« Je ne risque pas de prendre les classements sur l’eau, prévient Nicolas Lunven (Generali), ni de me dire qu’il va falloir que je reprenne 10 secondes sur Morgan (Lagravière) ou que je maintienne mes 3 minutes d’avance sur Fabien Delahaye ». Dans la tête des marins, on efface tout et on recommence pour ce dernier combat. Le vent, a priori, sera calé de secteur ouest-nord-ouest (entre 12 et 16 nœuds) pendant toute la durée de la course. Schématiquement, donc, il faut s’attendre à une grande remontée au près-bon plein vers la pointe bretonne, bâbord amures, avec ça et là quelques bords à tirer. Puis du louvoyage pour traverser la Manche jusqu’à Wolf Rock, un long bord de spi pour longer les côtes sud de l’Angleterre jusqu’à Fairway et enfin, un ultime tronçon au largue jusqu’au finish à Cherbourg-Octeville. Simple dans les grandes lignes.
Après le parcours côtier lancé à 13 heures devant Saint Gilles Croix de Vie, un premier segment de 98 milles emmène les marins jusqu’aux Glénan. Cap au nord-ouest, probablement sur un bord (bâbord), où il faudra se placer convenablement en fonction des petites bascules de vent et choisir sa voie pour doubler Belle-Ile (au vent ou sous le vent). Dans la nuit de dimanche à lundi, le parcours fait ensuite zigzaguer la flotte dans l’archipel des Glénan et ses nombreux cailloux, jusqu’à la pointe de Penmarc’h, soit une vingtaine de milles émaillés de virements. Rendez-vous lundi matin pour attaquer le segment N°3 qui se joue autour de la pointe de la Bretagne, entre la baie d’Audierne et la Grande Basse de Portsall via le raz de Sein et le Four : 55 milles particulièrement délicats selon les horaires de marées.
Quatrième segment : la traversée de la Manche jusqu’à Land’s End, à la pointe sud-ouest de la Cornouaille. En dehors du choix des bords à tirer face au vent, une des difficultés sera la présence du trafic. La bonne nouvelle c’est que les spis seront hissés une fois le phare de Wolf Rock laissé à tribord, dans la journée de mardi. Place ensuite à un grand bord de 167 milles au portant, sous les côtes de l’Angleterre, avec trois grands caps à doubler : Lizard Point, Start Point et Portland Bill. Il y aura des empannages au programme et selon la force du vent d’ouest qui poussera les monotypes jusqu’à Fairway (marque d’atterrissage située au sud-ouest de l’île de Wight), certains pourraient aller chercher les courants près des pointes anglaises… Enfin, la dernière ligne droite s’étire entre Fairway et Cherbourg-Octeville (58 milles) pour une traversée de Manche retour, au largue, dans les courants traversiers. Les routages actuels donnent les premiers arrivés mercredi dans la soirée, après plus de trois jours de course.
Ils ont dit…
Nicolas Lunven (Generali) : « Je pense que ça va être une étape très sympa. J’ai hâte d’y être. C’est vraiment ce que j’aime faire dans le Figaro, beaucoup de sections côtières, deux traversées de la Manche, des cailloux, des côtes, des effets de sites et des effets thermiques, si on a du soleil. La météo devrait être bonne donc oui une belle étape. Il va y avoir pas mal de coups à jouer. Entre le raz de Sein, la Mer d’Iroise, l’Archipel des Glénan et même avant avec Belle-Ile sur la route si des concurrents passent entre l’île et le continent, il peut déjà y avoir une scission dans la flotte. On a ensuite Wolf Rock, la côte anglaise avec de nouveau du courant. C’est ma sixième Solitaire et ce parcours entre le raz et la côte anglaise reste toujours mon meilleur souvenir. »
Alexis Loison (Groupe Fiva) : « Sur le papier, l’étape a l’air très intéressante. Ce ne sera pas des bords tout droit et une course de vitesse. Il y aura des moyens de se démarquer dans nos placements par rapport aux événements météo, mais aussi par rapport aux autres concurrents. On va un peu faire travailler les neurones. En plus, c’est une étape qui arrive à la maison alors c’est sympa. »
Thomas Normand (Financière de l’Echiquier) :
« Je vais partir sur cette dernière étape le cœur léger en gardant en mémoire, les petites erreurs que j’ai faites sur les courses d’avant saison et sur les deux premières étapes pour éviter de les répéter. Ces petites erreurs peuvent me coûter quelques secondes ou quelques minutes qui peuvent à la fin faire la différence. Il faut naviguer détendu et penser aux petites phrases que j’ai lues dans le manuel des Glénan et j’espère que tout ira bien. J’ai une petite idée de ma stratégie, mais il n’y aura pas de grandes disparités dans les choix. »