Istanbul, le 29 juin 2006. Après trois heures passées à "refueler" les bateaux de course, le bateau comité se préparait ce matin à relancer la course interrompue mardi matin après le passage des bouches de Bonifacio. Pendant plus de deux jours, les 22 Figaro-Bénéteau encore en course (Lubexcel est rentré à Rome après avoir annoncé son abandon), ont traversé la Mer Tyrrhénienne au moteur. Ils ont rejoint ce matin les îles Eoliennes au nord-est de la Sicile et à quelques dizaines de milles du détroit de Messine, seconde porte de passage de la course vers Istanbul.
D’après les informations météo de ce jeudi matin fournies à 8 heures au directeur de course, il devrait y avoir du vent de nord-ouest de 10 noeuds dans l’après-midi. Alain Gabbay et son équipage à bord du Less 83 ont repéré un haut fond à 8 mètres sous le niveau de la mer pour mouiller une bouée et créer en pleine mer une nouvelle ligne de départ. Les voiliers s’élanceront alors pour une deuxième étape au temps de laquelle sera ajouté le temps de l’étape entre Cannes et Bonifacio pour le classement général final. Par contre, les voiliers ne passeront pas par Stromboli cette année. Pour gagner du temps, ils vont directement rejoindre le détroit de Messine et poursuivre leur odyssée en Mer Ionienne entre l’Italie et la Grèce.
Après Messine, c’est un vent de nord-ouest de 25 noeuds qui attend les concurrents. Cela tombe bien, ils se sont bien reposés pendant deux jours et marins comme bateaux ont envie d’en découdre au plus vite !
Messages des concurrents de Vakko Odyssée Cannes – Istanbul 2006
Alexia Barrier (SCO) ce matin à 10h40 : « toujours le diesel en route et à l’approche de l’île Salina au SW de Stromboli qui va être zappé. Direction Messine (une quarantaine de milles) ou l’espoir d’un nouveau départ pourrait avoir lieu avant d’y arriver. »
Kito de Pavant (Bel / Karper) : « 3h du matin au Nord de Palerme à bord de Bel / Karper. Alberto (Spina) s’est écroulé dans sa bannette et je suis de quart avec de la musique dans les oreilles (Tony Joe White, Renaud, Genesis…) afin de couvrir le bruit du moteur qui tourne depuis bientôt 48 heures et ça commence à faire beaucoup… En plus, les fichiers météo ne sont guère optimistes. On slalome entre les filets dérivants : c’est la période du passage des thons et les pêcheurs s’affairent. On s’accommode comme on peut de ces caprices d’Eole : on mange, on dort, on blague avec nos voisins d’infortune, on regrette de n’avoir rien pris à lire et Istanbul parait toujours aussi loin. »
Romain Attanasio (TEB) : « Encore une journée de moteur pour l’équipage de TEB, la filiale turque de BNP… Et pour les autres aussi d’ailleurs. Mais on s’occupe bien : ravitaillement gasoil au bateau assistance, gros déjeuner (une belle salade de riz), et puis on se raconte nos histoires avec Erwan (Tabarly). Cette nuit s’annonce plus difficile car il y a plein de pêcheurs : il va falloir veiller rigoureusement chacun notre tour plus que la nuit précédente. Nous regardons aussi la météo et la route car le comité parle de faire un départ
demain (jeudi) dans la matinée à 40 milles de Messine. »
Christophe Lebas (Connivence) : « Désolé pour le manque d’info… Jusqu’ici, on avait la tête ailleurs.Alors pour récapituler : un départ canon avec 3 fois le vent prévu ; un problème avec une cochonnerie coincée dans la vanne de transfert à en casser la poignée lors du bord de près, un peu rageant après un joli départ ; un retour au contact en fin de journée ; un décalage vers l’ouest de 15 minutes qui nous aura fait perdre 4 heures au passage à Bonifacio ; un tassement dans la nuit suivante qui nous permet de revenir à 10 minutes du premier ; une neutralisation au matin, logique mais qui annule nos efforts de la nuit précédente. Depuis : convoyage, principalement au moteur, musique, météo, lecture et bricoles diverses (pour Jacques c’est plutôt bouffe)… Ce matin (mercredi) c’était ravitaillement fioul, rosé et thon frais par le bateau de la direction de course. Voilà, voilà, ambiance à bord excellente malgré ce manque de vent, la mer est bleue, le ciel aussi. Une pensée pour les skippers d’Islande et en particulier Servane Escoffier sur "Vedettes de Bréhat Cap Marine" qui doivent être en train d’allumer au largue sous la pluie dans le Nord Ouest de l’Irlande pendant que nous… »
Bertrand de Broc (Les Mousquetaires) : « A vrai dire, il ne se passe pas énormément de chose. On prend le temps de se reposer, de lire l’unique revue du bord, l’Equipe magazine, sans oublier le moindre article. Le vaisseau amiral, avec à son bord, le capitaine Gabbay nous a gentiment offert pour le déjeuner deux tranches de thon et un citron. Lionel (Lemonchois) nous a préparé un thon mariné. C’était parfait avec un petit verre de rosé frais. Rien à dire, c’est la classe ! Maintenant on fait cap sur le détroit de Messine. J’y suis passé une fois, c’était lors de mes stages dans la marine marchande, il y a quelques années. C’était à peu près à la même époque, il faisait chaud, mais nous avions la climatisation, la piscine et nous marchions à vingt noeuds ! Pas vraiment le temps de faire du tourisme. Demain (ndr : jeudi) à l’approche de ce détroit, nous devrions reprendre la barre et les réglages, et laisser le pilote et le moteur souffler un peu. Nous sommes impatients d’en découdre, de reprendre le fil de la course sans oublier de garder un petit oeil sur le paysage qui nous attend… »
Source Vakko Odyssée Cannes – Istanbul