100%…””Si Armel a une qualité, c’est bien d’avoir les idées claires, de se fixer des objectifs et de s’y tenir. “” Grâce au team, je suis aujourd’hui à 100 % puisque tout a été planifié dès cet hiver. Depuis le 20 juillet, depuis que le trimaran est en chantier pour préparer au mieux la deuxième partie de la saison multicoque, je ne pense plus que Figaro. Dix jours de vacances, un convoyage de Lorient jusqu’ici à Perros avec ma femme Aurélie pour retrouver mes marques et me voilà en pleine forme. Il est important de ne pas partir avec un déficit de sommeil. Aux étapes, tu ne récupères jamais complètement, si à la dernière, tu pars à 80% de ton potentiel, c’est bien””. “”Ici, il n’y a pas de Lance Armstrong””Vainqueur en 2003, quatrième l’année dernière sous les couleurs de FONCIA-TBS qu’il défendait pour la première fois, Armel espère bien encore accrocher au moins une étape comme à chaque fois et être dans le top five. “”L’entonnoir se referme au fil des ans. Nous sommes de plus en plus à prétendre à la victoire. Ici, il n’y a pas de Lance Armstrong””. Parmi la longue liste des favoris, quelques noms sortent: Michel Desjoyeaux, Jérémie Beyou, Charles Caudrelier, Eric Drouglazet et bien sûr Armel Le Cléac’h. “” Montrer que je suis toujours dans le coup est mon premier objectif, le deuxième entre dans une préparation globale pour la Route du Rhum qui a lieu l’année prochaine. Faire la Solitaire du Figaro permet de garder le contact, avec une intensité de régate incomparable. C’est donc aussi pour cela que je suis là aujourd’hui. En revanche je sais que, quelque soit mon résultat final, je ne serais pas là en 2006. Là, tout sera consacré au trimaran, rien qu’au trimaran””.”
Il sait que cette tâche n’aura rien de facile : voici deux ans, les « anciens » avaient créé la sensation en damant le pion à la plupart des spécialistes du circuit. Seul Armel le Cleac’h avait tenu tête à Alain Gautier et Michel, respectivement 2ème et 3ème de la course. Cette fois l’effet de surprise ne jouera plus et, surtout, les ténors de la série ont engrangé deux années d’expérience et de connaissance des réglages sur le Figaro Bénéteau II qui effectuait en 2003 sa première sortie et plaçait du coup tout le monde sur un pied d’égalité technique. De son côté Michel n’a évidemment guère mieux pu préparer l’épreuve. Qu’importe, il n’a rien à y prouver et ne ressent que du bonheur à en prendre le départ. Certain même que c’est dans cette décontraction et ce plaisir qu’il peut tirer matière à espérer un bon résultat. On y ajoutera le talent et sa passion pour ce qu’il estime être l’une des plus belles compétitions à la voile au monde. Et la compétition Michel aime cela…
Deux préparations olympiques en Soling (1992 et 1996), une 11e place aux JO en 96 avec Marc Bouët, une Coupe de l´America en 1995 aux côtés de Marc Pajot, le régatier de Landéda a pas mal bourlingué avant de poser son sac sur le circuit Figaro. Là, en l´espace de dix ans, il a remporté au moins une fois toutes les épreuves du circuit. Toutes sauf une, la plus belle : la Solitaire du Figaro.
C´est la tête docteur !
“Ce qui me manque pour la gagner ? Des détails, plein de petits trucs””. Troisième en 1999, 2000 et 2001, on se disait qu´en 2002 ou en 2003, le grand Gildas allait en claquer une. Tout faux : 21e en 2002, puis 14e en 2003, il a, à peine, rectifié le tir l´an passé avec une 9e place. “”Oui, ça se passe aussi forcément dans la tête. Alors, l´hiver dernier, j´ai beaucoup travaillé mes points faibles, à savoir le physique, le mental et la diététique””. Du rameur, du vélo, des longueurs à la piscine, voilà pour le côté physique. Pour la tête, il a fait appel à Gilles Monier, ce fameux préparateur mental qui avait conseillé Charles Caudrelier l´an passé. Avec le résultat que l´on sait. “”Grâce à Gilles, j´ai beaucoup appris sur moi””.
“”Je ne suis pas malheureux””
En 2005, c´est un Gildas Morvan nouveau qui a débarqué sur le circuit : “”Oui, c´est vrai, je me sens bien, j´évite de me mettre la pression comme avant. L´autre jour, Bertand Pacé me demandait si je n´en avais pas marre de faire du Figaro. Franchement non, je ne suis pas malheureux : contrairement aux skippers de 60 pieds, je ne passe pas mon temps en chantier. je navigue toute l´année. Je suis allé à Cuba pour le Trophée BPE (3e), je rentre de Porquerolles (ndlr : 2e à 4 points de Jémérie Beyou). Là, je vais en Espagne, en Irlande. Franchement, ce n´est que du bonheur. Sportivement parlant, le circuit Figaro, on ne fait pas mieux””.
Touche-à-tout
Le Finistérien a aussi la chance d´être tombé sur un partenaire qui lui fait confiance depuis 1998 : “”Chez “”Cercle Vert””, ils m´autorisent à aller naviguer sur d´autres supports, à toucher à tout. J´ai navigué sur le Class America “”K-Challenge””, participé à des étapes du Tour de France et j´ai eu la chance de faire du multicoque. Que demandez de plus ?”” Rien, juste une victoire sur la Solitaire peut-être ?
Pour Charles, ce sera la 6ème participation mais la première, auréolée du titre d’« ancien vainqueur ». On se souvient que l’an dernier il entrait dans la cour des grands en remportant, à Quiberon, le graal de tout solitaire. Une magnifique victoire à l’issue d’une rude bataille avec Yann Eliès et Jérémie Beyou, respectivement 2ème et 3ème de la Solitaire Afflelou Le Figaro 2004.
Charles revient cette année défendre son titre mais au-delà des objectifs de résultats, le marin de Port La Forêt nourrit des ambitions plus « terre à terre » qui peuvent se résumer ainsi : l’envie de naviguer. Tout simplement ! « J’ai régaté sur d’autre supports cette année et j’ai hâte de retrouver sur l’eau mes camarades de jeu en Figaro. Je viens ici pour le plaisir que cela procure. Ma victoire l’an dernier a laissé intacte mon envie de régater en Figaro » explique le skipper de Bostik. Bien sûr, Charles est avant tout un compétiteur et il tentera de naviguer aussi bien que l’an dernier. Mais remporter une fois la Solitaire Afflelou Le Figaro ne fait pas oublier combien cette course est exigeante. Venir défendre son titre est un challenge difficile mais c’est aussi ce qui le rend passionnant.
Parmi les concurrents, à noter la présence du tout nouveau Trans Pac 52 irlandais, Patches, propriété de Eamon Connely, dont les chances de victoire sont très sérieuses. Présent lors de la Skandia Cowes Week, l’équipage irlandais mené par deux médaillés olympiques, Ian Walker comme skipper et Shirley Robertson à la barre, a prouvé son réel potentiel.
Nick Lykiardopulo, propriétaire du 55 pieds Aera, avoue une petite supériorité du TP52 dans les allures de portant : « Si nous rencontrons des vents portants, nous aurons beaucoup de mal à garder la distance sur Patches. En revanche, si nous naviguons au prés, alors là nos chances seront beaucoup plus grandes et nous pourrons envisager une victoire en temps réel ». Une analyse judicieuse car lors de la Rolex Sydney Hobart, l’année dernière, Lykiardopulo avait devancé 116 équipages au classement général en temps compensé, remportant du même coup cette célèbre classique. Lykiardopulo pourra compter sur 11 des 15 hommes qui avaient composé son équipage lors de sa victoire en Australie. « Nous avons un excellent équipage qui pourra s’appuyer sur 4 barreurs talentueux. Un réel atout dans une course comme celle-ci où la moindre défaillance se paye très cher. Nous aurons également besoin d’un peu de chance du point de vue météo. La seule chose que nous pouvons faire est de nous placer idéalement sur le plan d’eau et de voir si nos options sont payantes », confie Jez Fanstone, skipper d’Area et ancien de La Volvo Ocean Race.
Si les deux maxis engagés, Skandia et Maximus, courent pour la victoire en temps réel, il n’est pas impossible de voir l´un des deux participants s’imposer également en temps compensé. « Tout dépend des conditions météorologiques, mais si le vent molli après le passage du rocher de la Fastnet, je ne serais pas surpris de voir Skandia ou Maximus s’imposer en réel et en compensé », déclarait Jeremy Robinson, barreur sur Area.
Outre les TP52, les maxis et une flotte de petites unités, quelques belles machines font également partie de la liste des inscrits. Telefonica Movistar est l’un d’eux. Ce Volvo Open 70 espagnol, dont les entraînements ainsi que les courses se succèdent, est depuis quelques mois le nouveau détenteur du record de la plus longue distance en 24h à bord d’un monocoque. Avec 535 milles parcourus en 24 heures, Telefonica Movistar annonce la couleur.
À trois mois du départ de la Transat Jacques Vabre, quelques Open 60 ont fait le déplacement pour un dernier grand test. Marc Thiercelin, Bernard Stamm, Roland Jourdain, Jean Pierre Dick, Mike Golding et Nick Moloney prendront le départ de Cowes pour une belle course dans la course.
Outre le fait de courir la Rolex Fastnet pour la victoire, bon nombre de participants viennent régater pour aller au bout d’eux-mêmes. Considérée par beaucoup comme l’Everest de la voile, la Rolex Fastnet Race demeure une aventure humaine bien avant son côté sportif.
« C’est l’objectif de l’année ! » s’exclame Ingrid Petitjean avant de continuer. « Les équipages qui se déplacent seront bien entraînés. La compétition sera donc rude mais intéressante. » Sept journées de régate courues au rythme de deux manches par jours viendront départager une quarantaine d’équipages. On y retrouvera certaines concurrentes présentes lors des Championnats d’Europe comme les israéliennes, hollandaises et suédoises, mais également des équipages américains, canadiens ou argentins qu’il faudra surveiller.
Les bateaux des 46 concurrents engagés pour la Solitaire Afflelou Le Figaro passent depuis hier des contrôles obligatoires. Toutes les voiles sont jaugées, le matériel de sécurité est contrôlé (combinaison de survie, fusées, VHF de secours, ancre) et pour terminer, les 16 à 19 plombs, qui immobilisent tout ce qui ne doit plus bouger (bannette, bouteille de gaz), sont fixés et vérifiés. Préparation, dernières sorties en mer pour certains, premiers briefings, la pression commence à monter pour les figaristes sur le quai du Linkin où sont amarrés les monotypes de la Classe Figaro Bénéteau.
Jeanne, arrivée dimanche dernier à Perros Guirec et que l´on devine comme d´habitude le sourire au lèvres, apprécie particulièrement ces instants d´avant départ : ” c´est un mélange de stress et de plaisir. Mon bateau est prêt et je ferai une sortie mercredi en fin d´après-midi. Je suis heureuse de me retrouver là ! “” “
« C’est la seule course au monde où tous les concurrents se retrouvent sur le même bateau. La photo de l’arrivée finale, c’est la photo de la qualité de tout ce que tu as été capable de faire pendant un mois. C’est unique. » Lionel Péan, vainqueur en 1983.
« La Solitaire, elle t’oblige à garder le niveau, elle te tire vers le haut. Si tu veux rester dans le match, il faut se faire violence. C’est une course à part, se spécificité est unique et tout le monde la connaît. Nous courrons sur le bateau de Monsieur tout le Monde, c’est ce qui la rend populaire et est le premier facteur de son succès. Le système de classement au temps, c’est facile, c’est comme sur le Tour de France Cycliste, tout le monde comprend. Moi, quand j’ai gagné, c’est sur la dernière étape donc tout reste possible jusqu’au dernier jour. La Solitaire Afflelou Le Figaro, c’est un concentré de richesse d’événement stratégiques et tactiques, c’est ce qui la rend unique, il n’y a pas d’équivalent dans la course au large. L’an dernier, je me suis régalé et j’espère en profiter encore cette année. » Dominic Vittet, vainqueur en 1993.