Dominique Wavre (Temenos II) évoque, lui, le plaisir sans cesse renouvelé de ce grand sud sauvage. En verve, le skipper de Temenos II indiquait que les parages dans lesquels il vogue actuellement avaient "la beauté de leur dureté", exerçant ce mélange subtil d’inquiétude et de fascination qui pousse les marins – même ceux ayant juré de ne jamais y retourner – à s’y aventurer. "On ne s’y habitue pas", avouait Dominique, qui a déjà 6 tours du globe à son actif, "on est toujours surpris par la rudesse du coin." Temenos II progresse entre la limite des glaces, soit 52°Sud comme l’a indiqué hier soir le MRCC de La Réunion, et un anticyclone dans le nord. "Nous sommes agressivement conservateurs (…) il y a entre 25 et 35 noeuds de vent, le bateau est toilé pour 35 aussi lorsque ça tombe à 25, on est un peu plus lents." La prudence prévaut, et l’équipage de Temenos II, un peu isolé en milieu de flotte, avoue ne pas subir le même stress que ses petits camarades en tête de course.
Tête de course où, même si on conserve son sens de l’humour, les conditions restent très éprouvantes. Pas plus de 5° dans le bateau, une mer difficile et la conscience d’être dans une zone minée – voilà qui ne rend pas forcément bavard. "Le froid vous prend à la gorge chaque fois que vous montez sur le pont, et pompe toute votre énergie", relatait Bilou. Il faut également ajouter à cela une couverture satellite aléatoire, et les équipages qui feraient probablement volontiers un brin de causette avec la terre n’en ont pas forcément les moyens techniques ! Cet après-midi, Paprec-Virbac 2 se situait à environ 350 milles de la seconde porte glaces, située à 53° de latitude sud.
Des nouvelles de Delta Dore
Le tableau est quelque peu différent à bord de Delta Dore, où l’urgence a fait place à l’introspection et aux premiers bilans. Progressant tant bien que mal sous un gréement de fortune à peine utile, le monocoque démâté puise dans ses réserves de carburant pour faire route alors que Jérémie et Sidney sont passés en mode "contemplatif". "J’ai la sensation d’avoir fait quelque chose d’utile pour grandir", expliquait Sidney Gavignet que l’inspiration ne quitte plus… "L’aventure se termine prématurément, mais nous ne nous laissons pas abattre, et en tirons tout ce qu’il y a de positif. Je pense que cela permettra à Jérémie d’avoir une base technique et humaine plus solide en vue du Vendée Globe (…) Et de mon côté, même si l’écriture a toujours été importante, cette fois j’ai l’impression que c’est une vraie révolution personnelle qui a eu lieu, cela va prendre une place plus importante encore dans ma vie."
Et pendant qu’Estrella Damm approche de Cape Town, où McKee et Altadill devraient s’amarrer ce soir, le trimaran Ocean 7 armé par l’équipe Delta Dore est en passe de quitter ce même port pour partir à la rencontre du monocoque privé de mât, qu’il devrait rejoindre d’ici 36 à 48 heures.
Le classement du 12/12/07 à 17h
1 PAPREC-VIRBAC 2
2 VEOLIA ENVIRONNEMENT à 122 milles
3 HUGO BOSS à 206 milles
4 TEMENOS 2 à 922 milles
5 MUTUA MADRILENA à 1631 milles
6 ESTRELLA DAMM à 2043 milles
7 EDUCACION SIN FRONTERAS à 2363 milles
ADB – PRB
ABD – Delta Dore