Voix du large…

    Michel Desjoyeaux (Foncia) : « Mon avarie dans le grand sud ? La bonne réponse a été donnée par Andi Robertson…qui a gagné un Foncia en chocolat. C’était bien le safran bâbord en cause. Le 17 décembre, j’ai d’abord constaté que l’axe principal du boîtier de safran était partiellement cassé et ne tenait plus que d’un côté. La suite s’est produite le 25 décembre en fin de nuit, alors que j’étais en route vers la porte Pacifique. J’étais au près bon plein dans 35 bons nœuds et de la mer formée. J’avançais prudemment avec 2 ou 3 ris et ORC. J’avais relevé le safran au vent, à l’horizontale. Je pense qu’une vague est venue frapper le safran. Le bout qui le garde en position haute a cassé. Impossible de remettre le safran à sa place. Il n’était plus tenu que par la jambe de force sur le côté et le bout de dessous. Je décide de ralentir le bateau je me retrouve à plat, puis à contre, je commence à partir en marche arrière. Là, j’ai vu le safran partir sous le bateau puis il est revenu vers l’arrière et coup de chance, le boîtier était revenu peu à peu à sa place. J’ai eu peur en voyant le safran faire ‘floc floc’. Et comme par miracle la situation a cessé d’empirer à ce moment là. Quelques jours plus tard, j’ai réussi à sécuriser le système, j’ai même confectionné un axe extensible qui permet de jouer le rôle de fusible et au safran de remonter en cas de choc avec un objet flottant. J’ai le sentiment d’être passé à côté d’une catastrophe. Même si dans l’action on n’a pas peur, elle vient rétrospectivement, quand on a réglé le problème. Un bateau, sans safran c’est comme une voiture sans direction : point de salut. »

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    Roland Jourdain (Veolia Environnement) : « Ça va comme un lundi. Il y a un temps à grains. Ça mouline, ça travaille. Pour l’instant, les réparations tiennent nickel. Ce matin, j’étais parti pour faire une grasse matinée. Mais je me suis levé et j’ai du faire des manœuvres. J’ai du mettre le Solent, puis après la trinquette. Toujours est-il que je suis content de sortir de l’endroit le plus cabossé ! Mais je sais qu’il faut que je me dépêche. Plus je me dépêcherai, plus je passerai dans de bonnes conditions l’anticyclone des Açores. C’est une course contre la montre avant que l’anticyclone ne s’affaisse. Je pense que c’est une question de temps. Et il y a un côté agaçant. Quand t’es compétiteur, tu as envie que le bateau aille vite. Sauf que Veolia est diminué et je suis sans arrêt en train de freiner pour éviter de solliciter le bateau trop violemment.»

    Arnaud Boissières (Akena Vérandas) : « Ça tape un peu ! C’est vraiment la galère le long des côtes brésiliennes. En ce moment, le soleil est derrière les nuages. Il fait chaud, mais je supporte plutôt bien la chaleur. Je barre une paire d’heure par jour, c’est plutôt intéressant dans les moments de transitions, dès que le vent mollit. C’est agréable de barrer dans ces conditions, l’eau est chaude et avec la chaleur, on sèche vite, même si on se prend des vagues. Je ne pense pas trop à l’arrivée. Je ne trouve pas forcément le temps long mais, pour tout vous dire, je suis obnubilé par cette pointe brésilienne, elle me tracasse. Je n’ai pas envie de me retrouver sur la plage à aller jouer avec les footballeurs brésiliens…»

    Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) : « Je viens de passer la dernière porte du Pacifique : cap sur le Horn. C’est un soulagement de l’avoir passée. Ça été agité et maintenant les conditions ressemblent plus à celles du Sud. Il faut prendre des ris, empanner… Du coup, le temps passe plus vite. J’espère franchir le cap dans une huitaine de jours. Je vais avoir un train de dépressions jusque-là. Je sens que je vais passer le cap Horn quand le premier arrivera. Là où j’ai le plus souffert ? Les deux grosses dépressions de la fin de l’année. Je n’ai pas passé un très bon Noël !»