La première étape du Tour de France s’est achevée aujourd’hui avec une belle domination de Team Lorina Limonade – Golfe du Morbihan. Les Vannetais ont remporté le raid côtier de Dunkerque, vendredi, les quatre manches de qualification en stade nautique dimanche et la Super Finale au terme d’un scénario renversant… Cardinal – FenêtréA et Crédit Mutuel de Bretagne complètent le podium du jour. A la régularité, Team Coved est troisième du classement général. Les favoris sont bien au rendez-vous !
Les « gamins » ont bien grandi. Vainqueurs du classement amateur l’an dernier, Quentin Delapierre, Matthieu Salomon et leurs équipiers ont manifestement franchi un cap. Certes, Franck Cammas et Pierre Pennec ne pilotent pas le Diam 24 de Groupama cette année et Xavier Revil et Thierry Douillard ne sont plus ensemble sur le Tour avec Spindrift, mais les jeunes Vannetais avaient déjà démontré l’étendue de leur répondant en prenant la 4e place du Tour de France à la Voile l’an dernier. Et puis, les empoignades du jour, notamment lors de la Super Finale, sont là pour témoigner du niveau relevé de ce plateau 2016 et des objectifs de victoire de plusieurs teams.
Depuis vendredi, les Limonadiers survolent les débats. Intouchables sur le raid côtier, qu’ils ont remporté avec 8’14 d’avance sur Nicolas Troussel et Crédit Mutuel de Bretagne, ils ont encore apposé leur marque à plusieurs reprises ce dimanche, en remportant quatre des six manches qualificatives du groupe Jaune (avec une 2e place et une 3e en guise de contre-performance), puis en signant un retour renversant sur une Super finale qui semblait bien mal embarquée.
Les 6 Super qui étaient 7
Il faut avoir un certain sens du panache pour inaugurer une règle par son exception. La flotte n’en manqua pas en proposant à la Super Finale une intronisation hors-cadre. Au lieu de six bateaux comme le dictent les instructions de course, ce sont sept Diam 24 qui se sont qualifiés pour la manche ultime, Team Coved et Team Lorina Mojito – Golfe du Morbihan terminant les qualifications à égalité de points à la 6e place.
Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour comprendre tout ce que cette Super Finale allait proposer en termes de suspense, de renversement de situation et aussi, finalement d’équité sportive. Dans un vent d’ouest – sud ouest forcissant, les sept qualifiés allaient signer une merveille d’œuvre hitchcockienne. D’abord, c’est le leader du classement général provisoire qui manque son départ.
Team France Jeune et la loi de Murphy
Dans la foulée, son dauphin, Team France Jeune, joue avec le bord de ligne et perd son safran bâbord contre la bouée côté viseur. Dans la réalisation de l’empannage, c’est l’autre safran qui cède avant que l’Arthur de mât (système qui permet de limiter la rotation du mât) lâche à son tour. Rien pourtant dans les instructions de course n’oblige à subir à plein la loi de Murphy… Team France Jeune finira la course en boitant, histoire de ne pas prendre un point de pénalité pour ne pas avoir terminé une course.
En tête du peloton, Cardinal – FenêtréA, piloté par un Julien Villion déchainé, et Crédit Mutuel de Bretagne secouent durement le club des Cinq sur le chemin de la bouée sous le vent. Une « petite erreur » de Crédit Mutuel de Bretagne scotche une partie de la flotte au plan d’eau et… pendant ce temps, Team Lorina Limonade, qui n’a pas bullé en queue de peloton, s’engouffre dans la brèche pour venir coiffer sur la ligne d’arrivée Cardinal – FenêtréA et Crédit Mutuel de Bretagne, et parachever leur domination sans partage sur les côtes de Flandre !
5+4 = 3 pour Team Coved
Au classement général, les limonadiers ont fait carton plein. Avec 100 points, ils devancent Crédit Mutuel de Bretagne, 2e du raid et 3e du stade nautique… et le Team Coved d’Aurélien Ducroz, qui grimpe sur le podium en misant placé : cinquièmes vendredi, le double champion du monde de freeride et son équipe terminent quatrièmes ce jour. Avec, en prime, le Prix Finagaz de la Combativité. Enfin, 6e du classement général, Natixis – Défi YC Saint-Lunaire est leader du classement Jeunes et Amateurs by Finagaz.
Quentin Delapierre, co-skipper de Team Lorina Limonade – Golfe du Morbihan : « On aime être dans le vent, on l’a démontré sur le début de la saison de Diam 24. J’ai complètement raté le départ de la Super Finale et heureusement que Kevin (Péponnet) et Bruno Mourniac ont tout fait pour récupérer ma boulette ! Kevin a très bien lu le plan d’eau. »
Kevin Péponnet, équipier de Team Lorina Limonade – Golfe du Morbihan : « Après ce départ, on était libre. Les autres finalistes ont fait peut-être une petite erreur en allant un peu loin sur un bord et on s’est engouffré dans la brèche ».
Bruno Mourniac, équipier de Team Lorina Limonade – Golfe du Morbihan : « C’est très dur de si mal partir, mais on s’est tout de suite convaincu qu’on avait des chances de revenir. On s’est battu, on s’est appliqué sur nos manœuvres et ça a payé ».
Nicolas Troussel, skipper de Crédit Mutuel Bretagne : « Ce fut une journée très sportive dans un vent qui n’a cessé de monter. Il était un peu instable, il fallait être réactif en tactique et très appliqué dans les manœuvres. Dans notre groupe, le niveau était très élevé et ce n’était pas facile d’en sortir. On n’a pas fait que des bonnes manches, mais la moyenne du tout nous a permis de nous qualifier, en 3e position du classement général après qualification. La manière de se qualifier pour la Super finale importe peu, pourvu qu’on y soit. On était plutôt bien parti, mais une petite erreur de notre part a bloqué la flotte et c’est ainsi que les Limonadiers ont repris la tête. J’ai adoré le principe de la Super Finale : tu es fatigué par les qualifications, mais il faut à nouveau donner le maximum… tout peut arriver. Et courir le stade nautique à six – sept – est très différent des courses en flotte qui ont précédé ».
Aurélien Ducroz, skipper de Team Coved : « C’était une journée incroyable de régates intenses ! On est ravi ! On termine 5e sur le raid côtier, 4e aujourd’hui : on ne pouvait pas rêver mieux pour un début de Tour. La difficulté des stades nautiques, c’est la régularité. Ça se joue à vraiment rien, la moindre erreur te fait perdre cinq places. Il faut être super régulier pour atteindre la Super finale. On manque encore d’entraînement, mais on progresse tous les jours et l’ambiance à bord est super bonne. Et l’envie est là. La suite ? On verra sur la durée. »
Erwan Fischer-Guillou, co-skipper de Team France Jeune : « Nous avons très bien géré les qualifications, en sortant deuxièmes du classement général provisoire, mais ça s’est moins bien passé lors de la Super Finale. Nous cassons le safran bâbord sur la bouée de départ côté viseur – c’était le jeu de tenter sa chance -, parce qu’il nous a manqué juste un mètre. Nous prenons une pénalité et, en empannant pour la réaliser, le safran tribord casse à son tour parce qu’il était de travers. Par chance nous le récupérons, mais nous cassons aussi l’Arthur du mât (un système qui permet de limiter la rotation du mât, ndlr). Ça s’est bien enchaîné, mais nous tenions à ne pas abandonner : ça coûte un point de pénalité au classement. Le très bon point ? Nous avons remporté six départs sur autant de manches de qualification. »