Cheminées Poujoulat à grandes foulées vers les îles Malouines

Cheminées Poujoulat BWR
DR

Bernard Stamm et Jean Le Cam ont doublé le cap Horn, la nuit dernière (00h53 TU), 18 jours et 9 heures après le cap Leeuwin, 30 jours et 15 heures après le cap des Aiguilles. Toujours en tête de la flotte. Et cavalent à 17 noeuds dans une mer calme, à l’abri de la Terre de Feu, vers les îles Malouine qu’ils approcheront ce soir. Ce passage a sonné comme un signal pour ses premiers poursuivants, attendus d’ici trois jours aux abords du célèbre rocher. Leur duel est une source de motivation pour aller chercher un pouième de vitesse supplémentaire et leur envie d’en finir avec les mers du Sud en est une autre. Pour eux, le franchissement du Horn devrait se faire dans des conditions autrement plus rudes que celles rencontrées hier par les leaders.

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Cheminées Poujoulat a reçu ce midi, depuis Barcelone, l’hommage d’un ancien favori. «  Bernard et Jean font une très belle course jusque-là et je les félicite d’avoir franchi le cap Horn à la première place mais la route est encore longue. Un millier de milles peut s’effacer rapidement, la course pour la victoire n’est pas finie. Je leur souhaite la meilleure chance pour le futur », a commenté le navigateur britannique Alex Thomson, dont le bateau Hugo Boss naviguait en tête avant de démâter dans la nuit du 14 au 15 janvier.

Un concurrent a salué également le passage du duo franco-suisse. « Un grand bravo à Jean et Bernard qui ont passé le cap Horn avec un bon wagon d’avance et une belle option sur la victoire finale », a écrit l’aguerri Sébastien Audigane. À 4000 milles des leaders, à 2800 milles de GAES Centros Auditivos, Renault Captur a rangé ses prétentions au podium depuis son arrêt technique en Nouvelle-Zélande. Reprendre sa place perdue de quatrième bateau de la flotte est un haut objectif en soi. Il lui faut revenir pour cela sur One Planet One Ocean & Pharmaton et We are Water, toujours contraints par une bulle anticyclonique Les deux bateaux espagnols, composés d’amateurs éclairés, se surprennent. Aleix Gelabert et Didac Costa, à bord de l’ancien Kingfisher d’Ellen Mac Arthur, n’auraient jamais pensé pouvoir aligner d’aussi belles vitesses (431,7 milles en 24 heures). Leurs conditions ont été favorables ces derniers jours pour revenir en force (160 milles) sur We are Water, qui les avait doublés dans l’Atlantique, peu avant l équateur. Cette menace oblige Bruno et Willy Garcia, en vent arrière, à manœuvrer en permanence pour limiter la casse.

Spirit of Hungary n’en est plus là. Arrivé hier soir à 23h50, à Bluff, port à l’extrémité sud de la Nouvelle-Zélande, Nandor Fa et Conrad Colman procèdent à des réparations de plus grande envergure. Outre le changement de chariots du rail de grand-voile, le bateau doit être sorti de l’eau pour remplacer le boulon qui tient le vérin de quille. L’arrêt technique devrait se prolonger au-delà de 48 heures. Distants cet après-midi de 4700 milles du leader, et de 750 milles de Renault Captur, le duo puise en ses propres motivations à long terme des raisons de revenir en mode course dès que possible.

Ils ont dit :

Nandor Fa (Spirit of Hungary) : « Ce fut très difficile d’arriver ici, nous avons eu plus de 50 nœuds de vent, un vent froid. Nous allons sortir le bateau de l’eau, pour changer le boulon qui tient le vérin de quille. L’arrêt doit durer plus de 48 heures, un peu plus qu’attendu. Je n’ai pas besoin d’aller à l’hôpital. J’ai besoin de porter un chapeau mais je pense que d’ici trois ou quatre jours, les points de suture seront retirés. Quand nous repartirons, nous pousserons le bateau comme si nous étions dans le match. Nous serons bien trop loin de la flotte, sans espoir de pouvoir la rattraper. Néanmoins, la performance nous importe et de ce point de vue, nos premiers adversaires, c’est nous. Nous repoussons nos limites pour notre satisfaction, notre fierté. »

Anna Corbella (GAES Centros Auditivos): « Je suis excitée à l’idée de doubler pour la deuxième fois le cap Horn. J’aimerais y être maintenant, c’est un passage important, nous voulons remonter vers le nord et pointer l’étrave vers la maison. Les conditions en ce moment sont celles d’une zone de transition entre deux fronts. Nous naviguons au reaching dans 10 nœuds de vent et sur une mer plate, c’est une situation assez étrange pour une approche du cap Horn, mais dans quelques heures, le vent de nord-ouest devrait rentrer à nouveau. Et forcir.”

Sébastien Audigane(Renault Captur) : «  Aujourd’hui, nous sommes de nouveau dans les 50es, les albatros viennent nous soutenir en survolant le bateau. Depuis ce nouveau départ, nous sommes concentrés sur le contournement de cette dépression qui nous barre la route. Au reaching dans un vent médium, le scénario se déroule plutôt dans le bon sens pour l’instant, et au fil des heures nous gagnons un peu de temps. Nous passerons pas très loin du centre de cette dépression et derrière, Renault Captur pourra plonger au portant pleine balle à la poursuite des « Frères de l’Eau » (We are Water) et de leurs compatriotes de One Planet One Ocean.. »

Classement à 15h
Cheminées Poujoulat (B Stamm – J Le Cam) à 6695,6 milles de l’arrivée
Neutrogena (G Altadill – J Muñoz) à 1096 milles
GAES Centros Auditivos (A Corbella – G Marin) à 1211,4 milles
We Are Water (B Garcia – W Garcia) à 3244,7 milles
One Planet One Ocean & Pharmaton (A Gelabert – D Costa) à 3405,1 milles
Renault Captur (J Riechers – S Audigane) à 4000,4 milles
Spirit of Hungary (N Fa – C Colman) à 4748,4 milles