A quelques jours de leur départ dans la Route du Rhum, Seb Josse, François Gabart, Vincent Riou, Thomas Coville et Sidney Gavignet nous livrent leurs points de vue sur la stratégie des Volvo Ocean 65 engagés dans le tour du monde en équipage.
François Gabart : « Les bateaux en tête aujourd’hui sont les mieux sortis du Pot au Noir. En ce moment, c’est frustrant pour ceux de derrière car ils n’avaient d’autres choix que de faire le grand tour de Sainte-Hélène comme leurs adversaires. Par contre, les trois bateaux de tête se tirent la bourre. Ca va batailler jusqu’au bout. Team Vestas Wind a fait un joli coup en se décalant dans l’ouest, il est bien revenu sur ses adversaires. Désormais, c’est la vitesse qui va primer et peut être quelques petits coups tactiques. La Volvo Ocean Race ne me tente pas sous le format actuel (monotypie). Par contre, si jamais elle se faisait un jour en multicoque… C’est mon rêve ! Je rêve d’un tour du monde en équipage en multicoque. »
Thomas Coville : « J’aime bien l’attitude de Team Vestas Wind. Ils naviguent bien depuis le début, ils sont audacieux. Par la route que les équipages font, on peut presque avoir une idée de l’état d’esprit ou de l’ambiance à bord. J’ai été contacté par Chris Nicholson mais mon objectif était cette Route du Rhum. Si je pouvais plus tard faire une ou deux étapes, ce serait super. Naviguer avec lui et toute son équipe dont les néo-zélandais du bord, ce serait une consécration ! »
Sébastien Josse : « La monotypie rend la course très intéressante. Les bateaux sont très proches. On l’a bien vu au passage du pot au noir. On voit que la course n’est pas finie, la flotte doit encore contourner Sainte-Hélène. Il y a ceux qui essayent de prendre le virage à la corde et ceux qui vont un petit peu plus au sud pour avoir davantage de pression. Je ne fais pas de routage tous les jours mais on voit bien que Team Vestas Wind ouvre la porte, ils n’ont pas peur de prendre des options, d’aller dans l’ouest. »
Vincent Riou : « En regardant la flotte, on voit bien que l’anticyclone de Sainte-Hélène est aujourd’hui positionné assez bas. Il faut le contourner. Les retardataires ont essayé de combler leur retard en arrondissant un peu plus large la zone de haute pression où les vents sont faibles. C’est une situation qui n’est jamais facile pour les premiers parce qu’ils ont la lourde tâche d’ouvrir la route, tous les risques sont donc pour eux. Derrière, leur seule chance de remonter est que les premiers flirtent trop prêt de Sainte-Hélène. Team Vestas Wind s’est décalé. Ca semble être une bonne option, il a repris pas mal de terrain. Je pense que Team Brunel a été audacieux. Il a été un petit peu plus joueur avec les hautes pressions quand ils ont tous empanné au large Cap Frio. »
Sidney Gavignet : « Ce que je vois, c’est notamment que Dongfeng est totalement dans la course, ils sont loin d’être largués. Je pense que le profil des coureurs français est très bon. Le profil des navigants a complètement changé dans cette course puisqu’on arrive à des bateaux qui sont – même s’ils sont en équipages – en équipage réduit. Le concept de Tour du monde one design en équipage est passionnant pour moi qui suis très intéressé par le management humain. C’est un challenge que j’aimerais beaucoup relever. »