Armel Le Cléac´h en passe de réussir son pari

Armel Le Cléac`h Banque Populaire
DR

La stratégie que le skipper de Banque Populaire a été le seul à adopter, probablement en dépit des routages, peut se résumer ainsi : emprunter la route la plus courte pour franchir la porte Crozet. Une route qui ressemblait à une petite départementale pleine de chicanes. Armel s’y est aventuré pendant que ses camarades préféraient débouler sur l’autoroute du sud, une voie plus rapide, mais au final beaucoup plus longue. 


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Entre le début de la nuit et le petit matin, Macif, Virbac-Paprec 3, Cheminées Poujoulat et Hugo Boss ont franchi péniblement la porte Crozet, dans les petits airs anticycloniques. Les voici à la croisée des chemins avec un Armel Le Cléac’h en nouveau chef de file, déboulant à plus de 16 nœuds en direction de la porte d’Amsterdam. Les écarts se sont resserrés entre ce top 5 qui offre depuis plus d’une semaine une course passionnante, au contact, au milieu de l’océan indien.

La régate que se livre le trio de poursuivants baptisé « groupe des tontons flingueurs » par Jean Le Cam lui-même, est tout aussi excitante. Golding (Gamesa), Le Cam (Synerciel) et Wavre (Mirabaud) se rapprochent de la porte Crozet dans les vents faiblissants, prodigués par le même anticyclone. Mais leur remontée vers cette « marque de parcours » est beaucoup moins poussive que pour leurs prédécesseurs. Résultat, les trois « quinquas » sont en train de refaire leur retard avec 200 milles de gagnés en l’espace de 24 heures.

Si ce n’est les mers croisées, permanentes, les conditions sont plutôt modérées et surtout très irrégulières par 40 degrés sud. Et c’est bien là ce qui unit les solitaires en ce 28e jour de course. Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) et Arnaud Boissières (AKENA Vérandas) sont accueillis dans l’océan Indien par un anticyclone que devront tôt ou tard négocier Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets) et Tanguy de Lamotte (Initiatives-cœur). Aujourd’hui, Tanguy profitait même de la clémence des éléments et du soleil pour prendre une douche en tenue d’Adam dans le cockpit de son 60 pieds…

Baston pour Team Plastique ?

Le Grand Sud n’a pas encore montré son plus mauvais visage. Le dernier concurrent, Alessandro Di Benedetto, pourrait cependant l’entrevoir dès cette nuit. Le skipper de Team Plastique s’apprête à subir le passage d’une grosse dépression. Des rafales à 50 nœuds sont annoncées et surtout des vagues de 5 à 7 mètres. En restant au nord de cette dépression, le franco-italien devrait éviter le pire. Il doit toutefois se préparer à vivre quelques heures très difficiles.

C.El

Ils ont dit

Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) : « Je me sens mieux aujourd’hui, on a enfin un peu de vent mais pour aller le chercher, il a fallu aller plus au sud que prévu. Quand on sera tous alignés pour passer la prochaine porte, les positions seront plus claires, on pourra voir où en est chacun. Bien sûr j’ai fait des simulations du routage des autres concurrents, ça fait partie du jeu. Mais le vent change tellement souvent que c’est dur d’en tirer des enseignements avant 5 ou 6 heures. Les portes des glaces sont un élément supplémentaire à prendre en compte dans le jeu. Mais on e peut pas pendre la sécurité à la légère, surtout en solitaire. Mais au niveau de la stratégie, ce n’est pas toujours simple de les intégrer. »

Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec 3) : « Cet anticyclone est pénible, j’avais des vents de dix nœuds et maintenant c’est encore moins que ça, c’est difficile. Il y a quatre ans, nous n’avions pas passé autant de temps aussi proches les uns des autres, il y avait de gros écarts entre les bateaux dans l’Océan Indien. Ma situation actuelle est assez frustrante, justement parce que ces fameux vents forts ne sont pas là. »

François Gabart (MACIF) : « On essaie d’attraper des vents plus forts dans le sud car ce qu’on a actuellement ne correspond pas à ce qu’on attendait. On en a un peu mais il est très changeant, c’est trop instable. J’ai vu que Banque Populaire et Virbac sont actuellement plus rapides. Je croise les doigts pour la suite… »

Mike Golding (GBR, Gamesa) : « Je me sens plutôt bien après ces quelques jours relativement faciles. J’ai pu me reposer et prendre le temps de ranger un peu le bateau avant de me préparer à la prochaine étape du voyage après cette porte, que nous devrions atteindre d’ici une vingtaine d’heures. Ce qui se passé, c’est qu’on est à l’arrière d’une zone de haute pression. Il y a un front qui se développe et nous, nous avançons à peu près à la même vitesse. On devrait donc l’avoir avec nous jusqu’à la porte et même après. »

Classement de 16h

 1         Armel Le Cléac’h Banque Populaire à 16 357.8 nm
 2         François Gabart Macif à 11.1 nm
 3         Jean-Pierre Dick Virbac Paprec 3 à 47.1 nm
 4         Bernard Stamm Cheminées Poujoulat à 56.7 nm
 5         Alex Thomson Hugo Boss à 85.1 nm
 6         Mike  Golding Gamesa à 399.0 nm
 7         Jean Le Cam SynerCiel à 440.1 nm
 8         Dominique Wavre Mirabaud à 464.3 nm
 9         Javier Sanso Acciona à 1175.6 nm
 10       Arnaud  Boissières Akena Verandas à 1436.6 nm