Cédric Chateau et Guillaume Pirouelle vont pouvoir reprendre la course avec leur Class40 réparé et une compensation en temps. La demande de réclamation portée par l’équipage du class 40 SEAFRIGO SOGESTRAN suite à la collision du 29 octobre dernier à la bouée du parcours côtier au Havre a été instruite par le jury international.
Réuni à 21h, le jury a statué en faveur de l’équipage SEAFRIGO SOGESTRAN et reconnu l’infraction du class 40 CAFE JOYEUX à la règle RRS13 relative à la priorité lors d’un virement de bord : « après qu’un bateau dépasse la position bout au vent, il doit se maintenir à l’écart des autres bateaux jusqu’à qu’il soit sur une route au plus près ». La demande de réparation de l’équipage a également été accordée, les conséquences de l’infraction à la règle ayant significativement aggravé le score du bateau. Cédric Chateau et Guillaume Pirouelle reprendront donc la course au départ de Lorient avec une compensation qui sera délibérée par le jury avant le départ de l’étape 2. Café Joyeux écope de 12 heures à ajouter sur le temps de course de l’étape 1. « Il était primordial pour nous et nos partenaires de ne pas abandonner. Nous n’avions que des signaux positifs pour continuer, à commencer par une formidable solidarité des équipes et de nombreux acteurs qui nous ont permis de très vite sortir le bateau de l’eau, poser un diagnostic et l’acheminer à bon port. Si nous sommes ici aujourd’hui c’est en grande partie grâce à eux ». Le class 40 SEAFRIGO SOGESTRAN, rapatrié depuis avant-hier soir à Lorient est en cours de réparation et sera remis à l’eau dimanche après-midi.
Bloqués par une dorsale s’étendant d’est en ouest à hauteur de Madère et contraints de contourner Porto Santo, la flotte des 5 Ultim a fini par se regrouper en moins de 50 mn. Chaque duo a tenté des options selon sa position. Après 24h de pétole, Banque Populaire, Sodebo et Actual ont su en profiter.
Sodebo Ultim 3 est ce matin a moins de 30 mn de SVR-Lazrtigue et de Gitana et a pu recoller aux leaders. Son option Est a été payante lui permettant de descendre plus vite et sur un meilleur angle que ses camarades. Il pourrait encore grapiller dans les prochaines heures. Il lui faudra désormais tenir le rythme pour ne pas être décroché. Dans son sillage, Actual est également bien revenu. Un bel exploit à bord de ce bateau qui n’est pas le plus performant de la flotte mais qui proue qu’il peut rester au contact.
Banque Populaire a tenté une option au passage de Madère en allant jouer dans les îles pour pouvoir se décaler le plus à l’ouest. Ce matin, Armel Le Cleac’h et Sébastien Josse affichent les meilleurs vitesses et un décalage de 50 mn sur SVR et Gitana dont ils devraient toucher les bénéfices dans la journée. Une option payante à l’approche des Canaries.
Francis Le Goff le directeur de course et Gildas Gautier, co-directeur de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre,ont fait état des différents scenarii de départ pour les bateaux actuellement immobilisées au Havre et à Lorient. « La dernière analyse météo se termine à l’instant. Aucune fenêtre n’est envisageable avant lundi pour les deux classes de bateaux amarrées dans le port de Lorient, ce qui ne veut bien entendu pas dire qu’un départ aura lieu lundi. Pour les IMOCA, le départ possible de dimanche reste une hypothèse à l’étude. Les conditions restent engagées avec de l’air et de la mer. Nous allons travailler avec la classe pour voir comment on peut l’envisager dans des conditions sereines. Il n’est d’ailleurs par impossible qu’en cas de départ, un way-point soit prévu pour éviter les routes nord, très exposées. Cette remarque vaut aussi pour les Class40 et Ocean Fifty. »
Voilà résumées par Francis Le Goff les possibilités de nouveaux départs pour qu’IMOCA, Class40 et Ocean Fifty rejoignent les ULTIM actuellement en mer. Les différences de prévisions selon les modèles à l’échéance de cette fin de semaine supposent encore une grande prudence comme le rappelait Gildas Gautier : « Nous sommes tous frustrés et déçus et les impacts financiers sont multiples pour la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre. Mais comme pour dimanche dernier, c’est la sécurité des bateaux et des marins qui restera la priorité pour organiser ces nouveaux départs ».
L’organisation de la Route du café a pour l’heure les yeux rivés sur le passage de Ciaran dans la nuit et demain sur l’Atlantique et la Manche.
« Des consignes particulières ont été données dans les deux ports concernés poursuivait à midi Francis Le Goff. Une équipe logistique est à Lorient pour accompagner celles de la Sellor. Des solutions individuelles ont été trouvées par Julien Bothuan (maître de port principal de Lorient La Base) pour qu’il n’y ait aucun bateau à couple. Au Havre, une grosse partie de la Direction de course et de l’équipe mer est sur place. Les pontons ont été retirés pour que les bateaux soient dans l’axe du vent et non pas travers lors de sa rotation à l’ouest (…) Le démontage du village a été accéléré pour que rien ne puisse voler et des camions ont été installés pour faire écran. Il y aura encore une ronde organisée cet après-midi »
Cela va être une longue journée pour les Utim avant de pouvoir à nouveau accélérer. Deux salles deux ambiances comme le rappel Thomas Rouxel à bord de Sodebo Ultim 3 comparé à la journée d’hier dont le drapeau porte encore les stigmates.
François Gabart « Là, le vent vient vraiment de nous quitter, on est complètement arrêtés. C’était prévu depuis le départ mais c’est vrai qu’il y a une répartition très inégale du vent dans l’hémisphère Nord. Trop chez vous, pas assez pour nous, mais on ne va pas se plaindre ! Le lever de soleil est magnifique, et je viens d’apercevoir Madère. On est content d’être là où on est, c’est une décision que l’on a pris hier avec le routeurs, tant qu’on avait de la vitesse. Maintenant, il faut juste être patient …»
« Les dés sont jetés ! » confirmait Charles Caudrelier, aligné dans l’axe de SVR Lazartigue et à l’affût lui aussi de la moindre risée : « C’est paisible et tendu à la fois. Les routages voient toujours plus de vent qu’il y en a et on essaie juste d’aller droit, sous pilote, parce qu’autrement à la barre, tu deviens fou ! C’est sympa d’être revenu à hauteur de SVR mais on sait bien qu’à un mille près, parfois 200 mètres, celui de devant peut repartir et toi rester bloqué. Il est quand même dans la meilleure position ».
Un avis que partage Armel Le Cléac’h, pas fâché de son petit décalage à l’ouest et circonspect devant l’option de Sodebo Ultim 3, décalé du côté des côtes marocaines : « On sait que la dorsale descend en latitude avec nous. Donc rajouter de la route c’était prendre un risque de plus pour un bénéfice très aléatoire. On a préféré se positionner un peu à l’ouest de nos concurrents pour avoir du gain sur la route » expliquait le skipper de Banque Populaire XI.
Aux dires de tous, il va falloir patienter toute la journée, peut-être une partie de la nuit prochaine afin de profiter d’un vent de Nord-est établi, et retrouver des vitesses dignes de ces grands trimarans de 32 mètres. Une journée où il faudra rester aux aguets mais personne ne semble se plaindre de cette pause après la furie des premières 48 heures. « On peut se relayer c’est beaucoup plus agréable. Séb se réveille là et se fait un bol de Ricoré, je ne savais même plus que ça existait ce truc-là ! » plaisantait même Armel Le Cléac’h à propos des goûts culinaires de son compagnon Sébastien Josse. « On peut vraiment se balader sur le pont, jusqu’à l étrave et on a fait un check complet du bateau hier, on peut même voir les appendices. On a trouvé quelques vis de plaques aéro qui étaient parties et refait un lashing, mais rien de grave » pour François Gabart.
Pas de nouvelle de Sodebo Ultim 3, silencieux à la vacation, sans doute bien occupé à exploiter ce qu’il lui reste de vent d’ouest/nord-ouest. A 100 milles dans l’Est des leaders, les deux Thomas ont refait une partie de leur retard mais vont voir eux aussi le vent baisser graduellement. « La logique voudrait qu’il empannent assez tôt et conservent leur décalage » expliquait ce matin Christian Dumard mais rien ne dit pour le météorologue de la course que leur traversée de l’axe sera plus facile que pour les leaders : « Une dorsale, ce n’est pas une ligne claire et continue. C’est moins facile dans la vraie vie que derrière un écran ! » Et une fois l’alizé établi, l’ angle de descente de Sodebo Ultim 3 et Actual Ultim 3 vers le Pot au noir sera aussi moins favorable…
La bouée à Madère imposée par la direction de course contraint les Utim de tête à une trajectoire serrée pour passer une dorsale qui s’étend d’est en ouest. SVR-Lazartigue a perdu toute son avance ce matin et se retrouve au coude à coude avec Gitana et Banque Populaire. A 130 mn derrière, Sodebo espère trouver une autre voie pour faire son retard.
François Gabart et Tom Laperche restent encore leaders ce matin mais ils ont vu Charles Caudrelier et Erwann Israël revenir à moins de 3 mn dans leur sillage. Banque Populaire en a également profité pour revenir et tente de passer Madère sur une trajectoire directe le plus à l’est. Ils se trouvent ce matin à moins de 60 mn de l’île avant de pouvoir renouer avec de belles vitesses. Le premier sorti devrait pouoir s’échapper. SVR et Gitana semblent les mieux placés.
110 milles derrière, Sodebo Ultim 3 tente toujours de raccrocher les wagons. Le skipper de Sodebo Ultim 3 évoque « les difficultés à trouver les clefs du bateau » pour suivre la cadence des trois bateaux de tête en début de course et le mal de mer qui a handicapé son co-équipier. « Mais Thomas (Rouxel) a repris goût à barrer ces dernières heures, c’est ce qu’il aime faire et on va essayer de profiter de cette grande zone de transition pour recoller » concluait Thomas. Plus à l’ouest, le duo tente un passage dans la dorsale qui parait plus étroit et qui pourrait leur permettre de refaire une partie de leur retard s’ils parviennent à la franchir. Cela reste assez incertain ce matin.
Actual Ultim 3 ferme la marche et recolle à Sodebo. Ce qui ne devrait pas déplaire à Anthony Marchand et Thierry Chabagny.
Les grandes manoeuvres vont donc pouvoir commencer pour les cinq ULTIM en course. Sortie des code zéro puis des grands gennakers au fur et à mesure que le vent va faiblir et adonner avant de penser aux premiers empannages, autant de manoeuvres qui réclament beaucoup d’énergie sur ces bateaux, même lorsqu’elles s’effectue dans un vent faible. Autant dire que la nuit ne va pas être de tout repos pour conserver le rythme et récupérer le flux de nord-est salvateur derrière l’axe de dorsale. Bilan des courses demain matin…
Suite à un accident survenu le 30 octobre vers 5 heures du matin, Alberto Riva, skipper du Class40 italien Acrobatica, engagé dans la première étape de la Transat Jacques Vabre, s’est blessé. Le diagnostic médical est sans appel: tibia fracturé. Il ne pourra pas reprendre la course.
Dès son arrivée à Lorient, la nuit dernière, Alberto Riva a été transporté directement à la clinique du Ter à Ploemeur pour subir ce matin des examens médicaux qui ont mis en évidence une fracture multiple du plateau tibial. Le navigateur milanais âgé de trente et un ans, à sa toute première “Route du Café”, qu’il courait en double avec le Français Jean Marre, subira tous les traitements nécessaires pour reprendre au plus vite la compétition.
Alberto Riva: “J’étais à l’avant, à genou en train de remettre en place la drisse du J1, quand une vague plus violente que les autres m’a littéralement fait décoller au dessus du pont. Je me suis fait mal en retombant de tout mon poids sur les genoux. Malheureusement, notre Transat Jacques Vabre se termine ainsi.”
Acrobatica , qui faisait ses débuts en compétition, avait pris un bon départ et récupéré quelques positions dans les premières heures de course, allant jusqu’à occuper la cinquième position et restant dans le groupe de tête
“La première partie de course a été très intéressante et super intense“, raconte Jean Marre, co-skipper d’Acrobatica. “La nuit s’était bien passée, on avait fait les bons choix stratégiques et les conditions très difficiles qu’on affrontait représentaient un excellent test pour le bateau qui réagissait super bien. Quand j’ai réalisé qu’Albi s’était blessé, ma première réaction a été de le mettre en sécurité, à l’intérieur. On a ouvert la trousse à pharmacie et suivi la procédure. On a téléphoné au médecin de la course qui nous a conseillé. eEnsuite l’objectif ça a été de ramener le bateau et Albi au port le plus vite possible. A part sur la fin, on a du lever le pied sur les derniers bords sous spinnaker pour arriver à Lorient où on a reçu un super accueil et toute l’assistance nécessaire.”
Toute l’équipe est évidemment très déçu pour Alberto mais bien décidée è revenir encore plus fort après cette épreuve.”
Transat Jacques Vabre, Ultim SVR-Lazartigue, skippers Francois Gabart and Tom Laperche, are portraited in action, on June 20th, 2023 - Photo Guillaume Gatefait
François Gabart et Tom Laperche ont parfaitement négocié ce début de course et sont en tête après 36h de course. Rien n’est joué cependant avec un regroupement qui devrait s’opérer à la faveur d’une dorsale à passer.
Les ULTIM continuent leur progression rapide vers le sud, à la latitude de Lisbonne. Un avenant de la Direction de course a d’ailleurs ajouté l’île de Porto Santo dans l’archipel de Madère à laisser à tribord pour canaliser la flotte en dehors de l’influence du mauvais temps qui gagne du terrain avec le passage d’un second front prévu cette fin de matinée sur les trimarans retardataires. En tête, SVR Lazartigue contrôle bien la flotte avec plus de 60 milles d’avance sur ses poursuivants. Après son bon décalage ouest qui lui a permis de creuser un premier trou, le prochain coup stratégique dans lequel se projettent les pilotes est l’approche de la dorsale à Gibraltar. Un zone pleine d’incertitudes qui devrait compresser la flotte, brouiller les pistes et donner lieu à une belle bataille d’options… Et du match il va y en avoir ! D’abord parce que les bateaux semblent à 100% de leur potentiel. Pas d’appendice endommagé, pas de souci structurel, les grands trimarans de 32 mètres tiennent leur rang avec une progression conforme aux routages d’avant départ.
Les skippers des quatre bateaux joints à la vacation ce matin se félicitent de « pouvoir bientôt sortir de la cabane dans les prochaines heures pour faire un check complet du bateau » comme le disait Armel Le Cléac’h (Maxi Banque Populaire XI). Ce sera aussi l’occasion d’effectuer quelques bricoles et la maintenance de l’accastillage très éprouvé depuis le départ. «Hier, on a cassé l’amure du J2 et la réparation de fortune dans la mer du golfe était assez sportive et humide ! » confiait François Gabart (SVR Lazartigue). « Ça tient, mais le passage dans la dorsale va permettre de refaire ça un peu mieux ! ».
Le co-équipier de Tom Laperche avait la voix claire ce matin et se félicitait de sa position de leader, conséquence de son option ouest qui lui a permis d’accélérer plus tôt que ses concurrents qui ont fini par se recaler dans son sillage avec deux virements de bord à la clef cette nuit « La descente du golfe a été rapide et très musclée. La mer formée nous gênait parfois pour accélérer mais c’est très sympa de se retrouver dans notre position ce matin ».
Les 60 milles d’avance de SVR Lazartigue sont certes une paille au regard des performances des ULTIM et des 6500 milles qu’il reste à courir, mais reste le résultat du premier bon coup de cette Route du café. Bref, on ne s’attendait pas forcément à un tel écart à ce stade de la course !
En position d’éclaireur, le tandem Gabart-Laperche est déjà concentré sur le deuxième chapitre météo de cette Route du café, le passage de la dorsale anticyclonique. Cette extension des hautes pressions qui forme une bande horizontale sans beaucoup de vent est la porte d’entrée dans les alizés au large du Maroc, autant dire un possible passage à niveau. « C’est une nouvelle course qui va commencer aujourd’hui confirmait Armel Le Cléac’h ce matin. On est très concentrés sur la zone de vents faibles que l’on va traverser cette nuit et demain. Ça va occasionner une compression de la flotte et il faudra sortir dans le bon paquet. Une zone « aléatoire , dans laquelle il n’ y a aucune évidence » selon Charles Caudrelier sur Maxi Edmond de Rothschild qui continue d’apercevoir par les hublots de sa casquette Banque Populaire XI, avec qui il fait route de conserve depuis le départ. « Les modèles sont souvent plus optimistes que la situation réelle confirmait quant à lui François Gabart. A quelques milles, ça peut changer et il faudra un peu de réussite …»
ZONE DE COMPRESSION Inutile d’essayer d’en savoir plus sur le point d’entrée des leaders dans ce nouveau système et Christian Dumard, météorologue de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre confirmait que le jeu est ouvert : « Hier les routages faisaient passer clairement dans l’ouest de la dorsale. Ce matin, des routes plus est vers Gibraltar semblent s’ouvrir ». Les méninges vont donc s’échauffer toute la journée dans les cellules de routage et la lecture de l’approche de chaque concurrent va s’avérer passionnante tout au long de la journée.
En retrait des trois leaders, Sodebo Ultim 3 (à 140 milles) et surtout Actual Ultim 3 (à 200 milles) doivent encore passer le bas du front froid de la deuxième dépression qui va les toucher à la mi-journée avant d’obtenir leur sésame pour des conditions plus paisibles. « On a encore un peu de vigilance à avoir pendant quelques heures mais c’est bientôt la délivrance se félicitait » Anthony Marchand ce matin. Le skipper d’Actual Ultim 3 ne faisait d’ailleurs pas de mystère sur un début de course difficile, avec estomac brouillé et un passage du Raz Blanchard « très chaud, dans des conditions dans lesquelles tu n’as pas envie de trainer »
De Lorient à Gibraltar, c’est bien une journée de transition qui s’annonce sur la Transat Jacques Vabre. Corps et machines vont pouvoir souffler, mais la pause ne sera que de courte durée avec beaucoup de manoeuvres à venir et un ordre d’entrée dans les alizés dans 36 heures environ peut-être décisif pour la suite…
Alla Grande Pirelli du duo Beccaria-Andrieu a bien tenu son rôle de favori en s’imposant sur ce début de Transat Jacques Vabre. Ils sont les premiers à Lorient en attendant de laisser passer la tempête. Alors que la tempête Ciaran est attendue mercredi soir sur la façade atlantique, les premiers Class40 ont rejoint cette nuit le port de Lorient La Base pour se mettre à l’abri. Mais fidèle à sa réputation, la flotte des monocoques de 12,19 mètres a livré une bataille d’une intensité de tous les instants, dans des conditions qui ont pourtant bien malmené les marins et les bateaux. À ce petit jeu, Alla Grande Pirelli du duo Beccaria-Andrieu, en tête de bout en bout, de la baie de Seine aux courreaux de Groix, l’emporte sur les coups de minuit. Avec maestria, le tandem franco-italien est parvenu à creuser un bel écart avec le reste de la flotte le long de la pointe bretonne. Dans son sillage, la seconde place revient au duo de Groupe SNEF (Macaire-Le Boucher) qui devance une meute d’équipages tous très proches les uns des autres. A l’issue de cette bataille, Inter Invest (Perraut-Bloch) termine 3e. Le bal des arrivées est ouvert. Dans la nuit bretonne, une douzaine de bateaux se sont succédé sur la ligne en l’espace d’une heure, avec parfois une poignée de secondes pour se séparer les uns des autres.
L’ORDRE DES ARRIVÉES À LORIENT 1 – Alla Grande Pirelli : 1 jour 10 heures et 5 minutes de course 2 – Groupe SNEF : +1h 15mn 29sec 3 – Inter Invest : +1h 20 mn 53 sec 4 – Legallais : + 1h 30 mn 01sec 5 – Amarris : +1h 33mn 05sec 6 – Project Rescue Ocean : +1h 34mn 50 sec 7 – Everial : +1h 52mn 22sec 8 – IBSA : +1h 52mn 46sec 9 – Vogue avec un crohn : +1h 53mn 30sec 10 – La Boulangère Bio : +1h 57mn 30sec …
LES RÉACTIONS AU PONTON DE LORIENT LA BASE 1er Alla Grande Pirelli
Ambrogio Beccaria : « On n’était pas prêts. Heureusement, on avait fait une course très similaire, il n’y a pas très longtemps sur laquelle on avait très bien navigué On s’était dit que ce n’était pas la course idéale pour préparer la Transat Jacques Vabre, et finalement ce n’était pas si mal. On n’a pas eu de problème à bord du bateau, à part de minuscules bobos aux voiles… et un genou et deux jambes qui ont pris, à un moment, un peu cher. Quand tu allais à l’avant, c’était un peu sauvage.»
Nicolas Andrieu : « Le départ était incroyable dans 35 nœuds au reaching , avec tous les bateaux pleine balle, à 18 ou 20 nœuds. C’était assez émouvant d’être sur la ligne avec tout le monde comme ça. La première nuit, les conditions étaient assez rudes, j’ai eu du mal à m’acclimater. On s’est fait un peu violenter par le bateau, mais on est super contents d’avoir réussi l’exercice. Cet écart, c’est tout et rien, mais il vaut mieux avoir 1h dans ce sens là, que dans l’autre. Si jamais, cela doit changer quelque chose en Martinique, on sera contents ! C’est stupéfiant de voir Ambrogio manier son bateau. Il a participé à sa conception et il le connaît par cœur. »
2e, Groupe SNEF
Xavier Macaire : « C’était vraiment costaud. Le départ nous a tout de suite mis dans le bain, c’était vraiment musclé, on a eu jusqu’à 40 nœuds devant Le Havre ! J’ai vu qu’il y avait eu des dégâts sur certains bateaux, c’est vraiment dommage. L’ambiance était vraiment tendue avec beaucoup de changements, du vent très instable et irrégulier, des imprévus, on s’est fait surprendre par des grains notamment. On a utilisé toutes les voiles… plusieurs fois ! On est fracassés, impossible de trouver le sommeil tellement le bateau remuait et quand on était à la barre on en prenait plein la figure, rien qu’au large de Groix il y avait 27 nœuds. On est vraiment allés au bout de nous-mêmes. » « On a tenté quelques options en effet, donc celle au Sud qui a bien marché. On a fait une belle opération en visitant la côte pour jouer le courant. On avait le doute car les routages n’étaient pas d’accord, ça n’a pas été simple de choisir. Au début on a perdu beaucoup de terrain car on n’allait pas vers le but, donc quand on recevait les pointages on se posait des questions. Finalement on a bien fait car ça a marché aussi bien, voire mieux qu’espéré. On est satisfait du travail bien fait. » « On va finir de ranger le bateau et on file se reposer dans les jours qui viennent. Le Class40 Groupe Snef est bien à l’abri des tempêtes à Lorient La Base jusqu’au départ de la deuxième étape. Maintenant on attend de savoir quand on va pouvoir rejoindre la Martinique. C’est vraiment étonnant de se dire que la Transat Jacques Vabre part de Lorient ! »
Pierre Le Boucher : « Cela a bien secoué. Après le raz Blanchard, c’était bien costaud, et malheureusement on a appris le démâtage de Ian (Lipinski sur Crédit Mutuel). Tout le set de jeu de voiles est passé. On a dû prendre 27 nœuds au large de Groix. Mais on finit bien, et c’est chouette parce qu’il y avait plein de pièges. On est prêts pour la vraie étape dans on ne sait pas quand. »
Inter Invest
Matthieu Perraut : « L’objectif de la course, c’était de ne pas perdre la course. On ne voulait surtout pas casser le bateau et prendre un wagon par les autres. On s’est encore éclaté tous les deux ; et encore une fois, quand on a passé la ligne, on s’est dit que c’est trop cool de naviguer ensemble. On s’est bien marré. Le départ reste un bon souvenir. »
Kevin Bloch : « Cela restera un grand départ. Je crois que tout le monde en avait peur. Il y avait beaucoup de vent, une manœuvre compliquée à la bouée avec une grosse densité de bateaux. Mais c’était chouette à faire. On ne s’est pas vraiment dit que c’était la Transat Jacques Vabre. On a pris a comme une course comme une autre, en ne s’économisant pas trop.»
Le tout nouveau musée national de la Marine accueillera les journées de la régate et de la course au large les 15 et 16 décembre prochains. Une initiative portée par le Yacht Club de France.
La première journée dite « professionnelle » est destinée à accueillir les coureurs, organisateurs, classes, clubs, chantiers ou autres. La seconde est largement ouverte au grand public. En collaboration avec North Sails, le Yacht Club de France installera la première exposition dans le tout nouvel Espace Actualité : intitulée « Coupe de France du Yacht Club de France, 130 ans de régate». Cette exposition retrace les 55 éditions du plus vieux trophée de voile européen, ainsi qu’un focus sur les 12 mJI actuellement en compétition. Le samedi 16 décembre, la Nuit de la Course au Large, de même que les remises des prix modernes (IRC) et classiques, réuniront les régatiers de toutes les façades maritimes au musée de la Marine, en partenariat avec Sevenstar. Cette journée sera aussi l’occasion de conférences pour le grand public, sur notamment l’architecture navale des bateaux de course, la décarbonation et l’art dans la course à la voile. “ Comme tous les amoureux de la mer, nous regrettons que le Nautic, point de rencontre incontournable passionnés de mer, n’ait pas lieu cette année. Au-delà de sa fonction commerciale, il donnait l’occasion de nous retrouver entre coureurs, clubs, organisateurs et médias pour partager nos expériences, organiser des remises des prix, les assemblées générales ou des conférences de presse, pour faire le bilan des actions passées, et pour annoncer les projets et programmes de courses à venir. La concomitance de l’absence de Nautic et de la réouverture du musée national de la Marine crée cette opportunité unique de donner une visibilité extraordinaire à notre sport.” selon Sébastien David responsable de la communication du YCF.
Quarante-huit heures seulement après avoir quitté La Palma, la flotte de la 24e édition de La Boulangère Mini Transat a, en effet, littéralement explosé, avec des partisans d’une route nord, d’autres d’une route sud et d’autres encore d’une trajectoire au plus près de l’orthodromie. Difficile, dans ces conditions, d’y voir clair mais ce qui est certain c’est que tous les solitaires ne sont actuellement pas logés à la même enseigne. Pour preuve, si une grosse majorité d’entre eux évoluent au près dans une douzaine de nœuds de vent de secteur sud-ouest et cavalent entre 7 et 10 nœuds de moyenne, quelques-uns – les plus à l’est – sont littéralement scotchés et risquent de manger leur pain noir lors des prochaines 24 heures. De quoi, sans doute, générer des écarts importants même si ce n’est véritablement que dans quelques jours que l’on pourra faire de premiers comptes.
Au sud de El Hierro, hier à la mi-journée, la flotte de La Boulangère Mini Transat s’est donc complètement éparpillée. En l’état, pas facile de donner l’avantage à certains plutôt qu’à d’autres même si, au pointage, le privilège est logiquement donné aux marins positionnés au plus près de la route directe. « Ceux qui font de l’ouest ou du nord-ouest ont malgré tout pris l’ascendant sur ceux qui ont choisi de plonger au sud. Ces derniers progressent en ce moment dans le nord d’une zone de vents faibles. Ils vont donc continuer d’évoluer dans des conditions assez erratiques lors des prochaines 24 heures tandis que dans le même temps leurs rivaux profitent d’un couloir de vent », détaille Christian Dumard, le consultant météo de l’épreuve. De fait, si les premiers peinent à dépasser les deux nœuds ou sont presque à l’arrêt, comme Laure Galley (1048 – DMG MORI Sailing Academy 2), la concurrente la plus à l’est, les seconds affichent, eux, des vitesses moyennes comprises entre 7 et 10 nœuds. Reste que les heures qui viennent se s’annoncent pas si simples non plus pour eux, avec également une zone de vent faibles à négocier. « La situation est globalement assez complexe et pour les Ministes, ce n’est certainement pas facile de bien comprendre ce qu’il se passe. De bien cerner les endroits où il y a du vent et où il n’y en n’a pas », ajoute le spécialiste.
La fameuse balance bénéfices – risques Cela explique sans aucun doute les divergences de trajectoires actuelles. Même à terre, avec des fichiers réactualisés régulièrement, difficile d’y voir bien clair. La cause ? Un petit front ondulant qui ne permet pas de définir précisément la manière dont les alizés vont se rétablir. Dans ce contexte, il faut donc comprendre que monter très nord comporte une part de risque, en l’occurrence celle d’avoir rallongé sa route pour ne finalement pas trouver grand-chose. Voilà pourquoi certains jouent clairement la carte de la prudence en restant ou en ne s’éloignant pas trop de la route orthodromique, à l’image de Carlos Manera Pascual (1081 – Xucla), le vainqueur de la première étape en Proto, de Federico Waksman (1019 – Repremar – Shipping Agency Uruguay), de Gaby Bucau (865 – Maximum), Robinson Pozzoli (1026 – Uoum) et quelques autres. Idem chez les bateaux de Série avec notamment Jérôme Merker (857 – Ensemble contre le cancer de l’enfant), Damien Doyotte (985 – Blutopia) ou Alexandra Lucas (989 – Région Ile-de-France), pour ne citer qu’eux. Reste à voir si ceux qui ont fait le choix de monter les plus au nord, à commencer Jacques Delcroix (753 – Actual) et Thibault Chomard (624 – Grande Ocean 624), assurément les plus audacieux, récoleront les fruits qu’ils attendent. On en saura davantage mercredi, une fois l’ensemble des troupes aura récupéré ces fameux alizés de manière plus ou moins vigoureuse, et plus encore en fin de semaine, au moment du passage du way-point obligatoire.
A noter par ailleurs : Caroline Boule (1067 – Nicomatic), qui avait fait escale à Puerto de la Estaca, est repartie en course sur les coups de 0h30 la nuit dernière après avoir solutionné une panne de pilote automatique. Si c’est une excellente nouvelle, le redémarrage est toutefois compliqué pour la navigatrice qui subit nettement de touts petits airs au sud de El Hierro mais qui, sans aucun doute, ne manquera pas de revenir au score lorsque les ventilos auront repris du service avec son bateau volant.