La dépression très creuse qui passe au nord-est d’Auckland s’intensifie en arrivant dans les zones plus froides des mers du Sud. Elle bloque la route au large du cap Est pour les 5 VO70 en course, contraignant les navigateurs et les skippers à se frayer un passage en remontant vers le nord au lieu de plonger vers le sud à travers la baie de Plenty.
Douze heures après son arrivée à Auckland suite à la décision de faire demi-tour consécutive à la casse d’une cloison sur Azzam, Abu Dhabi est reparti en milieu de journée (heure locale), mais quelques heures plus tard se voit contraint de se mettre à l’abri. Ian Walker déclare que cette tempête est « un gros coup de pied dans le bide » pour son équipage. « On avait espéré que la météo nous laisserait passer, car les autres bateaux ne sont qu’à 200 milles de nous, mais c’est le contraire qui se produit. On a besoin de sortir du canal de Colville, mais les sémaphores signalent un vent de face de 50 noeuds et des rafales supérieures à 60 noeuds. On reste prisonnier de cette dépression avec la tempête bloquant notre route vers les vents plus faibles à l’est. Nous nous mettons à l’abris sous le vent des îles dans le golfe d’Hauraki et restons à l’écoute des sémaphores, car la situation évolue rapidement. Repartir avec une journée de retard sur la flotte et puis être contraint à l’abandon serait bête, mais rester ici à la cape est extrêmement frustrant. Nous essayons de regarder cela lucidement pour bien gérer les risques. »
Quant aux autres équipes qui progressent à 250 milles plus à l’est à une vingtaine de noeuds, les conditions sont loin d’être idéales non plus, comme le signale Yann Riou sur Groupama. « Faites-nous vibrer ! C’est ce que j’ai entendu à plusieurs reprises en quittant le port d’Auckland de la part d’un public passionné et enthousiaste. Mais pour le moment, c’est Groupama 4 qui vibre. La coque, le mât, les voiles l’équipage, tout. Et comme jamais. S’il est dit qu’on doit se prendre une prune pratiquement à chaque départ d’étape, celle-ci est particulièrement copieuse. À nous faire oublier les autres. Quelle violence ! Le résultat pour le moment est sévère. Un émerillon de J4 (Foc) cassé, pour une raison inconnue, et la voile à récupérer au milieu de la nuit. Pour cela, quelques milles parcourus à l’envers afin d’affaler la voile, sauvée mais maintenant en vrac dans le bateau, à l’avant du mât. Un équipage pas loin d’être également en vrac pendant les heures qui ont suivi l’opération. Et depuis, la multiplication de changements de voiles pour palier à ce manque. Et bien sûr, des milles perdus qui s’accumulent. »
Ce matin c’est Telefonica qui mène la flotte avec Camper, Puma et Groupama dans son sillage, tandis que Sanya se trouve le plus au sud, ce qui explique son avantage dans le classement par rapport aux Français, mais le monocoque chinois est également le plus à l’ouest de cette flotte de cinq bateaux.
Classement de 8h
Telefonica à 6120 milles de l’arrivée
Camper à 11 milles
Puma à 19,9 milles
Sanya à 21,7 milles
Groupama à 22,8 milles
Abu Dhabi course suspendue