Anémique !

Arrivée mellbourne
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rois jours pour faire 500 milles, soit 6.9 nœuds de moyenne, depuis le départ de Portsmouth. Pas de quoi pavoiser pour ces puissants voiliers qui ont régulièrement “avalé” leurs 500 milles quotidiens dans les précédentes étapes. Mais sur cette avant-dernière manche de large, la météo en a décidé autrement. A tel point que dans les mails qui parviennent régulièrement à l’organisation, les skippers commencent à émettre quelques doutes sur leur arrivée en temps et en heure pour disputer la régate in-shore du samedi 10 juin à Rotterdam.

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Sidney Gavignet, barreur sur ABN AMRO ONE écrivait il y a quelques heures ce message : « Je viens d’entendre un cri sur le pont, les gars sont excités, nous venons de franchir la barre des 2 nœuds. Mon dernier quart sur le pont fut le plus lent de tout ce tour du monde. Nous faisons un drôle de sport, il n’y a pas de doute. Jan nous a impressionnés en capturant un pigeon venu se poser sur un sac à voile à l’avant du bateau, puis en l’endormant ! Pour cela, il lui mit la tête sous une aile et a recouvert le tout avec la deuxième aile. Après l’avoir bercé une minute, Jan l’a posé dans le cockpit. L’oiseau ne bougeait pas : il dormait profondément. Il fallu le réveiller pour qu’il reprenne son envol. Impressionnant notre Sud-Africain !!! Les nuits sont froides et courtes, belles aussi, les étoiles se reflètent sur la surface de l’eau lisse. Nous avons un peu de mal à suivre la flotte dans ces vents quasi inexistants, mais nous ne sommes finalement pas si loin. Rien n’est encore fait, tout dépendra de la façon dont le vent se réinstallera sur la zone. Nous faisons de notre mieux, mais je dois avouer que c’est un peu particulier d’être en mer en ayant déjà rempli notre contrat. ABN AMRO TWO est dans le rythme, parfois devant, parfois derrière. La nuit dernière nous étions assez proche l’un de l’autre, nous nous sommes même amusés à nous faire des « pseudos » messages codés avec les torches. J’entends à nouveau l’eau couler le long de la coque, nous bougeons… A bientôt avec un peu plus de vent j’espère. »

De son côté, Paul Cayard, le skipper de Pirates des Caraïbes commençait à songer au rationnement des vivres.  “Etant donné les circonstances, nous songeons à rationner nos vivres. Nous avions embarqué de la nourriture pour 6 jours, soit pour une journée supplémentaire par rapport à nos prévisions d’arrivée à Rotterdam. Certes, nous ne risquons pas mourir de faim, mais un peu de gestion des stocks serait sans doute prudent. »

Quant à l’idée d’une réduction de parcours, à ce stade de l’étape, elle est inenvisageable. Car il faudra bien que les concurrents remontent jusqu’aux îles Orcades au nord de l’Ecosse, puis redescendent en route presque directe sur Rotterdam,… à moins de passer par le canal Calédonien et saluer au passage le monstre du Loch Ness. Mais la proposition ne sera sûrement pas retenue par la Direction de course ! Une seule solution donc pour ces marins qui se traînent à vue, à 6 nœuds de moyenne, sur une mer d’huile : la patience pour encore quelques heures car ces conditions de lenteur extrême vont bientôt prendre fin.

En effet, la météo va changer dans les heures qui viennent et les VO 70 vont enfin pouvoir reprendre de la vitesse. Après le passage de l’Ile Blasket, des vents d’Est de 12-15 nœuds sont prévus en fin de journée pour la remontée le long de la côte ouest de l’Irlande. Le seul bémol à cette évolution attendue avec impatience par les équipages est que le système de haute pression qui cause actuellement coups de soleil et vitesses d’escargot semble se déplacer vers la Mer du Nord. Là, elle pourrait les attendre pour les malmener une dernière fois avant Rotterdam.

L’arrivée de cette 14ème manche, initialement prévue le mercredi 7 juin, devrait plutôt être le lendemain, ou, au plus tard, le vendredi 9 juin. A peine de quoi se retourner pour la régate in-shore du samedi 10.