Plus que le vent fort annoncé, c’est bien l’état de la mer, « grosse et chaotique » selon Stève Ravussin, qui a rendu cette première nuit de la transat Jacques Vabre 2005 difficile. Peur de la casse, vigilance aux réglages et à l’usure du matériel, prise de barre permanente… les frères Ravussin, à l’instar très probablement de l’ensemble des concurrents de la course, n’ont pas fermé l’œil de la nuit. Et curieusement, c’est avec fraîcheur et enthousiasme que Stève analysait sa première nuit en course et la façon d’aborder le golfe de Gascogne : « On est très content de notre nuit. Yvan a fait un super boulot à la barre. Après un départ un peu laborieux car nous ne portions pas la bonne toile, nous nous sommes bien repris et sommes revenus sur la tête de la flotte à hauteur des Casquets. La trinquette, c’était un peu trop ! » avoue en s’amusant le cadet des Ravussin. On l’a enroulé avant Cherbourg et ça allait beaucoup mieux après… » Une première nuit parfaitement maîtrisée, sportivement, tactiquement et humainement. « Yvan a beaucoup barré » poursuit Stève. « On ne peut pas se fier aux pilotes automatiques tant la mer est formée. Il faut un super coup de barre, surtout dans l’obscurité, pour conserver la vitesse et l’inertie du bateau. » Stève n’a pas donné sa part aux chiens et c’est entre réglages des voiles et navigation à la table à carte qu’il a passé l’essentiel de son temps. « Nous attendons les prochains fichiers météos pour définir clairement notre stratégie vers le cap Finisterre » explique Stève, visiblement peu enclins, au moment où Banque Populaire choisit de partir dans l’Ouest, de dévoiler son « plan de vol »
Tous au front
Plus fort encore que la nuit dernière qui a déjà eu raison du trimaran 60’ Brossard d’Yvan Bourgnon et Charles Caudrelier (coque centrale fissurée), contraint à l’abandon alors que Sodebo et Gitana 11 en étaient quittes pour des arrêts techniques express à Cherbourg et Camaret, qui les handicapent respectivement de 100 et 60 milles de retard. Les frères Ravussin en multicoques 60’ et le duo Jourdain-MacArthur chez les monos 60’ mènent toujours la danse. On vient d’apprendre encore qu’Artforms, leader des monocoques 50 pieds se déroute sur Lorient pour effectuer des réparations sur sa grand-voile.
Le bulletin météo est clair : « pour les monocoques le vent va s’établir aujourd’hui au sud-sud-ouest, se renforcera d’abord de 25 à 35 nœuds, puis de 35 à 45 nœuds (85 km/h) en fin de journée. La mer deviendra forte avec une houle de sud-ouest de 6 à 8 m. Pour les multicoques, le vent s’établira un peu moins vite mais soufflera également de 35 à 45 nœuds dans la nuit de lundi à mardi ».
Les marins appellent ça le (ou la) « baston ». Disent « ça va être la guerre ». Développent volontiers un champ sémantique martial. Ils parlent de veillée d’armes pour évoquer le court répit d’aujourd’hui lundi, entre deux coups de vent. Car la première salve météorologique de la nuit dernière a déjà fait des dégâts en provoquant l’abandon du trimaran Brossard d’Yvan Bourgnon et Charles Caudrelier – coque centrale fissurée – ainsi que les arrêts express de Sodebo (à Cherbourg) et de Gitana 11 (à Camaret). La baston de ce soir sera encore plus violente. Ce que ça fait à bord d’un trimaran 60 pieds ? Hugues Destremau, co-skipper du Géant de Michel Desjoyeaux tente de décrire : « sur un multi 60’ dans la baston comme celle que nous allons avoir ce soir, tout tremble. Les embruns sont très forts et cinglent le visage en permanence, il y a beaucoup de bruit. Le barreur fait ce qu’il peut pour tenter de garder le bateau à l’endroit pendant que l’autre essaie de stabiliser en jouant sur les écoutes. A l’intérieur, je n’ose même pas le raconter. Ce n’est vraiment pas drôle et ça devrait durer 24 heures.»
Les frères Ravussin en tête des multis
Après l’abandon de Brossard la nuit dernière et les « arrêts au stand » de Sodebo et Gitana 11, la problématique du jour, pour tous, est de savoir courber l’échine, lever le pied, économiser les machines et les hommes sans pour autant perdre la tête. Il s’agit d’être prêts pour cette nuit de furie… en attendant la bascule au nord-ouest derrière le front, sans doute demain mardi. Celle-ci devrait être très rapide et envoyer du nord-ouest fort (jusqu’à 40 nœuds) directement derrière le front. Avantage : on passera au portant. Inconvénient : la vitesse de la transition pourrait fort bien lever une mer méchante, par exemple aux abords du cap Finisterre. On en n’est pas là. Pendant la baston, la course continue et elle est dominée pour l’instant par les frères suisses d’Orange Project, Stève et Yvan Ravussin, alors que Géant, Groupama 2 et Foncia se disputent la deuxième place dans un mouchoir de poche de moins d’un mille en terme de distance au but. A bord de Banque Populaire, le duo Bidégorry-Lemonchois tente une option nord assez osée, le passage du front semblant plus profitable dans son sud, en théorie. Côté 50 pieds, Crêpes Whaou ! de Franck-Yves et Kévin Escoffier survole sa catégorie, avec déjà 30 milles d’avance sur Acanthe Ingénierie.
Monocoques : bagarre à quatre chez les 60 pieds
et escale technique du leader des 50’
Dans le golfe de Gascogne, la bagarre à quatre se poursuit entre les quatre costauds du moment, dans l’ordre Sill et Veolia, Ecover, Virbac-Paprec et Bonduelle. C’est relativement serré entre ces quatre bateaux de dernière génération (le trio de tête tient en 10 milles), avec pour constante le fait que Roland Jourdain et Ellen MacArthur ne lâchent pas le leadership que leur disputent depuis le départ Mike Golding et Dominique Wavre. Roland et Ellen maintiennent un léger avantage de l’ordre de 5 milles sur leur premier poursuivant et de 9 milles sur Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron. Pas d’avarie majeure à signaler dans cette classe, ce qui n’est pas le cas chez les 50 pieds : on vient d’apprendre qu’Artforms (Kip Stone et Merfyn Owen), jusqu’ici leader, se déroutait sur Lorient, distant de 150 milles, pour effectuer des réparation sur sa grand-voile. Le Défi Vendéen de Jean-François Durand et Karen Leibovici, lui, est toujours en escale technique à Brest. Pour les 19 monocoques, la nuit sera longue aussi, surtout que les premiers ne seront plus qu’à 100 milles du cap Finisterre en milieu de nuit…
Pour tous, les 24 heures qui s’annoncent seront difficiles. Demain mardi, au passage du front, on pourrait enregistrer des rafales à 50 nœuds (plus de 90 km/h) et surtout l’association de la houle de sud-ouest et de la mer de nord-ouest donneront des vagues difficiles à négocier. « On mange notre pain noir », résume bien Armel Le Cléac’h (Foncia). Le pain blanc est pour mercredi, avec en théorie du nord-ouest portant bien établi de 20 à 30 nœuds pour tout le monde qui permettra d’accélérer très fortement et d’engranger enfin des milles sur la route.
Source Transat Jacques Vabre
AGF dans la Transat.
Le dispositif prévention à terre :
La Transat Jacques Vabre est une course en équipe dans laquelle 2 skippers s’associent sur un même bateau pendant près de 3 semaines. La complémentarité, le partage des tâches, l’écoute et la bonne entente seront sans doute parmi les facteurs clefs de la victoire. Certains coureurs ont déjà navigué ensemble, pour d’autres, se sera une découverte mutuelle.
La préparation des marins est donc spécifique et doit inclure une préparation psychologique adaptée à cette cohabitation.
Pour ce faire, l’équipe de Jean-Yves Chauve a mis en place un programme de prévention adapté à cette problématique afin de préparer au mieux les skippers à cette vie en binôme. Durant la semaine précédent le départ, cette équipe sera à la disposition des skippers dans une tente AGF dressée au cœur du village pour s’assurer de leur bonne santé et pour répondre à leurs questions: comment organiser la vie à bord ? comment répartir les temps de sommeil ? comment gérer les conflits éventuels ? comment évaluer l’état de fatigue pour limiter les prises de risques …
Cette action est prolongée par une campagne d’affichage destinée au grand public présentée dans le village de course, qui donne des conseils de prévention pour mieux se défendre contre le mal de mer, bien se nourrir, lutter contre le froid, maîtriser sa sécurité… Dix thèmes de prévention nautique sont ainsi développés. Assureur nautique de premier plan, AGF souhaite que chaque plaisancier et passionné de mer s’approprie les gestes et comportements de sécurité.
Le dispositif sécurité et assistance en mer :
Après le départ de la course, Jean-Yves Chauve et son équipe seront joignables 24h/24 pour apporter aux coureurs soutien et conseils et, le cas échéant, pour organiser leur assistance..
L’équipe sera également présente à Salvador de Bahia pour les accueillir et contrôler leur état de santé.
La troisième voie italienne
Mascalzone Latino-Capitalia Team, troisième et dernier syndicat italien à déposer son challenge, a eu une année 2005 chargée. Il lui a fallu monter une équipe, acheter et modifier ses bateaux et bien sûr, participer aux six Louis Vuitton Acts de la saison. Comme on pouvait s´y attendre, avec un tel programme à remplir sur une aussi courte période, l´équipe a connu cette année des résultats en dent de scie avec quelques coups d´éclats d´un côté mais aussi quelques déconvenues. Au final, ils terminent la saison en neuvième position, assez loin du résultat espéré même s´ils ne sont qu´à quatre points du milieu de tableau.
« J´ai commis de nombreuses erreurs dans cette première manche et j´ai essayé de tout remettre à zéro dans mon esprit pour me concentrer sur la seconde » expliquait modestement Vasco Vascotto, leur génial skipper. Il emmènera finalement ses hommes jusqu´à la cinquième place dans les régates en flotte, leur meilleur résultat de la saison 2005. Mascalzone Latino enchaîna ensuite sur une belle épreuve de match racing à Malmö-Skåne avec une septième place et au passage quelques jolies victoires contre Victory et K-Challenge. Les régates en flotte suédoises (trois manches au lieu des cinq prévues au programme) furent moins brillantes mais leur pire résultat fut atteint à domicile lors des Trapani Louis Vuitton Acts où ils terminent 9e et 10e…une fin de saison décevante.
« Le fait d´être sur la plage avant me donne l´avantage de passer la ligne en premier, mais tout au long de cette semaine, j´avais surtout l´impression d´être le 19e homme ! » plaisantait leur N°1 Alberto Barovier après une des journées particulièrement difficiles à Trapani.
Le départ des funambules
Moins de 8 minutes et 3 milles plus tard, c’est la paire Le Cleac’h/Foxall (Foncia) qui prenait la tête au passage de la bouée Général Metzinger. Ils devançaient Groupama, Orange Project, Géant, Gitana 11, Sodebo, TIM, Brossard, Gitana X, Crêpes Whaou ! et Acanthe Ingénierie. Le départ de Banque Populaire était légèrement plus laborieux que ses adversaires. Souci de trinquette ou mauvais positionnement obligeant à empanner deux fois ? Quelques minutes après le départ, le duo Bidégorry/Lemonchois progressaient au ralenti tandis que leurs adversaires s´envolaient en jouant les funambules.
(Source : Transat Jacques Vabre)
Départ en fanfare pour les multicoques
Tels des funambules des mers, les dix trimarans en course ont franchi la ligne de départ sur un flotteur, coques fumantes. Lancés à plus de 30 nœuds en pointe, les duettistes ont immédiatement donné le tempo de cette 7e Transat Jacques Vabre : allegro. Premiers à franchir la ligne, la paire Bourgnon/Caudrelier (Brossard) a réalisé quelques impressionnantes figures de style. 2,5 milles et 7min. 48s après le départ, le duo franco-irlandais Le Cleac’h/Foxall (Foncia) contournait la bouée Général Metzinger en tête, devant Groupama et Orange Project. Pour Bidégorry/Lemonchois (Banque Populaire), le départ fut plus laborieux. Légèrement arrêté avant le coup de canon, le trimaran bleu a tardé à s’élancer, occupant immédiatement la queue de la flotte. La nuit prochaine s’annonce mouvementée pour la flotte des multicoques qui va rencontrer, à l’image des monocoques la nuit dernière, des vents soutenus et une mer très agitée entre la Bretagne et les côtes anglaises. Chez les multicoques Classe 2 (50 pieds), le père et le fils Escoffier, Franck-Yves et Kevin (Crêpes Whaou !), ont pris la tête dès le départ et pourraient bien l’occuper jusqu’à l’arrivée tant leur nouveau trimaran survole ses adversaires.
Le double vu par Desjoyeaux-Destremau
A quelques décennies près, Desjoyeaux et Destremau auraient pu former un sacré double au tennis. On parle là de Noël et de Bernard, respectivement grands-oncles de Michel et Hubert, qui furent à leur époque d’excellents joueurs de raquette : le premier, champion de France de double à la fin du XIXème siècle, le second, plus tard diplomate de renom, succéda aux célèbres Mousquetaires dans l’équipe de France de Coupe Davis et remporta Roland Garros en double en 1937 ! Anecdote amusante mais qui sait si leurs descendants n’ont pas hérité de quelques-unes de leurs qualités de joueur de double ? Car que ce soit sur la plate-forme d’un trimaran ou sur un court de Tennis – on a parfois coutume de comparer les dimensions de ces deux terrains de jeu – ce sont finalement les mêmes qualités requises par les duos : complémentarité, vista, émulation, don de soi et, disons-le, une certaine fraternité. En les entendant échanger sur leur Transat à 48 heures du départ, Michel et Hugues dégagent en tous les cas une complicité certaine. Quoi d’étonnant puisque leur arbre généalogique leur prête même un lointain cousinage – « peut-être par alliance mais ce n’est nullement certain mais qu’importe, l’amitié vaut tous les liens familiaux éloignés» répond, interrogée au téléphone sur la question, la mère de Michel qui s’y connaît en relation humaine. Et ces deux-là, que la chevelure frisée fait parfois confondre de loin, d’en sourire… Un sourire quasi identique, un sourire de double que l’idée de traverser l’Atlantique en course paraît autant séduire qu’une finale des Masters pour Santoro et Llodra…
Ecover en favori
La flotte des douze 60 pieds Imoca inclut toutes les têtes d’affiche de la classe. Le Britannique Mike Golding, qui fait équipe à bord d’Ecover avec le très expérimenté marin suisse Dominique Wavre, a confirmé qu’ils sont tous deux parfaitement prêts à se lancer sur ce parcours exigeant de 4 340 milles. Mike Golding qui en est à sa quatrième participation, a toujours terminé sur le podium. Cette fois, il est bien décidé à l’emporter et un bon résultat devrait pouvoir confirmer son titre de champion du monde IMOCA pour la deuxième année consécutive : « Pour moi, le but est de gagner. Tout tourne autour de ça et ç’est ça qui me fait revenir à chaque fois. Viser autre chose que la victoire, c’est un compromis, un compromis que, personnellement, je ne souhaite pas faire. Pour Dominique, c’est différent, moins critique. Mais pour moi, c’est essentiel et faire un bon boulot sur cette course me permettra de remporter les championnats du monde IMOCA et FICO. C’est très important à mes yeux. Etre champion IMOCA deux années de suite, surtout dans un cycle de Vendée Globe, c’est vraiment quelque chose. Je dois vraiment être régulier. »
Geronimo au far ouest
La ville de San Diego est entrée dans l’histoire de la voile sportive en 1995 avec l’America’s Cup. Avec des technologies, un design et du matériel similaires à ceux utilisés pour remporter la très convoitée America’s cup, Geronimo offre à la Californie ce qui se fait de mieux en matière de maxi multicoques. Olivier de Kersauson et son équipage viennent en effet de réaliser deux nouveaux temps de référence autour de l’Australie et avec la Tahiti Nui Challenge, parcours qui relie Sydney à Tahiti.Sur le chemin de la Californie, le skipper avoue avec une certaine impatience : « C’est un long chemin pour rejoindre la Californie, avec des vents de face. Mais Geronimo est surprenant dans ces conditions pour un multicoque. » Deux jours après son départ de Papeete, le trimaran avait déjà couvert 1 200 des 4 000 milles qui séparent San Diego de la Polynésie. Une moyenne qui devrait lui permettre d’entrer dans les eaux californiennes aux alentours du 6 novembre.Il sera alors temps de se préparer à tenter de battre les cinq jours, neuf heures, 18 minutes et 26 secondes établis en 1997 par Bruno Peyron pour rejoindre Hawaii. Une première si l’on considère que jamais un équipage n’avait tenté d’établir ce record durant les mois d’hiver de l’hémisphère Nord. Au vu des contraintes météorologiques et de la préparation, le départ devrait en effet être donné début décembreSource Rivacom
Les marins français de l’année
Depuis 2001, un jury de personnalités du monde de la voile réunis sous l’égide de la Fédération Française de Voile élit le “Marin”” de l’année. Se sont ainsi succédés Michel Desjoyeaux (Vendée Globe 2000/2001), Olivier Backès et Laurent Voiron (vice-champion du monde de Tornado), Xavier Rohart et Pascal Rambeau (champions du monde de Star) et enfin Faustine Merret (championne olympique de planche à voile à Athènes). C’est, comme il est de tradition depuis plusieurs années, dans les Salons du Journal L’Equipe, partenaire media de l’opération avec Radio France et Voiles et Voiliers, que le jury présidé cette année par le champion du Monde d’athlétisme, Stéphane Diagana, choisira donc le “”Marin”” de l’année 2005 sur une liste qui vient d’être publiée par la FFVoile.”


















