mercredi 10 septembre 2025
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Golding gagne 100 milles… et lance un appel

Ecover Pré-Vendée Globe 2004 Golding
DR

Il se trouve actuellement à 120 milles à l’Ouest des canaries et l’état de la mer est relativement modéré avec 15 nœuds de vent : « J’ai plutôt eu une bonne journée jusque là et j’ai réussi à bien avancer sur Bernard (Stamm) et à me créer une avance confortable sur Alex (Thomson). Je dois être en train de faire du meilleur boulot ! » a-t-il rapporté avec esprit.
 
« Je suis à nouveau dans  le match et le bateau n’a pas de gros problèmes, mais je suis au près vu qu’il y a une dépression là où il devrait y avoir un anticyclone. Je devrais être dans l’Anticyclone des Açores mais je suis dans la dépression des Açores ! Mais, au moins, il fait chaud et jusqu’à il y a quelques heures, il faisait beau mais maintenant, c’est un temps ç grain. » a-t-il conclu.
 
Les conditions extrêmes rencontrées par la flotte de la Velux 5 Oceans est quelque chose qui a, semble-t-il, occupé l’esprit du marin solitaire britannique. Dans son précédent blog, il commente :
 
« La flotte de la Velux 5 Oceans a été très secouée dans le Golfe de Gascogne par une tempête imprévue qui a vu plus de 70 noeuds de vent et des mers énormes qui ont secoué la flotte. La conséquence de cette tempête a été l’arrêt au stand de quatre bateaux de course fin prêts dont ECOVER tout cela 72 heures après le début de cette course autour du monde en solitaire.
 
« Etait-ce une erreur dans la météo ou nos prévisions? Ou bien est-ce qu’il se passe quelque chose de plus large ?
 
« La vérité, c’est que la tempête est très certainement un événement local isolé mais, quand on regarde les journaux dans le monde entier qui parlent d’événements climatiques, on est tenté de dire qu’il y a une tendance générale vers ce genre de phénomène extrêmes, et ce fait est maintenant accepté de tous. Nous savons des scientifiques qu’éventuellement, dans un futur proche, ces effets seront beaucoup plus significatifs que de forcer quatre bateaux de course à s’arrêter, ils nous parlent de réels désastres de proportion biblique.
 
« Le fait que nous ne réalisons peut-être pas combien nous (la race humaine) contribuons à ces changements est hors propos. Nous savons tous, au fin fond de nous, que nous devons changer notre façon de traiter la planète si nous voulons continuer à profiter de ses fruits. Il est vrai que la météorologie globale a toujours été en mouvement depuis des millénaires mais nous semblons maintenant constater des changements en l’espace de décennies !!!
 
« Il n’y aura pas de sauvetage rapide et technologique pour ce type de changement global. Il s’agit de travailler sur le long terme (un peu comme l’énorme tour du monde devant moi) tout d’abord à travers l’éducation et ensuite par des micro-mesures en changeant notre façon de faire au jour le jour. Le résultat (si nous nous y tenons) nous aidera à entraîner une mutation culturelle pour améliorer et maintenir notre environnement local, marin et éventuellement global.
 
« Retroussons nos manches, à la poursuite du but global! »

Source Ecover

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Philippe Monnet

Philippe Monnet portrait
DR

«En solitaire, il y a deux courses extraordinaires : la Transat Anglaise et la Route du Rhum. Il s’agit de deux parcours différents avec leurs difficultés spécifiques, mais toutes deux sont aussi exigeantes. La Route du Rhum dispose d’un petit plus en termes d’ambiance, car Saint-Malo est une ville de départ magnifique et je ne parle pas de l’atmosphère à l’arrivée en Guadeloupe ! Le Rhum, c’est LA course, il faut y être et ils sont tous là !

Concernant mon expérience personnelle, j’ai bien sûr rêvé de cette épreuve dès que j’ai commencé à naviguer sérieusement. J’y suis venu un peu tardivement (ndlr : Philippe a effectué de nombreux records en grand multicoque, dont son fameux tour du monde en 1987 avant de «passer au Rhum»), ma première participation s’est faite dans le cadre de mon entraînement pour le tour du monde à l’envers. Je venais juste de mettre mon bateau à l’eau, en 1998. J’avais cassé la bôme d’Uunet en milieu de parcours, et terminé 6ème chez les monocoques. En 2002, les choses avaient bien commencé à bord du trimaran Sopra, mais j’ai fait naufrage dans l’ouragan, juste à côté du Prestige.

Le chavirage a duré 4 secondes… J’étais au sommet d’une vague, le haut de la trinquette a commencé à se dérouler, cela a créé une poche suffisante pour que tout bascule d’un coup. Je me suis retrouvé sous le filet, à faire trempette à une heure du matin. Là, tu sais que ta course est finie, et tu penses avant tout à sauver le bateau. Ce que j’ai finalement réussi à faire, dans des conditions assez difficiles, mais j’ai pu le récupérer. Ce qui n’a pas été le cas de Loïck Peyron malheureusement. Il était tout près de moi, mais sa plate-forme n’a pas tenu. Evidemment, cette histoire a un goût d’inachevé et me donne envie de repartir. Je m’occupe aujourd’hui du monocoque et du projet Roxy… et j’avoue que je suis ici à Saint Malo (entretien réalisé à la veille du départ, ndlr) les mains dans les poches car notre bateau est plus que prêt, et moi je ne pars pas !

Alors y revenir un jour ? Oui bien sûr, car cela reste la plus beau terrain de jeu pour les multicoques, et quoi que disent certains qui font aujourd’hui du mono, cela reste des bateaux fabuleux… des engins pas fragiles contrairement à ce que l’on dit souvent, mais qui exigent d’être pilotés. On ne peut pas se cacher derrière l’excuse « mon bateau a cassé, c’est trop fragile », car derrière la casse, il y a une erreur de pilotage. Il faut mener la machine avec réserve, la sentir car si en monocoque une petite sortie de piste n’est pas toujours grave, en multi l’addition est toujours salée. C’est importante de faire cette nuance, et ne pas incriminer le support car au fond, c’est l’homme aux commandes qui est en cause : et c’est valable pour moi aussi ! En 2002, j’avais un budget serré, alors j’ai adapté la trinquette de Grand Prix à mon enrouleur, en gardant le rond de chute. Si je ne l’avais pas conservé, la trinquette ne se serait jamais ouverte au large dans 80 nœuds de vent. Donc, c’est une faute, point. On aurait pris le temps de mettre un coup de ciseau, les choses auraient sans doute tourné différemment !"

Propos recueillis par Jocelyn Blériot

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Une journée cruciale

Carnet de bord
DR

A aller vers l’Angleterre, on rencontre un temps … Anglais ! que voilà une belle Lapalissade qui n’aurait probablement pas déplu à Jean Le Cam. Le navigateur de Port la Forêt, fort mécontent de son passage à la bouée de Fréhel en 7ème position des monocoques Imoca s’est aussitôt attaché à respecter scrupuleusement son plan de route qui le voit ce matin pointer dans le peloton de tête à une latitude propice, selon ses dires, à négocier au mieux les prochains déplacements de masses d’air ; « L’atterrissage sur Fréhel, après un départ plutôt sympa, a été catastrophique, avec le courant à contre, les manœuvres… » se remémore un poil bougon le skipper de VM Matériaux. Le plan Lombard à la belle robe fuschia a depuis en  trepris de s’enfoncer loin en Manche, un peu au mépris des nombreux cargos et bateaux de pêche qui évoluaient dans un dense brouillard très « british ». Satisfait de sa progression dans l’ouest au près et à petite vitesse, Le Cam se réjouit aussi d’un début de Route du Rhum clément pour l’ensemble de la flotte ; « Cela fait une grosse différence avec l’édition précédente, et c’est très bien ainsi. » L’énergie des marins est donc toute entière canalisée vers les aspects purement sportifs et stratégiques de la course. Passées ses obligations médiatiques du matin, Jean va décortiquer avec attention les derniers classements, disséquer les plus récents fichiers météos, l’œil et l’oreille aux aguets, tous ses se  ns en phase avec le pouls du bateau… on vous le dit, Jean le marin, Jean le coureur, Jean le compétiteur est aux affaires. Petit temps ou pas, sa Route du Rhum est belle et bien entamée.

www.jeanlecam.fr

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“Je suis patient…”

Carnet de Bord Brossard
DR

Tôt ce matin, Yvan nous a donné ses impressions après sa première nuit de course :

Alors comment s’est passée cette nuit ?
Calme, un peu plus rapide qu’au départ quand même ! On a finalement pas mal avancé tout de même, autour des 13 noeuds.

Tu as réussi à dormir un peu depuis hier ?
Oui ! Les conditions étaient réunies pour cela ! Environ 4 fois 30 minutes…

As-tu décidé de la suite de la route avec Jean-Luc Nélias, ton routeur ?
Il va falloir éviter cette bulle sans vent qui nous fait front. A priori, la route est la même pour quasi tout le monde, il faut éviter cette zone et essayer de toucher en premier la dépression qui vient du Nord.

Où es tu maintenant, quelles conditions as-tu ?
J’ai une mer très légèrement formée avec 10 noeuds de vent et je suis vent de travers. Les voiles du bateau sont un peu plates pour ce petit temps mais je suis tout de meme content d’être dans le paquet de tête.

Quelles sont tes impressions sur ces premières heures de course ?
Groupama va vraiment plus vite que les autres bateaux dans le petit temps. Je suis aussi surpris de Sopra qui m’a doublé cette nuit sans que je puisse rien faire.
Les conditions de début de course ont donc favorisé ceux qui ont navigué toute l’année en grands prix mais je suis patient et j’aurai mes heures de gloire quand le vent va se renforcer dès demain…

Retrouvez le Team Ocean sur www.team-ocean.com

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Alternance dans le petit temps

Banque populaire
DR

Pointé lors de son dernier relevé (10 heures) sur une route médiane entre celle de Géant (plus nord) et celle de Groupama II (plus sud), Banque Populaire affichait un cap au 284° et une vitesse légèrement supérieur à celle de ses rivaux. 11 nœuds, pas de quoi se faire peur non plus ! Les conditions semblent donc persister à être légères.

Côté monocoques, c’est Jean-Pierre Dick, positionné le plus nord de la flotte IMOCA, qui pour l’heure touche plus de pression que ses petits camarades et occupe donc la première place, avec notons-le une vitesse équivalente à celle du trimaran de Michel Desjoyeaux. D’évidence, Virbac Paprec est actuellement dans une veine de vent dont tout le monde ne profite pas.

Ce qui est également le cas de Crêpes Whaou! qui avance à grands pas, affichant une vitesse supérieure à celle des trimarans ORMA (12,5 nds). Ce n’est pas une surprise, le Malouin Franck-Yves Escoffier a 25 milles d’avance sur son rival direct, Eric Bruneel. Le paquet de 4 poursuivants se tient en à peine un mille, tandis que le leader regarde cette empoignade de loin !

En Class 40, Pierre-Yves Chatelain et son Destination Calais ont pris les rênes devant Gildas Morvan (3,3 milles d’écart), tandis que Dominic Vittet et Ian Munslow ne sont pas loin (les 4 premiers sont en 5 milles)…

Leaders dans chaque catégorie :

Monocoques
IMOCA
    Jean Pierre Dick Virbac Paprec

Classe 1
    Pierre-Yves GuennecJeunes Dirigeants

Classe 2
    Luc CoquelinTop 50 Guadeloupe

Classe 3
    Michel KleinjansRoaring Forty

Classe 40
    Pierre-Yves ChatelainDestination Calais

Multicoques
ORMA
    Pascal BidegorryBanque Populaire

Classe 2
    Franck-Yves EscoffierCrêpes Whaou !

Classe 3
    Ross HobsonIdeal Stelrad

JB

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Cammas et Thompson en tête ce matin…

Franck Cammas / Groupama
DR

A cinq heures mardi, Franck Cammas, lors de la vacation avec le PC presse à Paris alors qu’il avait réussi à sortir de la Manche en tête, au prix de généreux efforts, a expliqué que "le vent n’a cessé de tourner, du nord-est au nord puis au sud et j’ai dû pas mal manœuvrer. Heureusement, le vent doit devenir plus stable dans la journée. J’ai fait pas mal d’efforts, mais je savais que ça allait être comme ça ".
Vers 22 heures dimanche, la bruine et le brouillard s’étaient installés en Manche, incitant les concurrents à la plus grande vigilance. Cammas, n’en a pas moins abordé cette première nuit " à fond " puisqu’il se sent " pas mal physiquement ". Il avait accéléré l’allure en milieu de nuit pour progresser à 13, 2 nœuds et faisait cap à l’ouest.
Cette condition physique lui a permis de multiplier les manœuvres sans puiser dans ses réserves.
Au cours d’un empannage, il a aperçu Michel Desjoyeaux (Géant), qui occupait la sixième place du classement de 4h05, à 12 milles du leader, talonné par Lionel Lemonchois (Gitana 11), distancé de moins de 5 milles. Banque Populaire (Pascal Bidégorry) 3ème et Sopra Group (Antoine Koch) 4ème, comme la plupart des trimarans Orma, avaient alors quitté la Manche pour s’expliquer sur plus de 3500 milles.

Premier abandon :
La bataille faisait également rage chez les monocoques de 60 pieds. Jérémie Beyou (Delta Dore) n’a pu s’y mêler. Pour des raisons familiales, il a décidé de renoncer. " C’est une décision pas facile à prendre mais elle est naturelle ", a-t-il expliqué dans un communiqué.
Il s’agit du premier abandon, dans la flotte des 74 bateaux ayant mis le cap dimanche sur Pointe-à-Pitre.
Roland Jourdain, (Sill et Véolia), par le travers de Morlaix, précédait de moins de 3 milles PRB (Vincent Riou). " Nous n’avons pas passé une nuit propice à la sieste ", plaisantait " Bilou "  qui s’est concentré, vigilant, sur les réglages dans le petit temps. Ces conditions, Riou les a  exploitées pour poursuivre la découverte de son monocoque, mis à l’eau il y a deux mois. " J’ai fait de mon mieux. Je découvre la rampe d’utilisation de mes voiles. J’ai dû contourner une zone de calmes au nord de la Bretagne ".
Brit Air (Armel Le Cléach), troisième, n’avait guère abandonné de terrain tout comme Virbac Paprec, (Jean-Pierre Dick) qui confiait avoir " somnolé une demie heure " pour ne pas faire de bêtises " .

Crêpes Whaou ! (multi classe 2), Imagine-Institut des Maladies Génétiques (multi classe 3), Jeunes Dirigeants (mono classe 1), Vedettes de Bréhat Cap Marine (mono classe 2), Roaring forty (mono classe 3) occupaient la tête de leur classe.
Enfin, Gildas Morvan (Oyster Funds), en tête en classe 40, pécisait que, tout au long de la nuit, il avait eu des vents d’est à ouest, de 5 à 10 nœuds.

Vents de secteur sud-ouest très modérés pour les premiers multicoques, plus variable pour la seconde moitié de course au nord de la Bretagne lundi, telles étaient les prévisions météo.

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Yvan Bourgnon en tête à 20h

Michel Desjoyeaux / Géant
DR

Les multicoques Orma doublent l´île de Bréhat à petite vitesse (10 à 12 nœuds), alors que les monocoques Imoca, menés par Jean Pierre Dick (Virbac Paprec) affichent 8 à 9 nœuds au compteur. Derrière Dick, Roland Jourdain (Sill & Véolia) et Jean Le Cam (VM Matériaux) naviguent dans un mouchoir de poche. En 50 pieds monocoque, c´est Franck Yves Escoffier (Crêpes Whaou !) qui mène la danse, pendant que son fils, Loïc sur Deleage & Diazo s´accroche à son sillage à moins de quatre milles. En monocoque Classe 1, Pierre-Yves Guennec sur "Jeunes Dirigeants" mène la course, tandis qu´en Classe 40, c´est Olivier Rabine qui s´est emparé de la pole position.

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Enfin seuls

Carnet de bord
DR

Le Cam, économe et efficace choisissait d’emblée de mettre cap au large et de préserver la droite du plan d’eau. Il évitait ainsi au maximum de devoir traverser les sillages des trimarans de tête et de la meute des bateaux à moteur. Les bascules du vent de droite et de gauche ont ensuite copieusement brouillé les cartes et c’est de la gauche que le PRB de Vincent Riou a pu sur un seul bord filer devant l’étrave fuschia de VM matériaux, imité en cela par Jean Pierre Dick, Roland Jourdain et Jérémie Beyou. VM Matériaux était pointé en 7ème position au passage de la marque à 15 heures 25.
 Le long bord au large n’aura pas porté les fruits escomptés et Jean entre en Manche avec un point de vue qu’il n’affectionne guère, celui du tableau arrière de ces adversaires. Ces conditions de vent faible et irrégulier vont se poursuivre tout au long de l’après-midi. Pas de relâchement en vue pour les skippers attentifs aux réglages et aux oscillations du vent. Les places vont se gagner ou se perdre au rythme des virements de bord plus ou moins judicieux dans le tempo des bascules. Un exercice dans lequel Le Cam l’instinctif  est loin d’être le plus maladroit…

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Loïck Peyron

Loïck Peyron Portrait
DR

«J’ai fait toutes les éditions de la Route du Rhum… sauf la première, et celle qui se déroule actuellement. En 2002, je fêtais les 20 ans de ma première participation… on passe sur le cadeau, merci ! (ndlr : au cas où cela aurait échappé à certains, Fujifilm s’était disloqué lors de la tempête qui a décimé la flotte dans le golfe de Gascogne). Et il y avait franchement trop de vent pour qu’on allume des bougies, alors… Enfin, cela fait partie des choses de la vie et il y a plus malheureux.

Le Rhum est un événement qui a marqué ma génération. Avant sa création, il n’y avait qu’une transat (l’Anglaise, ndlr), et dès que le parcours St Malo – Pointe à Pitre a été inauguré, tous les jeunes marins comme moi se sont dit qu’un jour, il faudrait qu’ils soient au départ. Et en ce qui me concerne, c’est lors de l’édition 1982 que j’ai effectué ma première traversée en solitaire en multi. Puis les éditions se sont succédé… Il y a plusieurs façons de ne pas gagner une course (ndlr : le Rhum s’est toujours refusé à Loïck, qui a par ailleurs signé un doublé sur l’Ostar, égalant ainsi Tabarly). Il y a la casse, l’erreur stratégique, ou tout simplement le manque de préparation – j’ai à peu près tout vécu en participant à cette course ! Il y a bien sûr eu des années plus frustrantes que d’autres, et la perte d’un bateau comme en 2002 est de loin la plus douloureuse. C’était je l’espère la première et la dernière fois. Mais la plus frustrante car la mieux préparée, celle qui à mon sens m’a vraiment échappé, c’est l’édition 94. Il n’y avait pas de raison de ne pas la gagner… sauf qu’à un moment donné, je me suis retrouvé sans mât.

Après, intervient l’amnésie indispensable pour y retourner, et j’y ai eu recours souvent sans quoi je n’aurais pas autant engrangé de milles en multi en solo… Récemment, lors de mes sorties avec Lionel Lemonchois et Thierry Duprey, j’ai constaté que les automatismes étaient toujours là, comme une seconde nature : pas question pour autant de jouer les donneurs de leçons, les deux garçons se sont préparés en vrais solitaires, et je ne me sens pas du tout dans la peau du coach qui choisit ses poulains… Nous travaillons en bonne intelligence, ils font appel à mon « ancienneté » quand ils estiment que cela est profitable, mais je n’adopte pas l’attitude du mentor. En course d’ailleurs, j’aimerais ne pas avoir de contacts directs avec eux, ils ont chacun leur interlocuteur météo… mais naturellement, j’ai l’œil rivé sur leur progression ! "

Propos recueillis par Jocelyn Blériot

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En route pour la huitième !

Départ de la Route du Rhum 2006
DR

« Les spectateurs pourront “spectater“ et les marins "mariner" prévoyait hier Michel Desjoyeaux. Bien vu. Même si à la pointe du Grouin ce matin, on a d’abord craint un temps de cochon, puis redouté un retard de la procédure tant la brume et le crachin réduisaient la visibilité à sa plus minimale expression. Et puis le voile s’est levé comme un charme devant la cité corsaire, comme pour ouvrir un solennel rideau géant sur le grand spectacle des 74 solitaires engagés dans cette Route du Rhum – La Banque Postale. A 13h02, le maire de Saint-Malo, René Couanau, donnait le top départ libérateur depuis le Pont-Aven, ferry amiral de la Britanny Ferries. A la pointe du Grouin, envahie de milliers de spectateurs, tout comme au Cap Fréhel au même moment, l’énorme ligne de départ – 2 milles de longueur, séparée en son milieu pour multi et monocoques – était déjà le théâtre d’une belle empoignade. Mais finalement, seul le monocoque 60 pieds Maisonneuve Basse-Normandie de Jean-Baptiste Dejeanty se rendait coupable d’un départ prématuré et devait réparer en revenant couper la ligne correctement.

 Franck Cammas en tête
Léger clapot, ciel bas mais visibilité dégagée, dans une dizaine de noeuds de secteur nord-ouest, les solitaires étaient contraints de tirer des bords pour progresser vers le Cap Fréhel. Sous les centaines d’objectifs, devant des dizaines de milliers de regards, le spectacle était grandiose et les multicoques Orma prenaient logiquement les devants. Le meilleur départ était pris par le tenant du titre Michel Desjoyeaux sur Géant, devant Franck Cammas (Groupama 2), auteur d’un départ bâbord amures pour le moins osé mais virant et croisant tout de suite la flotte pour gagner au large, et le Foncia d’Alain Gautier, 3e sur la ligne. Les vitesses de progression n’étaient certes pas exceptionnelles  – environ dix noeuds pour les multis 60′. Très vite les trimarans Orma – chatouillés dans leur suprématie par le multi 50 Crêpes Whaou! du Malouin Franck-Yves Escoffier – s’extirpaient de la gigantesque forêt de voiles, suivis d’essaims de centaines de petits bateaux spectateurs. Et si 40 minutes après le départ, la bagarre sur la gauche du plan d’eau, à terre donc, faisait rage en tête entre le Géant de Michel Desjoyeaux, le Sodebo de Thomas Coville, le Banque Populaire IV de Pascal Bidégorry… et donc l’étonnant Crêpes Whaou ! de Franck-Yves Escoffier, c’est Franck Cammas (Groupama) qui menait la danse et creusait visiblement l’écart à la faveur de son option à droite du plan d’eau, c’est-à-dire plus au large. Côté ambiance : "il y a énormément de monde, ça crie de partout et il faut vraiment être vigilant", témoignait en direct Pascal Bidégorry, à la barre de son Banque Populaire IV, "mais pour l’instant ça va, j’essaie de m’appliquer!"

Du côté des monocoques, sur la ligne de départ, il n’y avait que Jean Le Cam et son VM Matériaux pour représenter les monocoques Imoca dans les trois premiers sur la ligne (2e), les deux autres plus prompts à s’élancer étant des Class 40, le Cap VAD de Thibaut Derville (1er) et le Nous Entreprenons de Jacques Fournier. Une gloire éphémère tout à fait anecdotique quand on a 3543 milles d’océan à traverser avant d’espérer atterrir à Pointe-à-Pitre. Mais très vite cinq grands favoris des 60 pieds "type Vendée Globe" reprenaient leurs droits en tête et se livraient une belle bagarre : Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec), Vincent Riou (PRB), Roland Jourdain (Sill & Veolia), Jean le Cam (VM Matériaux) et l’étonnant Jérémie Beyou (Delta Dore). Du côté des 40 pieds, Dominic Vittet (Atao Audio System) et Damien Grimont (Chocolats Monbana) étaient eux aussi très en vue dans leur catégorie.

Mais le tout était observé avant le cap Fréhel, célèbre première marque de passage de la course, où la brume épaisse tombait de nouveau à 15h. Rivés à la barre, l’oeil en permanence sur les réglages et sur les autres bateaux, les 74 marins solitaires écrivent déjà de leurs étraves la légende de cette Route du Rhum – La Banque Postale, craignant sans doute les "phases de vent très faible", toujours prévues par la météo dès la fin de la journée et cette nuit. Mais ce n’était encore que les tous premiers bords de l’aventure….

Les mots du leader, Franck Cammas (Groupama) :
"Sur le départ, il m’a manqué quelques secondes pour passer devant Géant et j’ai été obligé d’abattre pour passer derrière toute la flotte. Mais je suis finalement bien content d’avoir persisté, car il y avait plus de pression au large et dans du petit temps qui convient bien à Groupama. Sur l’eau, c’était une belle fête, avec tous ces bateaux suiveurs, tous ces spectateurs. Mais maintenant, la nuit va être délicate car il y a très peu de vent d’annoncé en Manche. Alors, il va falloir garder les yeux ouverts."

Source La Route du Rhum – La Banque Postale

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