La technicité des parcours empruntés, la météo qui n’en fait qu’à sa tête passant d’un extrême à l’autre – de la pétole à la brafougne – en l’espace d’un instant : tous les ingrédients sont réunis pour que la Cap Istanbul comptant pour le Championnat de France de Course au Large tienne ses promesses et ne fasse pas mentir son statut d’épreuve majeure du circuit Figaro. Et c’est sans compter avec toute la magie de cette course qui emmène cette flotte de haut vol aux détours de paysages enchanteurs à la rencontre d’autres cultures… Et souffle un vent portant d’aventure. Après la Sardaigne et la Sicile, les navigateurs du voyage font aujourd’hui escale en Crète, une île aussi montagneuse que majestueuse, baignée par une mer éponyme et la mer Egée. Bienvenue au royaume des dieux grecs !
Pas le droit à l’erreur
A 10h38 ce mardi matin, Arnaud Godart-Philippe qui s’est empêtré dans une option malheureuse a coupé et fermé la ligne de cette troisième étape entre Marzamemi et Aghios Nikolaos. A bon port, les 28 marins se reposent actuellement après une étape « agitée » de 540 milles, au terme de laquelle ils sont arrivés rincés, épuisés mais pleinement satisfaits de leur navigation dans des conditions diverses et variées.
On connaît désormais l’épilogue : une jeune bizuth, Isabelle Joschke, a imprimé sa marque. A la barre de Synergie, elle a décroché une victoire qui restera longtemps amarrée dans les mémoires salées. Dans son sillage, Thierry Chabagny (Suzuki Automobiles) et Nicolas Bérenger (Koné Elevators), que seules quelques minutes séparent en Crète, complètent le podium. Derrière eux, de nombreux solitaires qui se sont retrouvés au contact après avoir emprunté des routes radicalement différentes sur la mer Ionienne ont touché terre les uns après les autres jusqu’au bout de la nuit. Après trois étapes sur les cinq inscrites au parcours pour rallier Istanbul, une première hiérarchie se dessine. Certains concurrents, à l’image d’Eric Drouglazet (Luisina Design), vainqueur de la première étape, ont indéniablement laissé des plumes entre la Sicile et la Crète. Une preuve chiffrée parmi d’autres de la dureté de cette épreuve, qui, à l’image de la Solitaire, ne pardonne que trop peu d’erreurs. Deuxième à 29 secondes du premier à l’issue du deuxième parcours, Eric dégringole à la 9ème place au classement général.
Sur la Cap Istanbul aussi, c’est en effet la régularité qui paye le mieux. Nicolas Bérenger en sait quelque chose. Décidément très accrocheur, toujours vissé aux avant-postes et fort déjà de deux podiums, il confirme son leadership. Le voilà désormais crédité de deux bonnes heures d’avance sur son plus proche poursuivant, François Gabart (Espoir Région Bretagne). Bizuth, aussi discret et talentueux que la grande gagnante de l’étape, il n’a pas fini de forcer l’admiration. Ce jeune Espoir très en vogue aux avant-postes est lui-même talonné par Gildas Morvan (Cercle Vert), qui n’a jamais fait de contre manche et consolide ainsi son statut de futur vainqueur du Championnat de France de Course au Large, dont la Cap Istanbul révélera le classement final.
Des espoirs de podium
Les lignes du classement après trois étapes révèlent aussi que cela reste très serré – et donc très ouvert – entre le 2è et le 7è, entre François Gabart et Thierry Chabagny. Après une première étape ratée, ce dernier n’a de cesse de se refaire une belle santé au fil des manches. Pour lui, comme pour Marc Emig (Capitol), Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier), ou encore Christopher Pratt (DCNS 97), qui se tiennent tous dans un mouchoir d’une demi-heure, tous les espoirs de podium sont encore permis. Il reste deux étapes et 410 milles à courir…
Ils ont dit
Nicolas Bérenger (Koné Elevators) : « Sur cette 3ème étape, je fais une bonne opération. Je creuse mon avance au classement général, je m’assure un petit matelas de deux heures. Si je préfère être dans cette situation plutôt que celle de devoir rattraper du retard, je ne veux pas m’emballer. En Méditerranée, on l’a assez vu, tout peut se faire et se défaire dans un sens comme dans l’autre. »
Thierry Chabagny (Suzuki Automobiles) : « Je ne vais pas me contenter de ce que j’ai. Il faut que j’attaque sur la suite de la course. C’est quand on navigue libéré comme je l’ai fait sur ces deux étapes qu’on arrive à faire de belles choses. Même si je ne pense pas à la première place au classement final, un podium est peut-être possible. Une chose est sûre, si des opportunités se présentent, je n’hésiterai pas à les saisir. J’espère que les conditions météos nous permettront de tenter des choses et de faire une belle quatrième étape.»
Gildas Morvan (Cercle Vert) : « On ne va pas s’emballer sur le Championnat de France de Course au Large : les choses peuvent changer si vite dans ces mers-là. Vis-à-vis de Fred Duthil et Erwan Tabarly, je suis en posture favorable puisque je possède trois heures d’avance sur eux. Mais il faut que je reste vigilant. Nicolas Bérenger est bien parti pour emporter la Cap Istanbul. Dans ce cas de figure, il faut que je finisse impérativement dans les dix premiers de la course pour être titré. Mais je préfère avoir mon destin entre mes mains que l’inverse. »
Classements sont sur le site : www.capistanbul.com
(source Cap Istanbul)