Des soucis techniques, il y en a eu lors de cette troisième étape, la plus longue de cette 42ème édition avec 477 milles entre Dún Laoghaire et Les Sables d’Olonne. Les skippers révèlent leur « grain de sable ».
« En approche du Four, je me suis arrêté net : j’étais entré dans un énorme paquet d’algues en pleine nuit. J’ai fait des marches arrière, mais comme elles étaient très longues, elles se sont enroulées autour des safrans et de la quille. J’ai pensé plonger, mais j’ai vu arriver un banc de dauphins ! A la dernière et sixième tentative en marche arrière, tout est parti : je n’ai pas eu à aller dans l’eau, mais j’ai perdu une quinzaine de places… » Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste)
« J’ai eu un bug. Mais il faut que je réfléchisse… Je ne me rappelle plus ! Et bien c’est ça : je ne me souviens plus. J’ai effacé le disque dur de ma mémoire. » Eric Péron (Macif 2009)
« Après Belle Ile, juste après avoir empanné, ma vitesse a chuté. J’ai vérifié mon bateau, mais je n’ai pas vu d’algues. J’étais très lent. Ca faisait une heure et demie. J’ai revérifié le haut de la quille, sous l’eau, avec la lampe torche, j’ai vu qu’il y avait des algues énormes. Mais je n’avais pas de canne. J’ai essayé avec une corde à nœuds, mais impossible. J’ai dû affaler le spi, reculer, rehisser le spi. J’ai regagné un nœud. » Phil Sharp (The Spirit of Independence)
« Pendant la première étape, mes trois GPS sont tombés en rade l’un après l’autre. J’ai dû éviter une bouée in extremis alors que le GPS me la mettait à 200 mètres. Du coup, j’ai fait tout mon passage dans les cailloux en virant au cul du mec qui était devant moi… j’ai eu de la chance, je crois que c’était Alexis (Loison) qui connaît bien le coin ! » Matthieu Girolet (Entreprendre Lafont Presse)
Le marchand de sable
Avec trois jours et trois nuits de mer, les skippers n’ont pas beaucoup l’occasion de dormir, et parfois un rêve émerge d’un sommeil parcellaire. Petits florilèges des passages du « marchand de sable ».
« Je rêve surtout en mer. Et je vais chercher du pain en vélo : ça m’arrive souvent d’aller à la boulangerie pour acheter ma baguette. Je fais souvent des rêves bizarres, que je ne fais pas à terre. » Romain Attanasio (Savéol)
« En mer, je ne rêve pas. Je ne tombe pas dans le sommeil paradoxal parce qu’il n’y a pas le temps… Mais à terre, oui ! Ce sont des trucs totalement improbables, des histoires rocambolesques. Essentiellement dans les premiers sommeils de récupération après une étape. » Jérémie Beyou (BPI)
« Quand on dort, on rêve tout de suite, des rêves bizarres… Des fois, je rêve en barrant. L’esprit part et délire ! Souvent ce sont des phrases qui viennent de nulle part, des mots qui n’existent pas. Je me réveille et ça n’a pas de sens. En gros, c’est le début des hallucinations. A terre, c’est plutôt du sommeil profond pour récupérer. » Isabelle Joschke (Galettes Saint-Michel)
« Je n’hésite jamais à m’assoupir, à faire de la sophrologie, voire un spa à l’intérieur de mon Figaro. Et je prends le soin de bien me déshabiller. Je m’allonge sur ma couchette, je mets mon réveil à 20 minutes. Quand je suis en manque de sommeil, le rêve n’a pas d’accès. Mais quand je suis assez reposé, les rêvasseries me harcèlent, des rêvasseries anxiogènes. Ce n’est pas la Belle au Bois Dormant, même si j’essaie de penser à des jolies choses en m’endormant. » Jean-Paul Mouren (Groupe SNEF)
Des châteaux de sable
Des ambitions, tous les solitaires en ont au départ de La Solitaire, mais à l’issue de la troisième étape, où en sont-ils de leurs « châteaux de sable » ? Se sont-ils effrités ou résistent-ils?
« A la veille de la 4ème étape, je suis déçu parce que j’ai mal navigué jusqu’à présent. Il faut que j’inverse la tendance… J’ai une constante : j’ai fait beaucoup d’erreurs. Et en plus, la réussite n’est pas eu rendez-vous : il faut savoir appeler la chance ! Dans les orages de la troisième étape, je suis resté 2h30 planté sans vent à côté de la ligne d’arrivée… Mais il ne faut pas se morfondre : on a toujours la place qu’on mérite. » Sébastien Picault (Kickers)
« J’ai l’impression de ne pas être éliminé. Mes ambitions de victoire ou de podium sont un peu loin, mais ce n’était pas non plus mon objectif primal. Je voulais être dans le top ten : tout reste à faire avec la dernière étape. On va naviguer dans l’incertitude avec des conditions très aléatoires… Je suis meilleur attaquant que défenseur. » Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls)
« Je ne me dis pas : j’ai mal navigué parce que je ne sais pas naviguer. Je me dis que ce n’est pas moi qui navigue en ce moment. C’est une personne avec des problèmes et trop de choses dans la tête. Je n’exprime pas mon potentiel. J’ai plein de petits trucs qui s’accumulent et après, la tête explose. Je suis un peu fatigué, saturé. Mais je sais que ça va changer après cette Solitaire, je vais me reposer et faire autre chose. » Francisco Lobato (Roff)
Couleur sable
A l’arrivée de la troisième étape de La Solitaire du Figaro, les orages ont mis le ciel et la mer dans un état de transfiguration impressionniste. Un moment exceptionnel pour ceux qui, après 477 milles de mer, découvraient les côtes vendéennes.
« Une arrivée magique ! Les orages et le lever de soleil. Je n’avais jamais vu un ciel comme cela, avec des lumières et des couleurs improbables… Du rose, de l’orange, du bleu, du noir, du gris, des arcs-en-ciel : exceptionnel ! » Jeanne Grégoire (Banque Populaire)
« Je n’avais jamais vu des lumières aussi prononcées, des rouges vifs incroyables. On voit de belles choses en mer, mais là ! D’habitude, on n’a pas trop le temps pour contempler, surtout sur une arrivée d’étape. Mais là, sublimes les éclairs, le tonnerre… En mer, on fait tout de même des breaks pour admirer les paysages. Avec un peu de musique. Il faut arriver à se ressourcer. » Erwan Tabarly (Nacarat)
« J’ai découvert ce qu’étaient les feux de Saint-Elme. Dans l’orage de l’arrivée, il y avait tellement d’électricité statique que les haubans étaient illuminés. C’était rigolo et joli à voir… Mais ça fait deux fois la foudre : sur l’eau et au classement général… » Arnaud Godard-Philippe (Senoble)
Des sables propres
Les figaristes volontaires avaient rendez-vous ce vendredi matin pour effectuer une opération de ramassage de déchets sur une des plages des Sables d’Olonne. L’idée n’est pas seulement de nettoyer, mais aussi d’analyser la provenance de ces déchets pour contribuer à des analyses statistiques dans un projet mené par la Fondation Surfrider.