C’était sport et technique aujourd’hui entre Hyères et les îles d’Or. Le vent d’Est a frôlé les 20 nœuds et il fallait écraser le clapot haut et court pour extraire des bateaux un maximum de vitesse. Deux à trois manches ont été disputées et dans les catégories les plus athlétiques, les marins sont rentrés au port fourbus, parfois au prix de quelques bobos : Guillaume Florent (Star) ou Sarah Steyaert (Laser Radial) se sont légèrement blessés à la tête pendant un virement de bord. Nettement plus douloureux et plus contrariant : Manu Dyen (49er) qui s’est déboîté l’épaule lors d’un dessalage en rentrant à terre. Le barreur de Stéphane Christidis est immobilisé pour trois semaines. Malheureusement, et en dépit d’une très belle journée sur l’eau (manches de 2, 6 et 3), l’équipage doit renoncer à la SOF et réserver ses forces pour la prochaine épreuve : Sail for Gold début juin à Weymouth.
Les vainqueurs du jour
Leurs collègues de l’équipe de France ont été plus chanceux. Quatre d’entre eux se distinguent aujourd’hui par leur victoire : le médaillé d’argent à Pékin Julien Bontemps en RS :X Homme, Eugénie Ricard chez les filles, Pierre Leboucher et Vincent Garos en 470 hommes et Ingrid Petitjean et Nadège Douroux en 470 femmes. Malheureusement les deux Marseillaises seront disqualifiées sous règle noire dans la manche suivante. Les jeunes Julien d’Ortoli et Noé Delpech, membres du groupe France, réalisent eux aussi une belle journée en 49er.
100% de réussite
Trois équipages terminent même cette première journée sur un score parfait : Damien Seguin (2.4), le trio Jourdren/Vimont Vicary/Flageul (Sonar) en catégorie handivoile et les demoiselles du match racing Claire Leroy, Marie Riou et Claire Pruvot. Dans le groupe A, les filles de Mermaid Sailing Team remportent leurs trois duels, malgré une chute à l’eau de Marie dans le match N°2 face aux Portugaises. Ce n’est qu’un début pour les bleus, mais il est fort encourageant.
Les cadors aux belles places
Chez les étrangers, les favoris ont déjà marqué leur territoire. En Finn, le britannique Ben Ainslie, quadruple médaillé olympique, s’impose à deux reprises devant ses compatriotes tout aussi talentueux Giles Scott, Andrew Mills et Ed Wright. En planche à voile, l’Espagnole championne toute catégorie Blanca Manchon est aux commandes, tandis que chez les hommes, le podium provisoire reflète tout bonnement celui des derniers J.O, Tom Ashley (NZL) en tête. En Laser Radial, la Hollandaise et N°1 mondiale Marit Bouwmeester claque deux manches dans son groupe. Chez les hommes, c’est le champion du monde en titre, ISAF Sailor of the Year, Tom Slingsby qui signe un sans faute. En Star, les Brésiliens Robert Scheidt (4 médailles olympiques, 9 titres de champion du monde) et Bruno Prada tiennent le haut du tableau… Tout ce beau monde devra confirmer son talent dans les conditions de vent plus légères prévues à partir de demain lundi. Le début des courses a été avancé à 9h30 pour profiter au maximum des derniers souffles de vent d’Est avant l’établissement d’un régime de brise thermique.
ILS ONT DIT :
Manu Dyen et Stéphane Chritidis, contraints d’abandonner la SOF.
Explications de Stéphane Christidis (49er) :
« En rentrant au port, nous avons dessalé. Le bateau a enfourné, nous nous sommes pris une vague de trop pendant l’empannage. Manu a volé alors qu’il était au trapèze. Il s’est fait déséquilibrer et son épaule est venue taper contre la coque. Il est rentré en zodiac et a été pris en charge par le médecin de l’équipe Hervé Roguedas qui lui a remis l’épaule tout de suite. C’est une grosse mauvaise nouvelle. Nous avons des regrets car nous sommes dans une bonne dynamique. Mais on montrera que nous savons rebondir ! Il faut maintenant trois semaines d’immobilisation totale pour Manu. Après, il aura aussi de la kiné. On croise les doigts pour être prêts en juin pour la Sail for Gold Regatta. »
Claire Leroy (match racing) :
« Bonne journée pour nous ! On a gagné nos 3 matchs. Sur le 2ème, on passe juste derrière les Portugaises et Marie tombe à l’eau dans le virement. Du coup, on est derrière à 6 longueurs. La hargne est présente et on remonte dès le portant. On est 4 longueurs derrière à l’enroulée, et ensuite on attaque. Bouée au vent : on met la pression et on arrive à reprendre l’avantage. On enroule devant et on creuse ! Point important car notre poule est de très bon niveau avec les 3 des 4 premières de Palma. La suite demain ! »
Bruno Jourdren, vainqueur des deux manches en Sonar avec Nicolas Vimont Vicary et Eric Flageul :
« 2 manches, 2 victoires, on peut dire que ça s’est bien passé ! Un début de championnat, c’est toujours un peu délicat. Nous avons un nouveau bateau et nous testions de nouvelles voiles mais nous avons vite été à l’aise en vitesse. Nous nous sommes affranchis des problèmes de vitesse. Nous étions bien pour ces conditions. »
Pierre Leboucher, vainqueur de la manche 2 des 470 hommes avec Vincent Garos :
« Nous appréhendions un peu cette première journée mais finalement, on était bien dans le match. Pas évident car nous sommes très nombreux dans chaque groupe (53 bateaux, ndr). On était bien en vitesse et c’est ce qui fallait faire aujourd’hui : faire avancer le bateau. C’était plutôt technique. L’autre difficulté était de bien appréhender les nombreuses rotations de vent. »
Jean-Baptiste Bernaz (Laser), deux fois 3e dans son groupe :
« J’ai pris de bons départs aujourd’hui. Je termine deux fois 3ème. Devant moi, le champion du monde en titre Slingsby gagne les deux manches. Le Brésilien Fontes fait deux à chaque fois. Nous avons eu entre 15 et 20 nœuds de vent. Je suis content de ma journée d’autant que j’ai eu un petit coup de fatigue en début de semaine. Je crois que j’avais tout simplement hâte que ca commence, j’avais envie de confrontation. »
Jérémie Mion (470 avec Nicolas Charbonnier) :
« On a fait une bonne journée, nous avons été rapides à toutes les allures. Nous avons eu 15 nœuds de vent, j’aime bien ces conditions. Depuis le début de l’année, nous nous sommes beaucoup entrainés dans du vent. Cela fait plaisir de débuter la semaine comme cela mais il ne faut pas se relâcher. La communication et l’ambiance sont très bonnes à bord ».
Mathilde Géron (470 avec Camille Lecointre) :
« Aujourd’hui, nous faisons une journée moyenne. On a pris un bon départ sur la première manche mais on fait une faute sur une italienne à la bouée au vent. On a du faire un 720. Nous avons fait ce qu’on a pu sur la suite. On termine 10 sur une manche où on aurait pu faire 3. C’est hyper chaud ces 60 bateaux sur la ligne. C’est assez inhabituel car nous sommes généralement des groupes de 30 à 40 bateaux. On n’aura pas le droit à l’erreur, les départs seront importants. Ca va brasser dans les classements d’autant qu’on attend des conditions différentes pour la suite. Ce sera des régates à points, il va falloir être le plus régulier possible ! »
C. El