En stand-by depuis le 6 décembre, Franck Cammas et ses hommes avaient effectué une dernière sortie de mise au point pendant le Salon Nautique de Paris pour confirmer l’embarquement d’Yves Parlier, comme navigateur, et valider une dernière fois Groupama 3. Et c’est à cette occasion qu’ils avaient constaté un problème de stratification sur les foils. Un chantier d’une semaine suffisait à solutionner le problème dû à une mauvaise accroche des tissus carbone extérieurs sur l’âme en mousse.
Contraint de laisser passer un créneau de départ (celui choisi par Thomas Coville pour s’attaquer à son tour du monde en solitaire), ce n’est qu’à l’approche de Noël qu’une nouvelle opportunité se présentait… Une possibilité qui ne s’avérait finalement pas bonne car l’objectif pour une tentative sur le Trophée Jules Verne est d’abord de s’assurer que la descente entre Ouessant et l’Equateur va permettre de gagner des heures sur le temps de référence établi par Orange II en 2005 (50 jours 16 heures 20 minutes).
L’hémisphère Sud en cinq jours ?
Avec les analyses météorologiques disponibles actuellement, il est possible de prévoir avec une très bonne fiabilité une trajectoire optimale sur une semaine. Or Bruno Peyron et son équipage avaient mis 7 jours 2 heures 56 minutes pour atteindre l’Equateur alors que, lors de sa tentative infructueuse en 2003, Géronimo avait franchi la ligne de changement d’hémisphère en 6 jours 11 heures 26 minutes… Avec un bon enchaînement météorologique, Groupama 3 peut espérer descendre sous la barre des six jours ! La « fenêtre » du 3 janvier offrait une belle ouverture, avec l’installation éphémère d’une dépression centrée sur Biarritz provoquant un flux de secteur Est 15 nœuds sur la pointe de la Bretagne. En contournant ces basses pressions, Groupama 3 pouvait très rapidement attraper un flux de Nord-Ouest au large du golfe de Gascogne et atteindre les Canaries en deux jours ! Mais le centre de basses pressions s’est désagrégé avant d’arriver sur l’Europe, dissipant toute chance de proposer une situation intéressante pour attraper rapidement les alizés africains…
Une situation que Franck Proffit exposait aux équipiers dans le mail du matin : « Code rouge … la fenêtre du 3 janvier s’est refermée. Le centre de la dépression reste dans l’Ouest, au large de Ouessant et grossit sur tout le golfe de Gascogne. Cela fait un départ au près… pas propice au record. La mer est toujours très forte et dans cette configuration nous arrivons trop tard sur Saint Hélène pour passer. Nous sommes désolés pour les voyageurs (Jan et Ronan de retour d’Afrique du Sud et du Brésil ndlr), mais nous n’avions pas trop le choix… C’est la vie des chasseurs de records ! » Le programme de Groupama 3 reste établi pour les premiers jours de l’année : étude fine des prévisions avec l’expert météo à terre, Sylvain Mondon, en attendant une nouvelle ouverture, prochainement…
Franck Cammas ajoute : « Nous sommes en stand-by depuis près d’un mois, même s’il a été repoussé pendant une semaine à cause des foils. Tout est arrangé maintenant. Le fait de partir en début d’année est plutôt favorable pour l’enchaînement des phénomènes météo avec l’été austral et donc des nuits courtes : presque toutes les autres tentatives sur le Trophée Jules Verne se sont élancées en janvier ou février… Nous sommes donc dans les temps et plus motivés que jamais! »
L’équipage « Jules Verne » de Groupama 3 :
Chef de quart – barreur : Franck Cammas (Skipper), Franck Proffit, Stève Ravussin
Deuxième Barreur : Frédéric Le Peutrec / Loic Le Mignon / Sébastien Audigane
N°1 : Ronan Le Goff / Jan Dekker / Jacques Caraës
Navigateur : Yves Parlier
Expert météo à terre : Sylvain Mondon (Météo France)
Les chiffres à retenir:
Trophée Jules Verne : 21 760 milles, au départ d’une ligne définie virtuellement entre l’île de Ouessant et le Phare du Cap Lizard (Angleterre). Tour du Monde en équipage en laissant à bâbord les Caps de Bonne Espérance, Leeuwin, Horn.
Temps à battre : 50 jours 16 heures 20 minutes et 4 secondes – Vitesse moyenne : 17,89 noeuds. Record détenu par Bruno Peyron, à bord du maxi catamaran Orange II, depuis mars 2005



















