"Humide et secoué !" Voici comment les marins caractérisent l’atmosphère qui règne à bord des yachts classiques de l’Oberthur Atlantic Technologies depuis un peu plus de 24 heures. Fidèle à sa réputation, le Golfe de Gascogne s’est en effet chargé de recevoir les équipages en y mettant les formes et leur infligeant une navigation au près dans une mer très formée. Amazon poursuit malgré tout sa course en tête et contient les assauts des hommes de Calypso III, décalés dans son Nord et leaders en temps compensé.
Décidément, soixante-douze heures après le départ de Douarnenez, le tableau de l’Oberthur Atlantic Trophée est loin de prendre les allures d’une promenade de santé. Bousculée par les éléments, vivant perpétuellement en mode "penché" et exposé à la lance à incendie du Golfe de Gascogne, la flotte, composée à 90% de passionnés disputant cette régate vers les Açores sur leur temps de vacances, espère à l’unisson des jours meilleurs. Si les mots des bords se font rares, tous expriment des conditions toujours musclées sous l’influence d’une dépression estivale et la nécessité de trouver un nouveau rythme. Les heures passées à la barre se font plus courtes et incitent à l’alternance pour éviter de se mettre en déficit de fatigue, tandis qu’on réduit la toile pour préserver le matériel et laisser passer le coup de vent sans trop d’encombres. "Après une soirée et une nuit difficile – genre quarts d’une heure maxi – le vent reste quand même en moyenne à 30 nœuds. Cette nuit et encore ce matin, c’était baffes à 35/40, avec une mer de vache et 5 à 6 mètres parfois croisés. Cool quoi ! Les cirés n’ont pas aimé toute cette eau qui nous tombe dessus continuellement, espérant un ramollissement général ! Foc 2 et trois ris sont gréés depuis hier soir", confirmait par mail l’équipage de Lady Mone, l’un des plus petits voiliers engagés dans l’Oberthur Atlantic Trophée qui pointe actuellement en dixième position. Mais pour tous, l’accalmie annonce ses prémices dans les prochaines heures. Ainsi, le Sud a-t-il déjà commencé à bénéficier de conditions plus clémentes et devrait poursuivre sur cette inspiration dans les prochains jours, faisant les affaires de l’actuel leader Amazon d’Olivier Pecoux. Au Nord, le régime douceur attendra un peu, mais les 25 nœuds annoncés jusqu’à mardi auront de quoi permettre aux concurrents un retour à un quotidien plus agréable et à Jean-François Caraës et ses équipiers de Calypso, de disputer de plus belle les rênes de la course. La bonne nouvelle quant à elle, est annoncée pour mercredi avec le retour d’un flux de Nord, tournant Nord Est et offrant du portant et des conditions de glisse jusqu’aux Açores. De quoi toucher la récompense de longs mois de travail pour prendre le départ de cette belle aventure.
Drôle d’endroit pour une rencontre
Hasard du calendrier, à l’heure où les concurrents de ce rendez-vous disputé entre Douarnenez et Horta connaissent une entrée en jeu corsée, ils s’apprêtent à croiser la flotte des 40 pieds engagés sur l’épreuve Les Sables – Horta – Les Sables. En course sur la deuxième étape, les unités modernes affichent des vitesses de près de 14 nœuds et déboulent au portant, profitant d’une glisse effrénée. Mais si la rencontre de ces deux mondes fait éclater le contraste des performances, elle ne fait pourtant que perpétuer la grande histoire des marins, professionnels ou amateurs, qui tracent leur sillage vers les Açores et mêlent leurs pas sur les quais des ports de l’archipel.
Escales du Nord au Sud
Trois bateaux retarderont ou diffèreront leur escale aux Açores. Ainsi, Mélusine II, victime de problèmes de moteur, est-il actuellement sur le point de rallier Bénodet où une équipe de l’organisation de l’Oberthur Atlantic Trophée l’attend. De leur côté, Pascal et Olivier Delvigne ont amarré Gerfaut III dans le port de Gijon en Espagne, afin de résoudre leur souci d’évacuation d’eau dans la baille à mouillage. Ils profiteront de leur arrêt au stand pour agrandir les sorties d’évacuation avant de reprendre le large, à partir de mardi midi, une fois la nouvelle dépression passée. Enfin, déplorant un hauban abîmé, Pazienza, le plan Laurent Gilles de 18 mètres aux mains du Britannique Richard Haycock, s’apprête à faire un stop aux Sables d’Olonne pour faire un point sur la situation.