Groupama 3 : et maintenant le Pacifique!

Groupama 3 - Franck Cammas
DR

Dans un bon flux d’Ouest à Nord-Ouest 30-35 noeuds avec rafales, Franck Cammas et ses hommes alignent les milles depuis minuit à près de trente noeuds de moyenne ! C’est donc une très bonne journée qui s’annonce pour Groupama 3. D’autant que les conditions permettent à l’équipage de reconstruire son capital avance sur le temps de référence : de moins de 300 milles jeudi soir, l’écart a augmenté de 60 milles en une demie journée et comme Orange II n’avait pas été très véloce sur cette phase d’approche de la Tasmanie, ce bonus ne va que croître le week-end prochain…
Franck Proffit échangeait quelques remarques pendant la vacation radio du jour avec Bruno Jeanjean, numéro un à bord du trimaran géant lors de la traversée record de l’Atlantique Nord l’été dernier. Le chef de quart de Groupama 3 en profitait pour faire un petit point sur l’état du bateau et la forme de l’équipage, ainsi que sur la situation actuelle : « Il fait froid en ce moment mais on a connu pire : nous sommes dans des vents musclés de secteur Ouest et l’eau est à 6°C. On commence à se couvrir : on rentre dans l’ambiance de l’océan Indien avec des glissades dans une brise de trente noeuds sous deux ris et foc solent, sur une mer assez courte avec une houle croisée d’Ouest et de Nord. On attend un peu pour allumer que la mer se régule… Cela montre le potentiel du bateau, parce qu’on est toujours devant le sillage d’Orange II avec encore douze heures de marge. Techniquement, le bateau va bien même si hier, on a cassé un coulisseau de lattes qui a tout de suite été réparé. L’équipage est toujours au top, sans aucun relâchement, avec un rythme de trois heures de quart qui permet de bien se reposer et de manoeuvrer rapidement. On est tous frais ! »

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Une nuit Pacifique…

C’est donc la nuit prochaine que l’équipage va conclure sa traversée « indienne » et entrer dans le Pacifique. A ce rythme, Groupama 3 pourrait améliorer le chrono d’Orange II sur cette tranche de parcours, et ainsi s’octroyer un nouveau record WSSRC : l’Indien en moins de 9 jours 11 heures 04 minutes ! Cela démontrerait une nouvelle fois que le trimaran géant est toujours plus rapide que le maxi catamaran dès que la mer est de la partie… Car les deux tiers de l’océan Indien n’ont pas été à la mesure de leur réputation en faisant perdre beaucoup de milles et de temps à Groupama 3 pendant près d’une semaine ! Mais l’avenir est nettement plus radieux pour Franck Cammas et ses neuf équipiers qui vont entamer un Pacifique plus coopératif.

« Dans les heures qui viennent, nous allons rentrer un peu dans l’anticyclone qui est au Sud de la Tasmanie, où le vent va tourner vers le Sud-Ouest. Nous empannerons d’ici 24 heures et nous allons essayer de jouer sur l’état de la mer pour allonger la foulée, malgré des systèmes météo qui se positionnent assez Nord, ce qui est un peu défavorable pour nous… La dépression qui était à l’Est de la Nouvelle Zélande s’est un peu stabilisée et nous allons raser l’île Stewart que connaît bien Yves Parlier ! Le système météo nous impose une route assez Nord et nous ne devrions pas être trop gênés par les icebergs. Nous devrions avoir trois à quatre jours de bonne glisse ! Si la houle s’organise, on devrait pouvoir dépasser les 700 milles par jour… Cela dépendra de l’état de la mer mais il y a encore des chevaux sous le capot ! » lachaît Franck Proffit.

Ils ont dit
Franck Proffit, chef de quart barreur de Groupama 3:
« Tout fonctionne bien à bord : c’est à la fois du professionnalisme avec une très bonne ambiance ! Avec Jaques, Steve… Les choix de voilure s’effectuent dans le bon tempo et côté réparation, c’est tout de suite fait. On a un bateau en parfait état à l’approche de la mi parcours. Certes, le confort est limité car le bateau est très raide avec des coups de butoir très violents, avec des accélérations très franches. Il faut se tenir, faire attention quand on se déplace. La zone de vie fonctionne très bien et on peut vraiment se reposer dans un endroit sec. La suite s’annonce au portant avec une belle mer par derrière… Spaghettis aujourd’hui : c’est varié et on a suffisamment de calories !»

Bruno Jeanjean, équipier d’avant sur Groupama 3 lors des records 2007:
« Je trouve que les performances du bateau et de l’équipage sont fantastiques compte tenu des conditions météorologiques qu’ils ont eu depuis le départ de Ouessant. Avec ces bateaux, ce n’est pas tant le vent que la mer qui importe : ils ont eu un passage difficile à l’entrée de l’Indien et cela va mieux maintenant. Je suis sûr que si la situation avait été plus favorable, ils auraient cumulé beaucoup plus d’avance. Le trimaran a été préparé à la perfection et ils n’ont pas connu de soucis majeurs. Si la météo devient plus coopérative, je pense que les distances vont très sensiblement augmenter. Les manoeuvres à bord de Groupama 3 sont tout de même assez dures : il faut trimbaler les voiles d’un côté à l’autre et elles sont lourdes ! Un empannage avec les mouvements de foils de voiles, c’est une quinzaine de minutes, une prise de ris demande quatre minutes, plus s’il faut le renvoyer… Cela sollicite de l’énergie, surtout quand il commence à faire froid comme maintenant. Engoncés dans les cirés, les déplacements sont plus compliqués, ils doivent avoir des gants. »

Jour 22 : les chiffres
*Distance parcourue sur l’eau en 24 heures : 611,6 milles
*Distance parcourue depuis le départ : 11 676 milles
*Distance par rapport à l’arrivée : 12 854 milles
*Moyenne du jour 22 : 25,48 noeuds
*Moyenne depuis le départ : 22,11 noeuds
*Avance par rapport à Orange II : 340,6 milles