« Il fait très froid sur le pont et nous sommes dans le brouillard pratiquement depuis le départ. Quand on finit nos quarts, nous n’avons qu’une hâte c’est de retrouver nos duvets en laine polaire et profiter au maximum de notre temps de récupération. Aujourd’hui, nous avons rencontré une baleine. J’étais à la barre depuis une heure, quand un remous suspect a attiré mon attention. Quelques minutes plus tard un autre remous, avec cette fois l’imposante queue du mammifère marin frappant la surface de l’eau à environ 300 mètres du bateau. J’ai alerté Jan et Crusty, sur le pont avec moi, afin qu’ils profitent du spectacle, mais l’animal n’a pas refait surface. Peu après, je pouvais voir des espèces d’auréoles d’eau lisse et sentir cette odeur de poisson, caractéristiques de la respiration des baleines… Cinq minutes plus tard nous avons percuté l’animal, passant de 12 à 5 nœuds. Le bateau a été complètement secoué. En me retournant après le choc, j’ai vu un morceau de dérive flotter dans notre sillage. Plus tard, nous nous sommes aperçu que la baleine avait même laissée des morceaux de peau dans les filières du bateau ! Occupé a éponger les fonds, Dave était appuyé contre le boîtier de dérive lorsque le choc a eu lieu, il m’a expliqué sa peur, pensant d’abord que nous touchions le fond (en pleine mer), puis que nous venions de passer sur la chaîne d’un cargo que nous n’aurions pas vu dans le brouillard…Il a pu entendre le bruit du carbone se rompre sous le choc. Heureusement, nous transportons une dérive de rechange depuis le début de la course, en une vingtaine de minutes cette dernière remplaçait la dérive cassée. Voila, côté course, nous sommes dernier. Les options sont radicalement différentes. Le reste de la flotte semble avoir privilégier le gain sur la route directe, tandis que notre navigateur Stan Honey pense au placement pour les prochains jours…. Les prochaines 24 heures vont être intéressantes !
Des options différentes
Après trois jours et demi de course dans les eaux glaciales qui longent la côte nord-est des Etats-Unis, les concurrents, qui viennent d’entamer leur traversée de l’Atlantique à la hauteur de la pointe nord de la Nouvelle-Ecosse, peinent toujours à se départager. Mais les classements intermédiaires donnés toutes les 6 heures, calculés par rapport au but, ne sont pas la préoccupation majeure des équipages pour l’instant. L’heure est à l’option.
Prendre une route plus courte et risquer de se trouver en difficulté avec les effets de la dépression qui se trouve actuellement au milieu de l’Atlantique, ou, comme ABN AMRO ONE, partir au sud, allonger sa route, mais (si cela marche) être en position de force pour négocier la météo des jours à venir. Un cavalier seul que peut se permettre Sanderson et de son équipage grâce à un trésor de guerre confortable au classement général provisoire après les 11 manches disputées. Les positions d’Ericsson et de Brunel montrent que l’option Sud pourrait être également la solution retenue chez les Suédois et les Australiens.
Chez quatre autres concurrents, une telle témérité n’est pas vraiment de mise. Quatre candidats pour deux places sur le podium à Göteborg, cela en fait deux de trop. Chez Brasil 1, Pirates, ABN AMRO TWO et Movistar, la guerre est déclarée car rien n’est encore joué entre eux.
Entre eux, le marquage semble être donc de règle. Même si, sur cette étape, Movistar, parti avec deux heures de pénalité de New York, peine à rattraper son handicap. L’équipage espagnol pourrait être acculé à prendre certains risques afin d’arriver en bonne position au Cap Lizard, premier stand de distribution de points de cette étape de 3 500 milles qui devrait s’achever vers le 24 mai à Portsmouth au sud de l’Angleterre.
La progression au près le long des côtes du Maine, puis de la Nouvelle-Ecosse, à quelques encablures des grands bancs de Terre-Neuve, a été particulièrement dure à cause du froid intense et de la mer difficile qui règnent dans cette zone de navigation réputée comme un cimetière à bateaux. Mais le vent vient (enfin) de tourner au Nord et la flotte a retrouvé de la vitesse et un peu de confort. Un peu de répit avant de se retrouver à nouveau dans quelques jours dans des conditions de navigation périlleuses.
CLASSEMENT GENERAL provisoire après 11 manches :
1 – ABN AMRO ONE 70.5 pts
2 – PIRATES DES CARAIBES 47.5 pts
3 – MOVISTAR 47 pts
4 – BRASIL 1 42 pts (tiebreack sur ABN AMRO TWO)
5 – ABN AMRO TWO 42 pts
6 – ERICSSON 30.5 pts
7 – BRUNEL 2.5 pts