La nuit de dimanche à lundi fut comme on les aime. Temps calme, ciel étoilé, mer belle. Une de ces nuits dont rêvent tous les plaisanciers… Et pourtant, ce ne fut pas une nuit de tout repos pour nos solitaires embarqués sur cette deuxième étape. Car pour aller au plus vite, il faut accepter de régler, être sur le qui-vive, ne jamais rien lâcher. Tout au long des 120 milles entre Sardaigne et Sicile, sous spinnaker, les navigateurs n’ont finalement consacré que peu de temps à dormir, chacun essayant de se placer au mieux pour négocier le passage de la pointe occidentale de la Sicile. Il y a ceux qui ont choisi de privilégier la vitesse sous spi, quitte à monter légèrement au nord de la route. C’est le cas de Thomas Rouxel (Défi Mousquetaires), de Christopher Pratt (DCNS 97) voire dans une moindre mesure d’Erwan Tabarly (Athema). Il y a ceux qui ont choisi la voie du compromis comme Fred Duthil (Distinxion Automobile) en pointe de la flotte ou bien encore Robert Nagy (Théolia) ou Eric Drouglazet (Luisina Design). Il y a enfin ceux qui ont délibérément opté pour une route sous le vent tel Gildas Morvan (Cercle Vert) ou Thierry Chabagny (Suzuki Automobiles).
180 milles à parcourir lundi soir
S’il en est un qui se soucie comme d’une guigne de ces subtiles considérations tactiques, c’est bien Antonio Pedro da Cruz. Le navigateur cap-verdien qui affiche au compteur un nombre impressionnant de traversées transocéaniques navigue avant tout pour son plaisir. Ne comptez pas sur lui pour faire sa route à partir de l’analyse des positions des autres concurrents. Le skipper de Baïko a, sans aucun doute, navigué comme il savait le faire : dans le petit temps, il a fait marcher le bateau, se souciant peu des écarts par rapport à la route directe. Résultat des courses, le skipper profitait de sa position extrême pour passer largement en tête au pied de l’île de Marittimo… Derrière, la course se regroupait derrière Fred Duthil en chef de bande à la poursuite du franc-tireur.
Autre facteur essentiel pour la suite de la course : l’état de fatigue des navigateurs. Pour rester dans le paquet de tête, plusieurs marins avouaient ce matin n’avoir pas dormi. Or la navigation le long des côtes de Sicile peut vite se révéler piégeuses du fait des influences du relief, des possibles brises thermiques côtières. Par expérience, les navigateurs solitaires savent que dans ces parcours en vue de côte, des écarts importants peuvent se créer rapidement. Arrivé frais et lucide avant d’aborder cette deuxième partie peut être un atout décisif pour la suite de l’étape. D’autant que de la pointe ouest de la Sicile jusqu’au port de Marzamemi, terme de l’étape, plus de 180 milles restent à parcourir.
Ils ont dit :
Antonio Pedro da Cruz (ce soir au large de la Sicile) , skipper de Baïko :
« C’est une première pour moi, j’ai envie d’en profiter au maximum, mais ce ne sera pas facile avec les copains derrière qui ne vont sûrement pas se laisser faire. Maintenant je suis content de ma navigation, je n’ai pas hésité à traverser la flotte avec comme seule idée d’aller vite. Résultat, ça a payé… Je n’ai pas dormi du tout, mais je suis quand même en forme, j’avais emmagasiné du sommeil en rab à Cagliari. »
Fred Duthil (ce matin), skipper de Distinxion Automobile :
« Je suis content de ma nuit, je pense avoir trouvé le bon compromis entre cap et vitesse. En tous les cas, ma position me satisfait bien. Seule chose : je n’ai as beaucoup dormi, il va falloir que je le fasse aujourd’hui. »
Gildas Morvan (ce matin), skipper de Cercle Vert :
« Tout va bien, je ne me trouve pas trop mal placé. Maintenant, ma position au sud de la flotte peut rapporter gros comme elle peut être un peu casse-gueule. Il va falloir voir comment évoluent les vents. »