Louis Duc le skipper de l’IMOCA Fives-Lantana Environnement a le sourire à l’idée de prendre le départ ce mercredi mais il va falloir être ultra vigilant. 15 nœuds de vent, mer plate : les conditions attendues demain en Manche sont clémentes, mais ce ne sera pour autant pas une balade de santé : de nombreux pièges attendent les solitaires…
Louis Duc, skipper Fives – Lantana Environnement : « Il va y avoir du taff ! Ce qui m’embête le plus, ce sont les trois premières heures de course. Après un départ, c’est bien d’avoir un peu de temps pour se mettre dans le rythme, faire ses réglages. Là, comme le vent est dans l’axe, tout le monde va tirer des bords : il va falloir être ultra vigilant entre les IMOCA, les Classes Rhum, les Class40. Ça fait du monde sur zone. D’autant qu’il va y avoir un parc éolien à éviter entre Fréhel et Bréhat, on sera dans une zone de pêche, avec une petite bascule du vent à négocier, le tout le long des côtes et… de nuit ! Il va falloir bien dormir ce soir pour être en forme demain ! »
L’analyse d’Hervé Laurent, météorologue « La situation globale est plus maniable que si le départ avait été lancé dimanche dernier, mais les coureurs vont quand même avoir un front dépressionnaire à traverser vendredi matin, avec 30 voire 40 nœuds de vent et 4 mètres de creux. » Concrètement, cela se traduit par deux jours de près, face au vent et à la mer. « Ce ne sera pas très drôle, ni rapide… », résume Louis Duc. Une fois ce système météo négocié, le skipper Fives – Lantana Environnement va chercher à plonger vers les Açores, pour rejoindre les alizés. Mais cette « autoroute du sud » va se mériter : « Entre la 1ère dépression et les alizés, il y a une zone de transition située au niveau des Açores, qui s’annonce très stratégique : il va falloir être malin pour éviter de tomber dans des calmes, voire de vents contraires », prévient Hervé Laurent. Ensuite, la dernière phase de cette Route du Rhum devrait être une course de vitesse, en ligne droite vers la Guadeloupe. La bonne nouvelle, c’est que les alizés, ce flux subtropical qui pousse les solitaires vers l’arc antillais va reprendre du coffre et s’établir dès que les grosses dépressions qui ont agité l’Atlantique nord ces derniers jours seront passées.
Arnaud Boissières, skipper La Mie Câline s’apprête à prendre le départ de sa 4e Route du Rhum après 4 Vendée Globe. Avec l’ancien bateau de Sam Davies, il pense désormais à la performance.
« Nous sommes dans le vif du sujet après le briefing météo pour bien comprendre ce qui va nous attendre ce mercredi. C’est toujours important quelques jours avant le départ de se remémorer les bases. Cela fait déjà plusieurs jours que l’on sait que cela va être assez « rock and roll » avec près de 140 bateaux en course alignés et quelles que soient les conditions. C’est le jeu et c’est ça aussi le Rhum. C’est différent des autres courses. L’objectif premier c’est de prendre un bon départ et de partir un peu devant, cela évitera de devoir rattraper les plus petits, c’est important, encore plus cette année, pour pouvoir se libérer des ennuis. »
« Le trafic va être dense jusqu’en Guadeloupe, avec la densité de la flotte en course qui va traverser l’Atlantique et il n’y a pas que nous. Il y a les bateaux de pêche, des cargos et il y même un petit parc éolien pas loin…ça va mettre encore plus de piment. »
« C’est ma 4e Route du Rhum mais si j’ai fini quatre Vendée Globe, je n’ai fini que 2 Route du Rhum. J’avais dû abandonner la première mais en en 2010 j’ai fini 7e et la 3e avec la Mie Caline 2, j’ai fait 9e. Le bateau est fantastique. Il est ultra polyvalent. C’est le plus léger de la flotte. Sam a fait un super boulot avec son équipe. Elle a mis un mât court avec un grand J2, J0. Il est beaucoup plus maniable et facile que les autres bateaux et s’il est moins spectaculaire quand il vole, il reste performant, agréable à vivre.
Le bateau est plus puissant dans les phases d’accélération. Je me suis bien préparé en amont pour prendre la mesure du bateau. Je me suis entrainé avec Benjamin Dutreux et Yannick Bestaven. Sur les courses d’avant Rhum, j’ai fait 12e à la Bermudes. J’étais plutôt satisfait de ma course. La Vendée Arctique, je n’ai pas terminé. C’était compliqué mais c’était aussi une belle gifle pour se préparer. Je n’ai pas fait le defi Azimut pour passer du temps avec mes partenaires.
Comment je me situe par rapport à la flotte IMOCA ? C’est dur à dire, peut-être 12e sur 20. Il y a des bateaux neuf et ce n’est pas facile de savoir ce que cela va donner. Sur ce Rhum, il y aura des opportunité pour s’échapper et il faudra être dans le bon paquet. Il faut que j’arrive à rentrer dans les 10 premiers. J’ai le bateau pour et il est très bon dans les phases de transition. Si je repars sur une campagne Vendée Globe c’est pour jouer devant et avoir un bateau plus performant. On va faire évoluer le bateau, modifier l’étrave, acheter un nouveau jeu de voile. Clairement sur cette Route du Rhum, je cherche à scorer. Je ne cherche pas à me qualifier. Je vise un Top 7, c’est mon chiffre fétiche !
Le village a fermé ce dimanche tout comme le restaurant éphémère Escales Culinaires Guyader-Savéol qui a régalé nombre de coureurs et d’invités prestigieux avec le chef doublement étoilé Patrick Jeffroy autour du bateau skippé par Gwen Chapalain. Le goût du large autrement.
Dans la continuité des Escales Culinaires et l’amour du terroir breton, Patrick Jeffroy, chef doublement étoilé à Carantec pendant de nombreuses années accompagné par Guillaume Tirel ainsi que d’autres chefs Savéol aura offert une parenthèse unique à nombre d’invités le temps d’un déjeuner devant les ultimes encore à quai. L’occasion également d’échanger avec Christian Guyader passionné de course au large qui a participé déjà à la Route du Rhum et qui accompagne Gwen Chapalain pour cette édition.
Patrick Jeffroy : Le bilan est positif ! J’ai la chance de disposer d’un matériel incroyable comme si nous étions dans une vraie cuisine de restaurant avec des outils superbes ! Nous avons aussi de beaux produits. Je suis également bien entouré en cuisine avec des jeunes de l’école hôtelière de dinard et un second de qualité, Guillaume Tirel, fils de restaurateur et restaurateur lui-même de renom de la région. En salle, Christine mon ancienne assistante du restaurant à Carantec est une vraie professionnelle. Guillaume Tirel : J’avais déjà cuisiné lors du congrès international de Davos dans une cuisine éphémère donc je connais un peu les contraintes liées à ce type d’installation. J’ai beaucoup de plaisir à travailler avec Patrick Jeffroy. Je rejoins Patrick sur le fait que nous travaillons avec d’excellents produits et producteurs bretons. Le pain par exemple vient du Fournil de Bonaban à La Gouesnière qui est un boulanger qui travaille vraiment avec passion.
Pour Gwen Chapalain, bonne nouvelle, le départ s’annonce nettement plus maniable que le précédent finalement avorté. Il reste cependant complexe, avec notamment des premiers milles à effectuer au près pour sortir de la Manche puis deux passages de fronts dans la foulée. « Ce qui est certain, c’est que l’on était tous mieux à terre qu’en mer ce lundi », assure le skipper du catamaran ORC50 Guyader – Savéol qui décortique chaque nouveau fichier météo avec son équipe, et ne cache pas son impatience de rentrer à présent dans le vif du sujet. « Il va falloir choisir entre la route de la performance et celle de la sagesse », note le Douarneniste. De fait, après des premiers milles dans du vent médium au près à tricoter le long de la Bretagne nord, tout en jouant au mieux avec les courants, le navigateur va devoir opérer un choix de route important en mer d’Iroise. Ouest ou sud ? Tel sera le dilemme. « Il faudra trouver la bonne porte. Aller dans l’ouest signifie potentiellement prendre un peu cher. Pour ma part, je me mets des seuils de mer et de vent dans lesquels je ne souhaite pas aller pour préserver l’intégrité du bateau, le but premier étant d’arriver de l’autre côté », détaille Gwen qui s’attend à une traversée intéressante sur le plan stratégique, mais aussi plutôt rapide, avec une trajectoire très proche de la route directe. « Pour l’heure, je reste concentré. Il ne reste plus que quelques fruits et légumes à ajouter à mon avitaillement et, bien sûr, quelques crêpes fraîches », termine Gwen Chapalain qui empruntera l’écluse de la Cité Corsaire demain à 6h20 avant de rallier la zone de départ au large de la pointe du Grouin… puis de mettre le cap sur les Antilles !
Pour Corentin Douguet la météo promet une traversée de l’Atlantique express – entre 14 et 15 jours pour les Class40. « Pas simple mais rigolo », résume le skipper de Quéguiner – Innoveo qui va devoir faire les bons choix stratégiques pour sortir de la Manche et rejoindre les Açores, mais aussi montrer sa capacité à naviguer pied au plancher dans la durée. Et pour cause, sur les 3 542 milles du parcours entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre tels qu’ils se dessinent pour cette 12e édition, il va en effet s’agir d’être à la fois sprinteur et marathonien !
« On était déjà prêt à partir dimanche alors forcément on l’est pour demain. Il n’y a plus grand-chose à faire sinon l’avitaillement du frais. Il est temps de s’élancer et de mettre le cap sur les Antilles ! Ça s’annonce rapide avec une trajectoire assez proche de la route directe », assure Corentin Douguet qui pourrait donc mettre entre 14 et 15 jours pour rallier Pointe-à-Pitre et ainsi nettement améliorer le temps de référence de la course établit par Yoann Richomme lors de la dernière édition, il y a quatre ans : 16 jours, 3 heures, 22 minutes et 44 secondes. « La Route du Rhum est avant tout une course et le but du jeu est d’arriver avant les autres », rappelle toutefois le skipper de Quéguiner – Innoveo qui ne se trompe pas d’objectif et reste focalisé sur l’essentiel, comme à son habitude. « Si c’est une transat rapide, cela voudra dire que l’on a eu de belles conditions de navigations et c’est tout ce qui importe pour nous. Pour l’heure, les fichiers ont l’air à peu près d’accord et on a un schéma à peu près défini en tête. Tout peut cependant encore évoluer et de petites nuances sont susceptibles de faire de grosses différences, comme après le passage du premier front, vendredi, avec, potentiellement une belle zone de molle à traverser », note le Nantais qui sait que sur l’eau, rien ne se passe jamais comme prévu ou, à tout le moins, que rien n’est aussi simple qu’il n’y paraît.
De la stratégie importante dans les premiers milles « Traverser l’Atlantique, ce n’est pas anodin », rappelle le navigateur qui s’apprête à réaliser l’exercice pour la neuvième fois de sa carrière en course (la dixième au total et la troisième en solo). « Il peut se passer beaucoup de choses même si, a priori, on est sur un classique du genre, avec deux fronts à passer avant de cavaler pour passer sous l’anticyclone des Açores qui semble se remettre en place. On ne sait pas encore si les alizés vont rester établis ou non, et une petite onde tropicale sur la fin du parcours pourrait bien redistribuer les cartes. Ce ne sera pas simple mais rigolo. Je pense que l’on va avoir une belle Route du Rhum et, au vu des conditions, beaucoup de bateaux à l’arrivée », se réjouit Corentin, visiblement serein à la veille du grand départ et plus déterminé que jamais à aller inscrire son nom au palmarès de l’épreuve. « On va partir avec une petite vingtaine de nœuds de vent puis tirer des bords au près le long de la Bretagne. Pour le coup, j’ai déjà deux-trois repères », relate le marin dont l’expérience sur le circuit Figaro Bénéteau sera assurément un atout. « Le scénario du début de course n’est pas totalement pour me déplaire même si, comme tout le monde, j’aime bien faire du bateau dans le sens du vent plutôt que le contraire. On va dire que ça ne me déplait pas en termes de performance. A moi de tirer les bons bords et de faire les bons choix stratégiques ! », termine Corentin Douguet qui, pour information, empruntera l’écluse du port de la Cité Corsaire demain à 8h20, avant de rejoindre la zone de départ.
Pour Erwan Le Roux le nouveau contexte météo de la course s’annonce à la fois passionnant sur le plan stratégique et rapide. Tellement que si l’on en croit les derniers routages, le temps de référence des Ocean Fifty établit par le Trinitain en 2014 (11 jours, 5 heures, 13 minutes et 55 secondes) pourrait tomber.
« On pourrait mettre moins de dix jours cette année car la trajectoire idéale est très proche de la route directe. Mais ça, c’est sur le papier. Dans les faits, on ne sait pas dans quelle mesure les petites « patates » sur l’avant du grand front froid qui nous attend à la longitude des Açores vont perturber la situation car on ne connait jamais trop leurs trajectoires », note le skipper de Koesio qui ne cache pas son impatience d’en découdre.
« Je suis en forme et prêt à entrer en action. Ça s’annonce bien. On va partir au près dans 15-20 nœuds de vent. Ce ne sera pas simple de sortir de la Manche. Il faudra jouer avec les différences de pression du vent et les courants, tantôt à terre, tantôt au large. Dans tous les cas, on va vite se retrouver à Portsall avec la possibilité de passer dans le Four ou dans le Fromveur. On verra ça le moment venu », détaille Erwan dont le plan d’attaque est globalement très clair jusqu’au passage d’un premier front au large du cap Finisterre, puis d’un deuxième, plus fort, dans la foulée.
« Il va y avoir des choses à faire. D’emblée, on pourra perdre ou gagner du terrain. En mer d’Iroise, plusieurs choix seront possibles. Pour l’heure, la route ouest ressemble à une route de jeu vidéo, avec une mer abominable. Je ne l’envisage pas, en tous les cas pour le moment », assure le Morbihannais qui entrera en piste demain après-midi après avoir embouqué le Pertuis puis l’écluse de la cité Corsaire ce mardi soir, aux alentours de 20 heures.
Le briefing météo de l’organisation aux skippers ce mardi 8 novembre, veille du départ laisse présager une météo classique pour cetteédition. Une transat d’automne qui restera engagée avec deux passages de front à passer pour les concurrents.
Si les conditions s’annoncent modérées pour le départ, 15-20 nœuds de vent d’ouest/sud-ouest, 1,50 m de houle, un ciel qui devrait laisser la part belle aux éclaircies, le départ tant attendu de la 12e Route du Rhum – Destination Guadeloupe avec 138 bateaux devrait être exceptionnel ! un système dépressionnaire situé sur l’atlantique offrira beaucoup de jeu dès les premiers jours. Entre jeudi et vendredi une dépression tropicale va remonter très vite au nord amenant beaucoup de pluie et des vents assez forts avec une zone de transition en avant qu’il faudra traverser. Les modèles divergent encore entre eux et il faudra attendre les derniers fichiers météos mercredi matin pour avoir une vision précise des enchaînements.
Interrogé à la sortie du briefing, Jean-Luc Nélias nous en dit plus : “La météo s’annonce tonique. Ce sera encore agité. Il y aura des routes pour se protéger mais les routes gagnantes se joueront encore dans du vent fort. Il y a deux enchainements météo qui vont être difficiles à vivre.”
Si les conditions seront beaucoup plus maniables que dimanche dernier, le départ et les heures qui suivent ne seront pas simples : « Il va falloir tirer des bords dès le départ à 138 bateaux, ce ne sera pas évident. Il y a des zones à éviter, notamment le parc éolien (devant la baie de Saint-Brieuc, ndlr). Il y a des bouées tout autour du parc, et lors du convoyage pour venir à Saint-Malo nous sommes passés très près de l’une d’entre elles, nous ne l’avions pas vue. Ce sera un début de course sous tension », souligne Arnaud Boissières (La Mie Câline).
Croisements de bateaux, courants, zones interdites à la navigation, filets de pêche dérivants dans le nord-ouest du plateau des Minquiers, coquilleurs le long de la côte, les pièges seront nombreux. Louis Duc (FIVES – LANTANA ENVIRONNEMENT) explique : « Il va y avoir du taff ! Ce qui m’embête le plus, ce sont les trois premières heures de course. Après un départ, c’est bien d’avoir un peu de temps pour se mettre dans le rythme, faire ses réglages. Là, comme le vent est dans l’axe, tout le monde va tirer des bords : il va falloir être ultra vigilant ».
Météo : des choix stratégiques cruciaux La sortie de Manche permettra à chacun de se mettre dans son rythme et les premiers choix stratégiques interviendront à Ouessant. En effet, un premier front froid commandé par une perturbation centrée sur l’Islande attend la flotte à partir de jeudi (pour les Ultim 32/23) avec des vents de 30 à 35 nœuds de sud/sud-ouest sur son avant. Il est rejoint par un second front ce qui promet une bascule de vent à l’ouest/nord-ouest de courte durée. « La transition ne sera pas franche et l’incertitude demeure quant à la force du vent sur l’arrière du front », expliquait Cyrille Duchesne ce matin. Autre obstacle à surveiller, une ondulation remonte dans la nuit de jeudi à vendredi des Açores à l’Irlande et peut générer un développement actif et des vents potentiellement supérieurs à 40 nœuds. « Dans ces conditions d’incertitude, il n’est pas certain que le jeu d’une route plein ouest soit forcément payant et beaucoup de skippers s’interrogeront sur la meilleure façon de se préserver en gagnant au Sud dès la sortie de la Manche », concluait le météorologue.
Attraper les alizés Dès samedi, l’anticyclone des Açores prolongé par une dorsale reprend sa place conventionnelle au large des Açores. Alors que les premiers chercheront à rejoindre l’alizé en allant empanner sur sa bordure orientale, les classes moins rapides devront exploiter les petites bascules à l’ouest pour gagner au sud sur une route moins proche de l’orthodromie et nettement moins rapide. Maxime Sorel (V and B – Monbana – Mayenne) analyse la situation pour les IMOCA : « Dès vendredi, nous allons entrer dans le vif du sujet avec un premier front à négocier tôt le matin, 5 à 6 mètres de houle et des rafales possibles à plus de 40 nœuds ce qui ne sera pas de tout repos. Derrière ce front, nous nous attendons à une zone de transition sans vent qui ne sera pas facile à vivre mais qui nous donnera un peu de répit avant un deuxième front un peu moins actif. Par la suite, nous allons essayer de glisser au sud de l’anticyclone des Açores en choquant nos voiles peu à peu pour se retrouver dans les alizés au portant. »
Réactions Yves Le Blévec (Actual Ultim 3) – Ultim 32/23 : « On voit bien que le schéma général ne nous place plus dans l’impasse de dimanche. Les conditions seront très bonnes pour lancer le départ et sortir de la Manche. Dès la sortie, la météo imposera des choix de route assez marqués. Il est possible que la situation se dégrade sur le premier front et le routage lui n’a jamais peur. Donc je ne fais aucune prédiction de temps de course et je m’apprête à m’adapter au dernier moment à l’évolution de la situation. J’ai pu bien me reposer notamment hier et j’ai repris ma routine de préparation après une journée de dimanche assez sollicitante. Je suis prêt. »
Armel Tripon (Les P’tits Doudous) – Ocean Fifty : « Ça va être tonique. Le passage du front n’est pas encore très clair et ça peut se creuser. Il y aura deux stratégies après Ouessant. Tirer la barre et partir à l’Ouest dans le dur ou se protéger un peu en se décalant Sud. Je ne sais pas s’il faudra aller traverser le second front. Les modèles ne sont pas calés et il est peut-être possible de rejoindre la bordure de l’anticyclone dès le premier front, ce qui fait plutôt envie évidemment. »
Tanguy Le Turquais (LAZARE) – IMOCA : « J’ai des fourmis dans les jambes. Le report du départ est un exercice mental assez difficile mais on commence à avoir l’habitude des transatlantiques reportées. Je sais comment réagir. La première semaine de course reste tendue, la grosse différence c’est qu’il y a des échappatoires au Sud. Ceux qui ne se sentent pas d’aller affronter les fronts peuvent avoir du vent moins fort. Je ne veux pas mettre la compétition de côté donc je ferai la trajectoire optimale. »
Kojiro Shiraishi (DMG MORI Global One) – IMOCA : « Le bateau est prêt, je remercie mon équipe d’ailleurs car tout le monde a bien travaillé. Je suis content de partir et je veux arriver le plus vite possible car mon sponsor m’attend en Guadeloupe et il doit repartir rapidement ! Je vais essayer de ne pas faire de choses trop extrêmes, je vais y aller le plus « safe » possible pour être sûr d’arriver en Guadeloupe. On a défini un plan de course avec l’équipe, on s’est dit que l’on voulait aller vite en préservant le bateau. »
Jean Galfione (Serenis Consulting) – Class40 : « On repense enfin à la course, à aller vite et la tension de la course revient. Il y aura des fronts à passer, c’est encore un peu instable et il y a plusieurs tendances qui se dégagent. Je vais essayer de faire les choses proprement, ne pas être en mode ‘fou furieux’ et préserver le bateau pour ne pas casser. Je sais que je ne vais pas bien dormir cette nuit mais c’est une bonne chose : ça montre que je suis concerné et déjà très concentré. »
Laurent Etheimer (Happy) – Rhum Multi : « On va faire 5 jours de près, ce n’est pas le point fort du bateau mais tant pis, on verra bien. J’ai déjà ma petite idée sur les options, à affiner bien-sûr mais, en gros, on devrait couper le Golfe pour faire une route au près jusqu’aux Açores : une route assez directe, c’est pas mal. »
Guy Pronier (Terranimo) – Rhum Mono : « Il va falloir décider si on est sage … ou pas ! Pour ma part, la décision se prendra avec mon équipe à terre en fonction de la façon dont je vais vivre ce début de course et dont je me sentirai à la sortie de Manche : soit je me sens en forme et combattant auquel cas j’attaquerai ; soit je lèverai le pied pour faire un peu de sud et faire le tour par en-dessous. »
Kito de Pavant, skipper du Class40 HBF – Reforest’Action salue le report du départ et nous en dit plus sur les conditions météos qui attendent les skippers mercredi.
” Les 15 jours que nous avons passés ici à Saint-Malo ont été denses. Hier, comme prévu, le village et les quais se sont vidés des dizaines de milliers de personnes qui passaient chaque jour pour voir nos jolis bateaux. On n’a pas l’habitude d’avoir ce temps disponible avant de partir en course, donc on va le mettre à profit !
Le report du départ était une sage décision de la part des organisateurs et de la direction de course [à lire dans le carnet de bord sur le site de Voiles et Voiliers]. C’est une bonne chose que les 138 bateaux repartent en même temps dans des conditions plus maniables. Mais ça ne sera pas facile non plus ! Mercredi, au large de Saint-Malo, il y aura une quinzaine de nœuds de vent d’ouest. Après la ligne de départ située au large de la pointe du Grouin, il nous faudra donc tirer des bords pendant 3 ou 4 heures jusqu’au cap Fréhel. Soit 16 milles avec le courant de face, très fort, la pleine lune entrainant de forts coefficients de marée. Les premières heures vont être difficiles, toniques, avec beaucoup de virements de bord dans 15-20 nœuds de vent. Puis le courant va s’inverser comme toutes les six heures.
Deux fronts, puis tout schuss jusqu’aux Antilles
Il faudra ensuite négocier l’arrivée de deux fronts avec du vent de sud : un premier pas trop fort avec 30 nœuds puis un second qui pourrait arriver vite avec 40-45 nœuds en Atlantique. La suite, c’est une descente rapide vers les Antilles avec du vent jusqu’au bout. Les 6 classes de cette 12e édition de la Route du Rhum devraient aller vite. Les routages annoncent 14 jours pour nous, c’est peut-être un peu optimiste… Entre la théorie et la réalité, il y a souvent un petit décalage, donc je mise sur 15 jours de navigation et je garde 17 jours de nourriture à bord parce qu’il reste beaucoup d’incertitudes. Comme avant chaque départ de course, on se pose beaucoup de questions, on s’interroge sur les difficultés que l’on va rencontrer. Mais en fait, ce n’est pas plus compliqué que d’habitude.”
GITANA, Maxi Edmond de Rothschild. DRoneNavigation Média .14 September, 2017.
Avec le report du départ, les conditions météos pourraient s’annoncer propices pour battre le record de la course établi par Francis Joyon en 2018 avec une course qui pourrait durer moins de 6 jours en Ultim !
7 jours, 14 heures, 21 minutes et 47 secondes. C’est très précisément le record absolu de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe, établi en 2018 par Francis Joyon à bord de son fidèle IDEC Sport, un trimaran lancé en 2006. Depuis, les progrès réalisés sur les Ultim 32/23 ont été considérables, extraordinaires même. Sur le papier, le record de Joyon est tout à fait prenable. Encore faut-il que la météo le permette, ce qui semble être le cas avec un départ le mercredi 9 novembre.
Une course de moins de 6 jours pour les premiers Ultim 32/23 ? Tout comme Franck Cammas, vainqueur de La Route du Rhum 2010, le navigateur Morgan Lagravière fait partie de la cellule de routage qui entoure Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild). « En partant dimanche, l’espoir de battre le record était réduit car les conditions vraiment très fortes auraient impacté la gestion du bateau et donc sa vitesse. Il y avait beaucoup d’incertitudes sur les premiers jours de course, explique Morgan. Avec le report du départ à mercredi, la situation change clairement. Aujourd’hui, les deux modèles de prévision auxquels nous avons accès (CEP et GFS) sont en phase. Quand on lance des routages, les temps de course sont très intéressants en Ultim 32/23, en dessous du record avec une traversée possible en un peu moins de 6 jours ! Bien sûr, pour Charles Caudrelier et ses concurrents, la grande priorité est d’arriver avant les autres. Mais passer sous la semaine de course, avec un record à la clé, ce serait un joli bonus. » Christian Dumard, notamment routeur de Francis Joyon (IDEC Sport), voit lui aussi une course très rapide. « Le début ne sera quand même pas tout rose avec le passage d’un front fort et une mer formée ; on est quand-même sur un départ de Route du Rhum !, prévient-il. Ensuite ça devrait aller vite pour toutes les classes de bateaux et particulièrement les Ultim 32/23. S’ils ne cassent pas, on pourrait être sur un scénario à 6 jours, voire 5 jours et demi ! »
En IMOCA aussi le record pourrait bien tomber En IMOCA, le record de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe est détenu par François Gabart depuis l’édition 2014. Son temps de course : 12 jours 4 heures 38 minutes et 55 secondes. Il naviguait sur un bateau mis à l’eau en 2011 et non équipé de foils. Cet IMOCA est d’ailleurs au départ cette année, entre les mains de Benjamin Ferré (Monnoyeur – Duo For a Job). Les progrès ont été considérables depuis avec l’avènement des foilers de plus en plus performants, surtout aux allures de reaching (vent de travers) et de portant. Morgan Lagravière fait également partie de la cellule météo de Thomas Ruyant (LinkedOut). « Les routages pour les meilleurs IMOCA donnent un temps de course de moins de 11 jours, dit-il. Le début de course sera délicat, avec un premier front à passer. Ensuite, les conditions seront favorables avec un vent permettant de progresser au travers et au portant, des allures propices à la vitesse. Les alizés semblent bien établis. Autre paramètre engageant : les trajectoires pourront être assez proches de l’orthodromie, la route directe. » Christian Dumard, qui travaille la météo avec plusieurs skippers IMOCA, voit lui aussi un temps de course de 10 à 11 jours. « L’arbitre sera l’état de la mer qui leur permettra de tenir les routages ou pas », souligne-t-il.
Ocean Fifty : l’Atlantique en 10 jours ? Les Ocean Fifty seront probablement un peu moins rapides que les derniers IMOCA pendant les 3 ou 4 premiers jours de course où la flotte va filer presque plein Ouest comme si l’arrivée se disputait à Charleston ! Ensuite, ils devraient reprendre un petit ascendant dans l’alizé. Pour les trimarans de 50 pieds, la navigation promet d’être très tonique et assez engagée compte tenu de l’état de la mer qui s’annonce forte notamment entre les Açores et l’Irlande. En Ocean Fifty, le record de l’épreuve a été établi en 2014 par Erwan Le Roux en 11 jours 5 heures 13 minutes et 55 secondes. A nouveau engagé cette année, le skipper de Koesio est optimiste quant à la possibilité de faire mieux : « Sur le précédent départ, nous étions sur un parcours de 11 jours. Là, on tombe à moins de 10 car la route idéale est très proche de l’orthodromie. Il faudra quand même bien se méfier des petites “patates” sur l’avant du grand front froid qui nous attend à la longitude des Açores. »
Class40 : le record plus que jamais en ligne de mire Le record détenu par Yoann Richomme depuis 4 ans (16 jours, 3 heures, 22 minutes et 44 secondes) a de forte chance d’être battu à Pointe-à-Pitre, en Région Guadeloupe. Tanguy Leglatin suit de nombreux skippers en Class40. « A priori, on part sur une configuration de course proche de la route directe, avec sans doute le même nombre de fronts ou un de moins. Ça devrait aller plus vite », explique-t-il. Christian Dumard fait un constat similaire : « Même si ça reste très loin en termes de prévision, les Class40 pourraient boucler la course vite, peut-être en 14 ou 15 jours. » Fabien Delahaye, qui travaille notamment auprès de Yoann Richomme (Paprec – Arkéa) et de Corentin Douguet (Queguiner – Innoveo) poursuit l’analyse : « Dès la pointe Bretagne, il y a des routes qui permettent d’avoir le champ libre pour faire des choix stratégiques. Il faut voir comment la météo va évoluer mais le record est complétement possible. » Au-delà des conditions météorologiques, plusieurs facteurs rentrent en compte : la puissance et la facilité à passer la mer des nouveaux bateaux (les scow) et le fait qu’il va y avoir du match jusqu’au bout. Le fait de batailler en permanence en tête de course contribue à accélérer le rythme global. « Les concurrents se regardent en permanence, ils savent très bien si un autre skipper tire plus sur son bateau. On verra où ils sont prêts à mettre le curseur dans l’engagement », conclut Tanguy Leglatin.
Enfin, dans les catégories Rhum Multi et Rhum Mono, les marins s’attendent eux aussi à bien filer sur l’Atlantique, à l’instar de Fabrice Payen (Ille-et-Vilaine Cap vers l’inclusion) : « Je vais continuer à suivre l’évolution des fichiers mais on devrait partir dans des conditions favorables. La bonne nouvelle, c’est que les fichiers nous envoient sur une route proche de la route la plus courte. On va en profiter, cela relance la course par rapport au départ initial. On peut s’attendre à de belles bagarres dans toutes les classes, avec des temps de parcours rapides. »
Tanguy Le Turquais après plusieurs années en Figaro est arrivé sur le circuit IMOCA en rachetant le bateau de Damien Séguin, l’ex-Apicil et ex-DCNS. Il prendra le départ de sa première transat en solo en IMOCA. L’objectif : terminer et convaincre de nouveaux partenaires.
« J’ai acheté le bateau au mois de janvier puis – n’ayant pas eu le temps de trouver des partenaires – je l’ai loué à Banque Populaire à Nicolas Lunven pour la Transat Jacques Vabre en échange d’une remise à niveau du bateau. Je l’ai récupéré au retour de la Jacques Vabre. Ma première course a été sur le Défi Azimut où j’ai fini 9e, premier bateau à dérives. Le bateau est assez facile et je me sens à l’aise dessus. Pour la suite, il me manque encore du budget, 2M€ au total pour pouvoir faire le Vendée Globe. Pour l’instant, on a plusieurs petits partenaires aux côtés de l’association Lazare que je soutiens. Le plus dur a été de lancer le projet au début, acheter le bateau puis écrire l’histoire et convaincre. Tout cela est arrivé assez tard pour cette Route du Rhum mais nous y sommes parvenus en septembre. Clarisse m’aide dans mon projet. Je lui pose beaucoup de questions. Je n’ai que des ministes dans mon équipe qui m’entourent. Mon objectif sur cette Route du Rhum, c’est de terminer et me qualifier pour le Vendée Globe. Cela m’aidera à faire venir d’autres partenaires. J’ai envie aussi de découvrir 15 jours en solo sur un bateau de cette dimension-là. Ce sera ma première fois et si je n’appréhende pas la course, j’irai aussi avec des pincettes. »
Tanguy Le Turquais, 32 ans, est désormais un nom bien connu dans le milieu de la course au large. En effet, il a marqué les esprits ces dernières années, tout d’abord en Mini 6.50 où il performe et se convainc d’en faire son métier, puis sur le circuit Figaro où il s’est structuré, a beaucoup appris, s’est bien entouré et fut l’animateur de courses prestigieuses durant cinq saisons. Le marin souhaite poursuivre cette dynamique et pour cela, se lance un nouveau défi : celui de réaliser l’un de ses rêves d’enfant, être au départ du Vendée Globe 2024. Il y sera coûte que coûte, il cherche simplement le chanceux partenaire qui l’accompagnera dans cette merveilleuse aventure humaine et sportive.
La naissance de ce métier/passion
Tanguy a été élevé sur un bateau par un papa passionné et attiré par la course au large, semant très tôt une petite graine dans la tête de ce jeune marin en herbe. A 20 ans il accompagne alors la Mini Transat sur un bateau de l’organisation et décide à son tour d’y participer sur un Mini6.50, d’abord en 2013 puis en 2015 avec deux titres de champion de France à la clé. Ces projets et performances ont vu le jour grâce au soutien sans faille de sa compagne, Clarisse Crémer. « En posant le pieds à terre après ma première mini en 2013, j’ai eu un déclic : ok j’ai vraiment envie d’en faire mon métier. Avec Clarisse, on était jeunes, on n’avait pas un sous en poche et on a réussi à deux à réaliser cette Mini Transat. Si on a été capables de faire ça avec rien, on sera capables de tout ensuite. » raconte Tanguy, heureux de se replonger dans ces beaux souvenirs.
Du Mini6.50 au Figaro … du Figaro au Vendée Globe
Ses expériences réussies en Mini6.50 (6e en 2013 et 3e en 2015) rendent son rêve de Vendée Globe un peu plus réalisable mais à cette époque, la marche est encore trop haute. Tanguy va donc passer par la case Figaro, un excellent tremplin, l’école la plus réputée de la course au large en solitaire. C’est la classe idéale pour poursuivre son apprentissage, se professionnaliser, gérer des projets et des budgets ambitieux dans le but de se structurer. Ces cinq années, sous les couleurs de Nibelis, Everial ou dernièrement le Groupe Quéguiner, furent très enrichissantes et jalonnées de beaux résultats. La caisse à outils du marin est donc bien remplie pour prétendre à vouloir participer au Vendée Globe 2024.
En parallèle, Clarisse progresse dans le milieu à vitesse grand V et se retrouve au départ de ce tour du monde en 2020. Tanguy va donc vivre la course de l’intérieur boostant encore plus son désir de s’attaquer à ce monument de la course au large. « J’ai envie de me jeter dans l’aventure, d’y aller à bras le corps et de rendre fier le gamin qui rêvait de Vendée Globe au sens propre du terme. C’était quelque chose de tellement lointain, que je ne pensais vraiment pas réalisable, mais maintenant, en voyant où j’en suis et le chemin parcouru, je me dis que le rêve pourrait devenir une réalité. » déclare Tanguy.
« Je veux boucler la boucle ! » le message est clair, Tanguy ambitionne d’être au départ de ce fabuleux tour du monde, sans escales et sans assistance dans 3 ans. Pourquoi ? Pour le terrain de jeu unique, le support technologique passionnant qu’est l’IMOCA et l’exigence de la compétition. Pour cela, il y a encore du travail mais il est confiant et se donnera tous les moyens pour parvenir à ses fins. La priorité numéro une est de trouver les investisseurs pour acheter un bateau et chercher les partenaires qui accompagneront le projet. En parallèle, Tanguy et son équipe sont prêts, le schéma pour y arriver est précis « Aujourd’hui, nous avons conscience que l’on a un produit marketing fort et rentable à proposer : Le Vendée globe. L’engouement incroyable autour de l’édition 2020 confirme son intérêt. Nous sommes très confiants dans l’intérêt et la pertinence de ce projet et savons que nous serons au départ, nous cherchons juste le chanceux qui nous rejoindra ! » s’amuse-t-il à raconter.
Ils sont huit skippers de la classe Ocean Fifty sur cette Route du Rhum. Sam Goodshild sur Leyton part favori mais le jeu reste ouvert avec des skippers qui n’ont pas tous l’expérience du solo et des bateaux qui les exposent différemment aux éléments.
Le report du départ a été plutôt vécu comme un soulagement pour les skippers d’Ocean Fifty dont les bateaux, trimarans de 50 pieds demande beaucoup d’engagement. Les conditions météorologiques annoncées pour le départ décalé mercredi à 14h15 sont plus clémentes que ce qui était prévu dimanche mais restent viriles. Thibaut Vauchel-Camus : « La situation a changé mais cela reste une transat en solitaire d’automne. Il va y avoir du vent puissant et ce ne sera pas facile. Ça va envoyer du bois ! » Thibaut pourra compter sur Vincent Riou pour son routage : « Les conditions pour le début de cette Route du Rhum restent viriles mais correctes. Elles sont acceptables pour les Ocean Fifty mais elles vont être tout de même musclées et engagées. Thibaut va avoir deux fronts à franchir avec, pour le premier, possiblement des rafales à 35 nœuds et 45 nœuds pour le deuxième. Cela reste fort mais à la différence de ce qui était pressenti dimanche, la mer sera moins rude avec une houle qui ne devrait pas dépasser les 5 mètres. Ensuite, les alizés sont présents et on devrait réussir à passer sous l’anticyclone des Açores. »
Quentin Vlaminck – Arkema – Route du Rhum 2022 – Photo CALPrimonial – Sébastien Rogues – Route du Rhum 2022 Photo : CALKomilfo – Eric Péron – Route du Rhum 2022 Photo : CALLeyton – Sam Goodshild – Route du Rhum 2022 Photo : CALLes Petits Doudous – Armel Tripon – Route du Rhum 2022 Photo : CALroute du Rhum 2022 Photo : CALCGA – 1001 sourires Gilles Lamiré – route du Rhum 2022 Photo : CALThibaut Vauchel-Camus – Arsep – Solidaires en Peloton
route du Rhum 2022 Photo : CAL
Si en IMOCA la tendance des nouveaux bateaux est de s’enfermer pour se protéger et gagner en performance, en Ocean Fifty, toutes les configurations de cockpits sont différentes. Erwan Le Roux sur Koesio, Quentin Vlaminck sur Arkema, Sébastien Rogues sur Primonial et Sam Goodshild sur Leyton ont des casquettes qui les protègent particulièrement bien comparés aux autres bateaux. C’est moins le cas pour Thibaud Vauchel-Camus sur Arsep-Solidaires en Peloton. Un choix assumé pour des raisons de temps et de budget: « Je me suis conforté dans mes choix avec cette casquette. Il faut accepter d’être dans le brouillard, dans les embruns, faire corps avec le bateau et cela permet une sensibilité aux éléments. Oui cela peut jouer sur la performance mais j’y vois un avantage d’être toujours en tenue, prêt à sortir à tout moment pour choquer. Avec mon gabarit, ma petite niche me suffit et j’ai un pont dans lequel je me sens à l’aise. Je ne voulais pas reconsidérer les choses. »
Erwan Le Roux dispose de l’un des bateaux les mieux protégés de la flotte : « Je crois que c’est un avantage. Cela permet de régler à l’abri. Cela joue sur la fraicheur et la lucidité. ». Eric Péron sur Komilfo a pu mettre le bateau à sa main. Il sera assez protégé même si son plancher trop haut l’a empêché de tout recouvrir.
Si le niveau d’engagement sera déterminant sur la course, l’expérience en solitaire sur ces multicoques sera un facteur clé du succès. Sam Goodshild, favori au départ assume : « J’assume mon rôle de favori mais je connais la qualité des autres skippers qui ont de l’expérience en solo comme Erwan et Thibaut. La dernière édition il y avait eu 3 favoris et c’est le 4e qui a gagné. J’ai envie de faire cela bien. J’ai beaucoup préparé la course en solitaire. J’ai pris confiance notamment sur la Drheam Cup. » Sébastien Rogues sur Primonial s’il entend bien gagner mais ne veut pas naviguer au-delà de son niveau en solitaire : « Je me sens prêt. Je pars avec le bateau avec lequel j’aurai rêvé partir avec le niveau de fiabilité que l’on a. Je le connais hyper bien mais ce sera ma première transat en solo en Ocean Fifty. C’est un exercice que je n’ai jamais fait et je m’attends à ce que ce soit l’un des exercices les plus durs en course au large. Je vais y aller avec mon niveau mais pas au-delà. Mon réel objectif c’est de finir n’ayant pas terminé en 2014. Je ne veux pas commencer à être le gars qui ne termine pas surtout une Route du Rhum qui a lieu seulement tous les 4 ans. »
Comme dans la catégorie Ultime, les Ocean Fifty auront droit au routage pour des questions de sécurité. Le choix des routeurs jouera certainement dans la performance des skippers. Erwan Le Roux et Sam Goodshils se sont offerts les services des meilleurs routeurs avec respectivement le duo Jean-Yves Bernot et Yann Eliès pour le premier et Marcel van Triest et Nicolas Lunven pour le second. Thibaut Vauchel-Camus s’appuiera sur Vincent Riou et Sébastien Rogues sur Pierre Quiroga.