Josse : “on mettrait le pilote, ce serait pareil”

ABN AMRO 2 Etape 2
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A bord des VO 70, le sommeil et les déplacements sont redevenus difficiles, voire presque impossibles. Après les longs bords de reaching de la semaine dernière, sur des bateaux bien calés sur l’eau, les hommes ont en ce moment l’impression d’être dans un tambour de machine à laver coincé sur le programme essorage. La seule carotte pour ces hommes rincés jusqu’aux os est d’arriver le plus vite possible à Melbourne, samedi pour les premiers. Mais les milles tombent un peu trop lentement au goût de ces équipages impatients.

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ITV de Sébastien Josse – ce mercredi 18 janvier – 15h (Paris) – dans la nuit pour ABN AMRO TWO
 
Alors, ça remue ?
Cela n’arrête pas. On est un peu « sur les portières », à 16-18 nœuds depuis deux jours. Après Eclipse Island, on a eu des vents de 20-25 noeuds, parfois un peu plus et nous avons progressé jusque-là au près serré. Là, nous commençons à naviguer un peu plus au débridé à 70° du vent, mais toujours avec 30° de gîte. Mais on garde la moral, car ça va aller en s’améliorant. La mer est assez hachée. Ce ne sont pas des vagues très vieilles. Cela ressemble un peu à des vagues de mistral en Méditerranée.
 
Quelles sont les perspectives météo ?
Demain, le vent va continuer à adonner. Dans 10 heures (en milieu de nuit en France), on sera au reaching abattu, à 120° du vent et dans 18-20h (demain matin en France), on sera au vent arrière avec le spi jusqu’à l’arrivée.
 
Vous devez être épuisés ?
Physiquement, pas tellement car on ne manœuvre pas beaucoup. Ce qui est fatiguant, c’est de rester sur le pont à se faire rincer sans qu’il y ait grand chose à faire, à part barrer et régler la grand-voile. J’en étais à me poser la question de savoir s’il fallait changer le fonctionnement des quarts (4 hommes sur le pont – 4 hommes au repos – le skipper (Josse) et le navigateur (Fisher) hors quart). En fait, si on regarde bien, dans les conditions anticycloniques très stables que nous avons depuis plus de 10-12 jours (record inclus), il n’y a vraiment que 2 ou 3 personnes maxi sur le pont qui travaillent. Pendant plusieurs jours, nous sommes sous le même angle de vent, à la même allure. Il n’y a pas un grain qui passe. C’est un peu monotone et on ne se sent pas très sollicité physiquement ni intellectuellement. On brancherait un pilote automatique, cela serait pareil. Mais il n’y a pas d’autre choix que cette organisation de quart, donc je n’ai touché à rien.
 
Avez-vous hâte que cette étape se termine ?
Oui, oui et oui. J’ai hâte, comme les autres d’arriver à Melbourne. Car 1 500 milles au près dans 25 nœuds de vent, cela n’arrive pas tout les jours et c’est un peu comme faire une transatlantique au près. C’est un peu minant.
 
Pensez-vous pouvoir encore faire des frayeurs à ABN AMRO ONE, comme lors de l’arrivée sur Eclipse Island ?
S’ils ont du vent tout le temps, il n’y a pas de raison qu’on revienne vraiment sur eux. Mais on ne sait jamais, juste avant l’arrivée dans la baie de Melbourne, la brise a l’air d’être assez erratique. Il y aura donc quelques opportunités. Mais pour les prochaines 24 h, il n’y a pas grand espoir qu’on aille plus vite qu’eux. Et pour finir cette étape, nous avons un parcours imposé en baie à faire avant de franchir la ligne d’arrivée. Dans la baie de Melbourne, nous n’aurons pas beaucoup d’options possibles. Nous devons passer par un chenal, puis aller virer une marque près des côtes, sur la droite de la baie. Donc les choses seront jouées à l’entrée de la baie de Melbourne.
 
Craigniez-vous encore Movistar ?
168 milles c’est confortable. Mais c’est comme dans toutes les autres régates. Il suffit que tu restes arrêté dans une bulle et qu’ils avancent à 20 nœuds. En 5 heures c’est bâché. En ce moment, on le regarde dans notre rétroviseur et il ne semble pas dans une position trop favorable. Donc je ne m’inquiète pas plus que cela. Mais s’il lofe de 10°, on va lofer de 10°. On va le contrôler quand même.
 
Donc vous avez un œil sur l’arrière et un oeil sur l’avant ?
Oui, on va contrôler l’arrière et devant on va être plus à l’attaque. On va essayer de ne pas faire les mêmes choses qu’ABN AMRO ONE et si on peut leur mettre encore un peu la pression, pourquoi pas !
 
Le moral des troupes est toujours aussi bon ?
Nickel. Pas de déconcentration, même si nous avons eu aujourd’hui un petit feu à l’intérieur du bateau, suite à un court-circuit. Pendant quelques instants, il y a eu un peu d’animation. Mais maintenant, tout est rentré dans l’ordre. Seul mon ordinateur français est mort, mais comme nous avons tout en double, cela n’est pas trop grave. Nous pensons arriver samedi dans l’après-midi.

Source ABN AMRO