Jérémie Beyou (Delta Dore) a remporté cette 36ème Solitaire Afflelou Le Figaro. Pour sa neuvième participation, il avoue ne pas avoir beaucoup mangé « mais plutôt mieux que les années précédentes ». De plus en plus pointilleux sur leur préparation, les skippers et surtout les solitaires, intègrent aujourd’hui l’alimentation dans les paramètres de la performance. Mais est-ce seulement une bonne intention ou s’y tiennent-ils une fois en mer ? Manger équilibré en mer, une lubie ?Dans des conditions météos maniables, les skippers observent plutôt une amélioration de leurs habitudes, comme Jeanne Grégoire (Banque Populaire) qui a soigné particulièrement son alimentation cette année « J’ai su trouver un bon rythme. J’ai vu que mon corps était une vraie horloge biologique qui suivait l’heure des repas. Il y a des signes qui ne trompent pas, j’ai eu moins de courbatures comme cela arrive quand tu puises dans tes réserves et à l’arrivée je n’ai pas perdu de poids. » C’est également le cas de Sébastien Audigane (D’Aucy) qui avait « des conserves variées de cassoulet, lasagnes, blanquette et petit pois » ou d’Oliver Krauss (Espoir Crédit Agricole), Jérémie Beyou et Yannick Bestaven (Aquarelle.com – Charente Maritime) qui ont réussi à manger quelques plats chauds. Même s’il ne prend pas ses repas à heure fixe, Kito de Pavant (Groupe Bel) aime bien se « préparer un bon petit déjeuner avec des œufs au bacon et du café. » Exception à la règle, Michel Desjoyeaux (Géant) avoue être « le pire exemple en matière de diététique, je mange peu et très mal. Il n’y a plus de petit-déjeuner, déjeuner et dîner qui tiennent. C’est spécifique à la Solitaire, sur des courses plus longues, je m’alimente mieux sinon je ne tiendrais pas. Là, j’attrape ce qui vient et parfois je me fais chauffer une barquette, c’est comme ça que j’ai mangé un civet de lapin, il ne fallait vraiment pas être superstitieux ! » (référence à la phobie des marins pour les lapins qui dans le passé, mangeaient les cordages des navires). Jean-Yves Chauve a pu constater que « éveillé 23 heures sur 24, un skipper consomme 4000 calories par jour. Les rations embarquées sont majoritairement à base de pâtes et de semoules, viennent ensuite les gâteaux sucrés et des apports majoritaires de glucides, puis les fromages à pâte cuite, alors que les protides restent les parents pauvres, les viandes et les poissons sont trop peu consommés. » Météo musclée = estomacs en berneMais dès que la météo se dégrade où que le stress de la course monte, ils avouent tous bouleverser leur rythme. Le « je grignote » devient alors récurrent dans les témoignages, un comportement redouté par les médecins. Le docteur Chauve a remarqué que « les skippers se retrouvent presque en conditions de survie. Les repas sont alors remplacés par des grignotages, souvent à base de sucres, une attitude contestable pour conserver un apport énergétique nécessaire à la performance. » Le meilleur exemple fût sur la 4ème et dernière étape. Entre Cork, au Sud de Irlande, et Port Bourgenay, les marins ont subi le vent, la mer, le froid et la pluie. Tombé en panne de pilote automatique, Yannick Bestaven s’est retrouvé dans l’impossibilité de manger : « je ne pouvais pas quitter la barre, pour tenir, j’ai même avalé du café soluble directement à la petite cuillère ». Sébastien Audigane n’a mangé que du fromage frais sur du pain de mie et Jérémie Beyou a englouti en tout et pour tout « trois casse-croûtes et trois noisettes. » Se préparer des plats sur le réchaud devient alors impossible, voir dangereux et dans ces conditions, c’est celui qui va le plus loin, qui dort le moins pour barrer au maximum, qui l’emporte. Équation inévitable où le corps fait office de fusible. Certains ont perdu jusqu’à 2 kilos en 2 jours de course ! En moyenne, les huit skippers ont perdu 0,9 kilo par étape. Kito de Pavant, lui, en a perdu 5 sur l’ensemble de la Solitaire. Ce n’est pas une surprise et c’est pourquoi il préconise « une bonne hygiène de vie avant, car on sait que pendant trois semaines on va au bout de ses limites. »Source Groupe Bel
Dis-moi ce que tu manges…
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