Enorme bagarre dans les îles

Foncia - Solitaire du Figaro
DR

La route des figaristes pourrait figurer dans le meilleur des programmes touristiques au menu « visite guidée des îles bretonnes ». Sauf que les intéressés sont loin d’être en villégiature. A vrai dire, les hostilités ont démarré vers minuit alors qu’il a fallu faire un choix important : passer au-dessus ou au-dessous de Belle-Ile. Dans un long bord bâbord adonnant, la route logique emmenait les protagonistes sous le vent de l’obstacle, une option choisie par la majorité de la flotte. Seuls une dizaine de bateaux, emmenés par Armel Le Cléac’h (Brit Air) ont privilégié l’option du large et attendent désormais de savoir à quelle sauce ils seront mangés par les leaders de l’intérieur soit Michel Desjoyeaux (Foncia), Charles Caudrelier Benac (Bostik), Erwan Tabarly (Athema) et Gérald Veniard (Macif) pour ne citer qu’eux.

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Ce matin, après une nuit bien humide et parfois pluvieuse, les 52 solitaires ferraillent désormais dans l’archipel des Glénan où la visibilité est mauvaise. Les pensionnaires du Centre d’Entraînement de Port La Forêt y sont en terrain connu et sauront peut-être mieux que quiconque éviter tous les dangers de cette baie mal pavée. Toutefois, nul n’est prophète en son pays, comme le faisait remarquer Armel Le Cléac’h à la vacation du matin et la situation est loin d’être limpide. Le vent est en train de basculer au nord-nord-ouest pour 11 nœuds environ et de nombreux coureurs ont déclenché les premiers virements de bord.

Dans les heures qui viennent, ça va tricoter dans tous les sens en baie de Port Laf’. « Ils risquent de passer entre les Glénan et les îles aux Moutons et dans l’étroit chenal des Pourceaux » prédit Jacques Caraës à bord du catamaran Direction de Course. Il y aura des cailloux, du courant, de nombreuses algues et enfin des bateaux de pêche, signalés au petit matin par Le PSP Cormoran, le patrouilleur accompagnateur de la Marine Nationale.

Il faut espérer que les coureurs aient pris le temps de se reposer un peu avant d’attaquer cette matinée tactique et technique. Les 25 milles restants jusqu’à cap Caval à la pointe de Penmarc’h (dernière marque de parcours à respecter) s’annoncent passionnants en tout point : les écarts sont très faibles, le vent doit tomber et son orientation reste fluctuante.

En tout cas, ce début de troisième étape tient ses promesses en termes de suspense et d’intensité. Rendez-vous en milieu de matinée au passage de cap Caval (Grand Prix GMF Assistance) où le classement pourrait encore être remanié.
C.El

Les échos de la mer

Erwan Tabarly (Athema- 3e à 4h30) : « J’arrive vers les Glénan »
« Tout va bien on est au près, le vent mollit un peu, j’arrive vers les Glénan, il va se passer encore beaucoup de choses et beaucoup de jeux. Les conditions sont assez clémentes, par contre le passage de Belle-Ile, ce n’est pas un moment facile pour dormir. Je n’ai pas encore dormi pour l’instant mais ca va je ne suis pas trop fatigué. On attend une bascule, je ne vais pas tarder à virer sinon je vais être sur les cailloux, je pense que je vais devoir tirer quelques bords pour aller sur Cap Caval, il va y avoir du jeu. »

Armel Le Cléac’h (Brit Air – 9e à 4h30) : « On arrive dans les cailloux »
« Ca ne va pas être facile. On arrive dans les cailloux, pointe au sud du Finistère avec un peu du courant et un vent qui va mollir un peu. Il faut être vigilent car c’est un endroit où il y a pas mal d’algues ce n’est donc pas le moment où l’on va dormir. J’ai pris l’option de passer au vent de Belle-Ile, en me disant qu’il y aurait plus de dévent sous le vent. Je ne sais pas où sont mes camarades, je crois apercevoir des feux devant donc je ne sais pas si ça a été bénéfique. Il y a du jeu, le vent bouge pas mal, on a eu des nuages avec de la pluie cette nuit et un vent qui est rentré jusqu’à 16-17 nœuds, là ça molli et entre les iles, le courant, les algues, et les effets de cite on arrive dans la baie de port la forêt : il y a des coups à faire. C’est un endroit que l‘on connait bien mais il faut faire attention à ne pas faire de bêtises. Il y aura surement des choses à éviter ! »

Nicolas Lunven (CGPI- 12e à 4h30) : « les conditions ne sont pas simples »
« Tout se passe bien, les conditions ne sont pas simples car on attendait une rotation du vent qui a eu du retard, cela me perturbe un peu, je n’ai pas fait un meilleur bord par rapport aux camarades donc on fera mieux la prochaine fois. Le vent molli, il faut être bien vigilent aux réglages, je viens de croisé une demi longueur derrière Défi Mousquetaires. Je me suis reposé entre Belle-Ile et Groix. Je suis en forme, j’ai réussi à faire 3 à 4 petites siestes de 10 minutes. Le temps devrait se dégagé dans la matinée. J’ai hâte que le jour se lève pour voir le plan d’eau et pour voir où j’en suis dans la flotte. J’ai des bateaux devant et je ne sais pas qui c’est. »

Gildas Mahé (Banque Populaire- 14e à 4h30) : « Une nuit pas mal ! »
« Une nuit pas mal, le bateau allait bien, je suis sous pilote histoire de pas faire trop d’écart de barre car je ne suis pas très précis la nuit. Je reste aux réglages et je laisse le pilote barrer, je contrôle ce qu’il fait et je vérifie que l’on ne se ramasse pas des tonnes d’algues.
J’attends le classement car certain sont passé à l’extérieure de Belle-Ile en ce qui me concerne je suis passé à l’intérieur, donc on verra bien. Les conditions sont bretonnes : humide, pas beaucoup de vent et de visibilité. Ca s’améliore actuellement, il n’y a pas beaucoup de mer donc ce n’est pas désagréable"