Franck Cammas explique le chavirage de Groupama 3

Groupama 3
DR

A 0h43 ce lundi, le trimaran géant s’est retourné à 80 milles dans l’Est de la ville néo-zélandaise de Dunedin (île du Sud) alors que l’équipage avait empanné deux heures auparavant dans une brise de secteur Sud-Ouest d’une trentaine de nœuds et sur une mer formée. Groupama 3 possédait environ une journée d’avance sur le temps de référence de Orange II autour du monde, et avait entamé depuis ce week-end son entrée dans le Pacifique… L’équipage n’a rien pu faire pour empêcher le retournement et a été très rapidement récupéré par les secours néo-zélandais qui avaient dépêché sur zone, trois hélicoptères. Franck Cammas revient sur le déroulement de cet accident.


« Ce dimanche matin, nous avons empanné très près de la côte néo-zélandaise en suivant un bord qui était destiné à nous écarter du gros de la dépression qui était devant nous. Nous sommes repartis tribord amure, plein Est avec 25-30 nœuds de vent : nous allions vite à plus de trente nœuds sur une mer qui s’était adoucie. Franck Proffit de quart sur le pont, était à la barre : le flotteur sous le vent (bâbord) s’est rompu, juste en arrière du bras de liaison avant. Il y a eu une réaction en chaîne très rapide et en dix secondes, le flotteur a emmené le bras qui s’est cassé aussi.

J’étais en quart de repos et j’ai entendu des cris sur le pont : « On empanne ! » et j’ai senti le bateau gîter… J’ai atteint la casquette quand tout le monde se précipitait pour entrer : on a chaviré en dix secondes. Il faisait plein jour ce qui a permis de voir ce qui s’était passé.

Il n’y avait plus rien sous le vent et Franck Proffit a essayé d’empanner immédiatement, mais la manœuvre était devenue impossible car le flotteur s’était rempli d’eau instantanément : sans appui sous le vent, le bateau a chaviré, relativement lentement, sur le côté avec le flotteur inondé et cassé sur bâbord. Les équipiers qui étaient sur le pont, puisque le quart de veille est tout de suite monté pour empanner en urgence, ont tous eu le temps de rentrer à l’intérieur, Franck en dernier. Il fallait que tout l’équipage soit dedans quand on se retournait pour limiter les risques…

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On a tout de suite constaté les dégâts : nous avons immédiatement averti nos correspondants à terre de l’accident et nous avons commencé à ranger l’intérieur du bateau pour préparer un rapatriement dans les jours qui viennent. Les secours néo-zélandais, avertis par le déclenchement de notre balise de détresse, sont arrivés quatre heures après : nous avons vu trois hélicoptères qui ont fait un super boulot pour nous hélitreuiller. Tout s’est déroulé dans l’ordre et rapidement puisque chaque hélicoptère pouvait prendre quatre personnes. Le sauvetage était un peu musclé avec six mètres de creux : l’hélicoptère ne pouvait pas nous prendre sur le bateau. Les sauveteurs ont eu du mal à venir sur le bateau : il a fallu se jeter à l’eau pour aller chercher un plongeur car le trimaran dérivait à trois nœuds. Ils ont été très rapides car en une heure de temps, nous étions tous à bord.

Les chiffres :

*Trophée Jules Verne : 50j 16h 20’ (Orange II en 2005)
*Ouessant-équateur : 6j 6h 24’ (Groupama 3 en 2008)
*Ouessant-cap des Aiguilles : 13j 08h 47’ (Groupama 3-2008)
*Ouessant-cap Leeuwin : 21j 02h 00’ (Groupama 3-2008)
*Ouessant-Tasmanie : 22j 20h 53’ (Groupama 3-2008)
*Avance sur le temps de référence établi par Orange II en 2005 : 22h29’

L’équipage de Groupama 3 :

Franck Cammas : skipper & chef de quart 1
Franck Proffit : chef de quart 2
Steve Ravussin : chef de quart 3
Yves Parlier : navigateur
Sébastien Audigane : 2ème barreur
Loïc Le Mignon : 2ème barreur
Frédéric Le Peutrec : 2ème barreur
Jan Dekker : équipier d’avant
Ronan Le Goff : équipier d’avant
Jacques Caraës : équipier d’avant