Place à un final en apothéose qui dévoilera, 110 milles plus loin de l’autre côté de la mer de Marmara, le nom de son grand vainqueur. Sûr en tout cas que ce dernier n’aura pas démérité pour déjouer, seul à la barre de son monotype, tous les pièges et embûches de la Grande Bleue, et conquérir la magique citée d’Istanbul… Bientôt les eaux du Bosphore, le croissant d’or, les minarets et les coupoles d’Istanbul, cette ville symbole jetée comme un pont entre l’orient et l’occident. Le voyage des solitaires touche à sa fin et le dénouement se rapproche à grands pas des étraves des Figaro Bénéteau, en escale sur la petite île de Bozcaada. La navigation à la voile étant interdite dans le détroit des Dardanelles, c’est à Gallipoli, après un convoyage au moteur de 60 milles que sera donné le départ de cette étape finale. La mer de Marmara obligera alors la flotte à rester à l’affût, les sens en éveil, tant pour anticiper les ultimes chausse-trappes de la météo que pour apprécier des paysages offerts en Technicolor. Elle sera le juge de paix de cette édition 2008 de la Cap Istanbul. Du vent est attendu et doit permettre à la flotte de rejoindre le Bosphore dans la matinée de jeudi.
Le podium en jeu
Sur ces eaux qui louvoient entre la Thrace européenne et l’Asie, les 27 solitaires joueront le tout pour le tout. « Cette dernière étape est prévue pour faire une centaine de milles, durant lesquels il faudra tout donner pour tenter de glaner un bon résultat », annonce Armel Tripon (Gedimat). Et c’est sans compter avec tous ceux qui jouent les places d’honneur : les cinq skippers, qui, dans le tableau arrière de Nicolas Bérenger (Koné Elevators), abattront leurs dernières cartes pour le podium. Tous les coups tactiques seront plus que jamais permis. Gildas Morvan (Cercle Vert), François Gabart (Espoir Région Bretagne), Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier), Marc Emig (Capitol) ou encore Thierry Chabagny (Suzuki Automobiles) se tiennent tous en 1h10. Et dieu sait, si sous ses latitudes orientales, tout reste possible. Il y a du chamboulement et de l’attaque dans l’air et ce n’est certainement pas pour leur déplaire. Les trois plus proches poursuivants du premier progressent eux dans un mouchoir de 30 minutes. Ils auront, bien sûr, à cœur de jouer aux chaises musicales sur fond d’appels de muezzins pour se partager le podium.
Bientôt Byzance ?
Quant à Nicolas Bérenger, fort de ses 51 minutes et 03 secondes d’avance sur Gildas Morvan, il n’a jamais été aussi prêt de conquérir Istanbul et de monter au plus haut point du minaret. Les chiffres sont là pour rappeler qu’Istanbul lui tend les bras. Pour lui, c’est peut-être bientôt Byzance. Plus que 110 milles sur la mer de Marmara et celui qui s’est hissé en tête à force de régularité pourra savourer une victoire au goût épicé. A Bozcaada, malgré la pression de rigueur, il se veut confiant et en rigole presque : « Il est coutume de dire que quand tu as une demi-heure d’avance si prêt du but, tu es à l’abri ». Il reste qu’aux portes du Bosphore, un vent nouveau souffle sur les fondements de la course au large. On le sait, Istanbul n’a pas son pareil pour se mériter. Depuis des siècles déjà, elle fait l’objet de toutes les convoitises…
Ils ont dit :
Jean-Charles Monnet (Degrémont-Suez Environnement, « Source de Talents » ) : « Le parcours de la 5ème étape est simple, sans obstacle particulier et selon les premières estimations météos se sera une manche rapide, estime Jean-Charles, "Je ne pense pas que cette course de vitesse va bouleverser le classement général mais restons prudent et tentons d’en gagner ! La méditerranée ne m’a pas fait beaucoup de cadeau depuis le début mais ma persévérance pour faire au mieux reste intacte. »
François Gabart (Espoir Région Bretagne) : « Ce sera un parcours court de 110 milles. Aux dernières infos, c’était de la pétole (vent faible) qui se profilait. Ca peut être très piégeux. Alors j’ai couru cette quatrième étape comme si c’était la dernière, j’ai tout donné pour conserver une bonne place au général. »
Gildas Morvan (Cercle Vert) : « Même si je me rapproche de la tête de course, je ne vais pas m’amuser à attaquer sur une option solitaire. Il paraît qu’en Mer de Marmara les conditions sont particulièrement instables, je n’irai pas tenter le diable pour la victoire à tout prix. D’autant que Nicolas Bérenger a bien navigué jusque là, il est régulier. Mon premier objectif est de remporter le titre de Champion de France : il récompenserait une saison où j’aurai fini toutes les courses sur le podium…