Mark Turner : “Internationaliser au maximum”

Barcelona World Race Conférence octopre 2005
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Pourquoi ce concept de tour du monde en double ?
 Mark Turner : "L’objectif de cette course était de trouver un format qui mêle le solitaire pour les franco-français et l’équipage pour les anglo-saxons. On a pensé qu’avec ce concept-là, ça satisfaisait les Français puisque le double, ça reste du solitaire à deux, mais également les anglo-saxons qui, s’ils ne sont pas prêts à naviguer en solo, sont, en revanche, très motivés par le double. L’autre raison, c’est qu’il était très important pour la Classe Imoca de lancer une nouvelle course d’envergure internationale, et ce, sans changer de bateaux".
 
Combien de skippers ont manifesté leur intérêt pour la "Barcelone World Race" ?
M.T. : "Actuellement, nous avons huit projets sérieux, avec des skippers qui ont le bateau et le budget. Citons des marins comme Vincent Riou, Mike Sanderson, Jean-Pierre Dick, Roland Jourdain, Dominique Wavre, Alex Thomson. Il y a aussi des gens comme Ross Field et Roi Heiner actuellement en recherche de budget. Nous voulons absolument aider tous les projets étrangers afin d’internationaliser la course au maximum. Là, nous avons un potentiel de 15 nationalités".
 
Votre tour du monde en double va se retrouver en concurrence avec la Transat Jacques Vabre. Pourquoi n’avez-vous pas choisi une autre date dans l’année ?
M.T. : "Il faut savoir que c’est d’abord une décision prise par la Classe Imoca. Si on veut s’internationaliser, il faut évoluer et ne plus faire que du franco-français. Bien sûr que ça ne me fait pas plaisir d’être en concurrence avec la Jacques Vabre, mais ce sont deux courses différentes : la Transat aura toujours des multicoques de 60 pieds ainsi que d’autres classes. En outre, cette épreuve ne dure que 2-3 semaines, contre 2-3 mois pour la nôtre. Il y a de la place pour tout le monde. Pour la Barcelona, nous sommes obligés de partir en hiver".
 
Le Britannique Hall vient d’annoncer la création d’un autre tour du monde réservée aux 40 et 50 pieds (départ en septembre 2007), soit trois épreuves aux mêmes dates. Ne pensez-vous pas que certains vont y laisser des plumes ?
M.T. : "Tout le monde a le droit d’exister. Je pense qu’il existe un marché pour les skippers amateurs. Car, ne nous voilons pas la face, les budgets deviennent de plus en plus importants et tout le monde ne peut pas suivre. Personne ne peut empêcher l’inflation des budgets. S’il est vrai qu’il y a beaucoup d’événements, il ne faut toujours résonner en terme de concurrence, mais de complémentarité".
 
Un an après la Barcelona sera donné le départ du Vendée Globe, ce qui donne deux tours du monde à suivre. Ne craignez-vous pas que les marins, les sponsors, voire le public, frisent l’overdose ?
M.T. : "Bien au contraire. Les skippers veulent d’avantage de courses et leurs partenaires aussi d’ailleurs qui peuvent ainsi espérer plus de retours sur investissements. Actuellement, en monos 60 pieds, il existe dix événements sur quatre ans : ce n’est pas très exigeant".
 
Propos recueillis par Philippe Eliès
 
"ÉTAPES VIRTUELLES". L’avis de course de la Barcelona n’est pas encore sorti, mais Mark Turner a déjà prévu quelques variantes : "Le Vendée Globe est une course géniale, mais dont les risques sont énormes en cas d’arrêt au stand. Une escale au bout d’une semaine et c’est fini. Pour un sponsor, c’est dur à avaler. Avec la Barcelona, on ne cherche pas à être un deuxième Vendée Globe, même si on garde l’esprit. S’il n’y aura pas de routage, les équipages auront la possibilité de faire des escale techniques sous peine de pénalités, tout en restant en course. On pense aussi mettre en place un système "d’étapes virtuelles", avec un système de points, au plus rapide entre deux portes par exemple. Un peu comme sur le tour de France cycliste où il y a le maillot jaune, le maillot vert, etc. Bien entendu, le premier sera toujours celui qui franchira la ligne en tête".
 

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