La chronique de Capian : la chasse est ouverte

Capian - Matthieu Girolet
DR

Quel événement d’importance sur le circuit mini a eu lieu la semaine dernière ?

- Publicité -

C’est le 15 février que, cette année, les inscriptions ont été ouvertes pour les épreuves du calendrier mini. Et oui, pour les coureurs mini c’est une date à ne pas louper. Il faut savoir que le problème n° 1 des candidats transateux est d’obtenir leur qualification. Et cela peut se révéler proche de : « votre mission si vous l’acceptez…».

Une petite subtilité rajoute du piment au jeu : le nombre limité de places au départ :72 pour la transat et les Açores, 84 pour le Fastnet, 30 pour le Triangle du soleil,… Premier inscrit, premier servi. 52 inscrits en deux jours pour les Açores. Ca se bouscule pire qu’en première année de médecine!

D’où les calculs quasiment à deux chiffres après la virgule auxquels chacun se livre pour engranger le maximum de milles dans le minimum de temps.
« Alors, tu vois, si je fais celle là, puis celle là, je suis bon, à condition que je fasse celle là l’année prochaine et que l’on n’aie pas besoin de plus de milles qu’en 2005 pour partir… »

Souriez, j’ai un ami qui était premier sur la liste d’attente en 2003 et qui a du patienter deux ans de plus pour traverser. Pour le budget, par définition serré, l’impact n’est pas négligeable.
Un autre candidat, pour pouvoir s’inscrire à la Transat (au salon nautique 2004 pour l’édition 2005) s’est retrouvé faire sa qualification solo en novembre. Bilan : trois bonnes grosses dép’ sur la figure et un panneau solaire parti faire la fête avec une vague en emportant son trépied. Deux ans après il a encore la goutte au nez.

Cette année, Les Sables- Les Açores- Les Sables permettrait d’engranger 2600 milles cash et donc à priori de se mettre à l’abri pour 2007. Encore que…
Encore qu’il faut la finir, sinon c’est 0 mille et ceux qui auront tout misé sur cette course pourront faire un trait sur Bahia en 2007, contrairement à ceux qui auront fait une saison « normale » et auront engrangé des milles moins risqués.

Sans compter le risque d’avarie.
Les qualifications sont acquises par le marin sur son bateau. Si bien que si, quelques mois avant le départ, vous avez un problème majeur avec votre canote : plus de Transat.
Le cas s’est produit en 2005 pour Hugo Ramon, qualifié comme il faut et tout et tout. Il a dù troquer son mini contre un tour d’hélico lors de l’odyssée d’Ulysse.

Sa présence à La Rochelle en septembre  est due à un pêcheur sarde qui a repéré son bateau au large de la Tunisie un mois après son évacuation. Il voulait pas monter à bord, tellement ça puait. Il croyait qu’il y avait un cadavre !
Hugo a dù lui « racheter » son bateau, puis effectuer une préparation expresse de 5 semaine pour à tout prix finir la Mini max en juillet dernier.
Il faut en effet, toutes qualifications acquises, finir une course du calendrier dans l’année pour pouvoir partir sur la Transat (et les Açores).

Véritable parcours du combattant, je vous dis !

Et une fois sur place, il reste à passer le test de jauge. Alors là c’est grand carnaval à bord : tourmentin, voile de cape, vérification de la composition du bidon de survie, de la pharmacie et du niveau du bidon d’eau de survie.
Mais aussi mesure de la chaîne d’ancre  (diamètre et longueur)ou encore fonctionnement  VHF, parfois validée qu’au troisième essai (ouf !).
Ensuite séance de plombage général pour éviter qu’on vide le bidon de sécu pour gagner du poids ( qui sera rempli d’eau de mer à l’arrivée) ou que l’on matosse le bib dans les filières, sinon, DSQ !

Entre les copains qui courent à la recherche de ce qui leur manque et les spécialistes de la dernière minute, l’ambiance est garantie. Et quand ce n’est pas moi qui court c’est toujours plus drôle.
J’ai même entendu des histoires de VHF baladeuses. Quand on vous dit qu’il y a de l’entraide !
Ok, c’est pas bien, mais c’était il y a longtemps et on peut rigoler quand même !

Bien sûr, vu des jaugeurs ça ne fait pas rire. D’ailleurs ils ont bien pris le coup et notent par exemple le n° de chaque TPS, pour éviter qu’elles se baladent.
Si bien que de toute façon, parfois après avoir fait rouvrir un ship, tout le monde sera nickel en appareillant.

Voilà. La prochaine fois que vous croiserez un ministe, décidément bizarre, faisant la queue à la poste en février pour envoyer sa grosse enveloppe en recommandé et demandant pour la troisième fois à la postière limite excédée : « Vous êtes sûre, hein, ça part aujourd’hui ? ».
Ou un autre au départ de 500 milles en fin de saison avec une trousse à outils de 60’ et une pression de Vendée globe. Vous les verrez peut être d’un nouvel œil !

Matthieu Girolet