Bernard Nivelt : « Maintenant, les gars peuvent se battre »

Bernard Nivelt
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« Hier, j’ai bien failli me jeter par dessus-bord quand j’ai vu la tournure que ça prenait… Quel sport de cons ! », s’amuse Bernard Nivelt avec son franc parler habituel. L’architecte, pilier du design team d’Areva Challenge, plaisante d’autant plus facilement que les dernières sorties l’ont bien montré : FRA 93 est une machine bien née et performante. Alors certes, l’issue de la première manche de l’Act 13 est décevante par rapport au début de course, mais l’outil répond aux attentes… « Aujourd’hui, poursuit l’homme de l’art, on sait que si on part devant, on peut rester devant, les gars peuvent se battre et pour l’état d’esprit de l’équipe, c’est très important. » L’équipe souffle, après avoir « été dans le rouge tout le temps au niveau préparation. On est très contents des modifications récentes au niveau des appendices, c’était la bonne manœuvre. Il reste pas mal de travail au niveau du moteur, c’est-à-dire du plan de voilure, et on réfléchit notamment sur le creux des génois, car on a vu qu’on était souvent moins gîtés que les autres et à mon avis on peut se permettre d’être plus puissants dans les petits airs. »

"Individualistes forcenés"
Maintenant que les jupes sont tombées et que les choix architecturaux sont patents, Bernard Nivelt s’étonne de voir la diversité des choix opérés par les challengers. « C’est incroyable, il y a en gros toutes les options imaginables, tant au niveau des quilles que des formes de coque. Ça va de la section semi-circulaire à la boîte à chaussures – je pensais que tout se ressemblerait plus ou moins… C’est loin d’être le cas. En ce qui nous concerne, il y a eu des décisions difficiles à prendre, et nous étions condamnés pour des questions de temps et de budget à tirer au centre, à jouer un peu prudent. Voir que nos options marchent, c’est vraiment satisfaisant car tout le monde a bossé dur. Le design team a bien fonctionné, ce qui n’est pas toujours une évidence, car en France tout au moins, un architecte naval est plutôt un individualiste forcené… nous n’avons pas forcément cette culture d’équipe. En tous cas moi, je ne l’avais pas au départ, avant de travailler avec des américains sur une édition précédente : parfois, les confrontations étaient vraiment frontales, même brutales. Mais quand un gars voyait sa solution refusée, il se mettait au boulot quand même sans état d’âme. Moi, si on ne choisissait pas mon option, je commençais par faire la tronche 3 jours ! Pour FRA 93, le boulot d’équipe a été productif et aujourd’hui, avec le temps et les moyens qu’on avait, je pense qu’on a fait du bon travail »

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JB, à Valencia