Comme prévu ça va vite. Très vite. Les six leaders du pointage de 4h sont flashés par la patrouille en excès de vitesse, à plus de 11 nœuds de moyenne. Le vent de nord-ouest qui monte à plus de 30 nœuds dans les rafales permet d’allonger la foulée et autorise en prime de longs surfs grisants… mais pas sans risques. Eric Peron (Cigo) en a déjà fait les frais : dans un empannage il a déchiré son grand spi et est contraint de faire route avec le petit, beaucoup moins performant dans ces conditions. Christopher Pratt (Espoir Crédit Agricole) n’a pas de pilote automatique depuis le départ et a déjà commencé son chemin de Groix : il est obligé de coucher volontairement le bateau pour pouvoir empanner !
En tête, abonné aux bons débuts de course au départ de l’Irlande – voir l’an dernier à Cork – Armel Le Cléac’h (Brit Air) mène la danse des 44 solitaires en route pour l’ultime combat vers Concarneau. Le bizuth Erwan Israël, décidément formidable sur Delta Dore, lui mène la chasse à 0,2 mille. Nicolas Bérenger, qui s’amuse comme un fou dans le vent fort et la longue houle, est en troisième position à 0,4 mille. Il est à égalité avec le leader du classement général Nicolas Troussel qui galope lui aussi à onze nœuds de moyenne en la saine compagnie d’un Yann Elies (Groupe Generali assurances) remonté à bloc. Les gros bras sont là. Alors que le leader Le Cléac’h est pointé à 371 milles de l’arrivée (déjà 85 milles d’avalés depuis le départ d’hier à 15h !) les écarts sont encore limités, puisque pas moins de 37 bateaux tiennent en moins de 5 milles d’écart au but. Le deuxième au général Thierry Chabagny (Littoral) est lui aussi parfaitement dans le match, à moins de deux milles de la tête de course.
A fond dans la nuit noire, les 44 solitaires progressent comme prévu à des vitesses plus que respectables. Avec la hantise de déchirer une voile, casser du matériel… ou rencontrer un mammifère marin, mésaventure qui vient d’arriver à Eric Dourglazet, le navigateur de PIXmania.com. Rien n’est joué.
Les échos du large
Eric Drouglazet (PIXmania.com) : « Je me suis pris une bestiole d’une douzaine de mètres ! »
« C’est sympa, ça va vite au but. Il faut être dessus, on prend 30 nœuds, donc il faut être vigilant quand même. C’est un peu chaud. On exploite les bascules de vent. Je me suis pris une bestiole d’en gros douze mètres de long, ça a cogné très fort, bel arrêt buffet ! Charles (Caudrelier) a vu l’aileron de la bestiole derrière, c’est assez impressionnant, je suis tombé sur le winch avec l’arrêt mais ça va… J’ai fait un départ à l’abattée, j’ai eu peur pour le spi mais j’ai réussi à récupérer le bazar, je ne sais pas trop comment. On se reposera demain.»
Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs) : « la grande éclate ! »
« C’est la grande éclate ! Une nuit géniale… Le vent est monté, l’empannage était un peu chaud avec 25 nœuds. J’ai mis un coup la bôme dans l’eau, un coup le tangon dans l’eau, c’était chaud mais c’est passé. J’ai vu 17 nœuds de vitesse du bateau au speedo… J’ai le leader devant moi dans l’axe, je pense que c’est Armel Le Cléac’h. Je pense être dans le groupe de tête. Je n’ai pas lâché la barre, il n’est pas question de dormir. »
Christopher Pratt (Espoir Crédit Agricole) : « sans pilote ! »
« J’ai pas de pilote depuis le départ, j’apprends à empanner sans pilote dans 25 nœuds et c’est pas simple. J’ai tout de même réussi à attraper le sac de nourriture qui était à portée de mains. Pour empanner, je me mets au tas volontairement et puis je me remets ensuite sur la route. C’est un peu chaud mais pour l’instant ça marche. Je vais me battre, en restant vissé à la barre. On a eu une petite histoire sur la VHF des gars dans la montagne qui ont survécu longtemps à plus de 6000 m dans la montagne, c’était impressionnant et ça m’a boosté, je me suis dit que par rapport à ça, ne pas avoir de pilote sur une étape de La Solitaire ce n’était pas si grave. »
Eric Peron (Cigo) : « j’ai éclaté mon grand spi »
« Sur le premier empannage, j’ai merdé un peu et j’ai éclaté mon grand spi.. Donc là je suis sous petit spi. Et j’ai les boules ! Du coup, je vais moins vite que les autres. Alors, je m’accroche. »
Robert Nagy : « des bouffes à 33, 34 nœuds »
« Ça gigote pas mal, des bouffes, à 33, 34 nœuds, c’est un peu rock’n’roll. Pas de souci pour l’instant. Le groupe de tête est juste devant, je pense que je suis encore dans les 10 premiers, donc ça va. C’est plus rigolo que ce qu’on a fait dans l’autre sens ! Y en a pour un bout de temps comme ça encore. Trois empannages sans souci pour l’instant ça va … »
Excès de vitesse sur la Manche !
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