Iker Martínez et Xabi Fernández ont débuté la Barcelona World Race dans le peloton de tête jusqu’à Gibraltar, détroit où s’est jouée la première option tactique. Naviguer vers le Nord, le long des côtes espagnoles, ou faire du Sud proche de la côte africaine. Virbac-Paprec 3 prenait l’option Sud, MAPFRE la Nord. La Sud était gagnante, le bateau espagnol perdait 180 milles et franchissait le détroit de Gibraltar le 5 janvier en 8e position. Le 8 janvier, au Nord des Iles Canaries, ils reprennent la 5e place dans le groupe de chasse composé de Président, Groupe Bel et Neutrogena.
Au Sud des archipels des Canaries, avec les alizés établis, MAPFRE allongeait la foulée avec une moyenne entre deux classements de 21 noeuds. Ce fut la première démonstration des capacités d’Iker Martínez et Xabi Fernández à pousser leur monocoque à vitesse élevée sur une longue période. Ces excès de vitesse permettent à MAPFRE de revenir sur Mirabaud puis Groupe Bel, Neutrogena et Président. Seuls les deux leaders français et Estrella Damm réussissent à suivre le rythme imposé par les deux Champions Olympiques. Le 13 janvier, à l’équateur, MAPFRE coupe l’Équateur avec 160 milles de retard sur FONCIA, alors leader, qui annonçait, avec surprise, son arrêt technique à Recife pour réparer le bris de sa crashbox. Peu de temps après, Virbac-Paprec 3 décidait à son tour de faire cap vers le Brésil suite à une avarie de barre d’écoute. Avec cet arrêt au stand des deux bateaux français, Estrella Damm prend la tête de la Barcelona World Race suivi par MAPFRE.
Indécision à Saint Hélène
Deux options s’ouvrent avec l’anticyclone de Sainte Hélène qui s’étend sur l’Atlantique Sud : naviguer le long des côtes brésiliennes dans du vent frais, mais rallonger la route orthodromique ou couper l’anticyclone et raccourcir la distance vers Bonne Espérance. Foncia et Virbac-Paprec 3 choisissent la première après avoir quitté Recife. Estrella Damm et Groupe Bel restent sur une route plus classique. Le 18 janvier MAPFRE entre en mode invisible pour cacher son jeu à ses petits camarades. L’idée première était de rejoindre les côtes brésiliennes pour profiter de vent plus fort, mais les prévisions météo à long terme annonçaient un retour difficile sur la flotte. Pris entre deux feux, Iker Martínez et Xabi Fernández sont obligés de naviguer entre les deux groupes. À l’Est celui du peloton mené par Estrella Damm et à l’Ouest, proche des côtes sud-américaines, celui de Virbac-Paprec 3 et Foncia. Au fur et à mesure que passent les jours, les deux équipages français réussissent à filer entre les mailles du filet tendu par l’anticyclone de Sté Hélène et naviguent rapidement en direction de l’Océan Indien. Le 20 janvier Foncia reprend la tête à Estrella Damm et le 22 janvier Virbac-Paprec 3 bat le record de distance sur 24 heures.
Le 24 janvier MAPFRE prend l’avantage au classement sur Estrella Damm. Alors troisièmes, Iker Martínez et Xabi Fernández s’emparent de la seconde place le 26 janvier suite au démâtage de Foncia, 540 milles derrière Virbac-Paprec 3 et 187 milles devant Estrella Damm. À 18 900 milles théoriques de Barcelone, cette seconde place ne sera plus jamais quittée.
Le 29 janvier, quand MAPFRE double le cap de Bonne Espérance, Virbac-Paprec 3 dispose d’une avance de 730 milles et Estrella Damm est revenu à 40 milles dans leur sillage. Pendant la première partie de l’Indien, MAPFRE récupère presque 300 milles sur le leader, mais, le 3 février, en cinq jours, Virbac-Paprec 3 remet un confortable matelas de 780 milles avec son plus proche concurrent. C’est la distance la plus grande qui a séparé les deux prétendants au podium. La raison de ce coup d’élastique sera bien cachée par Iker Martínez et Xabi Fernández qui avouaient un peu plus tard le bris d’une partie de leur dérive. Mais à force de caractère et de persévérance, les deux médaillés olympiques réussissent l’exploit, en pleine mer et avec les moyens du bord, de réparer la dérive et repartent de plus belle à l’entrée de la mer de Tasmanie.
La grande remontée du Pacifique
Dans le détroit de Cook la course a pris un nouveau tournant. Le 16 février, Virbac-Paprec 3 s’arrête à Wellington pour réparer et écope d’une pénalité de 48 heures. Lorsque le bateau bleu repart, MAPFRE n’est plus qu’à 150 milles du leader. Estrella Damm et Groupe Bel arrivent dans le détroit deux jours plus tard et font tous deux escale. Ils repartiront avec 600 milles de retard.
Dans la première moitié du Pacifique, Iker Martínez et Xabi Fernández réalisent une remontée exceptionnelle et récupèrent, en cinq jours, 140 milles sur Virbac-Paprec 3. Au milieu du Pacifique les deux bateaux ne sont séparés que de 8,3 milles. Le leader réagit et c’est avec 140 milles de retard que MAPFRE double le Cap Horn le 3 mars à 15h40. Cette belle traversée leur permet d’empocher le Trophée Paficique avec un temps canon de 12 jours, 8 heures et 20 minutes, soit 40 heures de moins que le précédent temps de référence.
La remontée de l’Atlantique se joue sur un problème de drisses qui oblige Iker Martínez et Xabi Fernández à s’arrêter, une fois le Cap Horn passé, à l’embouchure du canal de Beagle. Une fois le problème résolu, MAPFRE repart avec 220 milles de retard. Un gouffre difficile à combler dans l’Atlantique. La remontée de cet océan se joue sur un air d’accordéon entre MAPFRE et Virbac-Paprec 3. L’anticyclone de Sainte Hélène joue les arbitres et à l’entrée du Pot au Noir, Iker Martínez et Xabi Fernández sont revenus à 111 milles du futur vainqueur de la Barcelona World Race. Une lutte au sommet s’annonçait. Mais l’anticyclone des Açores en décidait autrement.
Le 25 mars de nouvelles options tactiques devaient être décidées. Coup sur coup les deux leaders rentraient en Mode Invisible. 36 heures plus tard, c’est Virbac-Paprec 3 qui sort vainqueur de ce match à l’aveugle. Le 1er avril le duo français franchissait Gibraltar à 15h35. Trente heures plus tard et avec 250 milles de retard, c’est au tour d’Iker Martínez et Xabi Fernández de rentrer dans la Grande Bleue. Privés d’énergie et de nourriture au large de Majorque, les dernières 24 heures ont été un véritable sprint pour la délivrance.




















